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Zadig Hamroune
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Nostalgie jubilatoire des années 1970 et 1980, enfance, adolescence d'un enfant issu de l'immigration, trajectoire d'un voyou studieux, enfant de la République, rat de bibliothèque, dansant, chantant, maltraité, abusé. D'oeuvre en lecture, du Caravage à Flaubert, de Dalida à Mozart, le narrateur se figure en écrivain.
L'auteur se livre à l'exercice de l'autoportrait. Exilé dans le microcosme normand où les ombres hostiles des hauts-fourneaux côtoient les silhouettes consolatrices des abbayes, il crée son territoire. La génération des soeurs aînées fut sacrifiée. Que deviendront les autres, après lui, ces héritiers en déshérence ?
Zadig Hamroune, d'un geste rapide, résilient, compose une fresque où la vie s'anime. Le temps n'absorbe rien, l'écriture griffe le béton. Écrire pour survivre.
Normand d'adoption, kabyle d'instinct, Zadig Hamroune se passionne très tôt pour la danse, l'art lyrique et la poésie. Après une carrière d'enseignant d'anglais et de traducteur, Zadig Hamroune se consacre à l'écriture. Il publie deux romans remarqués, Le Pain de l'Exil (Éditions de La table Ronde, 2015) et Le Miroir des Princes (Éditions Emmanuelle Collas, 2019).
Très attaché aux questions interculturelles et à la problématique LGBT, il milite pour Act Up, Le Refuge et s'intéresse de près à l'Islam progressiste.
Il participe à de nombreuses résidences d'écriture, anime des ateliers d'écriture créative, travaille à un projet de Festival à Ouistreham, dont la première édition verra le jour en octobre 2023. Il se consacre également à l'écriture dramatique et prépare une pièce en collaboration avec Marie-Armelle Deguy, Karine Saporta et Marie-Agnès Gillot.
La Nuit barbare est son troisième roman. -
Le narrateur a perdu sa mère. Il erre entre la réalité du deuil et la fiction pour conjurer la mort. Lui, l'enfant de la République, le beur, dont le parcours est reconstitué depuis l'enfance, cherche, à travers deux figures du passé, à rendre la rupture intelligible. Il part à la rencontre du Ghassanide, poète contrarié devenu chef des armées du Calife Abd el-Malek, et narre son épopée pendant l'Âge d'or de l'Islam.
La deuxième vague de la conquête vers l'ouest mène les cavaliers arabes au Maroc, où Maysara, fils d'un porteur d'eau berbère, distingué pour ses dons exceptionnels, est initié aux arts du livre. Rebelle dans l'âme, il soulève une armée, puis s'autoproclame Calife. Son règne est bref, il est exécuté. Le roman se referme. Le deuil est surmonté. Le narrateur réussit par l'écriture à résoudre l'énigme de sa présence au monde et à réconcilier les trois cultures, occidentale, arabe et berbère, dont il est issu.
De la Syrie au temps de la splendeur omeyyade à sa Kabylie berbère, Zadig Hamroune, dans une langue précise, vivante et colorée, nous emmène dans un merveilleux voyage littéraire, où il réussit le pari de dire, entre la réalité du deuil et la nuit onirique du conte oriental, ce qu'est l'absence et la mort de l'être aimé sans jamais répéter ce qui a déjà été écrit mille fois.
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Enfant, le narrateur guettait le départ pour l'usine d'Adan, son père, et venait prendre sa place encore chaude au creux du lit conjugal. Là, sa mère Nahima, conteuse d'exception, lui transmettait des bribes de l'histoire familiale. Il traverse en esprit la Méditerranée pour mettre ses pas dans ceux de ses parents, voués à quitter leur terre natale. Le Pain de l'exil s'ouvre sur l'exécution en place publique du père de Nahima, bandit d'honneur, sous les yeux de la petite fille. Il se clôt sur la fuite d'Adan pour la France au moment même où se perpétuent les massacres de Sétif et de Guelma.
Des neiges éternelles de la Kabylie à la cité ouvrière de la banlieue de Caen, de la forge familiale aux chaînes de montage de l'industrie automobile, Zadig Hamroune entrelace l'âpre réalité et le merveilleux du conte oriental.