Octobre 2019. Au Liban, au Chili, en France, plusieurs manifestants et insurgés étaient grimés en clowns, reprenant le maquillage du Joker dans le film éponyme de Todd Phillips. Comment diable le fameux criminel fou de la fiction peut-il devenir l'emblème des insurrections contemporaines ? Le film a été plébiscité pour son « réalisme social ». Or, cette interprétation repose en partie sur une erreur. Si ces manifestants sont fidèles au Joker, ce n'est pas simplement en se maquillant et en occupant les rues ; c'est en se produisant eux-mêmes en tant qu'images, - en photographiant, en filmant, en diffusant en réseau cette insurrection. Elle est beaucoup plus une insurrection par les signes, immatérielle et iconomique, qu'un soulèvement spontané du « peuple » ou de la « plèbe ».
Il est souvent dit que la pensée du Joker ne se situe pas sur le plan de la pensée normale, qu'il a une logique autre, et que personne ne peut parvenir à le comprendre. Le postulat de ce livre est qu'il existe une logique du Joker. De manière générale, la folie est éminemment politique ; pour connaître la réalité d'une époque, il suffit de choisir soigneusement le fou qui pourra nous la révéler, et de lui prêter l'oreille. La réalité contemporaine est régie par la logique du Joker. Comprendre la folie du Joker, c'est nous comprendre nous-mêmes.
Cet essai n'est pas un essai sur le cinéma, mais un essai sémiopolitique, sur le rapport entre le signe et son objet, sur le rôle des images dans la production de la réalité sociale. L'entrée du Joker en politique marque l'An Un de ce qu'il faudra appeler l'ère de l'iconomorphose.
Parasite : nom masculin. « Organisme qui se nourrit strictement aux dépens d'un organisme hôte d'une espèce différente ». Pour Nicolas Framont, étoile montante de la gauche, sont des parasites les membres de la famille Mulliez, de la famille Saadé, Xavier Niel... N'ayant pas peur d'appeler un bourgeois un bourgeois, de définir rigoureusement les contours de cette classe et de nommer ceux qui la servent, l'ouvrage entend documenter rigoureusement les différentes formes de parasitisme qui s'exercent sur notre travail, notre vie politique, nos ressources naturels. Un ouvrage décapant qui ne manquera pas de faire du bruit !
Changer de regard sur la jeunesse. Les jeunes seraient « paresseux », « incultes », voire « égoïstes et individualistes ». J'ai entendu mille fois ces accusations à l'égard de la jeunesse : dans des dîners de famille, à la volée chez un commerçant ou portées par des éditorialistes remontés à la télévision. Ces jugements négatifs sont non seulement infondés, mais aussi délétères pour toute la société. Entre le chômage, la dégradation de la situation économique, la pandémie et l'urgence écologique, les jeunes doivent composer avec des paramètres inédits. De plus, les défauts qu'on leur prête sont souvent le symptôme d'une profonde incompréhension - d'un désintérêt ? - pour leurs préoccupations et leurs pratiques.
Si le talent comme capacité innée ne repose sur aucune réalité scientifique, il nous est difficile de renoncer à cette fiction. Pourtant, invoquer un ingrédient magique pour expliquer que certains échouent quand d'autres réussissent a des conséquences sociales terribles, creusant les inégalités.
À partir des dernières données de la recherche et en s'appuyant sur des figures de la culture populaire, Samah Karaki, docteure en neurosciences, déconstruit la fiction du talent et explore les mythes qui sous-tendent notre rapport à la réussite et au mérite, mettant au jour les multiples facteurs - sociaux, culturels ou individuels - qui permettent de développer des compétences hors du commun. Sans nier l'influence de l'hérédité sur les aptitudes, elle ne prétend pas non plus que tout le monde est capable de tout, mais invite à renoncer à la course à la performance.
Dans un monde obsédé par le résultat et la distinction, Le talent est une fiction est une réflexion sur le modèle de société auquel nous aspirons et, au-delà, une ode aux réalisations collectives, à la liberté et au plaisir.
« Samah Karaki est biologiste. Dans son essai Le talent est une fiction, elle détaille les mécanismes d'apprentissage qui permettent de combiner réussite scolaire et bien-être émotionnel. » Le Figaro « Dans un essai passionnant, « Le talent est une fiction », la biologiste et docteure en neurosciences fondatrice de l'ONG Social Brain Institute, Samah Karaki, déconstruit ce mythe qui, en nous faisant rêver, nous endort. » L'Obs « Alors que l'omniprésence des « fils et filles de » à Hollywood agite les médias américains, quid des mécanismes de la réussite ? Un essai lumineux les dégoupille pour nous. » ELLE « En réponse à la frustration d'une jeunesse dont les destins sociaux semblent scellés dès le berceau, Karaki s'attelle à montrer ce que le talent doit à l'héritage économique et social. » Libération « Et si le talent était plus complexe et subtil que la version sirupeuse que nous donnent à lire les contes de fées ? Samah Karaki, docteure en neurosciences, propose dans cet essai foisonnant de reconsidérer nos croyance. » Marianne « Dans son essai Le talent est une fiction : déconstruire les mythes de la réussite et du mérite (Ed. JC Lattès), la docteure en neurosciences Samah Karaki appuie que la notion même de talent ne repose sur aucune réalité scientifique. Un ouvrage nourri des dernières données disponibles et d'illustrations populaires, qui nous pousse à regarder au-delà de l'individu et de ses accomplissements, afin de questionner la société dans laquelle nous nous inscrivons et de cesser d'idolâtrer l'excellence individuelle. » Marie Claire « En s'appuyant sur de nombreuses études et sur des exemples biographiques concrets, de Mozart aux génies du sport, Samah Karaki interroge les notions de talent, de mérite ou de réussite, et montre au passage comment certains biais s'appliquent particulièrement aux femmes. » Radio Nova « Déconstruire les mythes de la réussite et du mérite, c'est l'objectif de Samah Karaki qui publie son nouveau livre, Le talent est une fiction. La docteure en neurosciences démantèle le phénomène du talent inné qui permettrait à certains de réussir et qui creuse les inégalités sociales, culturelles et intellectuelles. Dans un monde qui pousse à la compétition, la scientifique invite chacun à abandonner cette course improductive à cause de nos prédispositions génétiques. » La Fringale Culturelle « «Dans nos sociétés, il y a une forme de fascination pour les réussites individuelles, les rescapés, ceux qui se feraient tout seuls», analyse la docteure en neuropsychologie et essayiste Samah Karaki. La publication récente de son livre Le Talent est une fiction - Déconstruire les mythes de la réussite et du mérite aux éditions JC Lattès permet de questionner nos rapports aux grandes figures. » Slate « Et si le talent n'était rien d'autre... qu'un mythe, une invention, une idéologie imaginée pour «saupoudrer d'une poussière magique» nos vies ordinaires et perpétuer à travers les âges un ordre social inégalitaire ? Telle est la thèse provocatrice et stimulante qu'expose Samah Karaki, docteure en neurosciences, dans Le talent est une fiction. » Télérama
Elon Musk et Jeff Bezos aujourd'hui, Steve Jobs et Bill Gates hier, Thomas Edison et Andrew Carnegie un siècle plus tôt... De nombreuses célébrités entrepreneuriales peuplent nos imaginaires. Ces grands hommes seraient des créateurs partis de rien, des visionnaires capables d'imaginer des innovations révolutionnaires, des génies aux capacités hors du commun. Régulièrement, un même miracle semble se produire : un être d'exception pénètre un marché et le révolutionne. Il y provoque la création destructrice et bouleverse un ordre que l'on croyait immuable. Dans le grand roman de notre économie, les entrepreneurs sont ces héros qui sortent l'humanité de sa torpeur et lui permettent de faire des bonds en avant sur la route du progrès. Dans ce livre, Anthony Galluzzo s'attache à défaire cette mythologie, à comprendre ses caractéristiques et ses origines. Il montre en quoi cet imaginaire fantasmatique nous empêche de saisir la dimension fondamentalement systémique de l'économie et contribue à légitimer un ordre politique fondé sur le conservatisme méritocratique, où chaque individu est considéré comme pleinement comptable de ses réussites et de ses échecs.
À l'heure de l'urgence climatique, les ultra-riches ont mauvaise presse. Des trajets Paris-Londres en jets privés de Bernard Arnault au tourisme spatial de Jeff Bezos, les modes de vie carbonifères des élites économiques sont de plus en plus pointés du doigt. Les actions symboliques, les rapports et les articles de presse se multiplient pour dénoncer leur escapisme. À l'image de ces milliardaires qui, en pleine crise Covid, envoyaient des selfies depuis leurs ranchs en Patagonie ou leurs îles privées aux Caraïbes, les ultra-riches sont accusés de fuir leurs responsabilités.
Or, loin d'être des observateurs passifs et détachés ou des preppers haut de gamme, les élites économiques sont des acteurs clés du débat climatique international. Elles sont les promoteurs acharnés du capitalisme vert, un projet politique taillé sur mesure et qui garantit leurs intérêts de classe dans un monde en surchauffe.
Ce livre est le premier à en exposer non pas uniquement les mots d'ordre (qui sont déjà assez connus), mais les ressorts, et en particulier les réseaux d'acteurs (ONG, fondations, think-tanks, cabinets de conseil et autres lobbyistes) qui, au cours des vingt dernières années, ont imposé le capitalisme vert - et les élites qui le soutiennent - comme unique issue « réaliste » face à la crise climatique en cours.
«Longtemps, je n'ai pas su de quel milieu je venais. Pendant ma prime enfance, même, j'ai pensé que je venais d'un milieu social aisé. À un moment, j'ai compris : ma famille et moi, nous étions pauvres.» Les origines : voilà un «grand mot» pour répondre à la question de nos identités et de nos devenirs. Sommes-nous la somme des déterminations biologiques et sociales dont nous avons hérité ? Si, en revanche, l'identité se construit au fil de la vie, quelles places y tiennent le travail et le mérite ?Gérald Bronner, «transclasse» lui-même, s'interroge et revisite la question sous le double angle du savoir sociologique et de son expérience personnelle.Une réflexion émouvante, ainsi qu'un plaidoyer en faveur de la complexité qui rend nos origines dignes d'être racontées.
" J'ai repensé à ces innombrables rapports auxquels je m'étais forcée par politesse, pour ne pas froisser les ego fragiles. À toutes les fois où mon plaisir était optionnel, où je n'avais pas joui. À tous ces coïts où j'avais eu mal avant, pendant, après. Aux préparatifs douloureux à coups d'épilateur, aux pénétrations à rallonge, aux positions inconfortables, aux cystites du lendemain. À tous ces sacrifices pour rester cotée à l'argus sur le grand marché de la baisabilité. À toute cette mascarade destinée à attirer le chaland ou à maintenir le désir après des années de vie commune. Cette servitude volontaire à laquelle se soumettent les femmes hétérosexuelles, pour si peu de plaisir en retour, sans doute par peur d'être abandonnées, une fois fripées comme ces vieilles filles qu'on regarde avec pitié. Un jour, j'ai arrêté le sexe avec les hommes. " Autrice et documentariste spécialiste de l'intime et du rapport au corps, Ovidie retrace ici la trajectoire qui l'a conduite à quatre années de grève du sexe.
Dirigée par Vanessa Springora, la collection " Fauteuse de trouble " articule intimité et émancipation, érotisme et féminisme, corps et révolte, sexuel et textuel.
Ça commence parfois par une inquiétude ou un malaise. On se sent en décalage. On a le sentiment de ne pas « être à sa place ». Mais qu'est-ce qu'être à sa place, dans sa famille, son couple, son travail ? Quels sont les espaces, réels ou symboliques, qui nous accueillent ou nous rejettent ? Faut-il tenter de conquérir les places qui nous sont interdites, à cause de notre genre, notre handicap, notre âge, notre origine ethnique ou sociale ? Peut-être faut-il transformer ces lieux de l'intérieur et s'y créer une place à soi ?C. M.Cet ouvrage interroge ce qui est à la fois la formulation d'un désir personnel et un nouvel impératif social. Et si, comme nous le suggère Claire Marin, le propre d'une place était de sans cesse se déplacer, ou de déplacer celui qui croit pouvoir s'y installer ?La philosophe circonscrit brillamment un concept multiple et éternel. Télérama.Un essai remarquable, un voyage intime, philosophique et littéraire. Libération.Une réflexion pénétrante. Le Monde.
Pourquoi certaines rencontres nous donnent-elles l'impression de renaître ? Comment se rendre disponibles à celles qui vont intensifier nos vies, nous révéler à nous-mêmes ?
La rencontre - amoureuse, amicale, professionnelle - n'est pas un « plus » dans nos vies. Au coeur de nos existences, il y a ce mouvement vers l'extérieur, ce besoin d'aller vers les autres. Cette aventure de la rencontre n'est pas sans risques, mais elle a le goût de la « vraie vie ».
De Platon à Christian Bobin en passant par Albert Cohen, George Sand ou Clint Eastwood, Charles Pépin convoque philosophes, romanciers et cinéastes pour nous révéler la puissance, la grâce de la rencontre. En analysant quelques amours ou amitiés fertiles - Picasso et Éluard, David Bowie et Lou Reed, Voltaire et Émilie du Châtelet... -, il montre que toute vraie rencontre est à la fois une découverte de soi et une redécouverte du monde.
Une philosophie salutaire en ces temps de repli sur soi.
Les vikings fascinent et inspirent des images fortes et contradictoires: guerriers redoutables, navigateurs intrépides, commerçants en quête de richesses. Mais que sait-on réellement du mouvement viking?
Le temps des vikings ne fut pas seulement celui des invasions, mais aussi une période de circulations qui contribuèrent à façonner certaines régions à l'ouest et à l'est de l'Europe, jusqu'en Russie et au-delà, jusqu'aux mondes byzantin et islamique. Les objets, les idées, les influences artistiques et religieuses se répandent et s'adaptent. Les transferts culturels qu'ils ont entraînés forment le fil conducteur de ce livre.
La violence reste au coeur des représentations associées aux vikings, mais la confrontation laissait ouvertes les voies à des compromis politiques et culturels.
Un ouvrage qui aide à penser et comprendre l'histoire des vikings, à travers leur unité et leur diversité.
Ils s'appelaient Xu Djin et Liu Lianman, n'avaient jamais vu de montagnes auparavant et encore moins pratiqué l'alpinisme de quelque façon que ce soit. En 1960, le Parti communiste chinois les élève au grade de « désignés volontaires » et leur commande ainsi qu'aux camarades qui les accompagnent de conquérir le Qomolangma, tel que les gens du cru désignent l'Everest depuis toujours. Mission supplémentaire, ils sont tenus de déposer sur le toit du monde (8 849 mètres) un buste de Mao Zedong en un geste symbolique supposé souligner la conquête définitive du Tibet. Le climat de propagande est tel que l'opinion du pays tout entier néglige que la plus haute montagne de la planète a été vaincue une première fois sept ans plus tôt depuis le versant népalais par Edmund Hillary et Tensing Norgay.Au terme d'une enquête approfondie, Cédric Gras qui a fréquenté ces confins à plusieurs reprises, restitue, sur fond de famine paysanne et de répression à grande échelle, cette ascension nimbée de mystère et de mensonges. Ces spécialistes improvisés côtoient la mort qui sans cesse menace, et les corps bien réels de Sandy Irvine et George Mallory, disparus en 1924. Malgré leur dévouement et leur obstination, Xu Djin et Liu Lianman n'en finiront pas moins dans un camp de rééducation de la Révolution culturelle avant d'emporter dans leurs tombes les secrets himalayens du régime chinois.Avec le savoir-faire qu'on lui connaît, grâce à toute une série de documents inédits, en mandarin en en russe, Cédric Gras a reconstitué le destin hors-norme de ces prolétaires que rien ne prédestinait au vertige des cimes.
Certains ouvrages ont enchanté des générations de lecteurs, transformé nos connaissances, posé les fondements d'un monde nouveau. D'autres au contraire se sont révélés odieux ou nocifs. Aux uns et aux autres sont consacrées des thèses et des études savantes. Il existe en revanche des livres dont on ne parle jamais, des livres « ordinaires », certes bien plus nombreux mais qui peu de temps après leur parution tombent dans l'oubli.
C'est sur l'un de ces livres discrets que se penche aujourd'hui Michel Pastoureau. À dire vrai, s'il est quelque peu oublié, il n'est pas totalement anodin puisqu'il s'agit de sa première publication, La Vie quotidienne au temps des chevaliers de la Table Ronde, parue chez Hachette, dans une collection célèbre, en 1976. Elle était consacrée à la légende arthurienne et à la société chevaleresque des XIIe et XIIIe siècles. Raconter aujourd'hui l'histoire de cet ouvrage de jeunesse est pour l'auteur l'occasion d'évoquer un certain nombre de souvenirs, de rendre une dernière visite au roi Arthur, et surtout de faire oeuvre historiographique. Que signifiait alors publier un premier livre ? Comment un jeune historien inconnu pouvait-il affronter les moeurs étranges de l'édition française ? Quel était alors le statut de la vulgarisation historique ? Et qu'est-elle devenue aujourd'hui ?
Les retraites sont au coeur de la conflictualité sociale depuis plusieurs décennies. Alors que le bras de fer est engagé contre le gouvernement Macron, Bernard Friot signe un essai pédagogique et incisif pour nous inviter à prendre le pouvoir sur nos retraites. L'auteur s'attaque à deux questions que tout le monde se pose : qu'est-ce qui explique l'obstination des classes dominantes à mener depuis des décennies des contre-réformes sur les retraites malgré leur si forte impopularité ? Et pourquoi les mobilisations contre ces réformes ont presque toujours échoué ? Puis il explique et met en débat une série de propositions politiques pour sortir de la défaite, prendre le pouvoir sur nos retraites et en faire un levier pour libérer le travail.
Parmi les nombreuses hypothèses proposées pour expliquer l'« art des cavernes », beaucoup ont été définitivement réfutées ; d'autres ne sont pas totalement à rejeter, même si elles ne sauraient tenir lieu d'élucidation globale. Face à ces impasses, d'aucuns considèrent qu'il est plus sage de cesser de chercher. Le pari de ce livre est plutôt de chercher ailleurs et autrement.
À partir de la plus riche base de données élaborée à ce jour, recensant 452 cavités dont l'ornementation est attribuable au Paléolithique, et à l'issue d'un examen serré des analyses qui se sont succédé depuis plus d'un siècle, Jean-Loïc Le Quellec développe ici une approche entièrement nouvelle en posant la question suivante : pourquoi pénétrer dans des grottes obscures, souvent difficiles d'accès et même dangereuses, pour y réaliser des oeuvres dont la fraction la plus réaliste s'attache à représenter un très petit nombre d'espèces animales et, beaucoup moins fréquemment, des humains animalisés ou figurés de façon partielle ? Autrement dit : quelle conception de la grotte prédominait au Paléolithique, qui conduisit à y laisser de telles images ?
Parcourant des voies peu empruntées par les préhistoriens et utilisant des méthodes ignorées des « pariétalistes », l'auteur démontre qu'un grand mythe de création nourrissait l'ontologie des artistes paléolithiques : celui de l'Émergence primordiale, qui s'est répandu sur tout le globe à mesure que les Sapiens découvraient de nouveaux territoires hors d'Afrique. Un jour, dit ce mythe, des êtres chthoniens se redressèrent pour sortir de la grotte originelle, et cet acte fut rappelé et renouvelé, pendant quelques dizaines de milliers d'années, par des images rituellement tracées en d'innombrables cavernes... comme elles continuent de l'être aujourd'hui en bien des lieux du monde.
Entre désert aride et riches vallées fluviales, se sont développées des civilisations brillantes et ouvertes. Au tout début du IIIe?millénaire avant notre ère, les Sumériens y ont inventé l'écriture cunéiforme, l'agriculture céréalière irriguée, la civilisation urbaine autour de vastes palais, ainsi que les premières formes de l'État. Par la suite, alors que les caravanes des marchands allant de l'Anatolie jusqu'à la vallée de l'Indus dessinent les routes commerciales et transportent métaux et produits précieux, les rois font mettre par écrit la législation, établir les règles de la comptabilité publique et de la diplomatie...
Au tournant du ier?millénaire, la Mésopotamie est le centre de gravité de grands empires?: assyrien, babylonien, puis perse achéménide. Leurs capitales ont laissé des vestiges impressionnants et l'activité de leurs scribes nous a transmis l'essentiel de leur tradition écrite, associant les Annales royales assyriennes, l'Épopée de Gilgamesh ou l'astrologie mésopotamienne... Depuis la redécouverte, au milieu du XIXe?siècle, des restes architecturaux de ces civilisations et le déchiffrement de milliers de textes cunéiformes, les historiens ont pu reconstituer l'essentiel des événements qui ont scandé 3?000 ans de l'histoire du Proche-Orient mésopotamien. Cet ouvrage a pour ambition de présenter, sur la longue durée, une vision des lieux et des acteurs de cette histoire, de mettre en évidence l'inventivité de leurs réalisations et l'importance de l'héritage matériel et culturel qu'ils nous ont laissé.