Comment vivre et que faire de ma vie ? À travers ma vocation, ma vie trouve son sens dans une activité à laquelle je m'identifie. Et comme l'activité de mon choix répond à ma nature, elle m'exprime, m'accomplit et me définit. La promesse de l'individualisme démocratique est que chacun puisse réussir sa vie par son travail, qui lui fera gagner à la fois son identité et son pain. Pour devenir soi-même, pour se réaliser, chacun doit pouvoir s'épanouir dans ce qu'il fait. L'artiste et le savant incarnent la figure romantique par excellence du travail voué. Pour certains, c'est le désir de savoir qui commande et organise leur existence. Mais l'exemple du travail créateur ou du travail intellectuel a un caractère d'exception. Qu'en est-il des goûts et des aptitudes en général ? Et qu'en est-il des tâches insignifiantes dans lesquelles on ne peut pas s'exprimer, et qui doivent pourtant être remplies ? Que devient aujourd'hui la grande figure idéale de la vocation ? Ce livre invite à une réflexion qui n'a rien de technique et nous concerne tous.
Qu'en est-il des oeuvres innombrables qui ont existé et n'existent plus ? Ces oeuvres perdues gardent parfois une pâle présence. Explorer la perte, c'est prendre en considération ce qui subsiste à peine et pourtant a pleinement existé, les débris, les fragments, les ruines, les conceptions englouties, les productions abandonnées, les restes presque oubliés. Pour nous, perdre est un phénomène nourri d'exemples et de cas. C'est à travers des histoires de perte, aussi bien anecdotes historiques que vignettes légendaires, que nous essayons d'avoir prise sur ce qui manque. Et ces historiettes innombrables, toujours dramatiques, souvent répétitives, sont aussi le matériau imaginatif qui permet d'explorer la face sombre de la mémoire. Les épisodes et les exemples se concentrent sur lemoment dramatique de la perte qui a failli avoir lieu, ou qui a malgré tout eu lieu. Ou bien, au contraire, sur les redécouvertes et les retours d'intérêt qui abolissent triomphalement l'oubli précédent. Ces anecdotes mêlent les violences réelles, les destructions mythiques, les altérations multiples du faux et les dégâts profonds dus à l'indifférence. Par elles, l'imagination de la mémoire s'empare du destin obscur qui est à l'horizon des oeuvres.
"Ceci est un livre sur la pensée, sur la masse culturelle de la pensée. Dans l'horizon intellectuel l'intéressant déborde de toutes parts le savoir ; c'est cet excès qui est la substance de la culture. Il y a trop à perdre à décider que l'histoire culturelle est dans son ensemble insignifiante. Trop à perdre en arrière, dans la dimension du passé ; et plus encore à perdre sur le fond, dans la perception que nous pouvons avoir de nous-mêmes comme pensants. Chaque débat est un jeune et vieux débat ; lors même que nous jugeons l'antérieur, il continue de circuler en nous. Ce n'est pas un paradoxe que la question du nouveau dans la pensée soit la question du passé dans le langage". J. S.
"Comment peut-on inventer dans la pensée ? Comment est-il possible de concevoir dans l'ordre intellectuel quelque chose de nouveau qui soit communicable ? Lorsque du nouveau est exposé pour la première fois, comment se fait-il qu'on le comprenne, et qu'on le trouve même éclairant ? Comment ce qui survient comme différent se rapporte-t-il à la connaissance ? Et comment la connaissance peut-elle intégrer le différent, et se transformer partiellement en fonction de cette différence ? Bref, comment le neuf peut-il être intellectuellement pertinent, et comment peut-il être fécond ?"
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.