Au Moyen-Orient, il y a presque dix siècles, à l'époque des croisades, la quête d'une coupe sacrée qui détiendrait tous les secrets de l'univers, soit la version iranienne du graal chrétien.
« En derviche tu es vêtue, aussi est-ce en derviche que tu dois avancer. Un derviche n'a rien à lui et ne tend pas la main : il attend de trouver sous ses pas ce qui l'aide à vivre. Un derviche est fol aux yeux des hommes : tu devras jouer les imbéciles, muette obstinément, langue perdue ou inintelligible, pas une parole ne devra sortir de toi. Car mentir, c'est sortir de son chemin, et révéler son secret, c'est aussi s'en écarter. Ni mensonge, ni dévoilement. Quoi que tu voies, quelles que soient tes rencontres, ne te fais pas connaître, ne parle jamais, reste dissimulée. Tu seras invisible aux Noirs et à tous ceux qui te recherchent, amis comme ennemis ; ainsi, tu avanceras sous la protection du Pôle. Si tu en sors, même Lui ne pourra t'aider. » Sibylle a la Rose de Djam mais les épreuves ne font que commencer. Elle doit retourner vers les siens et rapporter la coupe aux Quarante, en échap- pant aux Noirs qui vont la traquer dans tout le Kur- distan et l'Azerbaïdjan. Pour leur échapper, le Pôle du Monde lui fournit une panoplie de derviche qui lui garantit de pouvoir échapper à la vision du roi-serpent et donc des Noirs, selon certaines conditions : jouer les fol en Dieu muet et l'esprit égaré. Ainsi, elle se lance sur les routes d'Iran, mé- connaissable mais échappant aussi à la vision des Quarante, qui ignorent absolument ce qu'elle est devenue et ne peuvent l'aider.
Un soir, dans un caravansérail, un musicien lui dérobe la coupe par jeu, y verse du vin et boit de- dans. Son esprit explose aussitôt sous la somme des secrets du monde qu'il vient d'avaler d'un coup.
Pour reprendre la coupe, Sibylle cesse de feindre la folie, parle et envoie donc promener les règles et la protection du Pôle. À partir de là, les vrais ennuis commencent.
Moyen-Orient, il y a presque dix siècles, à l'époque des croisades, la quête d'une coupe sacrée qui détiendrait tous les secrets de l'univers, soit la version iranienne du graal chrétien.
Dans le premier volume, Sibylle, notre jeune Normande, héritière d'un fort de la principauté d'Antioche, a trouvé mari, en la personne de Pèir, un gascon ombrageux, et répondu, au prix d'un périple hasardeux vers l'est, à l'appel des Quarante Saints du monde réunis à Amid.
Elle a accepté la mission de se rendre dans la mon- tagne près de Mossoul pour arracher au « dragon » la Rose de Djam, qui si elle est détenue par les mau- vaises personnes pourrait entraîner la destruction du monde plutôt que garantir son équilibre.
Shudjâ', le faqîr qui fut le maître de Sybille dans son enfance, s'est laissé capturé par les Noirs...
Au début du deuxième volume, un groupe mené par Pèir décide de partir à la recherche de Shudjâ' dans la montagne kurde. Ils y rencontrent la magicienne Shahmaran, « la reine des serpents » qui leur alloue cinq de ses fils pour cette expédition. Après un combat épique sous terre, ils réussissent à fuir avec Shudjâ', qui une fois sorti de l'inconscience où les tortures des Noirs l'avaient plongé, leur apprend ce qu'il soupçonnait : le prêtre Yokhannân, traître parmi les Quarante, renseigne l'ennemi sur leur expédition et sur chaque mouvement de Sibylle.
Et Sybille ?
Elle chemine dans les montagnes kurdes, jusqu'à gagner les terres interdites des Fidèles de Vérité, qui lui déclarent que pour s'emparer de la coupe, il faudra qu'elle aille la chercher dans une grotte où le Grand Dragon de la Nuit qui hante ses cauchemars depuis l'enfance l'attend.
Juste avant qu'elle pénètre dans la grotte, les Noirs attaquent... Sibylle se réfugie à temps dans la grotte, où elle doit avancer sans armes. Là, sept chambres, chacune peuplée d'un fantôme de son enfance, la confrontent avec elle-même, ses âmes passées et présentes, et la font choisir entre l'amour et le pardon, la puissance et le renoncement. Tentée par le dragon, elle triomphe de l'épreuve et prend la Rose de Djam.
Mais Zakaryas la brute des Noirs est lui aussi entré dans la grotte, la rattrape et veut la tuer. Il doit alors lutter contre deux Sibylle : celle qu'elle était à douze ans et celle de vingt-quatre ans. Elles réussissent à le tuer, mais Sibylle a le bras gauche brisé par la brute.
L'enfant qu'elle était à douze ans lui apprend que le Verdoyant, - Khidr, le Pôle du monde -, s'engage à protéger son retour vers les Quarante, à condition qu'elle voyage à pied, vêtue en derviche sans jamais parler à personne, sinon sa protection se rompra.
Ce sera l'histoire racontée dans le troisième volume...
Nous sommes précisément en 1186 de l'ère chrétienne... Les terres franques - Jérusalem, Tripoli et Antioche - vivent leurs derniers jours, sous les coups de Saladin qui règne au Caire et sur la Syrie musulmane.
Turcs et Kurdes se disputent les terres de Syrie, d'Irak et du Kurdistan.
Mais si musulmans et chrétiens s'affrontent pour quelques lieux saints, il existe une autre bataille pour défendre un pouvoir qui n'est pas tout à fait de ce monde mais qui en est le socle et le garant de son équilibre. Ce « Pôle du monde », comme on le surnomme, disparaît et renaît, au fil des temps, en divers visages, diverses époques, divers lieux. Les musulmans en font un prophète qu'ils nomment Khidr, le « Verdoyant » ; il est Elias pour les juifs et les chrétiens et parfois aussi saint Georges pour ces derniers. Mais tout cela n'est que spéculation car son visage n'est connu que des Sept Cavaliers, ses meilleurs fidèles, recrutés parmi les Quarante Saints du monde, qui vaquent çà et là, entre visible et invisible. Comme leur vision porte à la fois en amont et en aval du temps, et qu'ils voient tout aussi bien l'envers que l'endroit des événements, leur comportement semble fort erratique au commun des mortels.
L'histoire de la Rose de Djam, ou comment la coupe qui détenait tous les secrets de l'univers fut perdue et retrouvée, est un volet de cette longue histoire des Quarante, lequel commença dans un château syrien tenu par des seigneurs normands, où vivait la plus improbable des créatures terrestres que le Pôle du monde pouvait charger de cette mission : Sibylle de Terra Nuova.
Affligé aux épaules de deux serpents, le roi Zohak faisait sacrifier tous les matins deux jeunes gens pour nourrir ses monstres de cervelle humaine. La légende raconte que trois chevaliers, déguisés en médecins, épargnèrent une victime sur deux en substituant sa cervelle à celle d'un mouton. A la fin du règne de Zohak, un forgeron nommé kawa, dont seize fils avaient été sacrifiés, se révolta quand son dernier enfant fut capturé. De cette légende, l'auteur donne ici une version reliée à l'histoire contemporaine du Kurdistan, le "Pays-des-mots-gelés", le pays où la langue kurde interdite, traquée, niée, se fige et gèle dans la bouche des hommes.