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andre suares
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La poésie reste la part méconnue de l'oeuvre d'André Suarès, dont la postérité a surtout retenu les portraits littéraires, les essais et les évocations de terres aimées. L'écrivain a pourtant été fidèle toute sa vie à l'écriture poétique, puisqu'entre ses vingt ans et ses quatre-vingts ans, c'est une quarantaine de recueils qu'il constitua - dont dix seulement ont vu le jour. La plus grande variété préside à cette poésie placée sous le signe d'un souci constant de renouvellement : poèmes en vers ou en prose, poèmes brefs ou poèmes longs, inspiration mythologique ou moderne, bretonne ou asiatique, formes fixes ou formes libres...
Les Poèmes de la brume constituent un exemple caractéristique de recueil inédit, laissé à l'état d'ébauche dans les carnets conservés à la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet. Rédigés entre 1898 et 1900, ils représentent un des visages de la première période de l'auteur, même si celui-ci a déjà rédigé plusieurs recueils, dont deux paraissent coup sur coup en 1901 : Airs, au Mercure de France, et Images de la grandeur, chez Jouaust. Les Poèmes de la brume, dont la rédaction est postérieure à celle de ces deux recueils, héritent du premier, non du second : c'est l'esthétique du poème bref, musical, influencé par le symbolisme.
À la charnière des deux siècles, Suarès s'intéresse plus précisément à l'esthétique du lied, qui, après s'être développé en Allemagne à l'époque romantique, a connu un certain succès en France dans la deuxième moitié du XIXe siècle (Gustave Kahn ou Catulle-Mendès en ont écrit, pour ne citer que deux exemples). Après avoir travaillé la « sonate » poétique dans ses recueils du début des années 1890, Suarès trouve dans le lied une forme d'expression plus dépouillée, propre à transcrire en vers les sentiments mélancoliques qui l'habitent.
L'un des intérêts des Poèmes de la brume est ainsi de nous offrir le chaînon intermédiaire - jusque-là très inconnu - entre deux recueils publiés de l'auteur : Airs, donc, en 1901, et Lais et sônes, publié plus tardivement en 1909 malgré une rédaction de plusieurs années antérieure. Ce dernier recueil constitue de ce point de vue l'aboutissement d'un travail effectué sur les rythmes et les schémas métriques, dans le but d'élaborer des textes d'apparence aussi simple qu'ils sont en réalité fort subtils.
Tirés de trois carnets inédits dans lesquels Suarès a rédigé un grand nombre de lieder qui n'avouent pas leur nom, les Poèmes de la brume constituent le projet non seulement le plus développé mais encore le plus réussi des diverses tentatives de créer de futurs « lais » (variante celtique des « lieder ») et de futurs « sônes » (forme de chant breton). L'auteur a laissé un plan du recueil ainsi que des indications sur l'esprit poético-musical qui a présidé à sa constitution. Des liens évidents apparaissent avec Airs, dont le premier livre des « Vagues » forme comme un préambule.
Un autre intérêt des Poèmes de la brume tient à son inspiration bretonne. Suarès connaît autour de 1900 une crise identitaire qui lui fait s'inventer une ascendance armoricaine, propice à créer dans son imaginaire le contrepoint romantique, chrétien et brumeux que réclament le classicisme solaire de sa Provence natale et ses origines juives. De son séjour de quelques mois à Bénodet et dans sa région en 1900, il a tiré un admirable livre de proses poétiques, Le Livre de l'émeraude (Calmann-Lévy, 1902). À bien des égards, les Poèmes de la brume constituent le premier volet jusqu'à présent ignoré d'un diptyque breton, mais tout en contraste : le vers contre la prose, les rivages du nord face à ceux du sud, une Bretagne rêvée contre une autre, patiemment arpentée.
De fait, nulle couleur locale dans ces poèmes, nulle trace d'une topographie réaliste comme on en trouve systématiquement les indications au seuil des chapitres du Livre de l'émeraude - sinon, de façon allusive, dans les titres de certains des livres du projet d'origine (« En Léonois », « Kreisker », « En Goëlo »). L'intention n'est pas dans la peinture fidèle de paysages retenus pour leurs qualités esthétiques ; elle est dans l'évocation, à partir de paysages rendus indécis par la brume, d'un vague à l'âme, ou plus encore d'une inquiétude qui n'est autre que le pressentiment d'une mort à venir. Une « Bretagne état-d'âme » en quelque sorte, auquel répond si bien l'illustration d'Henri Rivière - parfaitement contemporaine des Poèmes de la brume - consacrée au motif de la brume bretonne.
Voici donc, en sept sections et cinquante-huit poèmes, une oeuvre délicieuse et méconnue de Suarès, expression d'un poète musicien autant que d'un homme à la conscience malade, et dont les lieder mélancoliques offrent au lecteur un héritage du spleen baudelairien autant que du lyrisme délicat de Verlaine. -
André Suarès Voyage du Condottière Bien qu'il convoque l'ombre tutélaire de Stendhal, le Condottière s'est délesté de toute autorité. Son voyage a ceci d'unique qu'il traite des villes comme des caractères : Rimini est « maussade comme un attentat réussi », Gênes banale « comme la pensée d'un boutiquier d'Amérique ». Chaque ville a non seulement son tableau, sa pièce musicale, son église, son grand homme, elle a aussi son visage propre, ses verrues, ses rides, sa mauvaise haleine, son sourire (Sienne l'ardente est un « baiser dans un sourire mystique »). Chaque recoin visité donne naissance à un poème en prose, où parfois surgit la vision d'un couple uni dans la béatitude. Claire, la patricienne d'Assise, voyant saint François hué, honni, ne veut d'autre fiancé que ce « fou de Petit Pauvre ». Catherine de Sienne console un condamné à mort, lui promet les noces éternelles, le mène à l'échafaud et reçoit sa tête dans ses mains.
Linda Lê.
Le Voyage du Condottière d'André Suarès est son meilleur livre ; donc l'un des plus grands du siècle. [.] Ceux qui ne veulent pas céder à la force enveloppante de la musique et du rêve, les ricaneurs, ne sauront jamais ce qu'ils manquent.
Raphaël Sorin, Le Monde.
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Clowns
Théodore de Banville, Jules Clarétie, Théophile Gautier, André Suarès, Paul Verlaine
- Éditions Marguerite Waknine
- Livrets D'Art
- 15 Novembre 2024
- 9782493282491
Quels que soient son costume et son numéro, le clown est certainement le symbole même du cirque. Même s'il n'a pas à proprement parler d'ancêtres, d'aucuns ont voulu supputer que le personnage pouvait avoir quelques lointaines ressemblances avec les farces du Moyen Âge ou la comédie italienne. Cependant, la figure du clown apparaît au XIXe siècle, en Angleterre d'abord, puis en France. Il est une nouveauté qui s'impose peu à peu en délaissant les tours de l'acrobate, du funambule, de l'athlète en somme. En abandonnant ainsi les prouesses corporelles, le clown devient un être à part, un être d'art et de spectacle, un être spirituel, qui parvient à produire un spectacle entier à lui seul. Et c'est sans doute pourquoi le clown n'a pas alors manqué de susciter la curiosité de nombreux écrivains et artistes, dont le présent volume a réuni quelques-unes des oeuvres afin de rendre hommage, comme il se doit, à cette figure si singulière du spectacle vivant.
Comme le veut la collection Livrets d'art, le présent ouvrage comprend un cahier des images dans lequel ont été rassemblées avec soin des reproductions d'oeuvres pour illustrer les textes consacrés à la figure du clown. -
Fragile plaquette publiée en 1894, ce texte est celui d'un jeune André Suarès. Le verbe de feu, porteur d'une oeuvre qui s'avèrera féconde d'intensité, y dévore déjà les pages.
La condamnation à mort de l'anarchiste Auguste Vaillant est à l'origine de cet essai magistral sur la loi des hommes, fruit pourri d'un système qui se mord la queue. Misérables et puissants voient leurs coeurs et leurs âmes sollicités : pour le bien de tous, l'amour doit y surgir des ténèbres. C'est d'une prose sévère et incarnée, délicieusement furieuse, que l'écrivain abjure une société fondée sur la violence et le con?it. Un cri qu'il convient de relayer. -
Auteur du Voyage du Condottière, André Suarès se devait d'être édité aux Editions du Condottière. Quel meilleur saint patron que cet homme à la curiosité universelle, épris de toute beauté ?Admirée par les plus grands esprits de son temps, d'André Gide à Paul Claudel, de Stefan Zweig à James Joyce, d'André Malraux à Roger Nimier, mais aussi de Claude Debussy à Pablo Picasso, la figure de ce très grand écrivain ne cesse de grandir à la mesure de son voeu le plus cher : être simultanément sur tous les points du temps, ceux d'hier - de l'Antiquité à son époque -, et ceux à venir dont nous participons. Inédites en livre, ces pages qui portent aussi bien sur la guerre que la politique, la poésie que la morale, les paysages bretons que les fonds sous-marins, mais aussi sur Antigone que saint François, Shakespeare que Rimbaud, dormaient dans des journaux et des revues. Stéphane Barsacq les a retrouvées et préfacées. On surprend, dans sa nouveauté radicale, le style et la vision de l'écrivain, ses vues, ses prémonitions, ses dons divinatoires. Comme le fameux Cangrande della Scala loué par Dante ou le Colleone, dont la statue est visible à Venise, le Condottière de Suarès reprend sa marche et ses conquêtes - l'oeil ouvert sur l'horizon.
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Les cahiers de la NRF : ports et rivages : anthologie
André Suarès
- Gallimard
- Les Cahiers De La Nrf
- 11 Novembre 2021
- 9782072950971
Toute sa vie, André Suarès a nourri un immense amour pour la mer, ses ports et ses rivages, sa beauté et ses mystères. Ni le demi-siècle qu'il passa à Paris, ni son oeuvre abondante vouée aux plus nobles quêtes intellectuelles, esthétiques et spirituelles ne permettent cependant d'en prendre d'emblée conscience. On le sait natif de Marseille, mais auteur d'un hommage aussi tardif qu'ambigu à sa ville natale (Marsiho) ; on lui connaît un voyage breton au début du siècle, à l'origine d'un de ses premiers livres (Le Livre de I'Émeraude), resté toutefois moins célèbre que le Voyage du Condottière - ode à l'Italie et à ses trésors artistiques. La postérité a surtout retenu à vrai dire le portraitiste d'un grand nombre d'écrivains et d'artistes, l'essayiste prolifique courtisé par La Nouvelle Revue française et cent autres revues, le pamphlétaire anti-germaniste, prophète de la tragédie hitlérienne.N'oublions pas trop vite, dans les interstices d'une vie et d'une oeuvre animées par la passion de I'art et la recherche de la grandeur, le Provençal épris d'otium marin loin des mesquineries et de l'agitation de la vie liftéraire parisienne, le fils adoptif des rivages de Cornouaille, le contemplateur sensuel des beautés méditerranéennes. Suarès s'est défini une fois pour toutes comme «homme de la mer avant tout».A. de R.Cette riche anthologie, complétée par des notices et des index, a été conçue par Antoine de Rosny, professeur de lettres classiques et membre du comité Suarès. Elle met en lumière une clef de lecture méconnue de l'oeuvre d'André Suarès (1868-1948), l'un des pionniers de La NRF, et constitue une merveilleuse invitation au voyage.
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Les cahiers de la NRF : correspondance 1913-1948
Gabriel Bounoure, André Suarès
- Gallimard
- Les Cahiers De La Nrf
- 19 Janvier 2023
- 9782073005144
Correspondre n'a jamais été mot aussi juste pour désigner l'activité épistolaire, tant les lettres de Gabriel Bounoure et d'André Suarès sont dans la plus vive adéquation quant à l'art d'écrire et à l'intelligence du coeur.Qui est Gabriel Bounoure? Un conseiller culturel en poste au Liban et en Syrie, mais surtout un grand critique littéraire, notamment à la Nouvelle Revue française, le plus méconnu et le plus discret de tous. Paul Claudel a eu pour lui ce mot éloquent:«On écrirait volontiers un livre pour vous faire écrire une page.» L'oeuvre d'André Suarès, maître trop secret de la littérature française, semble pâtir de sa prolixité et du caractère orageux de l'écrivain. Mais son Voyage du Condottière suffit, pour les amoureux du style, de l'art et de l'esprit, à le placer au centre de la bibliothèque de tout gentilhomme-lecteur.Cette correspondance inédite, enfin dévoilée, rend justice à l'un comme à l'autre. C'est une introduction immersive à l'oeuvre de Suarès comme un manuel de critique littéraire, le témoignage d'une amitié profonde et sincère, l'occasion d'un renversement généreux des rôles de maître et de disciple, un portrait et un autoportrait de Suarès, un lieu de méditations et enfin l'expression chevaleresque d'une quête spirituelle partagée par deux âmes libres et ardentes.Entre 1913 et 1948, leurs échanges sont traversés par les échos de deux guerres mondiales (sublimes lettres du capitaine Bounoure), les difficultés morales, physiques et matérielles:et toujours la poésie s'éprouve comme le seul refuge et la seule consolation pour les temps obscurs.Cette édition a été établie, présentée et annotée par Édouard Chalamet.Cette édition a été établie, présentée et annotée par Édouard Chalamet-Denis. Elle comporte une chronologie croisée, un essai de Gabriel Bounoure («Dernière parole de Suarès») et un index des noms et des oeuvres.
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Contre les totalitarismes ; textes politiques (1920-1948)
André Suarès
- Les Belles Lettres
- Le Goût Des Idées
- 9 Mars 2017
- 9782251446554
Ce livre reprend tous les textes publiés par Suarès de son vivant dans les journaux et les revues et jamais repris en volume à ce jour, entre autre En marge d'un livre, censuré par Grasset et édité à tirage limité hors commerce en 1936, et la Chronique de Caërdal publiée dans la NRF entre 1939 et 1940. On y découvre la conception de Suarès d'une Europe fraternelle, son culte des plus grands esprits de tous les pays, mais aussi son obsession du rang de la France et de son esprit dans le concert des nations, une France dans laquelle il décèle les ressources les plus vives pour lutter sur tous les plans contre le totalitarisme, quel qu'il soit : communiste, fasciste et nazi.
Écrit avec une force prodigieuse et une virulence inentamée par les années, Contre le totalitarisme est un livre qui a la même force que les écrits politiques de Georges Orwell, Simone Weil, Georges Bernanos, Albert Camus et Alexandre Soljenitsyne.
Il reste d'une actualité profonde, car ce qu'il vise, c'est la défense généreuse de l'humanité contre tout ce qui prétend l'encadrer, la rabaisser, sinon la dépasser. Il y va d'une protestation continue de l'esprit de liberté contre toutes les formes de tyrannies.
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Au fond, le livre est de l'architecture. Qui dit architecture, veut dire un édifice et un ordre, une demeure pour les dieux et pour l'homme, que ce soit une simple maison ou une basilique. L'église est une assemblée : la lecture en est une autre. Le livre est la maison de la pensée. Tout commence au monument et tout finit par le livre. La cité s'écroule, la ville disparaît et le livre demeure.
Les édifices sont l'architecture de la matière : le beau livre est une architecture de l'esprit.
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A son image, fier, dur, intransigeant, sans complaisance vis à vis des petits esprits et des petites entreprises, il convoque Marseille à sa vraie dimension, celle d'une métropole dominatrice et rayonnante, et il enrage de la voir dénaturée par des ambitions limitées et des entreprises étriquées qui servent si mal cette aspiration. Tout à la fois rêveur et réaliste, il est amoureux d'une belle dont il chante les qualités tout en fustigeant les défauts. Il dépeint avec la même dévotion les turpitudes et les misères de ses quartiers populaires, comme la beauté grecque enluminée de bleu de ces collines ioniennes et le souffle épique de ces horizons maritimes mordorés. Ce livre éblouissant, CE BLOC DE SOLEIL comme l'appelle René Fauchais, bat comme un coeur. Celui de Marseille et de ses gens.
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« Sur Molière » rassemble pour la première fois tous les écrits d'André Suarès, pour la plupart introuvables, sur Molière ; écrits suivis de « Clowns », un texte où André Suarès questionne l'essence du comique, notamment en lien avec Molière. Ce livre constitue un ensemble incomparable pour approcher au plus près l'auteur du « Misanthrope », le théâtre et la profondeur du comique. André Suarès, ce « pilier de la NRF » comme l'appelait André Gide, fut un maître pour André Malraux, Henry de Montherlant ou encore Stefan Zweig.
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Vues sur Baudelaire propose pour la première fois de découvrir tous les grands textes, y compris inconnus ou introuvables, d'André Suarès sur Baudelaire. André Suarès, ce « pilier de la NRF » comme l'appelait André Gide, fut un maître pour Blaise Cendrars, André Malraux ou Henry de Montherlant, mais aussi pour Miguel de Unamuno, Stefan Zweig ou René Girard ; André Suarès que Roger Nimier a ainsi célébré : « Suarès mourut misérable et oublié, après avoir écrit sur Retz, sur Tolstoï, sur Napoléon, d'une manière incomparable, qui prouve une respiration égale à celle du génie. » Ce livre est l'occasion de découvrir des pages d'exception sur la poésie et sa fonction, dont la frappe est d'une sonorité qu'on ne peut oublier.
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André Suarès compte parmi les écrivains les plus importants de la première moitié du XXe siècle et pourtant son nom reste encore trop méconnu, alors que ceux de Proust, Gide, Claudel ou Valéry sont passés à la postérité. Le présent volume s'attache à mettre en valeur des textes inédits en volume ou très difficilement accessibles qui permettent de mesurer à quel point le talent de Suarès est grand. Doué d'une immense culture et d'un regard pénétrant, Suarès peut s'exprimer sur tous les fronts : littérature ; peinture ; musique et danse ; mystique. On retrouvera ainsi dans Miroir du temps des études d'une qualité exceptionnelle sur des auteurs aussi importants que Shakespeare, Goethe, Dostoïevski, Tolstoï, Verlaine, Stevenson, Péguy, Zweig. Les autres arts ne sont pas en reste avec des chapitres consacrés à Léonard de Vinci, Gustave ou Van Gogh, Wagner, le ballet ou Charlie Chaplin. Enfin une dernière partie est consacrée à des auteurs de spiritualité : saint Paul, saint Augustin, Spinoza... Ce recueil offre un panorama complet de sa pensée et permet de découvrir toute l'ampleur des thèmes chers à Suarès sous une forme inédite. Ce volume est la meilleure des entrées en matière possibles à cette oeuvre majeure.
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« Qui dira la mélancolie de Tolstoï, quand on le loue d'avoir écrit les plus beaux romans du monde ? » André Suarès, le premier, dès 1910, l'a fait dans ce livre, introuvable en librairie depuis 1938 et véritable tombeau pour Léon, où il qualifie le maître russe d'« Homère et de Luther du monde Slave ». Ce livre est à la fois un essai esthétique et une réflexion « morale » sur l'auteur russe le plus célèbre du monde.
Avec une postface de Guillaume Basquin.
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Depuis son livre sur Wagner (1899) jusqu'à sa mort, André Suarès n'a cessé d'écrire sur la musique avec une ardeur qui ne se compare qu'à celle de Marcel Proust. Pianiste émérite lui-même, découvreur de talents - ainsi a-t-il, parmi les premiers, salué le génie de Debussy ou de Ravel -, mais surtout styliste incomparable, écrivant dans une langue aux ressources sans fin, il laisse une approche unique du phénomène musical, tant sa culture et sa curiosité l'ont poussé à tout étudier : de la musique médiévale à celle de Stravinsky, mais aussi Bach et Mozart, Beethoven et Liszt, ou encore Moussorgski.
Sur la musique réunit pour la première fois l'ensemble de ses «Pensées sur la musique», parues des années 1920 au seuil de la Seconde Guerre mondiale dans La Revue musicale, ainsi que quelques autres textes inédits disséminés dans des revues devenues introuvables.
L'ensemble frappe par sa diversité de points de vue, mais aussi par leur hauteur. André Suarès propose de longs aphorismes, dignes de Nietzsche, où il laisse aller son humeur et ses caprices, parfois avec ironie, parfois avec drôlerie - mais toujours avec passion.
On voit une pensée de la musique se faisant, qui vise à cerner les plus grandes oeuvres des plus grands compositeurs.
Cet ouvrage est précédé d'une préface de Stéphane Barsacq, un «maître-livre» pour tous les amoureux de la musique et de la littérature, qui répond parfaitement à ce que Vladimir Jankélévitch disait : «Si nous faisions comparaître Suarès sur-le-champ en lui disant : «Vous écrivez des choses presque contradictoires sur Debussy à celles que vous avancez quand vous parlez de l'improvisation», il récuserait avec raison cette logique qui le somme d'être entièrement cohérent. La musique est un domaine où on n'a pas à être cohérent. Et après tout, moi non plus - si je me comparais, comme un nain, à un géant comme Suarès -, je dirais : nous n'avons pas à nous justifier. La musique, c'est comme ça !»
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Une collection unique, souvent imitée, jamais égalée, qui explore tous les champs du savoir et de la littérature et qui est devenue, en moins de trois décennies, la bibliothèque idéale de l'honnête homme de notre temps. Chez « Bouquins », nous publions aussi bien des dictionnaires d'histoire, de musique ou de littérature que des récits de voyage, des grands classiques de la littérature mondiale ou de l'art de vivre que des portraits de ville ou des textes sacrés. Ils ont été établis par les meilleurs spécialistes et font référence dès leur parution. « Bouquins » s'adresse à tous ceux qui ont la passion de lire et de découvrir, aussi bien à l'étudiant qu'au professeur ou à l'amateur de curiosités, bref à tous ceux qui croient encore qu'un bon livre reste l'un des plus merveilleux compagnons qui nous ait été donné depuis que Gutenberg, avec ses caractères de plomb et d'antimoine, ses moules en métal et ses poinçons, a permis aux textes, parfois tirés de la nuit de l'oubli, de rencontrer en Europe leurs lecteurs par milliers.
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Dès l'âge de vingt ans, en 1888, Suarès s'est reconnu dans Dostoïevski. Il est l'auteur du premier grand livre publié en France sur le romancier russe qu'il a médité toute sa vie. Cet ouvrage reprend la grande étude éditée par Péguy en 1911, devenue introuvable, mais aussi tous les textes de Suarès au sujet de l'un de ses intercesseurs majeurs, avec Shakespeare et Wagner, sur le chemin de salut artistique et spirituel qu'il propose.
Dans une note inédite, Suarès affirme que « le monde pathétique de Dostoïevski est une quête permanente de Dieu. Qui est-il ? s'interroge-t-il ; où et comment ? Qu'est-ce que l'homme sans Dieu ? et qu'est-ce avec lui ? »?
Ce livre permet de comprendre ce qu'il avait annoncé à Paul Claudel, et nous invite à le rejoindre sur l'autre rive, où toutes les prophéties s'accomplissent sous nos yeux : « Avec Dostoïevski, j'ai fait un voyage dans les abîmes. »?
« Pour nous, au lendemain de la guerre, les trois grands écrivains français, c'étaient Claudel, Gide et Suarès. » André Malraux
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"Voici donc la Cité, le grand navire de la France, la nef amirale de L'Occident, avec l'île Saint-Louis, son matelot à la remorque. Elle est amarrée entre les deux bras de la Seine. À qui vient de l'Orient, elle apparaît dès la boucle de Bercy, et surgit au plus large du fleuve, avec ses mâts de pierre, et le château fort de la cathédrale, puissamment appuyée à l'énorme gaillard d'arrière, l'abside en dos de lion accroupi. Et la proue de l'île, au Pont-Neuf, plus aiguë que l'avant de la frégate la plus fine, n'attend que le "Largue l'amarre, largue l'écoute", l'ordre du destin, pour filer sur l'Océan, à la poursuite du soleil, vers l'infini de la lumière." Lyrique, fougueux, emporté et puissant, le poète André Suarès embarque pour un voyage sensible au coeur battant de la ville capitale, en sa Cité emblème, où se croisent plus de mille ans d'histoire. Le palais de Justice, Notre-Dame, la Samaritaine, les ponts sur la Seine, les quais, les rues, les jardins et toute une foule de badauds, de fervents ou d'apparitions s'animent ici par la grâce de la prose vivante et du rayonnement presque mystique de ce grand Parisien que fut Suarès.
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Ainsi parlait : André Suarès ; dits et maximes de vie
André Suarès
- ARFUYEN
- Ainsi Parlait
- 10 Septembre 2020
- 9782845903036
Suarès est l'égal des plus grands écrivains du XXe siècle, mais qui connaît son oeuvre hormis les lettrés ?
Déjà Gide s'étonnait que cette oeuvre, si vaste et si puissante, soit si peu lue : « Nos arrière-neveux s'étonneront du silence que notre époque a su garder ou faire autour de Suarès. » Mais Malraux le proclamait hautement : « Pour nous, au lendemain de la guerre, les trois grands écrivains français, c'étaient Claudel, Gide et Suarès. » L'oeuvre de Suarès, il faut le rappeler, est considérable : plus de 100 ouvrages, d'innombrables articles de revue, une monumentale correspondance avec les plus grands écrivains. Ses carnets inédits, conservés à la Bibliothèque littéraire Jacques-Doucet, ne comptent pas moins de vingt mille pages.
Suarès, c'est, dès le premier abord, un style étincelant. Son écriture est incisive, dense, élégante, à l'image du latin des meilleurs auteurs ou du français d'un Pascal ou La Rochefoucauld. Musicien dans l'âme, amateur passionné de peinture et d'architecture italienne, il applique à sa prose une même exigence de clarté et d'harmonie.
Mais c'est aussi et surtout une pensée d'une lucidité et d'une liberté incomparables. En cela digne descendant de Montaigne. Face aux tentations totalitaires, il ne transige jamais. Contre les vastes empires, il exalte le rayonnement des petites nations comme Athènes, Florence ou la France.
Suarès ? Une sorte de Zweig français, excellant dans les portraits, les réflexions, les voyages - mais pétri de la lumière et des parfums de la Méditerranée.
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La correspondance échangée entre Jean Paulhan et André Suarès apporte une importante contribution à l'histoire littéraire de l'entre-deux-
guerres ; elle enrichit considérablement la connaissance de ces deux écrivains, dont le portrait s'affine et se précise au fil des lettres ;
elle éclaire surtout une amitié exemplaire entre deux hommes fort différents l'un de l'autre mais tous deux attachés aux mêmes valeurs :
amour de la liberté, goût de la vérité, souci de la beauté. Leur admiration pour les chefs-d'oeuvre du passé ne les enferme pas dans un
étroit conservatisme esthétique ; avec une curiosité de bon aloi, ils s'intéressent passionnément aux jeunes écrivains. Leur intérêt, pour
la littérature ne les éloigne pas de la vie du monde : devant la montée des périls, l'un et l'autre demeurent attentifs et vigilants. Ardente
ferveur, vive sensibilité de Suarès, inlassable patience, admirable générosité de Paulhan : tous deux révèlent une qualité d'âme hors
de pair. -
Le portrait, tel que l'entend Suarès doit rivaliser avec le roman ou le drame. «Le premier, j'ai traité les paysages et les villes comme des caractères ; et j'en ai fait des portraits analogues aux portraits d'hommes». «Caractères», le mot revient sans cesse, pour susciter l'élan créateur. Un portrait de Suarès est une peinture en mouvement. Il s'agit d'exercer un pouvoir de résurrection à la manière d'un Michelet ou d'un Balzac, deux sources de sa «mise en scène». Pour nourrir sa fresque, Suarès puise dans une culture admirable, l'une des plus complètes de sa génération, y compris les sciences. Voilà les règles pour «vivre en abeille sur les pentes du Parnasse», tout en gardant l'instinct - miraculeux - d'une lecture fraîche des oeuvres, débarrassées des systèmes et des dogmes. Suarès paraît même un ancêtre de la critique textuelle ! «Nature, infini palimpseste : mais il doit y avoir un texte là-dessous. Il doit y avoir un sens à ce texte - Quel doute est-ce là ? Un sens, tu veux un sens ? Donne-le lui». Les options de Suarès sont toujours d'un poète : «Dans un artiste réellement vivant, il y a dix et vingt hommes, cent même s'il dure, tout divers, plusieurs contraires entre eux, fussent-ils parents, qui viennent au jour les uns après les autres». Ne croirait-on pas lire déjà Pessoa ? «J'ai cent vies à tenter», et cent vies sont nécessaires pour visiter toutes ces âmes auxquelles Suarès prête à profusion les multiples facettes d'un génie protéiforme.
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Temples grecs, maisons des dieux
André Suarès, Pierre Matossy
- L'Eveilleur Editions
- L'eveilleur Aventurier
- 18 Avril 2019
- 9791096011360
Publié en 1937, rédigé pendant son séjour en Sicile de 1895 (peut-être après), ce livre appartient à une intense période créatrice chez Suarès.
Dans les 17 proses lyriques qui constituent cet ouvrage, Suarès mêle les descriptions de temples et de paysages, les méditations sur l'art et sur la politique, les effusions lyriques et les souvenirs. -
" L'idée de succès me donne à rire... On me lira en 1969 ou en l'an 2000. " André Suarès (1868-1948) ne croyait pas si bien dire : cette prophétie des années 1930 est en train de se réaliser, comme se sont réalisées d'autres de ces prophéties. Dès 1932, il avait alerté ses compatriotes sur le danger du nazisme, s'était engagé contre la barbarie montante, prévoyant la guerre, la défaite, le génocide. Persécuté par la Gestapo et la Milice, il s'était caché dans le Midi, pour mourir quelques années après la Libération dans une indifférence quasi totale. Il laissait derrière lui près d'une centaine d'ouvrages publiés, d'innombrables articles donnés à quelque deux cents périodiques et des milliers de pages manuscrites dont certaines sont révélées ici pour la première fois, comme Valeurs II et Le Paraclet. Seuls avaient émergé de cette masse impressionnante Le Voyage du Condottière et Vues sur l'Europe. La plupart des autres livres -; dont Malraux, Unamuno ou Stefan Zweig étaient pourtant de fervents admirateurs et qui avaient marqué l'entre-deux-guerres -; étaient tombés dans l'oubli. La présente édition offre un choix représentatif de l'immense oeuvre de Suarès. On pourra ainsi suivre l'auteur de ses premières réflexions sur le pouvoir politique (à propos de Napoléon) jusqu'à ses dernières dénonciations de la dictature (qu'elle soit rouge ou brune), de son combat pour Dreyfus à celui contre Hitler, de ses essais sur Baudelaire et Wagner jusqu'à ses portraits de Cézanne et de Mallarmé. Polémiste, essayiste, critique littéraire et musical, philosophe politique et moraliste, Suarès a été, avant tout, un visionnaire en quête d'avenir. Il est devenu un auteur pour notre temps. Ce volume contient les rubriques et les titres suivants : Puissances de Pascal, Présences, Autour du livre, Vues sur la musique et les musiciens, Variables, Bourdelle, Vues sur Paris, Portraits sans modèles, Valeurs, Valeurs II (inédit), Le Paraclet (inédit). Les textes ont été établis, préfacés et annotés par Robert Parienté, auteur d'une biographie sur André Suarès qui fait autorité.
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La correspondance qu'André Suarès et Paul Claudel ont échangée pendant plus de trente années a pour thème essentiel la recherche de la foi. Paul Claudel, ému par la spiritualité inquiète d'André Suarès, entreprend à distance une conversion parallèle à celle qu'il tente alors auprès d'André Gide et de Jacques Rivière. À l'inverse d'André Gide qui n'a rien fait pour stimuler le zèle missionnaire de Paul Claudel et ne s'est jamais employé qu'à le détourner de lui, André Suarès, comme Jacques Rivière, a demandé conseil et appui à son correspondant catholique. Quand il sent que son attitude hésitante prolongée décourage Paul Claudel, il va même jusqu'à lui reprocher de n'être pas assez persévérant dans le prêche. Mais finalement Paul Claudel renoncera à faire le siège d'une âme qui a plus besoin de l'amour de la foi que de la foi elle-même. La conversation est toujours animée, elle prend parfois le ton d'une controverse très vive où les arguments fusent de part et d'autre avec une sincérité qui ne peut laisser insensible. Rarement pages ont, avec une telle luminosité, mis en évidence le conflit traditionnel entre la Religion et l'Art, entre l'humilité du croyant vis-à-vis de son Créateur et l'orgueil de l'artiste créateur devant son oeuvre. Le dialogue où se rejoignent puis s'opposent André Suarès et Paul Claudel fait partie des témoignages spitituels les plus importants de la première moitié du XX? siècle. Il doit immanquablement prendre place dans une bibliothèque à côté de la Correspondance de Paul Claudel avec André Gide dont il est en quelque sorte le complément.