Critique de l'Islam, critique de l'Occident, invitation surtout à la responsabilité de l'autocritique...
écrite avec l'esprit critique du philosophe et le coeur d'un musulman éclairé. Elle interroge le face à face de deux civilisations, qui aiment à se haïr parce que chacune des deux renvoie l'autre à ses impasses et égarements.
À l'heure où, enfin, la crise sanitaire semble derrière nous, nous sommes nombreux à éprouver, outre un grand soulagement, le besoin d'une première prise de recul, d'un premier bilan critique. Que s'est-il donc passé ? La pandémie a mis à mal nos sociétés à l'échelle mondiale, en leur imposant une épreuve très rude à bien des égards. Mais comment avons-nous réagi ? L'avons-nous fait de manière juste et démocratique ?
« Réparer ensemble le tissu déchiré du monde », « retisser notre lien vital à nous-mêmes, aux autres et à la nature » : comment convertir ce programme général des Tisserands en action ? À cette fin, l'édition enrichie des «Tisserands» propose un nouveau texte d'Abdennour Bidar sur l'éducation. Il s'agit ici de démontrer comment la pensée « tisserande » peut s'appliquer dans un domaine précis, comment elle peut aider à repenser et à réorganiser concrètement tel ou tel secteur de notre environnement. Car l'éducation est la clé du monde de demain, c'est elle qui transmet aux générations qui arrivent une certaine idée de l'humain et un idéal de société. Il s'agit donc d'un secteur décisif de notre « vivre ensemble », d'un haut lieu de la transformation sociale. Voilà pourquoi il était logique que l'action « tisserande » fasse ses premières propositions concrètes sur ce terrain... pour inspirer d'autres efforts ! Et qu'à son tour chacun puisse participer, dans d'autres domaines, à faire vivre l' « esprit tisserand »... Nouvelle édition augmentée.
La première grande lutte sociale du XXIe siècle sera pour l'instauration d'un revenu universel, perçu à vie par chacun dès sa majorité et suffisant pour mener une vie décente. Car ce revenu est le moyen le plus concret, le plus puissant, dont nous disposons pour nous délivrer de la servitude capitaliste, qui nous étrangle par la double chaîne du travail et de la consommation: « toute ta vie dépendra de l'argent que tu gagneras dans nos entreprises, et tout ton bonheur dépendra des produits que tu achèteras dans nos magasins ».
Or, la nécessité de travailler n'est plus aujourd'hui qu'une contrainte artificielle, parce que nos technologies, nos machines, sont si puissantes qu'elles réduisent toujours plus la part du travail humain. La revendication du revenu universel n'est donc plus une utopie, c'est l'adaptation de nos vies aux possibilités réelles du temps présent. Mais qu'allons-nous faire de ce temps libéré, si nous l'obtenons ? Si c'est pour consommer encore plus, nous resterons tenus par la seconde chaîne du capitalisme. Par conséquent, le combat pour le revenu universel doit être en même temps une grande réflexion sur son usage. John Maynard Keynes nous invitait dès les années 1930 à réfléchir à cette mutation proche de l'histoire humaine où « le vieil Adam » n'aura plus à gagner son pain à la sueur de son front et devra supporter le vertige formidable et redoutable d'une liberté entièrement nouvelle. Saurons-nous la consacrer, comme il l'espérait, « à nos vrais problèmes, ceux de la vie et des relations entre les hommes, ceux des créations de l'esprit, ceux de la religion » et aux moyens de « mener une vie judicieuse, agréable et bonne » ?
Bref, le défi du revenu universel est double : nous délivrer de l'esclavage capitaliste, et nous donner le loisir de faire des questions essentielles de notre condition non plus un supplément d'âme pour soirées et weekends mais la quête quotidienne d'une vie douée de sens.