Depuis 1963, les régimes baathistes ont tenté de façonner un cinéma à leur image. Ce projet a néanmoins été contesté par des cinéastes qui ont investi cet art en contournant les contraintes fluctuantes imposées par un système de production supervisé par l'Etat. Paradoxalement, dès les années 70, le cinéma financé par le secteur public devient un espace d'expression critique. Cet ouvrage propose une incursion au coeur des films pour saisir ce qu'ils nous disent de l'ordre politique en Syrie jusque dans les années 2000.
Depuis 2011, la re´volte et le conflit en Syrie ont ge´ne´re´ une masse conside´rable d'images produites par des manifestants, des activistes et des combattants. Disse´mine´es sur Internet ou dans des cartes me´moires de te´le´phones portables, elles rendent compte de manie`res de documenter, de raconter et de vivre la protestation, l'engagement, la guerre et la violence extre^me. Cet ouvrage explore ce vaste territoire d'images et de sons pour e´clairer d'un nouveau jour ce conflit, ses acteurs, ses temporalite´s et les imaginaires qui s'y de´ploient. A` partir d'enque^tes nume´riques mais aussi d'entretiens aupre`s de ceux qui ont filme´, il s'agit de saisir les multiples formes d'expression de la re´volte et son basculement dans une guerre dont les enjeux de´passent les frontie`res syriennes. Au plus pre`s de la fabrique, des usages et des grammaires de productions audiovisuelles issues de diffe´rents espaces du conflit, l'objectif est e´galement de comprendre comment elles coexistent et s'affrontent.