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Daniel Heller Roazen
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Compter pour personne : un traité des absents
Daniel Heller-Roazen
- La découverte
- 20 Avril 2023
- 9782348075827
Il y a plusieurs façons de ne pas être quelqu'un. L'une d'elles, la plus humaine sans doute, c'est d'être une non-personne. Mais qui désigne-t-on ainsi ? La question serait triviale si les non-personnes étaient rares ou d'une seule nature. En vérité, elles sont nombreuses et diverses. Le pari de ce livre est que l'on peut néanmoins en distinguer trois types.
Il est d'abord question de l'absent, ce sujet sans corps, institué durant un temps variable lorsque quelqu'un quitte son domicile sans revenir comme attendu. Dans une configuration inverse, on rencontre les individus qui, tout en étant présents, sont privés d'une part de leur personnalité sociale, juridique ou politique, tels les parias, les condamnés ou les bannis. Enfin, on s'interroge quant au statut singulier du cadavre, qui défie la distinction entre chose et personne.
En passant de la littérature à la philosophie et des mythes à l'histoire du droit, des fantômes de l'Antiquité et du Moyen Âge aux hors-la-loi modernes, cet essai redécouvre les vies et les aventures de Gulliver, de Peter Schlemihl, du colonel Chabert et de bien d'autres encore. Ce faisant, il se penche aussi sur les pratiques et sur les croyances collectives, sans omettre ces rites, parfois ludiques, par lesquels adultes et enfants se comptent et s'exceptent du décompte. -
écholalies ; essai sur l'oubli des langues
Daniel Heller-Roazen
- Le Seuil
- 18 Janvier 2007
- 9782020859240
Répétition automatique de mots prononcés par autrui : c'est ainsi que les scientifiques ont défini, depuis le dix-neuvième siècle, le phénomène exceptionnel que l'on nomme écholalie, dont l'étude relève, dit-on, de la psychologie. Sans se borner à cette acception médicale, Daniel Heller-Roazen donne à l'écholalie un sens inédit, qui la mène jusqu'à ce seuil où elle se confond avec le concept même de langage. Dans de courts chapitres, qui tiennent à la fois de la fable et de l'essai, une seule thèse s'énonce : chaque langue est l'écho d'une autre, dont elle ne cesse de porter témoignage. Plus radicalement, chaque langue est l'écho de ce babil enfantin dont l'effacement a permis la parole. La démonstration se fait ici à l'aide de textes divers : y participent tour à tour la mythologie, la psychanalyse, la théologie, la littérature et la linguistique. D'Ovide et de Dante à Edgar Allan Poe et à Elias Canetti, des idiomes sacrés du judaïsme et de l'islam aux dialectes en voie de disparition, de la langue maternelle des poètes aux parlers rêvés des savants, les vingt-et-une " écholalies " qui composent cet ouvrage tracent un parcours singulier. Un livre qui invite à réfléchir sur la nature de cet animal oublieux qu'est l'homme, dont les langues lui sont continûment dérobées par le temps.
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Langues obscures ; l'art des voleurs et des poètes
Daniel Heller-Roazen
- Le Seuil
- La Librairie Du Xxie Siecle
- 2 Mars 2017
- 9782021120912
Langues obscures explore avec ténacité un phénomène curieux et peu analysé. Chaque fois que des humains partagent une langue, ils s'efforcent aussi de créer du neuf à partir d'elle : un idiome cryptique, construit avec la grammaire qu'ils connaissent, qui leur permettra de communiquer en secret. Ces langues cachées prennent bien des formes. Elles peuvent être plaisantes ou sérieuses, jeux d'enfants ou travail d'adultes, aussi impénétrables que des langues étrangères ou seulement un peu différentes des parlers dont elles sont issues, voire à peine perceptibles.
C'est à la Renaissance que des auteurs, dans toute l'Europe, ont noté pour la première fois l'apparition de langues parlées délibérément obscures. Juristes, grammairiens, théologiens les ont condamnées, en soutenant que ces nouvelles formes de discours étaient les instruments du crime, ourdi dans des langues que les honnêtes gens ne pouvaient comprendre. Mais avant l'émergence de ces jargons modernes, la torsion artificielle des langues avait une finalité bien différente : en Grèce ou à Rome aux temps archaïques, en Provence et en Scandinavie au Moyen Âge, chanteurs et copistes inventaient, eux aussi des variantes opaques du parler. Non pas pour tromper mais pour révéler et noter une réalité divine : la langue des dieux, que les poètes et les prêtres étaient, disait-on, les seuls à maîtriser.Langues obscures évolue entre ces diverses langues artificielles et hermétiques. Des jargons criminels aux idiomes sacrés, des arts mystérieux des druides et des copistes de la Bible à la procédure secrète que Tristan Tzara, fondateur de Dada, croyait avoir découverte dans les chansons et ballades de Villon, Langues obscures explore les techniques, communes aux voleurs et aux poètes, qui jouent le son et le sens l'un contre l'autre.
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Une archéologie du toucher
Daniel Heller-Roazen
- Le Seuil
- La Librairie Du Xxie Siecle
- 13 Octobre 2011
- 9782020908153
Que veut dire se sentir vivant ? C'est à cette question que répond Daniel Heller-Roazen en faisant l'archéologie d'un seul sens : ce « toucher intérieur, par lequel nous nous percevons nous-mêmes ». Aristote fut sans doute le premier à définir cette puissance de l'âme. Après lui, beaucoup d'autres s'efforcèrent de définir et de redéfinir cette curieuse sensation.
Les philosophes de l'Antiquité, les penseurs musulmans, juifs et chrétiens du Moyen Âge ont tous étudié une faculté qu'ils appelaient le « sens commun ». De Montaigne et Francis Bacon à Locke, Leibniz et Rousseau, de la médecine du XIXe siècle à Proust et Benjamin, les auteurs modernes ont fait écho, consciemment ou non, à ces diverses traditions, en explorant la perception que tout être sensitif a de sa vie.
Une archéologie du toucher reconstitue l'histoire de cette perception. Sensation et conscience, sommeil et réveil, esthétique et anesthésie, perception et aperception prennent ici un sens nouveau.
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Le cinquième marteau ; Pythagore et la dysharmonie du monde
Daniel Heller-Roazen
- Le Seuil
- La Librairie Du Xxie Siecle
- 3 Avril 2014
- 9782021100068
Selon une antique tradition, c'est Pythagore qui a inventé l'harmonie. On dit qu'un jour où il se promenait près d'une forge, il entendit un son merveilleux en sortir et s'aventura à l'intérieur. Il y trouva cinq hommes qui frappaient avec cinq marteaux. Quatre de ces marteaux avaient entre eux de merveilleux rapports de proportion qui, réunis, allaient lui permettre de reconstruire les lois de la musique. Mais il y en avait aussi un cinquième qu'il ne parvint pas à mesurer ; il ne put pas davantage rendre raison de ce son discordant. C'est pourquoi il l'écarta.
Qu'était-ce donc que ce marteau, pour que Pythagore décide si résolument de le rejeter ? Dans Le Cinquième Marteau, Daniel Heller-Roazen montre avec lucidité que cette décision donne une clé pour comprendre les idées d'harmonie, au sens le plus large du terme. Depuis l'Antiquité, le mot " harmonie " ne désigne pas seulement une théorie des sons musicaux ; il constitue un paradigme pour l'étude scientifique du monde sensible. Pourtant, à de multiples reprises, cette entreprise s'est heurtée à une limite fondamentale : quelque chose dans la nature lui résiste, refuse de se laisser transcrire dans une série d'unités idéales. Un cinquième marteau continue obstinément à résonner.
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L'ennemi de tous ; le pirate contre les nations
Daniel Heller-Roazen
- Le Seuil
- La Librairie Du Xxie Siecle
- 14 Janvier 2010
- 9782020993401
Ce livre part d'un seul et unique fait juridique dans l'histoire de l'Occident : le pirate est le prototype de « l'ennemi de l'humanité ».Longtemps avant les droits de l'homme, avant les organisations humanitaires, avant la codification du droit international par les penseurs des Temps Modernes, les hommes d'état de la Rome antique voyaient en lui « l'ennemi de tous ». Comme Cicéron en a fait un jour la remarque, il existe des adversaires avec lesquels un état de droit peut faire des guerres, signer des traités et, si les circonstances le permettent, cesser les hostilités. Ce sont les justes belligérants de l'autre camp, qui, étant par principe les égaux des combattants de la puissance publique, peuvent toujours prétendre à certains droits. Mais il y a aussi un autre type d'ennemi : un adversaire injuste, indigne de tels droits. C'est le pirate, que Cicéron appelle, pour cette raison, « l'ennemi commun à tous ».Plus tard, aux Temps Modernes, les philosophes du droit et de la politique ont fait un pas de plus. Ils ont élaboré une idée que l'on peut, historiquement, rattacher en droite ligne à celle de « pirate » : la notion d' « ennemi de l'humanité », qui nous est aujourd'hui si familière à tous.Dans ce livre, Daniel Heller- Roazen propose une généalogie de cette idée, cernant les diverses conditions juridiques, politiques et philosophiques dans lesquelles il a été possible de concevoir un sujet aussi exceptionnel qu'un « ennemi de tous ».Le livre de Daniel Heller-Roazen est motivé par une hypothèse : le paradigme du pirate a pris aujourd'hui une importance considérable, extrême. Comment et pourquoi l' « ennemi de tous » est-il devenu une figure contemporaine cruciale Daniel Heller-Roazen est professeur de littérature comparée à l'Université de Princeton aux états-Unis. Il a publié, dans la même collection, écholalies. Essai sur l'oubli des langues (2007).