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Rentrée littéraire de l'hiver: les choix du Brouillon
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Le pays des autres Tome 3 : J'emporterai le feu
Leïla Slimani
- Gallimard
- Blanche
- 23 Janvier 2025
- 9782073098368
«Mehdi se sécha, enfila un tee-shirt propre et un pantalon de toile, et il chercha au fond de sa sacoche le livre qu'il avait acheté pour sa fille. Il poserait sa main sur son épaule, il lui sourirait et lui ordonnerait de ne jamais se retourner. "Mia, va-t'en et ne rentre pas. Ces histoires de racines, ce n'est rien d'autre qu'une manière de te clouer au sol, alors peu importent le passé, la maison, les objets, les souvenirs. Allume un grand incendie et emporte le feu."» Enfants de la troisième génération de la famille Belhaj, Mia et Inès sont nées dans les années 1980. Comme leur grand-mère Mathilde, leur mère Aïcha ou leur tante Selma, elles cherchent à être libres chacune à sa façon, dans l'exil ou dans la solitude. Il leur faudra se faire une place, apprendre de nouveaux codes, affronter les préjugés, le racisme parfois. Leïla Slimani achève ici de façon splendide la trilogie du Pays des autres, fresque familiale emportée par une poésie vigoureuse et un souffle d'une grande puissance.
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- Alors qu'est-ce que vous faites dans la région, dites-moi un peu, s'inquiète le commandant Parker.
- Disons que c'est pour un film que je suis en train de tourner, indique Robert. Comme vous voyez.
- On ne m'en avait pas averti, regrette le commandant, mais voilà qui m'intéresse beaucoup. Et quel genre de film, au juste ?
- Toujours pareil, expose Robert, l'amour et l'aventure. Avec l'Afrique et ses mystères, vous voyez le genre.
- Ah oui, soupire le commandant Parker, je vois en effet très bien le genre. Et pour votre histoire d'amour, vous avez pris quelle actrice ?
- Céleste, dit Robert. Céleste Oppen. -
« Je viens sauver quelqu'un, se répétait-il, et maintenant qu'il se trouvait à deux heures de Prague, il sentait monter en lui une vive anxiété. »
Une échappée belle de Paris à Prague, d'un studio de radio à des ruelles hostiles, d'un cachot glacé à une académie de billard, d'une école de bonnes soeurs aux bureaux obscurs de la République.
Chacun des Pelletier, à son heure, devra choisir entre son intérêt et son devoir, et pour certains entre la raison du coeur et la raison d'État.
Un dilemme parfois déchirant, sauf pour le chat Joseph, qui lui a choisi depuis longtemps.
Passionnant, intense, bouleversant. Un grand roman de Pierre Lemaitre. -
Histoire de la femme sauvage
Isabelle Desesquelles
Coup de coeur- JC Lattès
- Littérature Française
- 15 Janvier 2025
- 9782709674959
Algérie, 1954. Made et Nour sont encore des enfants, elles grandissent au pied des montagnes du Djurdjura dans l'oliveraie appartenant à la famille de Made.
Un demi-siècle plus tard, Laure, née en France, part à la recherche de ses racines jusqu'en Kabylie. Les arbres témoins du passé bruissent encore du lien indéfectible de Made et Nour courant pieds nus, attrapant les oiseaux pour la joie de les libérer. Pourquoi ce mystère autour d'elles ? Que s'est-il passé dans l'oliveraie ? L'attachement à une terre, que peut-il face à un embrasement ?
Une fresque magistrale portée par quatre générations de femmes magnétiques.
Sur la trace de ses ancêtres, Isabelle Desesquelles enquête et interroge un silence.En merveilleuse conteuse, elle chahute les souvenirs dans un roman poignant et solaire. -
Une autofiction dans laquelle Philippe Vilain raconte son enfance, interroge son parcours de transfuge et dissèque sa liaison avec une écrivaine célèbre.
Dans Mauvais élève, Philippe Vilain évoque une période déterminante de sa jeunesse en milieu défavorisé, ses années de formation marquées par son échec scolaire et des épreuves qui l'ont vu évoluer, à force de volonté, du lycée technique à l'université, d'une détestation de la lecture à une passion pour la littérature, et l'ont mené, jeune homme, à vivre une histoire d'amour avec une écrivaine célèbre avant d'entrer dans le monde des lettres.
À travers son récit de transfuge, l'auteur poursuit sa quête de vérité et offre un véritable message d'espoir, révélant qu'une vocation peut combattre les déterminismes. -
«Au moment où s'ouvre ce livre, je romps une promesse. Lorsque je l'ai faite, c'est idiot, j'étais sûre que je la tiendrais. Enfin, idiot, je ne sais pas. La moindre des choses, quand on fait une promesse, n'est-ce pas d'y croire ?» Que s'est-il passé avec son compagnon pour que la romancière Claire Lancel doive se défendre devant un tribunal ? Au fil du récit, elle raconte comment elle s'est peu à peu laissé entraîner dans une histoire faite de manipulations et de mensonges. Dans ce roman haletant comme un thriller, Camille Laurens questionne le narcissisme contemporain, l'absence d'empathie, et se demande comment sauver l'amour de ses illusions. Elle nous invite à le célébrer et à le vivre, au-delà des promesses trahies.
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Entre vagues et falaises, comme née du paysage, une femme apparaît au bord de la mer, portée par un chagrin plus grand qu'elle. Le livre raconte sa prise d'élan vers une autre version d'elle-même, une évasion : Marie, mère et sainte, s'affranchit ici doucement mais sûrement de l'iconographie qui la fige. Et de la liturgie qui lui coupe la parole. Elle se découvre aussi, à la rencontre des autres, de ceux - proches ou lointains, présents ou futurs - qui ne laisseront pas de traces ailleurs que dans la mémoire des vivants.
Le roman comme un affût. -
« Ce livre est une histoire en cours. Celle d'un hier si proche et d'un demain qui tremble un peu. Ce présent qui bouscule, malmène, comment l'habiter, dans quel sens s'en saisir ? Comme il est étroit, cet interstice-là, entre hier et demain, dans lequel l'actualité nous regarde. Elle reflète le monde, mais aussi des évènements minuscules en nous, des souvenirs, des questions, des inquiétudes. Ces pages ne sont pas le lieu d'un territoire conquis, d'un terrain marqué de certitudes. Ce livre est l'histoire de ce qui nous traverse, une histoire qu'on conjuguerait à tous les singuliers. »
L.L. -
Attendue sur le plateau de La Grande Librairie pour parler de son livre, Le Consentement, l'autrice est appelée par la police pour venir reconnaître le corps sans vie de son père, qu'elle n'a pas revu depuis dix ans. Dans l'appartement de banlieue parisienne où il vivait, et qui fut jadis celui de ses grands-parents, elle est confrontée à la matérialisation de la folie de cet homme toxique, mythomane et misanthrope, devenu pour elle un étranger. Tandis qu'elle s'interroge, tout en vidant les lieux, sur sa personnalité énigmatique, elle tombe avec effroi sur deux photos de jeunesse de son grand-père paternel, portant les insignes nazis. La version familiale d'un citoyen tchèque enrôlé de force dans l'armée allemande après l'invasion de son pays par le Reich, puis déserteur caché en France par celle qui allait devenir sa femme, et travaillant pour les Américains à la Libération avant de devenir « réfugié privilégié » en tant que dissident du régime communiste, serait-elle mensongère ?
C'est le début d'une traque obsessionnelle pour comprendre qui était ce grand-père dont elle porte le nom d'emprunt, quelle était sa véritable identité, et de quelle manière il a pu, ou non, « consentir », voire collaborer activement, à la barbarie. Au fil de recherches qui s'étendront sur deux années, s'appuyant sur les documents familiaux et les archives tchèques, allemandes et françaises, elle part en quête de témoins, qu'elle retrouvera en Moravie, pour recomposer le puzzle d'un itinéraire plausible, auquel il manquera toujours des pièces. Comment en serait-il autrement dans une Tchécoslovaquie qui a changé cinq fois de frontières, de nationalité, de régime, prise en tenaille entre les deux totalitarismes du XXème siècle ? À travers le parcours accidenté d'un jeune homme pris dans la tourmente de l'Histoire, c'est toute la tragédie du XXème siècle qui ressurgit, au moment où la guerre qui fait rage sur notre continent ravive à la fois la mémoire du passé et la crainte d'un avenir de sauvagerie.
Dans ce texte kaléidoscopique, alternant fiction et analyse, récit de voyage, légendes familiales, versions alternatives et compagnonnage avec Kafka, Gombrowicz, Zweig et Kundera, Vanessa Springora questionne le roman de ses origines, les péripéties de son nom de famille et la mythologie des figures masculines de son enfance, dans une tentative d'élucidation de leurs destins contrariés. Éclairant l'existence de son père, et la sienne, à l'aune de ses découvertes, elle livre une réflexion sur le caractère implacable de la généalogie et la puissance dévastatrice du non-dit. -
" Je vous demande de vous mettre à notre place. Un instant. Rien qu'un instant. Votre enfant vient vous raconter l'humiliation, la persécution, le bannissement. C'est votre fils, votre fille, il a douze ans, elle en a huit ou quatorze. C'est la chair de votre chair, ce que vous avez de plus précieux au monde. C'est l'être que vous devez protéger, défendre, soutenir, aider à grandir. Et il vient vous avouer cela. Vous y êtes ? Vous la devinez, votre stupéfaction ? votre culpabilité ? votre douleur ? votre colère ? Ça vous envahit, pas vrai ? ça vous submerge, ça vous dépasse, ça vous anéantit. Et ça, ce n'est que le début. Que les toutes premières minutes. "
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Le vent passe et la nuit aussi
Milena Agus
- Liana Levi
- Litterature Etrangere
- 16 Janvier 2025
- 9791034910250
Rêver est un droit. Un droit que revendique Cosima, la narratrice, qui porte un regard poétique et fantasque sur son quotidien. Quand elle quitte en ?n de semaine Cagliari et son lycée pour rejoindre le village où vit sa grand-mère, toujours habillée en noir, son univers est habité par les personnages de ses auteurs préférés : Tchekhov, Tolstoï, Brontë et Deledda, icône de la Sardaigne. C'est dans un roman qu'elle se projette donc quand elle croise, dans le village d'origine de sa famille, le berger Costantino Sole. À ses yeux ce dernier monte à cheval comme Heathcliff, le héros des Hauts de Hurlevent, et autour de lui la jeune ?lle bâtit une narration fantasque qui se transforme en ardente et périlleuse passion. Pourtant, le grand amour ne se tenait-il pas déjà là, à ses côtés ? Car la vie nous prodigue des largesses que nous ne savons pas toujours voir et apprécier.
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Le retour de l'auteur japonais le plus lu en France.
Evènement !!! Le grand retour du maître Murakami pour un roman éblouissant, dans la lignée de ses grandes oeuvres - Kafka sur le rivage ou 1Q84 - et sept ans après son dernier roman - Le Meurtre du commandeur.
Tu dis : " La Cité est entourée de hauts murs et il est très difficile d'y pénétrer. Mais encore plus difficile d'en sortir.
- Comment pourrais-je y entrer, alors ?
- Il suffit que tu le désires "
La jeune fille a parlé de la Cité à son amoureux. Elle lui a dit qu'il ne pourrait s'y rendre que s'il voulait connaître son vrai moi. Et puis la jeune fille a disparu. Alors l'amoureux est parti à sa recherche dans la Cité. Comme tous les habitants, il a perdu son ombre. Il est devenu liseur de rêves dans une bibliothèque. Il n'a pas trouvé la jeune fille. Mais il n'a jamais cessé de la chercher... Avec son nouveau roman si attendu, le Maître nous livre une oeuvre empreinte d'une poésie sublime, une histoire d'amour mélancolique entre deux êtres en quête d'absolu, une ode aux livres et à leurs gardiens, une parabole puissante sur l'étrangeté de notre époque.
Dans son nouveau roman qui a fait sensation au Japon, on retrouvera l'onirisme caractéristique de l'oeuvre de Haruki Murakami, dans la lignée de ses grands succès, Kafka sur le rivage, 1Q84, La Course au mouton sauvage, Au sud de la frontière à l'ouest du soleil, Le Meurtre du commandeur, Des hommes sans femmes, L'Incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage, Abandonner un chat, Première personne du singulier ou encore La Ballade de l'impossible. -
Quinze ans après l'effondrement, le jeune Burl vit isolé avec ses deux mères, Eva et Nell. Pour éviter d'attirer l'attention, elles ont brûlé leur maison et se sont installées au coeur de la forêt. Non loin d'une grande souche, elles se sont construite une vie bien réglée. Pour se nourrir, Burl et ses mères chassent et cueillent. La danse, la musique et les récits qu'ils inventent au coin du feu rythment leurs journées. Protégées par leur chère forêt, Eva et Nell refusent tout contact avec le monde d'Avant. Mais Burl, lui, brûle de curiosité pour ces humains qu'il ne connaît que par leurs histoires. Une nuit de solstice, depuis le haut d'une montagne, il aperçoit une lumière qui pourrait être un feu d'origine humaine. En dépit du danger, il se met en tête d'aller à leur rencontre.
La suite du chef-d'oeuvre absolu de Jean Hegland, d'une maîtrise et d'une profondeur plus impressionnante encore. Si Nell et Eva ont marqué toute une génération, Burl sera le héros inoubliable de celle qui vient. -
« Le génie particulier de ce roman est d'avoir su rendre l'invraisemblable plausible. »
Colum McCann
À Dublin, un soir de pluie, deux hommes frappent à la porte d'Eilish Stack. Membres d'une toute nouvelle police secrète - le GNSB -, ils demandent à s'entretenir avec son mari, enseignant et syndicaliste,
mais celui-ci est absent. Larry se rend au commissariat dès le lendemain, puis disparaît dans des circonstances troublantes.
Tandis que le malaise s'installe peu à peu, Eilish voit son quotidien et celui de ses quatre enfants amputés d'une liberté qu'elle tenait pour acquise. Bientôt l'état d'urgence est déclaré, les rumeurs parlent de camps d'internement...
Prisonnière d'une logique cauchemardesque, jusqu'où devra aller Eilish pour protéger les siens ?
Récompensé par le Booker Prize, Le Chant du prophète saisit, dans un souffle d'une puissance implacable, le basculement progressif d'une société vers l'autoritarisme. Paul Lynch nous fait vivre cette expérience à travers un regard - celui d'une femme - qui nous renvoie à notre propre aveuglement.
Presse :
« Un singulier tour de force. » Kirkus Reviews
« Paul Lynch puise dans la littérature pour rompre avec la suffisance des sociétés occidentales qui, insensibilisées par les tragédies qui secouent le monde, sont persuadées d'en être à l'abri. » The Guardian
« Le récit extraordinaire et tragique d'un pays sombrant dans la guerre, qui résonne bien au-delà des frontières irlandaises. Il s'agit sans doute de l'un des romans les plus importants de cette année. » The Irish Examiner
« Cette dystopie est exactement ce dont nous avons besoin pour sortir de notre complaisance, de cette illusion réconfortante selon laquelle le fascisme surgirait toujours loin de nous, dans l'espace comme dans le temps. » The Washington Post -
Depuis la périphérie maritime d'un appartement familial empoisonné par la toute-puissance d'un chef de famille, en compagnie de La Figure, autant guide fictif, acolyte picaresque (« Un jour mon Sancho Panza, un autre ma tempête intérieure ») que double indispensable, le narrateur témoigne du difficile combat d'une émancipation personnelle. Comment il faudra en finir avec l'appétit de vengeance qui sait si bien le tenir droit. Dans la matière de sa mémoire, et ses refuges imaginaires, il installe son chantier de fouille. Le texte, comme un tunnelier piloté par un clown ou un toréro, s'enfonce dans le passé avec obstination, pour ressurgir ici et là. Drôle, tragique, poème de gravas, de haine, de fracas, poème d'amour et de doutes, et surtout, avant tout, chant pour la mère.
Bertrand Belin livre un formidable récit pudique et joueur, qui détourne l'aveu autobiographique dans un langage fracassant. Avec cette confidence ultime et poignante : « Mais peut-être que je fanfaronne. De toute évidence, je ne crois pas à la possibilité de mon récurage. » -
J'ai vu le film, j'ai vu comment tu regardais les corps, pourquoi ne m'as-tu jamais dit que ton cinéma, c'était ça, ce désir que tu as eu de garder prisonnier ce qui t'échappait, que tu l'avais fait pour toi, pour ne pas laisser partir les souvenirs, fussent-ils tes pires cauchemars ?
Saigon, 1953. Paul-Bernard met sa caméra au service de l'armée française avant d'être désabusé par la guerre et ses crimes. Trente ans plus tard, celui qui se rêvait cinéaste engagé se lance dans l'industrie pornographique. Après sa disparition, son fils Pierre renouera avec l'actrice à qui le réalisateur doit ses plus grands succès et, à travers elle, avec toute une époque trouble où se croisaient chanteurs yéyés, vedettes porno et demi-monde des colonies. Sarabandes X retrace, dans une langue inventive et foisonnante, la trajectoire d'une génération qui, du début des Trente Glorieuses à nos jours, a porté l'espoir d'une incorruptibilité artistique aussitôt balayé.
Corentin Durand a vingt-huit ans. Son premier roman, L'Inclinaison (Gallimard, 2022), a été finaliste du prix Décembre. -
Les terres indomptées
Lauren Groff
- Éditions de l'Olivier
- Littérature Étrangère
- 3 Janvier 2025
- 9782823621518
« Sa capuche tombait bas sur son visage, frêle était-elle, osseuse, menue, telle une enfant, réduite par la faim à presque rien, à sa racine, ses nerfs, ses fibres, ses tendons. Bien qu'affamée et aveuglée par les ténèbres, elle était vive. »
Une jeune fille semble perdue au coeur de la forêt la plus obscure. Nous sommes au XVIIe siècle, dans un territoire qui deviendra les États-Unis. Elle vient de s'échapper, elle court loin de la servitude et des brimades. Maintenant, il faut survivre.
Dans ce conte sauvage, une fille sans avenir s'affirme en désobéissant, pour devenir au gré des épreuves une véritable héroïne. Les terres indomptées est un grand roman d'aventures, haletant, lyrique, porté par une écriture en état de grâce. -
Tous les matins, au réveil, Rose, la narratrice du puissant deuxième roman de Sarah Jollien-Fardel, lutte pour ne pas être assaillie par la réalité crue, dans cette chambre aux parois boisées où elle vit désormais attachée par une longe.
Rose est devenue folle de douleur au moment où, trois ans auparavant, des policiers sont venus lui annoncer la mort de sa petite fille, Anna. Cette douleur, elle n'est pas parvenue à la surmonter, au point de devenir un danger pour elle et pour les autres, au point de demeurer attachée et recluse.
La vie était joyeuse, avant l'accident. Rose se souvient de son enfance dans un village de montagne, rythmée par la phrase inscrite sur une poutre du bistrot de sa grand-mère adorée : « Tu es d'une espèce qui aime la lumière et déteste la nuit et les ténèbres ». Son amitié immédiate avec Camil, le petit garçon qui venait passer ses vacances sur les hauteurs, devenu bien plus tard son mari et son indéfectible soutien ; leurs lectures et leurs promenades au coeur d'une nature somptueuse ; la naissance de leur enfant ; leurs métiers qu'ils aiment, lui est architecte, elle ostéopathe. Une vie apparemment sans histoires, dans laquelle Rose, ressassant le passé, traque les failles, elle qui ne s'est jamais remise de la mort longtemps inexpliquée de sa propre mère, le jour de sa première communion. Elle qui est également rongée par le remords de n'avoir pas désiré vraiment l'arrivée d'Anna.
Les souvenirs de Rose vont peu à peu, dans une narration haletante, nous révéler les circonstances de l'accident, et celles de sa propre réclusion.
Mais, le jour où Rose, percevant soudain une présence inconnue derrière sa porte close, entend filtrer à travers la paroi des phrases extraites d'un livre de Marguerite Duras, nous, lecteurs, avons l'intuition que la lumière pourrait gagner...
Sarah Jollien-Fardel, par la manière dont elle choisit de sauver d'elle-même son personnage, nous offre un magnifique dénouement, à l'aune de son magistral portrait de femme. -
Ravagés de splendeur
Guillaume Lebrun
- Christian Bourgois
- Littérature Française
- 9 Janvier 2025
- 9782267053524
Au début du IIIe siècle, le court règne d'Héliogabale sur l'Empire romain est fait de rage et de fureur. L'identité sexuelle d'Héliogabale et la passion amoureuse qu'il nourrit pour la grande Vestale et un ancien esclave grec ont marqué les historiens et nous interrogent encore aujourd'hui.
À la mort de Caracalla, les complots fomentés par sa famille portent le jeune Héliogabale à la tête de l'Empire romain. Il quitte sa Syrie natale pour implanter à Rome le culte de Baal et fait scandale en déléguant la plupart de son pouvoir politique à sa mère et à sa grand-mère, permettant ainsi aux femmes d'entrer au Sénat. En épousant la grande Vestale Aquilia, qui avait fait voeu de chasteté et devait consacrer trente années de sa vie à la Déesse Vesta, il continue à transgresser toutes les règles. Quand il tombe follement amoureux de l'ancien esclave grec affranchi Hiéroclès, une nouvelle forme de triumvirat s'installe au Palais. Bientôt, Héliogabale demandera à ses sujets de l'appeler Impératrice plutôt qu'Empereur, et jusqu'à sa mort violente tentera d'instaurer une liberté totale.
Ravagés de splendeur percute le lecteur par l'évocation puissante de la transgression sous toutes ses formes. Héliogabale, sous la plume de Guillaume Lebrun, devient une figure de la transidentité, un être habité par un violent désir et dynamitant tous les codes de la société. Le Bas-Empire qu'il dépeint ressemble par bien des aspects à notre monde contemporain, et le personnage historique hors du commun que fut Héliogabale, incarne ainsi l'interrogation sur le genre, la question du féminin et du masculin et celle de la décadence et de l'utilisation du pouvoir. -
Installée dans une ferme en lisière de forêt vosgienne, Agnès Ledig puise son inspiration auprès des animaux et des plantes qui l'entourent.
C'est là qu'est née l'histoire de Témis, archère amoureuse des cerfs, Rémy, bûcheron sensible et protecteur, Maxime, audionaturaliste discret et passionné, ou encore Victoire, soigneuse aux doigts de fée.
En nous plongeant au coeur d'une nature sauvage menacée, Répondre à la nuit nous pousse dans nos retranchements : jusqu'où devrons-nous aller pour défendre le vivant ? -
Prisonnier du rêve écarlate
Andreï Makine
- Grasset
- Littérature Française
- 2 Janvier 2025
- 9782246840152
Ce grand roman-destin retrace un demi-siècle d'histoire de l'Union soviétique et de la France à travers l'intense aventure humaine de Lucien Baert, jeune communiste français "prisonnier du rêve écarlate".
Arrivé à Moscou en 1939 pour découvrir la promesse d'un paradis sur terre, il connaîtra l'envers du décor : l'extrême cruauté du régime, les tortures dans les camps du Goulag, la sauvagerie de la guerre. Mais aussi la communion des âmes meurtries et l'amour d'une femme, Daria, avec qui il saura reconstruire leurs vies brisées.
Près de trois décennies plus tard, Lucien parvient à traverser le rideau de fer pour tenter de retrouver les siens. Mais ce revenant du grand Nord ne reconnait plus sa patrie. Comment pourrait-t-il se fondre dans le confort d'une "société d'estomacs heureux" et prendre au sérieux la révolution d'opérette de 1968 ? Lui faudra-t-il se renier, en effaçant son passé ? Ou bien tenter l'impensable retour à Tourok pour reconquérir son rêve de fraternité et son amour perdu ?
Un puissant roman sur la barbarie stalinienne et le rejet de l'hypocrisie occidentale, où s' exprime la foi dans une humanité digne de ce nom. -
Six ans après la publication de son chef-d'oeuvre D'os et de lumière, nous retrouvons le grand écrivain irlandais avec un roman inoubliable, entre thriller psychologique et évasion poétique.
Lorsque Nealon rentre chez lui, sa maison est vide et son téléphone se met à sonner. L'homme au bout du fil prétend le connaître, il aimerait le rencontrer pour discuter face à face. Mais alors que Nealon s'apprête à mettre fin à cette discussion absurde, le mystérieux interlocuteur lui fait comprendre qu'il est actuellement en train de l'observer. Qu'il devrait éviter de rester ainsi, assis dans le noir.
À partir de ce moment, l'homme ne va plus arrêter d'appeler Nealon pendant que celui-ci erre de pièce en pièce dans cette maison devenue étrangère. Un lieu presque vide mais qui cache pourtant les souvenirs d'une vie déjà lointaine : sa femme Olwyn, leur fils Cuan, la routine d'une famille avant que Nealon ne soit arrêté et mis en prison.
Le téléphone sonne à nouveau, l'homme semble connaître tous les détails de ce quotidien brisé. Les disputes du couple, les motifs de l'incarcération, puis la libération après l'acquittement. Nealon nie en bloc même s'il est intrigué, et il accepte finalement de le rencontrer pour en savoir plus. Cependant, alors qu'il est en voiture pour le retrouver, un flash à la radio annonce une attaque terroriste imminente sur le sol irlandais. Est-ce vraiment une coïncidence ? La vérité peut éclater à tout moment, surgir du hasard ou du plus profond de nos âmes, ou encore de la longue discussion que Nealon se prépare à avoir avec l'étrange inconnu...
À la croisée des genres littéraires, La nuée des âmes est à la fois un roman à suspense et une introspection mystique à la quête de sens. Mike McCormack met en oeuvre tout son talent de styliste et de conteur pour jouer avec ses lecteurs le temps d'une expérience romanesque unique.
Traduit de l'anglais (Irlande) par Nicolas Richard -
Le côté obscur de la Reine
Marie Nimier
- Mercure de France
- Traits Et Portraits
- 2 Janvier 2025
- 9782715265103
«Comme je l'aimais, comme nous nous aimions. Cela va sans dire, et l'écrire me serre le coeur. Ma mère, ma maman, il n'y a qu'une femme au monde que je peux appeler ainsi. Quel dommage. Quel gâchis. Je ne lui en veux pas, non, lui en vouloir, ce serait encore la vouloir. Encore rester accrochée. Les gestes d'apaisement dictés par la raison me coûtent mes nuits. On me conseille de me blinder, mais me blinder ne sert à rien, ou alors je ne me blinde pas où il faut, comme il faut. Ma mère m'occupe, ses lamentations me submergent, sa mauvaise foi, ses chantages, son agressivité déguisée en tendresse. Je sors de mes visites lessivée. Tu prends les choses trop au sérieux, m'écrit ma tante. Il faut que tu fasses un stage de je-m'en-foutisme ! Je dois le reconnaître, j'ai d'énormes lacunes en je-m'en-foutisme.» M.N.
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Une femme perd son chat. En l'enterrant dans son jardin, elle met au jour un trésor. Elle voyage. Elle rencontre un homme en Italie. En l'espace d'un an, sa vie est entièrement transformée.
« J'avais sept ans. J'ai toujours pressenti qu'une douleur lumineuse me toucherait un jour. Je savais que cette douleur inexplicable proviendrait de cette heure où tout, quand j'étais petite, s'était perdu. Il y avait une sorte de neige à la fin de mon enfance qui tombait en silence. Tout devait sortir du fond du monde comme le soleil sort de la nuit. »
Pascal Quignard est né en 1948 à Verneuil-sur-Avre (France). Il vit à Paris. Il est romancier (Carus, Le Salon du Wurtemberg, Tous les matins du monde, Terrasse à Rome, Villa Amalia, Les Solidarités mystérieuses, Les Larmes, Dans ce jardin qu'on aimait, L'Amour la mer). Il a composé deux ensembles où la fiction est mêlée à la réflexion (Petits traités, 1981-1990, tomes I à VIII ; Dernier royaume, 2002-2023, tomes I à XII).