Ce roman déluré, s'échafaudant à l'intérieur de ses propres coulisses, met en scène un personnage qui se démembre, qui se démantibule à mesure qu'il tombe dans « le trou du vivant ». Ce livre, c'est le trou, c'est la vie. C'est la seule certitude. Se posséder est impossible : tout semble avoir été programmé, dessiné, décidé d'avance, écrit par un autre que soi. Objets réalistes ou invraisemblables, références littéraires, artistiques et cinématographiques, inondations, débâcles, sauvetages, rafistolages, portes, corridors et salles, « du décor, du décor, du décor et encore du décor ». Tout converge pour déboucher sur le Bureau universel des copyrights, là où l'on apprend que « chaque mot, chaque matière, chaque objet, chaque lettre, chaque parcelle de vie, chaque idée, chaque personnage a son copyright ».
Nous sommes en 1690 en Angleterre. C'est l'histoire de deux orphelins, un enfant de dix ans, mutilé au visage, dont le sourire a été taillé au couteau par une opération barbare et une fillette, qu'il a recueillie, dont la mère est morte. Les deux enfants rencontrent Ursus, un forain philosophe, poète, musicien, vendeur d'élixir et homme à tout faire qui les prend sous son aile.
Que serait Montréal sans la souveraineté de ses arbres ? L'arbre est politique. Bertrand Laverdure sait parler aux arbres. Sans eux, les femmes et les hommes perdraient leur chemin et leur coeur. Une musique infinie, un vertige, un piano, ou une danse projette sa lumière sur la ville. Que serait Montréal sans ce peuple vertical qui enseigne la douceur, l'espoir et l'humilité ? « Écrire aux arbres, c'est écrire au temps, à la durée concrète, c'est échanger aussi avec le plus vieux réseau de communication au monde. Les arbres et leurs « hyperracines » existent depuis plus de trois cents millions d'années, le world wide web n'a plus ou moins que cinquante ans et n'est qu'une métaphore inspirée de leurs exploits d'adaptation. »
Comment se venger de sa prof de français ?
Nouvelle tirée du recueil Être un héros - Des histoires de gars:
Être un héros, c'est :
o affronter le héros de l'histoire qu'on s'écrit ;
o oser passer pour un lâche ;
o travailler, travailler, travailler - un héros, il faut que ça travaille ;
o aller au bout de soi, quelle que soit l'époque ou le lieu ;
o prendre sa vie en main ;
o être intimement convaincu qu'un héros sommeille en nous, n'attendant que les circonstances
pour se manifester ;
o déballer ses cadeaux de Noël avec des mitaines à four, se permettre de s'émouvoir même quand on écoute
du Mariah Carey ;
o savoir passer à travers les secousses éprouvantes et apprendre à vivre avec la colère, quand on voit
Magalie Simard en embrasser un autre ;
o et c'est résister, résister clandestinement, mais résister quand même quand on voit son père se faire
arrêter.
Être un héros, c'est tout ça. Du héros de papier au héros de l'histoire, du héros de tous les jours au héros d'un soir, neuf auteurs de la relève déclinent ce thème avec sincérité et sérieux, mais aussi avec humour.
Ce livre s'adresse à ceux qui savent. Ceux qui ne ménagent rien pour continuer à croire à la fabulation du texte. Les amateurs. Les drogués de la fiction. Les gros yeux torves d'avoir trop lu
Lire de la poésie est un privilège mal analysé. Vous faites partie du faible pourcentage des êtres humains qui s'intéresse à la poésie actuelle, soit environ 0,00005% de la population. Je ne vous connais pas ou je vous connais trop. Entre vos mains, une série de suites, des signaux éparpillés dans différents contextes, cartes postales, cimetières mythiques, amours colocataires, abandons de fantaisie, vagabondage des rues du centre-ville. Nous écrivons en morse en pleine luxuriance de production, pour les démunis dans un univers parallèle et les désunis qui baignent dans leur sang de ménestrel. Nous allons mourir malgré l'AI et ses promesses végétales. Nous sommes riches, arrogants et sans vergogne. J'étudie l'impossibilité de la communication vraie. J'étudie le fractionnement de l'auditoire. La solitude célébrée au milieu de la fête perpétuelle et des sourires de fonction. Ce livre n'est qu'un balcon de plus au milieu de la cohue cérébrale.
J'ai souffert, c'est banal. Mon stage personnel chez les humains se déroule sans tragédie, pour le moment. Néanmoins, la douleur sans plaie existe, la douleur des craquements post-relationnels existe. En tant que stagiaire perpétuel chez les êtres humains, il m'arrive de commenter, dans le cadre d'un rapport, le kaléidoscope en forme de corps grave de mes passions.
Je règne en illuminé sur les fantômes du monde des lettres. Je ne porte pas de nom de famille. Je n'ai pas de famille. Comme vous, je suis un lecteur anonyme. Je suis Ghislain le lecteur et je marche. J'ai des amis qui parlent (personnages malencontreux !), mais les livres et la Grande Bibliothèque sont mes seuls réconforts. Entre Bartleby, Le Grand Khan et Zazie, j'invente en lisant de tout - vie et réalité saisies en mode lectodôme. Ce qui veut dire, dans les faits, qu'on trouve ici Chicago et Montréal, quelques habitants des deux villes, un dépanneur Couche-Tard, un perroquet, et des dialogues de toute sorte : cinématographiques, épistolaires, théâtraux et socratiques. Voici en somme un roman sur la communauté burlesque des lecteurs.
La vie s'étiole. Le temps s'échappe.
Et la cascadeuse n'y peut rien.
« Il y a des choses qui poussent sans jamais avoir été plantées des rébellions de trois millimètres des disparitions affinées en surface »
« Grâce à la mort, nous avons appris à raconter des histoires, et grâce aux histoires, nous avons appris à apprendre.» Nous sommes en 2115. Puisque la fiction est le meilleur mode de programmation des êtres humains, on a demandé à une cohorte de 2000 cyborgs écrivains d'enseigner la mort aux robots dotés de conscience, deuxième génération, les T******-******-879. Ce livre leur enseigne comment mourir. Si vous ne faites pas partie de cette catégorie, veuillez ne pas tenir compte de ce livre. Il n'a pas été écrit pour vous.
Le dossier de ce numéro d'hiver de L'Inconvénient s'intitule « La société sans douleur », et pourtant, dixit Alain Roy, « la raison d'être de l'art, sa fonction oserait-je dire, consisterait ainsi à combattre une érosion de la sensibilité qui serait logée au coeur de l'expérience humaine ». Le plaisir esthétique sous forme de perversion masochiste, peut-être? Cinq auteurs (Ugo Gilbert Tremblay, Bertrand Laverdure, Céline Lafontaine, Michel Morin et Thomas Hellman) signent autant d'essais ou d'entrevues autour de ce thème. Si les textes de la section littérature sont ensuite consacrés aux derniers ouvrages de Catherine Mavrikakis, Yasmina Reza ou Amos Oz, la chronique peinture met en lumière les acryliques à la fois graphiques et organiques de Jessica Peters. Les nouvelles sensations en matière de séries télévisées sont bien servies par des articles sur Westworld, Narcos et Fargo. Quant à la tribune, elle est confiée pour ce numéro-ci à Jacques Godbout qui s'attaque à un sujet on ne peut plus dans l'air du temps : le retour du religieux.