Deux textes à la portée écologique du géographe et libertaire français. Le premier, paru en 1880, est un traité de vulgarisation géographique en même tant qu'une médiation poétique et morale sur la montagne. Dans le second, il décrit les phénomènes naturels et les paysages au fil d'un ruisseau, de la source à l'embouchure.
« L'histoire d'un ruisseau, même de celui qui naît et se perd dans la mousse, est l'histoire de l'infini. » « La source », « Le torrent de la montagne », « Les rives et les îlots », « Le cycle des eaux »... De chapitre en chapitre, suivant « les sinuosités et les remous » d'un ruisseau, depuis le ru jusqu'à la mer, Reclus ouvre le précis de géographie et le métamorphose, au fil de l'eau, en un singulier écrit d'écologie poétique.
Dans cette édition abrégée, se trouvent dix fragments d'une seule histoire : celle de l'Histoire d'un ruisseau d'Élisée Reclus (1830-1905), géographe arpenteur, communard exilé et figure pionnière d'une pensée écologique où se confondent connaissance de la nature et quête ardente de la liberté.
Elisée Reclus, géographe et poète, retrace en vingt chapitres d'un petit livre inclassable l'histoire d'un ruisseau. Et à toutes les pages de ce traité de vulgarisation qui est aussi une méditation morale et poétique, transparaît la vision du monde de l'anarchiste Reclus : la contemplation de la nature, de sa liberté, ne peut qu'inciter l'homme à croire aux vertus du progrès, de l'enthousiasme et du bonheur immanent.
C'est bien d'écologie avant la lettre qu'il s'agit dans cet ouvrage paru en 1869 et aujourd'hui réédité dans sa version intégrale.
Comment peut-on parler de géographie sans s'ennuyer ? Pour cela, il faut peut-être (re)-lire l'Histoire d'une Montagne d'Elisée Reclus : un texte à la fois scientifique, humain, poétique et romantique dont le but est de faire découvrir, à travers tous ses aspects physiques, humains, religieux ou purement scientifiques ce que peut cacher ce terme générique de montagne.
En voulant encadrer le progrès par des critères moraux, Reclus développe l'idée d'empathie pour la nature qui trouve aujourd'hui quelques échos dans l'urgence des problématiques environnementales contemporaines.
En 1900, il est le géographe le plus célèbre au monde et une gloire nationale. Grand voyageur, anarchiste militant venu du calvinisme, admirable écrivain que l'on compara à Buffon ou à Michelet, végétarien et sensuel, communard et taulard, féministe et défenseur de l'union libre, intellectuel autodidacte sans oeillères ni frontières trois fois parti en exil, Élisée Reclus (1830-1905) est, enfin, en passe de devenir un classique. Le lecteur d'aujourd'hui s'empare d'Élisée Reclus pour jouir de la beauté de sa langue et mieux comprendre les enjeux de notre époque. Le chantre de la libre association des individus selon leur «bon vouloir», d'une mondialisation égalitaire, d'une fraternité humaine d'échelle planétaire, qui a toujours refusé d'appartenir au «monde banal des classes gouvernementales», ne s'impose pas à nous comme un maître. Il fait bien mieux : son tact et sa passion nous éclairent et nous inspirent. Il demeure aujourd'hui ce «phare dans le lointain» évoqué par son neveu, l'historien de l'art Élie Faure. Cet ouvrage est ce que l'on nommait au XVIIIe siècle un «esprit», une distillation de l'ensemble des écrits d'Élisée Reclus. Il invite à goûter la qualité exceptionnelle d'une oeuvre et celle de l'encyclopédiste lumineux qui la composa.
La vie d'Élisée Reclus est marquée par un échec professionnel transformé en voyage initiatique. Sans cet essai de plantation en Colombie, il ne serait probablement jamais devenu un célèbre géographe, sociologue et révolutionnaire. L'ouvrage, conformément à la charte de la collection Tranhumance, a été entièrement relu et son orthographe adaptée au lectorat du XXIe siècle (les noms de lieux comme les noms de personnes).
Le Mississippi constitue l'élément fondateur de la pensée et de l'oeuvre du géographe Elisée Reclus. À la suite du coup d'État du 2 décembre 1851, et l'avènement de Napoléon III, Élisée Reclus, alors âgé de 21 ans, s'exile aux États-Unis et s'installe à la Nouvelle Orléans, au bord du Mississippi. C'est là qu'il découvre la réalité de l'esclavage et c'est là aussi qu'il explore l'un des plus grands fleuves du monde. Il lui inspirera plus tard un de ses ouvrages majeurs, L'Histoire d'un ruisseau. Mais de cette expérience sur le Mississippi, il en fera d'abord son premier livre, dont nous publions les meilleurs extraits. On y voit apparaître les deux courants qui irrigueront son oeuvre : l'anarchisme et une vision à la fois naturaliste, sociale et poétique de la géographie.
En 1855, le jeune Elisée Reclus (il a 25 ans) passe deux années dans la Nouvelle-Grenade (actuelle Colombie), particulièrement dans le massif montagneux de la Sierra Nevada de Santa Marta, à proximité de Carthagène. Région tropicale, isolée et en devenir mais ô combien passionnante pour l'utopiste qu'est Elisée Reclus ! Son compte-rendu (publié en 1881 dans sa deuxième édition) est à la fois un magnifique récit de voyage où, sans parti-pris, la connaissance des diverses populations et de leur existence le dispute à celle des lieux et des paysages.
« ... Je ne le cacherai point : j'aime la Nouvelle-Grenade avec autant de ferveur que ma patrie natale, et je serais heureux de faire connaître à quelques-uns ce pays admirable et plein d'avenir.
Si je pouvais détourner vers cette contrée une petite partie du courant d'émigration qui entraîne les Européens, mon bonheur serait grand. Il est temps que l'équilibre s'établisse entre les populations du globe et que l'Eldorado cesse enfin d'être une solitude ! »
Élisée Reclus inaugure sa « géographie sociale » par la pratique du voyage en 1859-1869. Ses lettres à sa femme Clarisse, jusqu'ici inédites, révèlent les émois de la séparation et découvrent l'intimité du couple et de ses engagements.
Elisée Reclus (1830-1905) fut à la fois l'une des grandes figures de l'anarchisme français et un géographe de génie, pionnier d'une géographie sociale qui inclut l'homme dans la nature. Son abondante correspondance est à son image : dans son dialogue avec les savants, artistes et activistes libertaires de son temps, jamais il ne se départ de sa précision scientifique ni de son farouche souci de la Liberté de l'individu. Reclus s'y révèle tel qu'en lui-même, complexe et fascinant.
La historia de un arroyo, hasta la del mas pequeno que nace y se pierde entre el musgo, es la historia del infinito. Sus gotas centelleantes han atravesado el granito, la roca calcarea y la arcilla; han sido nieve sobre la cumbre del frio monte, molécula de vapor en la nube, blanca espuma en las erizadas olas. El sol, en su carrera diaria, las ha hecho resplandecer con hermosos reflejos; la palida luz de la luna las ha irisado apenas perceptiblemente; el rayo la ha convertido en hidrógeno y oxigeno, y luego, en un nuevo choque, ha hecho descender en forma de lluvia sus elementos primitivos. Todos los agentes de la atmósfera y el espacio y todas las fuerzas cósmicas, han trabajado en concierto para modificar incesantemente el aspecto y la posición de la imperceptible gota; a su vez, ella misma es un mundo como los astros enormes que dan vueltas por los cielos, y su órbita se desenvuelve de cielo en cielo eternamente y sin reposo.
Toda nuestra imaginación no basta para abarcar en su conjunto el circuito de la gota y por eso nos limitamos a seguirla en su curso y su caida, desde su aparición en la fuente, hasta mezclarse con el agua del caudaloso rio y el océano inmenso. Como seres débiles, intentamos medir la naturaleza con nuestra propia talla; cada uno de sus fenómenos se resume para nosotros en un pequeno número de impresiones que hemos sentido. ¿Qué es el arroyo, sino el sitio hermoso y apacible donde hemos visto correr el agua cristalina bajo la sombra de los alamos, balancearse sus hierbas largas como serpentinas y temblar agitados los juncos de sus islitas? La orilla florida donde gozabamos acostandonos al sol, sonando en la libertad, el sendero tortuoso que bordea el margen y que nosotros seguimos con paso lento contemplando el curso del agua, la arista de la piedra desde la cual el agua unida en apretado haz se precipita en cascada ó se deshace en espuma; he ahi lo que en nuestro recuerdo es el arroyo, casi con toda su infinita y compleja naturaleza, puesto que lo restante se pierde en las obscuridades de lo inconcebible.
Histoire d'un ruisseau, par Élisée Reclus http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56847877
Histoire d'une montagne, par Élisée Reclus... http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5742863p
Comment dire la vie d'un milieu, cerner le sens d'un paysage ?
Dans ce texte inclassable de 1869, aussi sensible que scientifique, Élisée Reclus, fondateur de la géographie moderne, décline la vie d'un ruisseau, du glacier jusqu'au fleuve en passant par le torrent, puis les montagnes, les reliefs que ce fleuve dessine - car oui, ce sont bien le fleuve, l'érosion, l'eau qui dessinent les paysages, d'âge en âge.
Livre de vulgarisation, méditation poétique, Histoire d'un ruisseau invite ainsi à contempler la nature. Reclus n'en prône pas pour autant un retrait du monde qui serait celui d'un pur esthète : pour le géographe libertaire, théoricien de l'anarchisme et de la mésologie, le ruisseau fournit aussi et surtout un exemple de liberté, de bonheur immanent, qui ne peut qu'accorder crédit aux idées de progrès, d'inscription vertueuse au sein d'un milieu. L'homme devrait alors suivre son modèle : tracer joyeusement son chemin, tout en se montrant respectueux des abords et des berges dans lesquels il s'inscrit.
Un texte bilingue est signé H.D Thoreau, l'auteur de WALDEN.
Il est traduit par Camille Bloomfield et date de 1842, à propos d'une marche avec un ami sur la montagne qui a donné son nom au Massachusetts.
Et en écho, un texte d'Elisée Reclus pour comparer extrait de "Histoire d'une montagne" les sensibilités proches de 2 grands auteurs de la nature au XIX ième siècle. Reclus, lui, parle des Alpes suisses.