Les Guides Joanne prennent la suite de la collection de guides de voyage publiée par Louis Hachette, dans le cadre de la Bibliothèque des chemins de fer, créée en 1854. Adolphe Joanne, père de Paul Joanne, avait assuré la direction de cette collection qui prend son nom vers 1860. Il avait ainsi créé la référence du guide de voyage en langue française, concurrencé mais non égalé par son rival, Karl Baedeker. En 1919, les Guides Joanne prennent le nom de Guides bleus. Les Guides Joanne comprennent plusieurs séries, distinguées par leur format et leur couverture, qui couvrent la France, les pays d'Europe, le Proche-Orient et l'Afrique du Nord.
On peut souligner la remarquable adaptation aux nouveaux usages des touristes, aux changements et aux manières de voyager. Certaines destinations sont mises en valeur car étroitement liées à d'autres projets comme la construction de lignes de chemin de fer ou le développement des stations thermales; ce qui est le cas dans de nombreuses localités des Pyrénées.
Élisée Reclus, né le 15 mars 1830 à Sainte-Foy-la-Grande (Gironde) et mort à Thourout en Belgique le 4 juillet 1905, est un géographe et militant anarchiste français. Citoyen du monde avant l'heure, précurseur de la géographie sociale, de la géopolitique, de la géohistoire et de l'écologie, il était également végétarien, naturiste, partisan de l'union libre, pyrénéiste et espérantiste.
La lecture de l'article d'Élisée Reclus « La guerre du Paraguay », qu'il publia dans la Revue des Deux Mondes le 15 décembre 1867, montre que malgré son point de vue a priori favorable au Paraguay (qu'il compare à la France révolutionnaire) il fait une analyse pénétrante des rapports de force entre les belligérants et anticipe les conséquences du conflit.
Dans cette guerre, qui opposait le Paraguay à la « Triple Alliance » (Argentine, Brésil, Uruguay), la situation militaire était alors bloquée ; Élisée Reclus explique aux lecteurs français la situation étrange où se trouvent alors les belligérants et analyse les dissensions dans la Triple Alliance, la force du Paraguay et la faiblesse du Brésil. Il est clair, à le lire, qu'il voit largement le premier comme une sorte de réincarnation de la France révolutionnaire, en guerre contre toute l'Europe d'Ancien Régime, et dans le second un pendant tropical de l'Empire de Napoléon III, qui l'a condamné à l'exil, un prisme qui colore quelque peu ses analyses. Mais il serait évidemment injuste et ridicule de s'en tenir là et de tenir rigueur à Élisée Reclus de quelques erreurs dans ses pronostics sur l'issue d'une guerre, à l'issue alors bien incertaine, alors qu'on ne peut au contraire qu'admirer la justesse de ses analyses géopolitiques sur la situation des puissances en présence.
Au moment où Élisée Reclus décrit la situation militaire est étrange et probablement inédite : la flotte de haute mer brésilienne est bloquée dans un bief fluvial, entre deux forteresses paraguayennes. C'est le résultat imprévu du plan de bataille des forces de la Triple Alliance après l'échec de son offensive terrestre.
Plus de cent quarante cinq ans après la fin de ce conflit, quelles traces a-t-il laissées?
Au Paraguay, le souvenir du drame que furent, non seulement la défaite contre les alliés, mais surtout les énormes pertes humaines de la guerre sont toujours rappelés comme étant la principale origine du retard de développement, comparable à ce qu'a été pour la Bolivie la perte de l'accès à la mer lors de la guerre du Pacifique. [Hervé Théry et Sébastien Velut, « Élisée Reclus et la guerre du Paraguay », Terra Brasilis (Nova Série)
La historia de un arroyo, hasta la del mas pequeno que nace y se pierde entre el musgo, es la historia del infinito. Sus gotas centelleantes han atravesado el granito, la roca calcarea y la arcilla; han sido nieve sobre la cumbre del frio monte, molécula de vapor en la nube, blanca espuma en las erizadas olas. El sol, en su carrera diaria, las ha hecho resplandecer con hermosos reflejos; la palida luz de la luna las ha irisado apenas perceptiblemente; el rayo la ha convertido en hidrógeno y oxigeno, y luego, en un nuevo choque, ha hecho descender en forma de lluvia sus elementos primitivos. Todos los agentes de la atmósfera y el espacio y todas las fuerzas cósmicas, han trabajado en concierto para modificar incesantemente el aspecto y la posición de la imperceptible gota; a su vez, ella misma es un mundo como los astros enormes que dan vueltas por los cielos, y su órbita se desenvuelve de cielo en cielo eternamente y sin reposo.
Toda nuestra imaginación no basta para abarcar en su conjunto el circuito de la gota y por eso nos limitamos a seguirla en su curso y su caida, desde su aparición en la fuente, hasta mezclarse con el agua del caudaloso rio y el océano inmenso. Como seres débiles, intentamos medir la naturaleza con nuestra propia talla; cada uno de sus fenómenos se resume para nosotros en un pequeno número de impresiones que hemos sentido. ¿Qué es el arroyo, sino el sitio hermoso y apacible donde hemos visto correr el agua cristalina bajo la sombra de los alamos, balancearse sus hierbas largas como serpentinas y temblar agitados los juncos de sus islitas? La orilla florida donde gozabamos acostandonos al sol, sonando en la libertad, el sendero tortuoso que bordea el margen y que nosotros seguimos con paso lento contemplando el curso del agua, la arista de la piedra desde la cual el agua unida en apretado haz se precipita en cascada ó se deshace en espuma; he ahi lo que en nuestro recuerdo es el arroyo, casi con toda su infinita y compleja naturaleza, puesto que lo restante se pierde en las obscuridades de lo inconcebible.