Son père ne veut pas d'elle, sa mère meurt en couches. Astra grandit sans restriction dans une ferme isolée de l'ouest du Canada. De cette enfance sauvage et libre, elle gardera des cicatrices physiques et mentales ainsi qu'une incroyable résilience. Qui est Astra ?
Petite fille intrépide pour Kimmy, adolescente fugueuse pour Brendon, femme séductrice pour Lauren, mère adorée pour Hugo... Au fil des ans, sa vulnérabilité et son magnétisme naturel attirent ceux qui tour à tour veulent la protéger, la contrôler, la changer ou lui échapper. Pourtant, si tous croient lire en Astra, celle-ci demeure insaisissable. Après tout, peut-on jamais connaître une personne ?
Premier roman fort et sensible, Astra brosse un fascinant portrait de femme à travers le regard de ceux qui l'ont rencontrée, et explore l'impact profond qu'un être peut exercer sur nous.
Dans Le Renard d'en haut et le Renard d'en bas, le lecteur plonge dans Chimbote, ville côtière du Pérou, aux côtés d'un peuple désorienté par la cruauté du capitalisme. José María Arguedas décrit les bouleversements d'une époque, la fin d'un monde où sont emportés les humains et la nature. C'est une oeuvre totale, un roman testamentaire entre journaux et récits où l'on chemine avec la mort. La violence dépeinte y est aussi la tragédie d'un auteur qui clôt son texte sur l'annonce de son suicide.
Avant-propos de J.M.G. Le Clézio.
Raphaëlle et Anouk ont passé l'hiver dans leur yourte en Gaspésie, hors du temps et du monde. À l'approche du printemps, Raphaëlle convainc sa compagne de rejoindre la communauté de la Ferme Orléane pour explorer la possibilité d'une agriculture et d'un vivre-ensemble révolutionnaires... ainsi que la promesse de suffisamment de conserves pour traverser les saisons froides, au chaud dans leur tanière.
Rapidement la vie en collectivité pèse à Anouk et les premières frictions entre elle et Raphaëlle se font sentir. La jeune femme décide d'aller se ressourcer dans sa cabane au Kamouraska, entre les pins millénaires et le murmure de la rivière. Elle ne tarde pas à y recroiser Riopelle-Robin, un farouche militant écologique, avec qui elle a eu une liaison aussi brève que passionnée. Aux côtés d'« éco-warriors » chevronnés, ce dernier prépare une nouvelle mission : l'opération Bivouac. Son objectif : empêcher un projet d'oléoduc qui doit traverser les terres du Bas-Saint-Laurent et menace de raser une forêt publique, véritable bijou de biodiversité.
Anouk, bientôt rejointe par Raphaëlle et ses alliées de la Ferme Océane, se lance à corps perdu dans la défense du territoire. La lutte s'annonce féroce, car là où certains voient une Nature à protéger, d'autres voient une ressource à exploiter, peu importe le coût.
Gabrielle Filteau-Chiba renoue avec ses personnages de marginaux sensibles et libres et signe un grand roman d'amour et d'aventure sur la défense de l'environnement.
«Je ne savais pas que les enfants avaient failli se faire tuer dans le volume précédent.Quand j'ai appris que c'était Pépère qui avait fait le coup, j'ai pigé un truc:qui ne connaît pas Pépère ne sait pas de quoi l'être humain est capable.»Benjamin Malaussène
Années 2010, un journaliste vit de l'intérieur les convulsions de l'entreprise de presse pour laquelle il travaille depuis un certain temps : rachat, brutalité managériale, obsession du profit envers et contre tout... À l'occasion d'un plan de départs volontaires, il prend ses cliques et ses claques en saisissant au vol une opportunité de reconversion professionnelle. Mais, dans les méandres des organismes de formation qui sont un business à part entière, rien ne va se passer comme prévu, sous le regard de l'ex-homme d'information qui est aussi poète à ses heures perdues.
Au fil de ce roman, Eric Faye brosse le tableau d'une classe moyenne incapable de résister à l'offensive néo-libérale et de se mobiliser lorsqu'elle est attaquée.
Une jeune fille, Thérèse, est retenue prisonnière par un Chasseur, comme les animaux sauvages qu'il garde en cage. Quand elle s'enfuit, la forêt devient son refuge et lorsque la terreur la gagne, ses souvenirs d'enfance deviennent une barrière à la noirceur des Hommes. La course fiévreuse de Thérèse, dans une forêt bruissant d'une vie dans laquelle elle se fond, provoque dans son esprit un flux d'images et de sensations.
Je voudrais raconter les éditions de Minuit telles que je les voyais enfant. Et aussi mon père, Jérôme Lindon, comme je le voyais et l'aimais. Y a-t-il des archives pour ça? Et comment être une archive de l'enfant que j'ai été?
Le jour de l'investiture du Président des États-Unis, alors que la voiture présidentielle arrive au Capitole, une vieille femme parvient à s'approcher de Joe Biden. C'est une clocharde, il la connaît. Elle lui montre ses mains. Il pleure. Une histoire les relie.
Avant de monter à la tribune où il prononcera son discours d'investiture, il doit encore apprendre d'elle une chose qu'il ignore. Alors seulement, il pourra entrer à la Maison blanche.
Deux ans et demi après l'assassinat de George Floyd et deux ans après l'investiture de Joe Biden, Mémoires de maisons blanches questionne la réparation. Celle d'un homme, celle d'un peuple.
À la mort de son épouse Birgit, Kaspar découvre un pan de sa vie qu'il avait toujours ignoré:avant de quitter la RDA pour passer à l'Ouest en 1965, Birgit avait abandonné un bébé à la naissance.Intrigué, Kaspar ferme sa librairie à Berlin et part à la recherche de cette belle-fille inconnue. Son enquête le conduit jusqu'à Svenja, qui mène une tout autre vie que lui:restée en Allemagne de l'Est, elle a épousé un néo-nazi et élevé dans cette doctrine une fille nommée Sigrun.Kaspar serait prêt à voir en elles les membres d'une nouvelle famille. Mais leurs différences idéologiques font obstacle:comment comprendre qu'une adolescente, par ailleurs intelligente, puisse soutenir des théories complotistes et racistes? Comment l'amour peut-il naître dans ce climat de méfiance et de haine?Cette rencontre contrariée entre un grand-père et sa petite-fille nous entraîne dans un passionnant voyage politique à travers l'histoire et les territoires allemands. Plus de vingt-cinq ans après Le liseur, Bernhard Schlink offre de nouveau un grand roman sur l'Allemagne qui sonde puissamment la place du passé dans le présent, et nous interroge sur ce qui peut unir ou séparer les êtres.
Une musique libre et joyeuse s'élève des pages de ce premier roman : celle d'un choeur de femmes saluant la venue au monde de la petite Ève, enfant née d'un désir d'amour inouï.
Stéphanie est cheffe de cuisine, elle voulait être mère, mais pas d'une vie de couple. Elle est allée en Espagne bénéficier d'une procréation médicalement assistée, alors impossible en France. Greg, l'ami de toujours, a accepté de devenir le « père intime » d'Ève. Dans à peine deux semaines, aura lieu la fête en blanc organisée pour célébrer la naissance de leur famille atypique, au grand dam de la matriarche aigrie et vénéneuse qui trône au-dessus de ces femmes.
À l'approche des réjouissances, chacune d'elles est conduite interroger son existence et la place que son corps y tient. Toutes, soeurs, nièces, amies de Stéphanie, témoignent de leur quotidien, à commencer par Ève elle-même, à qui l'autrice prête des pensées d'une facétieuse ironie face à l'attendrissement général dont elle est l'objet. Comme dans la vie, combats féministes, tourments intimes et préparatifs de la fête s'entremêlent.
Camille Froidevaux-Metterie dépeint avec une grande finesse cette constellation féminine, tout en construisant un roman dont les rebondissements bouleversent : rien ne se passera comme l'imaginent encore Stéphanie et Jamila, la nounou d'Ève, s'activant la veille du festin tant attendu.
Tour à tour mordante et tendre, l'écriture, dans sa fluidité et ses nuances, révèle un véritable tempérament d'écrivaine.
Le roman de Christophe Donner commence en 2020, quand il fait la connaissance d'un oligarque russe, Otto Zorn, magnat du numérique et grand collectionneur d'art conceptuel qui lui achète l'ensemble des fichiers vidéo du roman qu'il est en train d'écrire. Ces milliers d'heures d'enregistrement, capturées par un des logiciels de son ordinateur, contiennent ainsi l'intégralité du processus de création de l'écrivain. L'oligarque et l'écrivain viennent de créer le plus gros NFT (Non-funginble token) littéraire de la jeune histoire du métavers.
Ce livre n'est autre qu'une suite de La France goy pendant l'entre-deux guerres, avec une spirale qui tourne autour de trois axes : l'axe familial (le Dr Henri Gosset, arrière-grand-père de l'auteur), l'axe Léon Daudet et son fils Philippe (dont Henri Gosset fut le médecin), l'axe Pétain/De Gaulle.
Trois histoires oedipiennes où des fils tuent des pères...
Christophe Donner nous explique ici pourquoi Léon Daudet, le fondateur de L'Action Française, leader charismatique de l'extrême droite, royaliste, antisémite, antidreyfusard incorrigible, élu député de Paris, n'est jamais devenu le Mussolini, le Franco, le Hitler qu'il ambitionnait de devenir. Il raconte comment c'est le fils de Léon Daudet, Philippe, alors âgé de 14 ans, qui va briser cette ambition. Au terme d'une fugue des plus insensée, l'adolescent décide d'aller assassiner son père Léon Daudet en criant Vive l'anarchie ! Armé d'un revolver, il renonce en chemin et se tire une balle dans la tête. Mais par ce geste sidérant, sacrificiel, Philippe aurait sauvé les Français d'un fascisme européen qui, au milieu des années 20, n'aurait rien eu à envier à celui de ses voisins.
Ce livre virtuose frappe à la porte d'une histoire de France qui n'avait jamais été racontée de cette façon. Quant à savoir ce que faisait la grand-mère maternelle, à demi-nue, sur le bureau du Général, c'est le suspens par lequel l'auteur finit de tisser son intrigue, et maintient son mécène, et ses lecteurs, en haleine.
Naître soeur n'est pas inoffensif. Ainsi pour Vanessa Bell, peintre méconnue à l'aune de "la postérité de noyée" de sa cadette, Virginia Woolf. Ou pour Laura, romancière et aînée, qui veille sur les secrets, soustrait le poison des chagrins. Autant d'amours ennemies, de joies fébriles, de jalousies tristes, qui font les liens ambigus entre soeurs. Portrait en diptyque à la grâce époustouflante, ce récit subjectif de la vie de Vanessa Bell, exprime l'inquiétude d'exister et ce qui, parfois, permet de la conjurer : l'amour d'une soeur.
Sublime roman [...] Harlem Shuffle est un page turner comme Colson Whitehead sait si bien en faire. Livres HebdoPetites arnaques, embrouilles et lutte des classes... La fresque irrésistible du Harlem des années 1960.Époux aimant, père de famille attentionné et fils d'un homme de main lié à la pègre locale, Ray Carney, vendeur de meubles et d'électroménager à New York sur la 125e Rue, « n'est pas un voyou, tout juste un peu filou ». Jusqu'à ce que son cousin lui propose de cambrioler le célèbre Hôtel Theresa, surnommé le Waldorf de Harlem...Chink Montague, habile à manier le coupe-chou, Pepper, vétéran de la Seconde Guerre mondiale, Miami Joe, gangster tout de violet vêtu, et autres flics véreux ou pornographes pyromanes composent le paysage de ce roman féroce et drôle. Mais son personnage principal est Harlem, haut lieu de la lutte pour les droits civiques, où la mort d'un adolescent noir, abattu par un policier blanc, déclencha en 1964 des émeutes préfigurant celles qui ont eu lieu à la mort de George Floyd.Avec Harlem Shuffle, qui revendique l'héritage de Chester Himes et Donald Westlake, Colson Whitehead se réinvente une fois encore en détournant les codes du roman noir. C'est vivant, bruyant, caracolant. C'est Whitehead. L'Obs Un réjouissant tourbillon [...] Une belle leçon d'histoire et d'humanité en mode thriller. Les Echos
Dans sa classe de onze enfants, Hannah se sent exclue de tout : ses parents, fondamentalistes protestants, ne l'autorisent à se rendre ni au cinéma, ni aux fêtes d'anniversaire et pas non plus à la sortie de fin d'année. Ce 25 juin 1993 est le dernier jour d'école et, malgré les Troubles qui semblent ne jamais vouloir finir, tous rêvent d'un été insouciant.
Mais une inquiétude d'une autre espèce s'installe à Ballylack, localité imaginaire d'Irlande du Nord qui n'est pas sans rappeler Ballymena, où est née l'auteure : Ross, un condisciple d'Hannah, meurt d'un mal inconnu et mystérieux, bientôt suivi par Kathleen. Parce que les deux premières victimes étaient de faible constitution, la communauté tente de se rassurer. Mais, quand les camarades d'Hannah disparaissent les uns après les autres, la panique s'installe. Ballylack est envahie par des équipes scientifiques chargées de découvrir l'origine de cette épidémie ne frappant que les enfants, devenue une affaire nationale. Et, bien sûr, des hordes de journalistes leur emboîtent le pas.
Hannah n'est atteinte d'aucun symptôme. Mais elle vit une expérience qu'il lui est impossible de confier à quiconque : un à un, les fantômes de ses amis viennent la hanter.
Si Jan Carson, grande amatrice de réalisme magique, embarque son lecteur dans des situations où tout peut arriver, c'est avec une scrupuleuse précision et une ironie mordante qu'elle scrute les effets de la crise sur les habitants du bourg. Maîtresse dans l'art du récit, elle met à nu ses personnages, notamment les parents des petites victimes, dont elle construit des portraits formidables de véracité et d'énergie.
À Zanzibar, à l'angle du marché aux esclaves et de celui des joailliers indiens se tient la belle Uhuru, l'Africaine libre, qui chante et danse au rythme du tambour : « Mon pays est le paradis des colonisateurs et l'enfer de mon peuple... ».
Visionnaire et experte en magie noire, elle a échappé à tous les négriers, et son insolence fascine la fille du sultan, Latifa, princesse arabe qui vit à la croisée de deux mondes : celui de son père - le sultanat d'Oman en déliquescence sous l'emprise croissante des Européens - et celui de Sundus, l'ancien compagnon de jeu devenu l'esclave qui veille sur elle. Leur complicité a pris les contours d'une relation amoureuse, la jeune fille et l'eunuque se jouant du destin et des diktats religieux...
À l'heure où gronde la révolte, les amants de Zanzibar voient la côte Est de l'Afrique comme un horizon salvateur, terre des origines pour Sundus, terre d'évasion et de liberté pour Latifa. Mais le changement d'ère draine son lot de tragédies, et la fin de l'esclavage ne sonnera pas le glas de l'emprise étrangère.
L'ensorcelante Uhuru n'avait-elle pas prévenu : « Mon pays est le paradis des colonisateurs et l'enfer de mon peuple... ».
Sous la plume espiègle et chatoyante d'Abdelaziz Baraka Sakin, La Princesse de Zanzibar nous offre une plongée fascinante dans les coulisses de l'histoire de l'Afrique de l'Est, un roman impertinent et malicieusement teinté de légendes.
À son retour d'un éprouvant voyage - il a la phobie des avions - un écrivain turc renommé se voit proposer en héritage un bien étrange legs : sur les hauteurs verdoyantes de Dragos, quartier d'Istanbul qui surplombe le Bosphore, l'attend la Maison aux livres, une bibliothèque de plus de trente mille ouvrages, rassemblés dans un écrin de verre au milieu d'un vaste domaine arboré. À l'écart, un petit cabanon invite à la lecture et la contemplation. Flatté, déjà séduit mais inquiet, l'heureux élu doit-il accepter l'héritage ? Peut-il le refuser ? Et pourquoi lui ? Obsédé par le dilemme, l'écrivain passionné par les livres tisse un subtil lacis de réflexions sur son histoire, sa relation à l'écrit, son lien aux autres et à l'autre.
Dans le dédale des rayonnages, livre après livre, notes après notes, se dessine le parcours d'un unique lecteur, le mystérieux donateur et l'architecte de cette fascinante bibliothèque. Comment ne pas succomber à un tel trésor ? Mais l'envoûtante Maison aux livres, comme un système solaire où gravitent lunes et planètes, prend bientôt toute la place, ogresse prête à dévorer ce qui reste des nuits...
Une ode à la lecture, au livre, à la bibliothèque - une exquise et délicate déclaration d'amour.
Après sa mort à 66 ans, en 1948, un joueur d'échecs new-yorkais se retrouve comme tous les humains sur la planète Petite Vie. Ici tout le monde a de nouveau 20 ans, et un bonus de 10 ans de vie. Mais loin d'une seconde chance, c'est d'une mission qu'il hérite.
Sur Petite Vie, il subit la même injonction que les autres à se souvenir, afin de reconstituer la mémoire de la Terre. Intégralement. Massivement.
Pris dans un engrenage kafkaïen aux allures de cauchemar éveillé, il se lance à la recherche de Robert Krauss, qui aurait été aperçu sur un continent éloigné de la capitale, afin de reconstituer son roman 4001. Avec Bonadea, qui prend de plus en plus souvent les traits de sa femme disparue, il traverse des paysages psychédéliques, des outre-mondes et des temporalités poreuses, dans un univers digne du jeu vidéo le plus fou et le plus expressionniste. Est-il drogué, manipulé ? Par quel mécanisme ?
Au crépuscule de cette deuxième vie, reclus dans un bunker, il enregistre pour la postérité le témoignage halluciné de son expérience, avant de définitivement disparaître...
Stupéfiante allégorie de la mémoire, de son processus et de sa fiabilité, critique de notre obsession de l'archivage et de l'encombrement cérébral qui nous mène au bord de l'explosion, Fonte brute est un voyage au coeur de nos images mentales. Un flot d'instantanés en Technicolor mêlant le passé vécu à des souvenirs refabriqués, issus de photos et de scènes de films, comme si nous avions vraiment joué dans un James Bond, un David Lynch, Matrix ou Vertigo...
Un roman-kaléidoscope phénoménal !
Comment se faire un nom ?
Comment émerger de la masse ?
Comment s'arracher à son insignifiance ?
Comment s'acheter une notoriété ?
Comment intriguer, abuser, écraser, challenger ?
Comment mentir sans le paraître ? Comment obtenir la faveur des puissants et leur passer discrètement de la pommade ? Comment évincer les rivaux, embobiner les foules, enfumer les naïfs, amadouer les rogues, écraser les méchants et rabattre leur morgue ? Comment se servir, mine de rien, de ses meilleurs amis ? Par quels savants stratagèmes, par quelles souplesses d'anguille, par quelles supercheries et quels roucoulements gagner la renommée et devenir objet d'adulation ?
Isabel Rawsthorne est la créatrice d'une oeuvre picturale secrète et méconnue. On a surtout retenu d'elle et de sa vie aventureuse qu'elle fut l'amante solaire et le modèle d'Alberto Giacometti. Francis Bacon confia qu'Isabel fut son unique amante. Elle fut encore son amie, son modèle, sa complice jusqu'à la fin. Elle posa d'abord pour le sculpteur Epstein, pour Balthus, Derain. Picasso fit plusieurs portraits d'elle sans qu'elle cède à ses avances.
À travers Isabel, son foyer magnétique et sa liberté fracassante, on assiste à une confrontation entre deux géants de la figuration, Bacon et Giacometti. Au moment même où triomphe l'abstraction dont ils se détournent avec une audace quasi héroïque. Bacon, scandaleux, spectaculaire, carnassier, soulevé par une exubérance vitale irrésistible mais d'une lucidité noire sur la cruauté et sur la mort. Giacometti, poursuivant sa quête d'une ressemblance impossible, travailleur obsessionnel jusqu'à l'épuisement. Chez Isabel, la mélancolie alterne avec l'ivresse vagabonde.
Des années 30 à la fin du siècle, telle est la destinée de ce trio passionné, d'une extravagance inédite, partageant une révolution esthétique radicale et une complicité bouleversante.
Pour moi, l'écriture est avant tout un moyen d'agir, une manière de diffuser des idées. Le sort que je réserve à mes personnages n'est guère enviable, parce que ce sont des indésirables, et mon objectif est de faire naître chez le lecteur un sentiment de révolte face à l'injustice de ce qui leur arrive.J. M. G. L. C.
À la fin du XIXe siècle, à Reykjavík, un veuf excentrique élève sa fille pour tenir la maison, cuisiner, broder (elle y révèle un talent rare), mais aussi l'aider à cataloguer ses recherches archéologiques islandaises. C'est sans compter sur les rêves de voyage et l'esprit d'indépendance de la jeune fille.
Elle décide sur un coup de tête de partir pour New York proposer ses compétences à un collectionneur en emportant avec elle un objet unique et inestimable. Un malheureux hasard la conduit dans un atelier de couture des bas-fonds de Manhattan. Elle nous surprendra grâce à sa ténacité et son intelligence.
Un court roman efficace et passionnant, une tragicomédie sur la préservation de l'héritage culturel, un texte sur les coïncidences qui déterminent les destins autour d'un personnage attachant et déroutant qui suit sans faille son chemin vers la liberté.
Prix de littérature de l'Union Européenne - 2021.
«Depuis quelques années, derrière les bruits de la ville, à condition de bien se concentrer, on pouvait entendre, de jour comme de nuit, certains bruits qui ne trompaient pas:craquements d'une mâchoire à l'oeuvre, succion d'une bouche qui avale, flatulences d'une digestion demandant grâce... À l'évidence, dans notre pays, quelqu'un mangeait. Oui, quelqu'un dévorait même, sans répit, ni repos. Et personne ne semblait s'en émouvoir! Il aurait pourtant suffi de jeter un coup d'oeil dans les poubelles:on y aurait vu les reliefs de ce repas perpétuel:ici, le souvenir d'une radio, jadis indépendante; là, les restes d'une maison d'édition légendaire.Les bruits se rapprochant, votre narrateur décida de mener l'enquête. Quel était donc cet ogre revenu du fond des âges pour se repaître du royaume de France?»