Ils ont souvent tout perdu, famille, travail, maison, raisons de vivre, ceux qui arpentent le hall de la gare de lyon sans espérer partir nulle part.
Ils ont tout perdu et ils n'attendent plus rien. parmi eux, il y a la vieille, élégante dans sa misère, cheveux coiffés, habits bleus. depuis trois ans qu'elle vit là, elle s'est reconstruit un univers dans la salle des pas perdus. son caddie toujours plein d'un savant bric-à-brac. ses copains de galère, max, henri, elie, céline. ses combines et des confidences avec yvonne, la dame-pipi. ses trouvailles quotidiennes dans les poubelles garnies par les gavés, les nantis, les inconscients.
Sa boîte à sucre, boîte aux secrets, aux souvenirs de la vie d'avant. le spectacle de ceux qui ne veulent jamais perdre, ni leur temps, ni leur argent, ni un seul pas, ni rien. de temps en temps un festin de rouge et de jambon-baguette avec les autres. et sa chambre à coucher, carton et couverture derrière les deux piliers de l'angle gauche. tout est en place, bien rôdé. une routine comme une autre. jusqu'au jour oú la vieille aperçoit une toute jeune fille sur un banc, à l'heure du 19 h 48 pour avignon.
Elle est différente. fragile. au bout. elle semble regarder quelque chose intensément, à l'intérieur d'elle-même. puis elle se lève. et la vieille reconnaît son pas. un pas perdu.
Rachel Cohen s'appelle désormais Catherine Colin. Elle doit oublier son ancien nom et celui de ses parents. Mais aussi sa vie d'avant, quand il n'y avait pas la guerre et que les Juifs ne devaient pas se cacher. Et puis il faut partir. Dans sa fuite, Catherine emporte son Rolleiflex et des films. Pour tenir, pour résister, elle fait des photos.
Julia Billet raconte la prison, vue de l'intérieur par un garçon d'une vingtaine d'années, condamné à une peine de douze mois. Un roman initiatique qui raconte comment, grâce à une randonnée en haute montagne encadrée par l'administration pénitentiaire, il va se libérer du traumatisme de l'enfermement et ne plus avoir peur de grandir.
Papa m'a dit : " ton frère est mort sur le coup.
" silence. une image m'est venue : cou cassé, nuque brisée. clac. crac. silence. depuis le 13 décembre, le jour oú elle a appris la mort de son frère, sarah doit supporter sa propre douleur mais aussi celle de ses parents. elle les trouve parfois immobiles, pleurant dans l'obscurité. ou bien alors, ils proposent des sorties absurdes : piscine, cinéma, théâtre, musée. mais c'est le silence qui domine la maison, et qui s'installe définitivement le jour oú sa mère décide que le nom de son frère ne doit plus être prononcé, qu'il ne doit plus être question de lui.
La chambre est vidée, tout son contenu déménagé au grenier. alors les silences se transforment en glace à l'intérieur de sarah. un bloc de glace qui semble ne jamais devoir fondre.
1974. Janig et Macha ont seize ans, les mêmes yeux pailletés d'or et les mêmes sourcils en bataille. Janig vit seule avec sa mère au milieu des vignes et s'ennuie dans son école de secrétariat. Macha étouffe dans son pensionnat de la Légion d'honneur et s'oppose à ses parents bourgeois. Elles sont deux, ne se connaissent pas et viennent d'apprendre qu'elles sont soeurs.
Après leur avoir annoncé la nouvelle, Marthe, leur grand-mère, leur a proposé de la rejoindre au camp du Geai, une communauté hippie qu'elle a fondée en Bretagne.
Chacune à sa façon, à pied, en train, en stop, en péniche, et même à cheval, Janig et Macha vont traverser la France pour découvrir le secret de leur naissance, se rencontrer et tester les liens du sang...
De retour à la Maison des enfants de Sèvres, Catherine se lance dans le monde. Poussée par Goéland et Pingouin, elle commence une carrière de photographe-reporter. Mais, au début des années 50, il ne fait pas bon être une femme dans ce milieu exclusivement masculin. Et si la guerre est finie, les combats, eux, ne manquent pas. À commencer par le féminisme, que Catherine découvre avec Simone de Beauvoir. Sa rencontre avec Mayis, chanteuse noire américaine qui a fui les États-Unis pour s'installer en France, la pousse à réaliser un vieux rêve. La voilà embarquée pour trois mois dans cette Amérique de l'après-guerre, où le meilleur côtoie le pire. Là-bas, elle est tour à tour confrontée à la peur, au racisme et à l'injustice, mais aussi au courage, à la force du collectif et à la rébellion. À sa façon, Catherine lutte.