C'est là qu'elle va leur laisser un signe. Qu'elle va leur dire qu'elle les aime, qu'ils font partie du monde. Dans cette nouvelle graphique, l'auteure Sylvie Lainé s'est inspirée des images poétiques du plasticien-graphiste Philippe Aureille, images dans lesquelles il redonne vie à des natures mortes. Dans chacune des oeuvres se glissent, furtives, des âmes bien vivantes. Sylvie Lainé en a extirpé un conte, sur la difficulté d'être à la fois au monde et avec le monde. Son personnage, Amélia, a du mal à s'intéresser à la vie des personnes qui l'entourent. D'autres choses semblent accaparer son intérêt, des secrets qu'elle partage avec la nature. Sa soeur, Iris, tente tout pour la sortir de ce qu'elle perçoit comme un enfermement...
Pour un Scribe de la trempe d'El Levir, calligraphier le Livre, jusqu'au bout, sous la dictée tournante des Valets de Matière, est l'épreuve qui justifie une vie. Le texte, pourtant, s'avère étonnamment court, la manière est libre et le temps n'est en rien limité... Certes faut-il doubler la taille des lettres tous les deux mots et ne jamais répéter les supports ; certes le texte s'efface-t-il de la mémoire du Scribe aussitôt écrit pour s'inscrire dans son corps d'une très brûlante façon... El Levir le devinait. Il est prêt. À tracer les lettres sur des surfaces invraisemblables et gigantesques, à faire des murs et des mers la page concrète du Livre, s'il le faut. Puisqu'il le faut. Sauf que toute écriture exige aussi une encre. Une encre qui soit à la mesure inhumaine des surfaces...