Nul besoin de caution pour s'intéresser à l'oeuvre monumentale de Vladimir Jankélévitch (1903-1985) qui traverse de bout en bout le XXe siècle. Philosophe, écrivain, pianiste, musicologue, résistant, témoin et victime d'une guerre qui a « coupé sa vie en deux », infatigable marcheur de la gauche, professeur en Sorbonne... C'est tout cela que fut Vladimir Jankélévitch. Les visages de l'homme sont multiples et ce Cahier, à partir de conférences et d'articles de Jankélévitch désormais introuvables (sur la musique, la religion et son judaïsme), de documents historiques (un CV corrigé de la main de Jankélévitch, une attestation de Résistance), d'engagements publics (sur l'enseignement de la philosophie, sur l'Université française, sur la Shoah, sur l'Allemagne d'après-guerre), mais aussi, du pinceau de ses maîtres, de ses collègues, de ses disciples et de ses fidèles amis, permet d'en dessiner tous les contours.
Toutes les pages de ce Cahier démontreront sans peine l'actualité d'une pensée qui lie tous les champs du savoir classique à l'exigence quasiment existentielle de la morale.
Les textes de ce recueil font état de l'attachement de Vladimir Jankélévitch à Israël, à la conscience juive et à sa complexité. Surprenants, graves, remontant le fil de sa propre histoire, Jankélévitch donne à lire dans ses pages son lien fort à Israël et au judaïsme.
" qu'est-ce que la musique ? se demande gabriel fauré à la recherche du " point intraduisible ", de la très irréelle chimère qui nous élève " au-dessus de ce qui est.
". c'est l'époque oú fauré ébauche le second mouvement de son premier quintette, et il ne sait pas ce qu'est la musique, ni même si elle est quelque chose ! il y a dans la musique une double complication, génératrice de problèmes métaphysiques et de problèmes moraux, et bien faite pour entretenir notre perplexité. car la musique est à la fois expressive et inexpressive, sérieuse et frivole, profonde et superficielle ; elle a un sens et n'a pas de sens.
La musique est-elle un divertissement sans portée ? ou bien est-elle un langage chiffré et comme le hiéroglyphe d'un mystère ? ou peut-être des deux ensemble ? mais cette équivoque essentielle a aussi un aspect moral : il y a un contraste déroutant, une ironique et scandaleuse disproportion entre la puissance incantatoire de la musique et l'inévidence foncière du beau musical. " v. j.
Le Je-ne-sais-quoi et le Presque-rien1. La manière et l'occasion« Le Je-ne-sais-quoi et le Presque-rien. Titre énigmatique... Quelque chose - ou presque rien - reste hors prise et remet la pensée en mouvement. »Marcel Neusch, La Croix« Une voix merveilleuse, une des plus précieuses et des plus singulières de notre temps. »Catherine Clément, Le Matin« Jamais on n'a écrit de philosophie comme ça. »Michèle Le Doeuff, Libération« Moraliste actuel, à la mesure des inquiétudes de notre temps, de ses urgences... »Christian Delacampagne, Le MondeVladimir Jankélévitch (1903-1985)Philosophe et musicologue, il est l'auteur d'une oeuvre considérable, traduite dans le monde entier.
Le Je-ne-sais-quoi et le Presque-rien2. La méconnaissance. Le malentendu« La lueur timide et fugitive, l'instant-éclair, le silence, les signes évasifs - c'est sous cette forme que choisissent de se faire connaître les choses les plus importantes de la vie. Il n'est pas facile de surprendre la lueur infiniment douteuse, ni d'en comprendre le sens. Cette lueur est la lumière clignotante de l'entrevision dans laquelle le méconnu soudainement se reconnaît. Plus impalpable que le dernier soupir de Mélisande, la lueur mystérieuse ressemble à un souffle léger... »V. J.Vladimir Jankélévitch (1903-1985)Philosophe et musicologue, il est l'auteur d'une oeuvre considérable, traduite dans le monde entier.
Le Je-ne-sais-quoi et le Presque-rien3. La volonté de vouloir« L'oiseau n'est pas un docteur ès sciences qui puisse expliquer pour ses confrères le secret du vol. Pendant qu'on discute sur son cas, l'hirondelle, sans autres explications, s'envole devant les docteurs ébahis... Et de même il n'y a pas de volonté savante qui puisse expliquer à l'Académie le mécanisme de la décision : mais, en moins de temps qu'il n'en faut pour dire le monosyllabe Fiat, l'oiseau Volonté a déjà accompli le saut périlleux, le pas aventureux, le vol héroïque du vouloir ; la volonté, quittant le ferme appui de l'être, s'est déjà élancée dans le vide. »V. J.Vladimir Jankélévitch (1903-1985)Philosophe et musicologue, il est l'auteur d'une oeuvre considérable, traduite dans le monde entier.
L'imprescriptible « Le pardon est mort dans les camps de la mort. » Qui a bien pu écrire une telle phrase ? Un philosophe, un Juif, un Français, un moraliste ? Oui, mais surtout un survivant, un survivant mystérieusement sommé de protester sans relâche contre l'indifférence. Sous le titre L'Imprescriptible se trouvent en effet réunis deux textes : Pardonner ? et Dans l'honneur et la dignité, parus respectivement en 1971 et 1948, qui tentent de maintenir « jusqu'à la fin du monde » le deuil de toutes les victimes du nazisme, déportés ou résistants.
Jankélévitch, philosophe de l'occasion, n'a jamais cru bon d'attendre « l'occasion » d'exprimer sa colère et sa pitié. C'était toujours pour lui le moment de rappeler que la mémoire de l'horreur constitue une obligation morale.
Vladimir Jankélévitch (1903-1985) Philosophe et musicologue, il est l'auteur d'une oeuvre considérable, traduite dans le monde entier, notamment Le Je-ne-sais-quoi et le Presque-rien.
Vladimir Jankélévitch approfondit dans cet ouvrage ses réflexions sur le mystère d'ambiguïté qui rend si déroutante aux yeux de certains la musique de Fauré et qui empêche de définir cet art autrement que par des couples de contradictions. Il retrouve ces paradoxes aussi bien dans l'oeuvre de piano que dans les mélodies, aussi bien dans la musique de chambre que dans le Requiem.
Évasif et précis, négligent et rigoureux, mystérieux et limpide comme un regard d'enfant, absent et présent comme une nuit d'été, lointain et proche comme une amie, distant et passionné comme un coeur secret, patent et latent comme une âme, tel est le langage de Fauré.
Vladimir Jankélévitch, philosophe du devenir et grand théoricien de la morale, a laissé une oeuvre immense. Composé de textes rares, jalons essentiels de sa pensée, cet ouvrage regroupe les premiers livres de morale du penseur. Entre le premier et le dernier écrit de cette somme, quelque trente ans se sont écoulés (1933, année de sa thèse, La Mauvaise Conscience, et 1967, parution du Pardon). Ce laps de temps équivaut à un nombre d'années qui pèse du poids de la douleur infinie. Avant, la vie d'un jeune et brillant universitaire, à la pensée nimbée d'irrationalisme. Après, l'existence continuée de celui que les épreuves de la guerre ont tant marqué. Le philosophe d'âge mûr, chassant les idéologies teintées de romantisme, unissant la pensée et l'action, fait de la volonté le commencement et la fin de tout car, dit-il, «la volonté peut tout, la volonté est plus forte que la mort».
Le paradoxe de la morale « Plus il y a d'être, moins il y a d'amour. Moins il y a d'être, plus il y a de l'amour. L'un compense l'autre. Le problème scabreux de toute vie morale ressemble à un tour de force, mais on réussit ce tour de force presque sans y penser quand on aime : c'est, répétons-le, de faire tenir le maximum d'amour dans le minimum d'être et de volume, ou à l'inverse de doser le minimum d'être ou de mal nécessaire compatible avec le maximum d'amour. » Vladimir Jankélévitch Vladimir Jankélévitch (1903-1985) Philosophe et musicologue, il est l'auteur d'une oeuvre considérable, traduite dans le monde entier, notamment Le Je-ne-sais-quoi et le Presque-rien.
À partir de sa rencontre avec Bergson en 1923, Jankélévitch commença à travailler à ce livre, publié en 1930. « Nous montrions l'importance de l'illusion de rétrospectivité, parlions du possible au futur antérieur, signalions le caractère central de la critique du néant. » Cette magistrale compréhension de « l'intuition bergsonienne » incita le maître à rédiger un court essai, d'une importance capitale pour l'intelligence du bergsonisme, Le possible et le réel (article paru en novembre 1930, puis repris dans La pensée et le mouvant en 1934).
Deux mouvements inverses semblent, chez Debussy, parcourir l'espace musical : l'un est descente aux enfers de la profondeur ; l'autre remontée à l'air libre, ascension vers les grands espaces de lumière. Mais quand on étudie ces deux mouvements, on comprend bien vite que l'essentiel chez Debussy n'est ni l'un ni l'autre : l'essentiel est l'instant impalpable, celui-là même que nous appelons apparition disparaissante, surgissement sur fond de silence et de ténèbres ; cet instant est l'éclair, ou à l'inverse (ce qui revient au même) l'étincelle qui est l'apparition saisie à l'instant où elle disparaît : Midi est dans le même instant le comble de la lumière et la lumière saisie dans le premier instant de son déclin.
Debussy donne une voix aux choses les plus impondérables et les plus précaires, les plus inconsistantes et les plus inexistantes de la création : une brève rencontre et une légère respiration, une réminiscence fugitive qui, comme l'étoile filante, traverse l'espace nocturne de la mémoire, un reflet qui tremble dans l'eau, un souffle de vent qui passe dans l'air du soir, un nuage dans le ciel.
Vladimir Jankélévitch se demande si le culte de la virtuosité et la glorification du « solisme », réhabilités par nos contemporains, ne traduisent pas à leur façon un attachement bien moderne à la chose précaire, à la féérie sans lendemain, à l'apparition disparaissante, éphémère et prestigieuse. Le culte de la virtuosité est en quelque sorte un hommage à la profondeur paradoxale de l'apparence.
L'oeuvre de Vladimir Jankélévitch mêle intimement philosophie et musique, régime de correspondance auquel le philosophe-musicien a toujours aimé se tenir. « La musique, rappelle-t-il, est un art temporel non point secondairement, comme la poésie, le roman ou le théâtre, mais essentiellement.
» Son domaine est la « temporalité enchantée », le mystère de l'instant, le charme de la nostalgie, du nocturne et des parfums de la nuit, du lointain, du silence surtout, puisque la musique, née du silence, y retourne.
Ce livre réunit des textes peu connus, inédits ou depuis longtemps inaccessibles. Comptes rendus de concerts et de festivals, évocations poétiques des musiciens chers à son coeur : les musiciens français, particulièrement Debussy, Ravel, Fauré ; les musiciens de l'Europe centrale, Chopin et Liszt, le rhapsode et baladin du monde européen, image même de notre modernité ; les génies de la musique russe, notamment Moussorgski et Rimski-Korsakov. Pour Vladimir Jankélévitch « on ne pense pas la musique », mais on peut penser en musique, ou musicalement. Le lecteur retrouvera dans ces textes le bonheur de la mystérieuse connivence d'une pensée sur la musique qui donne à entendre musicalement.
Moraliste doublé d'un métaphysicien hors pair, Vladimir Jankélévitch (1903-1985) est l'auteur d'oeuvres classiques parmi lesquelles Le Traité des vertus, La Mort, Le Pardon, L'Irréversible et la nostalgie, Le Paradoxe de la morale, et de nombreux livres sur la musique, entre autres sur Debussy, Ravel et Fauré.
Avec fidélité, sérieux et courage, il n'a cessé d'unir la pensée et l'action, de mêler réflexion et implication dans la vie sociale de son temps pour défendre au mieux les idées qui illustraient ses cours à la Sorbonne sur le mensonge, la sincérité ou la justice.
Composé de textes rares, devenus introuvables ou inédits en volume, ce livre présente des grands enjeux : mémoire, pardon, lutte contre le racisme et l'antisémitisme...
Vladimir Jankélévitch nous met en garde contre le retour des pensées criminelles. Et à la question : qu'est-ce qu'un philosophe aujourd'hui ? Il répond : « Eh bien, c'est d'abord quelqu'un qui fait comme il dit. »
le cours de philosophie morale de vladimir jankélévitch fut à l'origine professé à l'université libre de bruxelles en 1962.
mais il est fort différent des cours prononcés à la sorbonne et publiés sous forme enregistrée, dont l'écrit ne saurait rendre les célèbres crescendos et le mode musical. il s'agit ici de tout autre chose : jankélévitch se montre d'abord très didactique et n'hésite pas à faire des références précises et nombreuses à l'histoire de la philosophie. pour autant, il n'abandonne pas ses thèmes de prédilection.
la singularité et l'intérêt de ce cours, oú se rejoignent le professeur et le philosophe de la morale, résident précisément dans le croisement de ces deux " lignes " de pensée. car, comme le rappelle vladimir jankélévitch, " la morale [. ] tend à envahir l'existence entière [. ]. il n'est rien d'humain qui ne soit moral ".
Ce recueil clôt la série qui comporte par ailleurs Sources et La Musique et les Heures. Certains textes sur Bergson ou la mystique russe portent la marque d'une extrême jeunesse, ils sont denses, complexes, mais augurent de l'orientation de la pensée de Jankélévitch, comme le souligne Bergson lui-même dont les lettres sont données en fac-similés. D'autres témoignent de sa fidélité amicale et fraternelle, telle son étude sur « Le diurne et le nocturne chez Jean Cassou », ou de lectures « critiques » : Machiavel, Gracián. Enfin, on trouvera des écrits ponctuels sur les oeuvres de musiciens qui le touchaient particulièrement : Gabriel Fauré, Manuel de Falla, Béla Bartók, Louis Aubert ou Joaquin Nin et auxquels, si l'on excepte Fauré, il n'a pas consacré de monographie complète.« Le bergsonisme veut être pensé dans le sens même de la futurition, c'est-à-dire à l'endroit », se plaisait-il à souligner ; de même, il est bon de lire Vladimir Jankélévitch « des premières aux dernières pages ».