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Les ultimes années de la vie de Yeats sont peut-être les plus fécondes et les plus novatrices; les poèmes composés entre 1936 et 1939 (le dernier, quelques jours seulement avant sa mort) témoignent d'une inventivité musicale et thématique, d'une audace verbale proprement extraordinaire. Les grands symboles qui traversent et structurent les recueils antérieurs sont ici l'objet d'une remise en question, d'un doute anxieux dont la plus célèbre expression est le poème intitulé La Désertion des animaux du cirque. En même temps, c'est toute la violence de Yeats, sa révolte contre le grand âge, son tempérament moins apaisé que jamais, qui trouvent ici leur plus pathétique expression. L'audace quasi surréaliste de certaines images, la concentration extrême des vers, la crudité des allusions sexuelles, firent que ces poèmes déconcertèrent ceux qui, à l'époque, les découvrirent en revue. Réunis en volume après la mort de Yeats, ils n'ont commencé d'être appréciés à leur juste valeur que dans les années soixante. Si certains d'entre eux figurent dans des anthologies et sont souvent étudiés en France, la plupart n'ont jamais été traduits. Ils sont ici proposés pour la première fois dans leur intégralité.
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Paru en février 1928, la tour est probablement le plus célèbre des recueils de w.
B. yeats. il doit son titre à thoor ballylee, le cottage acquis par yeats en 1917, dont la tour devient ici le symbole d'un esprit qui monte la garde en temps de ténèbres. tous les grands thèmes de l'oeuvre de yeats trouvent ici leur expression la plus accomplie au service d'une conscience aiguë de la nécessité de redéfinir la mission de la poésie dans le monde moderne. pour yeats, il n'est pas d'autre fondement possible à la dignité humaine que la prise en compte du destin de l'âme ; le matérialisme, le rationalisme étroit en germe dans la pensée anglaise depuis le xviiie siècle, lui paraissent la source de tous les maux.
La poésie et l'art sont seuls à pouvoir rappeler la primauté de la vocation spirituelle de l'homme. alors que l'histoire se fait toujours plus sombre et que s'annonce la fin d'un monde, yeats trouve dans le pouvoir des images une lueur qui le guide dans les ténèbres. il s'invente une tradition secrète. byzance lui apparaît à l'horizon de l'histoire comme un de ces moments oú s'est réalisé l'équilibre refusé à l'homme moderne, tout comme l'athènes du siècle de périclès ou l'italie de la renaissance.
Mais en même temps que se multiplient les appels à la fuite vers un passé meilleur, la tour est un livre traversé du rappel insistant que l'éphémère est la loi. la force de la poésie de yeats est de convertir en vision l'amertume du poète vieillissant face aux tragédies qui accablent l'irlande, et de faire de sa colère une source de grandeur.
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Avant de devenir, des Cygnes sauvages à Coole aux Derniers poèmes, l'un des fondateurs de la modernité poétique, W B Yeats a d'abord été, ainsi qu'il l'écrira en 1931 dans L'Escalier en spirale, l'un des " derniers romantiques ". Sous le double signe de la Renaissance celtique et du symbolisme préraphaélite, le jeune Yeats s'est rapidement imposé, dès avant le tournant du siècle, comme l'un des poètes majeurs de sa génération. Les quatre recueils réunis dans ce volume, parus entre 1889 et 1899, le montrent déjà maître dans son art, même s'il se cherche encore. " Errant " comme son double mythique Oisin, héros de son premier poème narratif, le premier Yeats voudrait parvenir à faire la synthèse entre sa tentation de fuir le monde (pour s'évader dans l'imaginaire antique, oriental ou celtique), son goût des recherches occultes, et son engagement politique au service de l'Irlande en quête d'indépendance. Le voici, ainsi que le dit un titre adopté en 1895, à La Croisée des chemins. Il trouvera d'abord dans la Rose, emblème à la fois de la femme aimée, de l'Irlande, et de l'unité du divers, l'un des symboles-clés de sa poésie. Mais c'est en approfondissant l'expérience de l'amour qu'il parvient, avec Le Vent dans les roseaux, à écrire le premier d'une longue série de chefs d'oeuvre.
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L'escalier en spirale est un livre de transition: à près de 70 ans, yeats contemple sa vie passée, multipliant les échos avec les recueils précédents ; mais aussi, sentant monter en lui une révolte irrépressible contre la vieillesse qui vient, il tente et réussit un ultime renouvellement de son art, au prix d'une remise en question qui aboutira aux derniers poèmes, posthumes.
Ce livre dont la genèse fut longue (de 1922 à 1933) contient quelques-uns des poèmes et des cycles les plus célèbres de yeats, dont plusieurs sont traduits ici en français pour la première fois, comme les chansons intitulées " paroles à mettre en musique (peut-être) ". le poète les a ordonnés de telle manière que les souvenirs des lieux marquants de sa vie aient pour contrepoint l'évocation d'une série de lieux idéaux: ainsi le célèbre poème intitulé " byzance " est-il moins une rêverie sur l'héritage byzantin qu'une préparation à la mort.
L'ésotérisme de yeats change ici de nature : sans se préoccuper de trouver des explications aux rêves qui le hantent, il laisse son imagination se déployer en visions fantastiques, et bâtir une sorte d'" éloge de la folie " en réponse aux troubles de l'histoire. les poèmes de l'escalier en spirale imposent ainsi au fil des pages la souveraine évidence de leur imaginaire. ce septième et dernier volume achève la première traduction complète en français de la poésie de w.
B. yeats (1863-1939)
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Publiés par W B. Yeats entre 1903 et 1914, les ouvrages rassemblés dans ce volume sont autant d'étapes sur le chemin de la maturité. Si des poèmes narratifs comme La Vieillesse de la reine Maeve ou Baile et Ailinn portent encore la marque crépusculaire de la " Renaissance celtique ", les recueils Dans les sept bois (1904) et Le Heaume vert (1910) traduisent une évolution décisive. En renonçant au vague de la rêverie romantique, en resserrant ses vers, en portant sur le monde un regard plus soucieux du détail concret, Yeats est déjà sur la voie de ses oeuvres majeures. L'amitié d'Olivia Shakespear ou de Lady Gregory, l'influence bénéfique de Synge et de Pound y ont contribué. Quittant la tour d'ivoire du symbolisme, Yeats affirme sa volonté de descendre dans l'arène. En même temps qu'elle devient plus ouvertement autobiographique, sa poésie se fait ainsi le miroir des événements contemporains - non sans amertume, car c'est aussi par sa capacité d'indignation face à la médiocrité de la vie publique que Yeats interpelle ses contemporains. Le titre du recueil qui paraît en 1914, Responsabilités, entend ainsi signifier que le poète a un rôle à jouer dans l'avènement d'un nouvel âge où l'art saura réveiller en l'homme la puissance endormie de l'imagination créatrice.
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La publication de ce recueil, en 1919, consacra l'entrée de yeats dans la période de sa plus grande maturité créatrice.
Ayant définitivement conquis son ton de voix le plus personnel, yeats donne ici à la poésie anglaise quelques-uns de ses chefs-d'oeuvre et, dépassant le symbolisme de sa jeunesse, trouve les métaphores fondamentales qui vont guider sa recherche jusqu'à la fin de sa vie. l'envol des cygnes dans le parc de coole, vus dans la beauté d'une heure, d'une saison, d'un lieu précis, et dont le tournoiement " en grands cercles brisés " annonce les images de spirale des recueils qui suivront, est un moment inaugural : c'est la poésie du vingtième siècle qui commence, et c'est aussi une poésie rêvée, utopique, impossible, qui révèle ici sa splendeur.
Cette première traduction intégrale d'un recueil majeur de yeats a été entièrement révisée par le traducteur à l'occasion de la présente réédition. elle constitue aujourd'hui le troisième volume, dans l'ordre chronologique, de l'intégrale des poèmes de yeats publiée aux éditions verdier.