Ce livre, sans doute la présentation la plus complète de l'ensemble de la philosophie de Sartre, s'efforce d'analyser les concepts sartriens de « liberté » et de « praxis », dans toutes leurs dimensions philosophiques, sociales et politiques.
Son objectif premier est de mettre en évidence que le passage de l'approche phénoménologique de L'Être et le Néant à l'existentialo-marxisme sartrien de la Critique de la Raison dialectique a comme corollaire le passage d'un concept de praxis définie comme projection du Pour-soi vers « ce qui n'est pas », vers le concept d'une praxis définie, d'un côté, comme projet organisateur s'inscrivant par le travail dans la matière ouvrée (c'est-à-dire comme remaniement du champ pratique en vue d'une fin), et, de l'autre, comme praxis-processus déterminant la pratique d'un ensemble social organisé (d'un groupe ou d'une classe) dans l'histoire.
Il s'agit de montrer comment cet effort destiné à jeter les fondements d'une nouvelle théorie des ensembles pratiques, conduira Sartre de l'analyse de la praxis individuelle comme totalisation d'un projet dans le champ pratique à une analyse de plus en plus profonde des implications de la praxis dans le processus d'une dialectique qui préconise que « toute dialectique historique repose sur la praxis individuelle en tant que celle-ci est déjà dialectique ». Finalement, ce livre s'efforce aussi de mettre en évidence que cette théorie sartrienne de la praxis débouchera nécessairement sur une nouvelle théorie de la lutte (des classes) et des conflits et sur l'analyse de l'intelligibilité de la praxis dans l'histoire.
S'inscrivant dans la démarche de l'École de Francfort, s'efforçant d'unir la dialectique matérialiste du marxisme avec la psychanalyse, dans le cadre d'un projet visant l'émancipation totale de l'homme, la philosophie sociale critique du « Grand Refus » esquissée par Herbert Marcuse est caractérisée par une lecture radicale des écrits de Freud, par l'effort de dépasser son fatalisme et la tentative de s'interroger sur le visage particulier que prennent la répression, la sublimation de la sexualité, le refoulement et l'agressivité dans nos sociétés modernes industrielles très avancées. Ainsi appelle-t-il « surrépression » la répression inutile et irrationnelle qui les caractérise. Cet ouvrage s'efforce de reconstruire l'itinéraire intellectuel et politique de ce grand penseur germano-américain incarnant le désir d'une société future non-répressive, dont l'oeuvre avait atteint, à l'époque de la révolte étudiante et de la Guerre du Vietnam, un rayonnement mondial.
La différence entre la Théorie critique de la société et la théorie traditionnelle, tient à préciser Horkheimer, est que l'objectif de la théorie traditionnelle est d'édifier un système universel de la science englobant tous les objets possibles, tandis que la Théorie critique, définie comme dialectique matérialiste ouverte, est a priori opposée à tout système universel achevé et clôturé, ce qui signifie qu'elle entre sur ce point précis en conflit avec l'idéalisme objectif de Hegel et de tous les systèmes philosophiques clos, rationalistes, tout en opérant une rupture épistémologique avec la structure de la science traditionnelle.
André gorz a traversé la seconde moitié du 20e siècle en témoin lucide de ses mutations économiques et sociales.
Disparu l'automne 2007, il a laissé une oeuvre critique exigeante qui n'est réductible à aucun des courants poli-tiques constitués. ses prises de position en faveur de la sortie progressive du capitalisme se fondent sur une proposition autogestionnaire très argumentée et s'articulent avec son souci précoce pour les enjeux écologiques. car, affirmait-il, " c'est par la critique du modèle de consommation opulent que je suis devenu écologiste avant la lettre ".
Le socialisme qu'andré gorz appelle de ses voeux est celui qui saura faire face à l'urgence des enjeux sociaux, économiques et écologiques inédits auxquels le monde est aujourd'hui confronté. le présent ouvrage, conçu comme un hommage, est également le premier à proposer un regard sur l'existence et l'oeuvre entières d'andré gorz.
Le changement climatique et ses conséquences dramatiques pour des millions d'habitants, peut-il ouvrir la voie à une transformation sociale radicale susceptible de faire advenir un monde non seulement habitable mais meilleur et plus juste ? Annonce-t-il peut-être déjà un véritable changement de civilisation signifiant la fin du productivisme, de la croissance, du consumérisme et du mode de vie actuel ? La raison ne nous invite-t-elle pas plutôt à repenser et à défendre, dans le contexte actuel de la crise écologique et de la montée dangereuse de l'extrême-droite, une République laïque et fraternelle ?
Composé de plusieurs conférences récentes, cet ouvrage s'efforce de jeter un pont de l'utopie concrète, comprise comme projection des désirs et des rêves de l'avènement d'un monde meilleur dans le champ de réalisation du possible, vers l'utopie écologiste prônant la transformation du rapport de l'homme à la nature et à l'environnement. L'écosocialisme est défini comme refondation du socialisme, à l'entrecroisement d'un marxisme/socialisme rénové, avec le paradigme écologique.
Fruit d'une lecture à la fois critique et sympathique de L'Homme révolté (1951), cet ouvrage, consacré à l'un des essais les plus célèbres mais aussi les plus controversés de Camus, s'efforce de cerner l'un des motifs centraux de sa pensée : la révolte. En quoi la révolte est-elle distincte de la révolution ?
"Le nazisme et ses horreurs sont-ils la vraie raison de la présence persistante, dans la mémoire collective française, de la germanophobie, ce sentiment de rejet anti-germanique ? Quelles sont les raisons profondes de la renaissance, ces dernières années et en dépit du processus de construction européenne, d'un ressentiment anti-allemand, partagé par des secteurs de plus en plus larges de la société française ? Pourquoi une partie de la gauche radicale est-elle devenue germanophobe ? C'est à ce questionnement que ce livre, écrit par un philosophe franco-allemand, tente de trouver une réponse."
"Ce livre traite du rapport difficile entre socialisme/communisme et religion, comme conséquence de la sécularisation, du développement de la pensée matérialiste-athée et de la critique radicale de la religion par Feuerbach, Marx et les penseurs critiques aux XIXe et XXe siècles. Après avoir abordé le problème de la « guerre » déclarée à la religion au nom de l'athéisme en Union Soviétique, l'auteur analyse l'amorce d'un dialogue entre marxistes et chrétiens dans les pays de l'Est, avec la contribution importante du philosophe Ernst Bloch plaidant pour un marxisme libéré de son dogmatisme."
En s'opposant aux nationalistes et souverainistes, Jürgen Habermas, disciple d'Adorno et fondateur de la « seconde génération » de l'École de Francfort, a enrichi les débats de la philosophie politique contemporaine par ses contributions et réflexions sur l'Europe et l'idée européenne. Dans ces écrits, il esquisse non seulement l'utopie concrète d'une Europe d'États post-nationaux, reliés entre eux par une Constitution européenne garantissant les libertés, la justice et l'État de droit, mais il plaide aussi pour une « conscience européenne ». Il s'agit de remplacer l'État-nation traditionnel républicain, devenu « obsolète », par une Union européenne entendue comme union d'États « post-nationaux ». Simultanément, Habermas se fait l'avocat d'un renouveau de la démocratie, de plus en plus menacée par les populismes et les régressions constatées dans les pays néolibéraux. Rationaliste et cosmopolite, inspiré par Kant, Habermas s'intéresse enfin à la tension permanente entre foi et savoir dans un âge post-métaphysique.
Comme « l'hérétique le plus productif » du marxisme, déterminé à faire une synthèse, dès L'Esprit de l'Utopie (1918), entre Karl Marx, la mort et l'apocalypse, Ernst Bloch a placé toute son oeuvre sous le signe de l'espérance, de la « station debout » (Aufrechter Gang), de la dignité humaine et de l'« utopie concrète ». Les six conférences réunies dans ce livre s'efforcent d'explorer en profondeur ces dimensions de l'univers philosophique blochien.
"Contrairement au concept canonisé d'émancipation du XVIIIe siècle (celui de Condorcet, de Rousseau et de Kant), le concept d'émancipation devient au XXe siècle synonyme de toutes les formes de résistance, de résilience et de libération des contraintes, de l oppression, des discriminations et de toutes les formes de pouvoir liberticide et totalitaire. C'est dans la pleine conscience de la mémoire historique de toutes les luttes pour l'émancipation que cet ouvrage reconstruit la trajectoire de ce concept, sans oublier qu'il s'agit là d'un concept-clé d'une philosophie sociale critique visant, dans le sillage de Marx à Sartre et Marcuse, non seulement la libération du genre humain mais aussi la transformation du monde vers une société libre, non-répressive, égalitaire et fraternelle."
Cet ouvrage reconstruit l'itinéraire intellectuel et politique d'Arno Münster. Il y décrit une enfance malheureuse ombragée par le nazisme, l'anticommunisme et la restauration en Allemagne de l'Ouest. Il raconte comment sa rupture avec la société allemande fera de lui assez tôt un homme « révolté », engagé pour la vraie démocratie et le progrès social. Arrivé à Paris en 1967, il se jettera « corps et âme » dans la révolte de Mai 68. Cet intérêt pour les mouvements politiques d'émancipation le conduira au Chili, à l'époque d'Allende, et au Portugal, pendant la révolution des « oeillets ». L'émancipation sera le leitmotiv de sa philosophie sociale critique orientée vers l'écosocialisme, un marxisme non dogmatique et un cosmopolitisme citoyen.
Nul doute que l'objectif du désensorcellement du concept et, au-delà, de la pensée d'Adorno était de déstabiliser toutes les systématisations philosophiques au nom d'une résistance contre toutes les proclamations de vérités absolues et éternelles. Refusant tout dogmatisme, la pensée d'Adorno a ainsi permis la valorisation de l'expérience subjective pour élaborer une dialectique consciente de la souffrance des hommes dans un univers d'aliénation toujours menacé de glisser vers le totalitarisme et la barbarie : "le besoin de faire s'exprimer la souffrance est condition de toute vérité ; car la souffrance est une objectivité qui pèse sur le sujet".
La philosophie adornienne se définit ainsi comme une libération radicale de la pensée : "Le penser est en soi déjà, avant tout contenu particulier, négation, résistance contre ce qui lui est imposé". C'est précisément à partir de ce projet philosophique de désentravement de la pensée que ce livre entend présenter la philosophie de celui qui fut le plus célèbre représentant de l'école de Francfort.
L'auteur s'efforce en outre de mettre en évidence la position centrale qu'occupent les Minima Moralia dans l'oeuvre et la philosophie d'Adorno, pour lequel ces réflexions sur la vie mutilée ne sont qu'une contribution supplémentaire au combat du philosophe - dont la vie était profondément marquée par l'exil - contre la liquidation du particulier et le mensonge permanent du Tout.
L'objet du présent ouvrage est la transformation de la philosophie sociale de la première génération de l'Ecole de Francfort (Adorno, Horkheimer, Marcuse) par Jürgen Habermas en une théorie et philosophie de la rationalité communicationnelle qui, dans une distance de plus en plus grande par rapport au néo-marxisme de ses pères fondateurs, croyant en la force génératrice et commnicationnelle des actes langagiers et en la force consensuelle des argumentations discursives, s'oriente (1) vers l'élaboration d'une pragmatique universelle comprise comme " science reconstructive des actes de parole " ; (2) vers une théorie de la communication, faisant de l'agir communicationnel le fondement d'une nouvelle théorie sociale, et (3) vers une nouvelle théorie du Droit, de la justice et de la Démocratie qui préconise la fondation des normes du Droit, loin de toutes les approches positivistes et décisionnistes de la question, sur le " principe discussion ".
Quant à la Démocratie, la thèse de Habermas est que " le principe démocratique ne peut se manifester que comme le coeur d'un système de droit ". " Dans cette perspective, la genèse du droit est effectivement conçue comme un processus circulaire donnant lieu à la constitution co-originaire du droit par le code du droit et le principe démocratique (communicationnel). L'objectif visé par Habermas, avec cette justification philosophique et sociologique du principe démocratique, dans le système du droit codifié, est clair : Il s'agit avant tout de justifier, à la lumière du principe démocratique et du principe " discussion ", les droits fondamentaux des citoyens, et de redéfinir, sur ces bases théoriques, l'Etat de droit.
Ce dernier ne peut cependant continuer à fonctionner comme garant des libertés et de l'inviolabilité des droits fondamentaux que s'il est en permanence confronté avec une opinion publique politique et des espaces d'expression communicationnels autonomes aspirant à une démocratie plus radicale, instaurant la participation réelle des citoyens au pouvoir et aux affaires publiques. Démocratiser la démocratie pourrait donc être le mot d'ordre de cette nouvelle philosophie politique - analysée dans cet ouvrage, dans une perspective critique - dont l'objectif premier est la transparence et le consensus obtenu démocratiquement, par les participants à une " situation de parole idéale ", dans la perspective de l'intercompréhension.
Il s'agit de réfléchir sur l'instauration d'un véritable ordre économique mondial nouveau, plus juste, reliant le projet du dépassement du capitalisme à celui d'une révolution écologique et démocratique, mettant fin à la destruction de l'environnement, au productivisme, à la pauvreté, aux inégalités, à la dictature de l'argent et au pillage du Tiers-Monde.
Un guide critique à travers l'oeuvre d'Ernst Bloch et un éclairage sur la rencontre du judaïsme et du marxisme, singulière chez ce philosophe.