Filtrer
Éditeurs
Prix
Klincksieck
-
-
Discours de la servitude volontaire
Etienne de La Boétie
- Klincksieck
- Critique De La Politique
- 9782252041482
Le Discours de la servitude volontaire est le titre que Montaigne a donné au livre de son ami. Contr'un eût sans doute été le titre le plus pertinent car La Boétie interroge, selon un mouvement d'analyse inconnu jusqu'alors, les diverses formes de l'union politique à partir du désir et de l'investissement dangereux du désir dans l'unité, dans l'identification au nom d'Un. Il touche ainsi au noeud de la subjectivité linguistique et de la psychè. Le problème de l'articulation du désir dans les mots prend une dimension politique. L'analyse de cette articulation introduit à un art d'écrire, qui chiffre et crypte l'écriture inédite dans laquelle s'ouvre le passage du psychique au politique.
Une écriture dans l'écriture, une possibilité jumelle de servir ou de résister se livrent éclairées entre l'implicite et l'explicite. L'incandescente fulgurance du Discours de la servitude volontaire tient donc à sa texture même : ses mots indiquent le point de fascination pour le nom d'Un, où le langage articulé se perd dans le déni de son articulation nonidentificatoire ; mais ses mots indiquent aussi une récursion possible du temps de la fascination pour le nom d'Un dont se produit la servitude.
Ecriture et contre-écriture suscitent un art de lire dont l'oeil se doit d'être syllabique, plutôt que synoptique, comme un mouvement qui plierait le langage sur lui-même et le ponctuerait de dissimilitudes.
-
Phèdre est rongée en secret par l'amour coupable qu'elle porte à Hippolyte, le fils du roi Thésée, dont elle est la seconde épouse. Ce dernier, absent depuis de longs mois, passe pour mort. Phèdre déclare alors sa flamme à Hippolyte, qui la rejette avec horreur. C'est alors que, contre toute attente, Thésée rentre à Trézène...
-
Gestes critiques
Georges Didi-Huberman
- Klincksieck
- Critique De La Politique
- 4 Octobre 2024
- 9782252047521
La critique constitue sans doute l'activité primordiale de toute pensée émancipatrice. Or elle se doit d'être - philosophiquement - aussi délicate que radicale. Elle fera tout autre chose, par exemple, que seulement récriminer, dire du mal, chercher noise, vouer aux gémonies, exiger le dernier mot.
Ainsi nul ne saurait lui prescrire une forme unique. Comment pourrait-elle devenir conforme à un modèle unique, elle dont la tâche est justement de déconstruire tous les conformismes ? La critique sera donc plurielle, faite de différents gestes possibles. Il y a le geste socratique, que Platon nommait une « technique critique » ou discriminante. Il y a le geste de la lecture philologique, celle qui aura permis à Lorenzo Valla ou à Spinoza de mettre en question, de façon aussi incisive que minutieuse, l'autorité religieuse attachée à certains dogmes. Il y a l'invention de la critique sensuelle par Diderot et, naturellement, ce geste des Lumières effectuépar Kant qui, cependant, distinguait bien la critique de tout système. Il y a, chez les Romantiques allemands, cette façon de critiquer en poètes et, chez Marx, le grand combat critique destiné à transformer le monde. Il y a chez Walter Benjamin un geste critique destiné à nous faire saisir tout à la fois le « courage du poète » et, sur le plan politique, une certaine « organisation du pessimisme ». Il y a le geste d'inservitude selon Michel Foucault : le geste à faire pour n'être pas gouverné.
En reprenant il y a cinquante ans la formule de Marx - « critique de la politique » -, Miguel Abensour n'a-t-il pas créé une collection exemplaire de ces gestes critiques ? Or son pluralisme n'a rien d'éclectique : c'est bien plutôt un éventail ouvert sur l'extraordinaire fécondité de l'activité critique dans la longue durée de l'histoire. Toute une bibliothèque de la liberté, en somme. Une ouverture aux mille façons possibles de mettre en pièces les conformismes de la pensée, politique notamment. Ayant introduit en France les textes majeurs de la Théorie critique, cette collection a également réuni, sous sa fameuse couverture rouge, des lignes de pensées qui vont d'Étienne de La Boétie à Ernst Bloch, de Karl Marx et Pierre Leroux aux surréalistes, de Hegel à Simmel, Benjamin, Arendt ou Kracauer... Elle n'a pas craint non plus de toujours donner la parole à de patients et radicaux chercheurs contemporains.
Il fallait s'interroger, ce que tente ce livre, sur la cohérence et l'exigence propres à Miguel Abensour, tant dans sa politique éditoriale que dans son oeuvre personnelle, car les deux sont indissolublement liées. On découvre alors que ce défenseur des « guetteurs de rêves », qui a repensé la notion d'utopie - donc d'espérance politique -, n'a cheminé en tous sens que pour éprouver la fécondité de ce qu'on devra, en fin de compte, nommer une constellation de l'imagination critique. -
Dès le début du XVIIe siècle, des tentatives d'observations microscopiques ont été faites, mais de manière si timide et parcellaire qu'aucune science nouvelle n'avait germé. L'ouvrage de Robert Hooke, Micrographie, publié en 1665, marque une borne fondamentale dans l'histoire de la science moderne dont il aurait pu servir de manifeste. Pour la première fois, est consigné dans un même livre un ensemble d'observations microscopiques couvrant les trois règnes de la nature.
Hooke révèle la manière d'observer empiriquement des choses inconnues et invisibles à l'oeil nu, joignant à ses expérimentations les premières illustrations de ce « nouveau monde ». Le nombre et la qualité des planches de Hooke placent incontestablement Micrographie comme le livre fondateur de la science microscopique. Ses superbes et incroyablement précises gravures ont beaucoup participé au succès immédiat de l'ouvrage. Son contemporain Samuel Pepys va jusqu'à noter dans son Journal : « [c'est] le livre le plus ingénieux que j'ai jamais lu dans ma vie ».
Or il se trouve que la notoriété de l'oeuvre n'est pas à la hauteur de son importance historique, puisque nous en proposons ici la toute première traduction française intégrale et illustrée. Robert Hooke est en effet bien plus célèbre dans le champ scientifique anglo-saxon où il se place au rang qu'il mérite objectivement. Car, outre Micrographie, le savant employé par la Royal Society est un expérimentateur hors pair, qui côtoie les plus grands biologistes, physiciens, chimistes et philosophes de son époque. Dans la lignée de Descartes, on lui doit, entre autres, l'invention d'un grand nombre de machines, d'engins et de pièces mécaniques. Scientifique polymathe, il fut récemment appelé le « Léonard de Vinci anglais », expression particulièrement heureuse.
Notre édition comporte les soixante observations de Robert Hooke, dans lesquelles sont incrustées les figures qui s'y rapportent. Un cahier hors-texte complète la lecture, reprenant l'intégralité des trente-huit planches de Hooke, au plus proche des formats de la première édition. Introduction et traduction de l'anglais (Royaume-Uni) par Xavier Carteret. -
La Nomenclature des couleurs de Werner : adapté à la zoologie, à la botanique, à la chimie, à la minéralogie, à l'anatomie et aux arts
Patrick Syme
- Klincksieck
- 5 Novembre 2024
- 9782252047767
Depuis plus de deux siècles, La Nomenclature des couleurs de Werner est le compagnon parfait pour les amoureux du monde naturel et de ses couleurs.
« Avant Pantone, il y avait la Nomenclature des couleurs de Werner »
Architectural Digest
À la fin du XVIIIe siècle, le minéralogiste allemand Abraham Gottlob Werner (1749-1817) a mis au point un système de couleurs normalisé pour décrire les différences chromatiques les plus subtiles des minéraux à l'aide d'une terminologie cohérente. Son schéma a ensuite été adapté par un peintre de fleurs d'Édimbourg, Patrick Syme (1774-1845), qui a repris le fascinant travail de Werner et l'a enrichi d'exemples tirés de la flore et de la faune pour créer le système d'échantillons de couleurs et de descriptions qui constitue la richesse de ce livre.
Publié en 1814, ce dictionnaire des couleurs, qui en répertorie plus de cent et détaille où les voir dans les mondes minéral, animal et végétal, connut un vif succès. Il fut la « palette de la nature » de Charles Darwin sur le HMS Beagle pour nommer ses découvertes, permettant à ses lecteurs de partager un monde qu'ils ne verraient jamais. Avec sa terminologie à la fois précise et lyrique, le manuel de Werner est devenu une ressource inestimable pour les naturalistes, les anthropologues et les artistes. Inédit en français, ce classique est enfin à la portée de tous. -
Critique de la politique : Collection-manifeste
Miguel Abensour
- Klincksieck
- Critique De La Politique
- 15 Janvier 2025
- 9782252047972
Ce volume rassemble les 105 quatrièmes de couverture que Miguel Abensour a écrites ou co-écrites pour les livres qu'il a publiés dans sa collection de 1974 à 2017.
-
Une Conque à l'oreille : Ode aux trésors minuscules
Claire Malary, Nicolas Deleau
- Klincksieck
- De Natura Rerum
- 6 Septembre 2024
- 9782252047552
« Je commence ici et maintenant une petite chronique de mes bibelots : l'histoire des objets que j'aime. Les aimant non seulement parce qu'ils sont beaux, mais aussi précisément parce qu'ils sont autre chose que des objets, il est bien évident qu'en les évoquant je serai amené à parler de beaucoup d'autres choses, sans autre ordre que celui que la minute me soufflera d'adopter. Le spectacle du monde ne se fige pas, lui. Tu aimes le voyage, lecteur. Puissent ces petites chroniques t'y inviter ; les objets qui en nourrissent les histoires jalonnent les chemins de traverse. Et puisses tu, en refermant ce livre, te laisser vivre toute une journée, en regardant par ta fenêtre le monde qui va, ou cette lèpre
sur tel muret délité, qui ressemble à une tête d'oiseau ; noter qu'à l'heure ou' le soleil se lève flotte dans l'air une odeur de poisson ; observer comment tournent les à-plats d'ombre portés sur les murs de l'immeuble, en face, par les saillies des terrasses et des balcons. Quelque chose, alors, aura été gagné. » -
Après la sidération du premier confinement, Paule Marie Duquesnoy entame son journal dans un coin de campagne corrézienne, celui qui l'a vue naître et ses aïeux aussi. Un an durant, non loin de son jardin où elle nomme avec soin pensées et rhododendrons, la sauvagerie stagnante du marais du Brezou lui sert d'exutoire. Magie ou maléfice de ses eaux troubles, il dilue les dates, confond l'actualité et les souvenirs. En promenade avec Paule Marie Duquesnoy, on ne se soucie que des saisons. On pouponne du regard de jeunes hérons, on contemple les lames vertes des iris, on s'étourdit du ballet des araignées d'eau, on fléchit dans la brise comme fanent les berces.
À travers une langue d'une poésie diffuse, les journées suspendent un fil humide entre la femme et l'enfant, entre les gracieuses libellules et les anneaux de Saturne, entre la Corrèze et la Corée. À chaque contemplation de la nature son échelle, profondément humaine : minuscule ou astronomique, vibrante ou statique.
Notre édition est illustrée par douze dessins naturalistes à l'aquarelle de Stéphanie Schouvey,qui prêtent leurs couleurs aux espèces du marais (oiseaux, fleurs, plantes et insectes). -
Les Fleurs animées : la botanique des dames ; l'horticulture des dames
Karr Alphonse, Taxile Delord, Comte Foelix, Jean-Jacques Grandville, Rosalie De Constant
- Klincksieck
- De Natura Rerum
- 4 Octobre 2024
- 9782252047538
« Le temps des fleurs est arrivé ! » affichait-on dans les rues de Paris au milieu du XIXe siècle. Imaginées par une joyeuse troupe de journalistes polymathes entre 1846 et 1847, Les Fleurs animées venaient d'éclore. Elles n'ont pas fané depuis.
Composite comme un bouquet de choix, notre nouvelle édition intégrale en deux volumes rassemble des textes d'un genre varié, tantôt fantasmagoriques, tantôt pratiques, qui invitent à mieux connaître les fleurs, qu'elles soient champêtres ou parquées, sauvages ou domestiquées. Une chose est sûre, elles sont adorées ! Et introduites avec une tendresse teintée d'humour par l'auteur du Voyage autour de mon jardin, Alphonse Karr.
Un premier volume, mis en récit par Taxile Delord, conte les historiettes d'une troupe de fleurs devenues femmes. Le célèbre caricaturiste Jean-Jacques Grandville donne vie à cet enchantement végétal, à travers une cinquantaine de planches admirables de poésie et d'esprit, où vous pourrez admirer Pensée, Violette, Tournesol, Lys et Coquelicot.
Dans un second volume, le comte Foelix, un des pseudonymes de Louis-François Raban, propose un manuel aussi pratique que distrayant pour initier à la botanique et à l'horticulture. Rosalie de Constant, brillante naturaliste des Lumières, donne vivacité et profondeur aux espèces cueillies.
Notre édition illustrée s'appuie sur celle de Garnier Frères datant de 1867, dont elle reprend les gravures de J.-J. Grandville, auxquelles nous avons ajouté une sélection issue des planches de l'herbier de Rosalie de Constant. Elle est revue, annotée et préfacée par Audrey Dominguez.
-
Leçons sur l'histoire et sur la liberté (1964-1965)
Theodor Wiesengrund Adorno
- Klincksieck
- Critique De La Politique
- 4 Octobre 2024
- 9782252047545
Dans le semestre d'hiver 1964 - 1965, Adorno consacre vingt-huit cours à la philosophie de l'histoire et à la doctrine de la liberté, qui viennent par avance éclairer deux des dernières séquences de la Dialectique négative (1966), intitulées « Esprit du monde et histoire naturelle. Digression sur Hegel » et « Liberté. Pour une métacritique de la raison pratique ». Loin toutefois de se réduire à un laboratoire de la Dialectique négative, ces cours ont l'ampleur d'un livre autonome où Adorno s'explique de la manière la plus profonde avec les philosophies de l'histoire de Hegel et de Benjamin. Contre Hegel, le philosophe de Francfort tient que la postulation d'un sens de l'histoire est devenue péremptoire et intenable après la catastrophe de la Seconde Guerre Mondiale. Contre Benjamin, il refuse d'abandonner l'histoire à la discontinuité.
« Affirmer qu'un plan universel, dirigé vers le mieux, se manifeste dans l'histoire et lui donne sa cohérence, serait cynique après les catastrophes passées et celles qui sont à venir. Mais il ne faut pas pour autant renier l'unité qui soude ensemble les moments et les phases de l'histoire dans leur discontinuité et leur éparpillement chaotique » énoncera la Dialectique négative. Aussi les Leçons sur l'histoire et sur la liberté se présentent-elles comme une grande leçon de « dialectique négative », objectée à la fois à Hegel (dont la dialectique spéculative resterait trop rivée à l'identité) et à Benjamin (dont la conception discontinuiste de l'histoire resterait, au contraire, trop rivée à la non-identité).
Par cette double « explication » avec Hegel et Benjamin, Adorno fraye la voie d'une « histoire universelle négative » où devient possible non plus la lecture d'un sens de l'histoire, mais celle de « tendances objectives » à l'oeuvre dans l'histoire. Ces « tendances objectives » régies par des causalités multiples et hétérogènes permettent à Adorno de donner congé à l'idée de nécessité et de rouvrir l'histoire à la contingence pour y introduire les pratiques de la liberté. -
La vie secrète des rapaces nocturnes
John Lewis-Stempel
- Klincksieck
- De Natura Rerum
- 2 Février 2024
- 9782252047415
Célébrés dans toutes les grandes civilisations depuis l'âge de pierre, hiboux et chouettes ont quelque chose de captivant, de contradictoire aussi. Créatures nocturnes dotées d'une aura magique, elles sont souvent associées aux oiseaux de mauvais augure, aux messagers volants de l'au-delà. Mais ces rapaces à la large tête curieuse, aux yeux réfléchissants et à l'air vénérable, possèdent aussi une familiarité rassurante dans notre imaginaire collectif. Que l'on pense à la chouette d'Athéna, si pleine de sagesse, ou à la loyale compagne d'Harry Potter, Hedwige. Si proches de nous à certains égards, ils en deviennent presque humains.
John Lewis-Stempel nous raconte leur histoire, ancienne de plus de 50 millions d'années, au fil de pages magnifiquement illustrées où l'on a plaisir à retrouver ses talents de conteur et d'observateur émerveillé. Une histoire naturelle et culturelle qui déploie, plume à plume, les facettes d'un des animaux les plus populaires du monde vivant. -
Béhémoth : Structure et pratique du national-socialisme 1933-1944
Franz Neumann
- Klincksieck
- Critique De La Politique
- 18 Octobre 2024
- 9782252047750
Ce livre à la fois classique et méconnu présente une analyse paradoxale du système national-socialiste comme système monstrueux, c'est-à-dire un non-État, un chaos, une situation de non-droit, de désordre et d'anarchie, ambitionnant d'établir son hégémonie sur de gigantesques étendues de terre. Objet de débat au sein du groupe de Francfort, on a d'abord retenu de cette interprétation du nazisme son orientation marxiste, surtout de par son opposition aux thèses de F. Pollock sur le capitalisme d'État, formation sociale originale qui succéderait au capitalisme de monopoles.
Pour Neumann, il s'agit en vérité d'une économie monopolistique totalitaire qui se définit par deux caractères : « C'est une économie monopoliste et en même temps une économie dirigée. C'est une économie capitaliste privée encadrée par l'État totalitaire. » Aussi une lecture plus à distance des controverses de l'époque peut-elle discerner dans Béhémoth : - à travers l'étude du national-socialisme, une analyse concrète de la primauté du politique sur l'économique au xxe siècle, en tentant d'articuler la problématique wébérienne des formes de domination à une interprétation marxiste des antagonismes de classe ; - une étude minutieuse des mécanismes de l'État totalitaire décrit comme un complexe de quatre groupes sociaux dominants qui, sous couvert d'unité, est menacé en permanence d'éclatement et de désintégration. Contre les représentations superficielles d'un fascisme monolithique, Neumann démontre que « l'État national-socialiste était en réalité pluraliste, en un sens funeste du terme. La volonté politique s'y formait à travers la concurrence sauvage des lobbies sociaux les plus puissants » (Adorno).
Béhémoth, le monstre qui règne sur la terre où le désert croît. À l'encontre du mouvement « révisionniste » et des tendances apologétiques qui visent, en Allemagne, à banaliser la socialisation totalitaire propre au national socialisme et à engendrer en douceur l'oubli de l'imprescriptible, Béhémoth, même s'il méconnait la destruction du peuple juif, rappelle que dans la société nouvelle, sous l'emprise d'une domination directe et d'un procès d'atomisation généralisée, c'est bien d'auto-destruction de l'humanité qu'il s'agissait. -
La rose secrete ; les histoires de Hanrahan le Roux
William Butler Yeats
- Klincksieck
- De Natura Rerum
- 5 Avril 2024
- 9782252047453
Cité parmi les plus grands poètes du XXe siècle, William Butler Yeats s'est frayé un chemin envoûtant dans le folklore irlandais, pavé de contes intemporels qui mêlent la prose à la poésie.
Dans ces contrées où les roses cultivent leur secret, on croise des pendus qui chantent face à des moines vengeurs, des amoureux maudits et des hommes-oiseaux, des chevaliers oubliés et des magiciens aux mains de bruyères. On croise aussi Hanrahan le Roux, « maître d'école en plein air », poète à la langue vive condamné à vagabonder, intranquille et à demi-fou, après avoir déçu les avances d'Echtge des montagnes, une divinité endormie veillée par les grandes Sidhes.
Les Sidhes, sentinelles surnaturelles et ambivalentes, sont issues des légendes gaéliques médiévales. Elles veillent dans la pénombre des forêts, des montagnes et des lacs. Elles ont choisi Yeats comme messager. Là réside sans doute la magie de ces récits qui, dans leur évocation d'une nature pleine de métamorphoses et de mystères, font briller à nouveau les lueurs animistes de nos origines.
Notre édition est illustrée par une sélection de cartes de tarot divinatoire Rider-Waite, publié en 1909 et devenu mythique depuis. Les cartes ont été dessinées par l'artiste britannique Pamela Colman Smith qui participa, aux côtés de W. B. Yeats, au renouveau artistique du tout début du XXe siècle. -
Dans cet ouvrage d'une poésie bucolique enivrante, comme la senteur fantasmée des fleurs décrites dans ses pages, Charlotte de la Tour nous fait parcourir les mois et les saisons à la découvertes des fleurs qui y vivent, nous dévoilant les secrets de leurs significations à travers une narration passionnante, mais également par le biais de légendes et de textes anciens qui les mettent en scène. Chaque fleur est décrite, des couleurs complexes de sa robe à son parfum, en passant par les caractéristiques de son style de vie, créant un ouvrage aussi hypnotisant qu'érudit, entre encyclopédie et poésie bucolique. Le tout est richement illustré. L'ouvrage idéal pour savoir précisément quelles fleurs offrir, ou décrypter le message caché dans le bouquet que l'on vient de recevoir
-
Le renard et autres étreintes mortifères
D. H. Lawrence
- Klincksieck
- De Natura Rerum
- 20 Octobre 2023
- 9782252047361
J'avais un goupil de rêve, queue touffue, touffue, oreilles tachées de noir, ils l'ont tué. S'ils avaient pu, ils nous auraient tous tué, mais nous étions partis dans les montagnes, là où ils ne pouvaient pas nous tuer. Nous attendions la neige, comprenez-vous, on ne peut pas tuer dans la neige des monts. Ils avaient beau faire des comptes, entamer des procédures, faire durer le plaisir, clamer leurs bonnes raisons sur tous les toits en brandissant des preuves plus fausses les unes que les autres, ils ne pouvaient pas nous tuer.
Brandir des preuves aux assises ? Le roman est un drôle de rêve, tellement faux qu'il a vraiment l'air vrai. On ne prépare pas plus la venue d'un roman qu'on ne prépare celle d'un rêve. On voit. Ou pas. Un homme de haute stature se lave les mains... Antonia Pozzi le savait :
C'est l'hiver - mon âme - l'hiver. -
L'ornement de la masse : essais sur la modernité weimarienne
Siegfried Kracauer
- Klincksieck
- Critique De La Politique
- 10 Mai 2024
- 9782252047477
Figure importante mais inclassable de l'histoire intellectuelle du XXe siècle en Allemagne, Siegfried Kracauer (1889-1966) fut quelque peu occulté par les penseurs de sa génération avec lesquels il était en relation comme Ernst Bloch, Theodor W. Adorno ou Walter Benjamin. Pourtant, loin d'être un épigone de ce qu'on appellera plus tard l'« École de Francfort », Kracauer anticipe largement les analyses de Adorno et Horkheimer sur la « dialectique de la raison », c'est-à-dire le diagnostic d'un basculement de la rationalité dans la barbarie.
Dans ces brillants essais datant de la République de Weimar et, pour l'essentiel, parus dans le « feuilleton » de la Frankfurter Zeitung, Siegfried Kracauer explore les nouveaux phénomènes culturels : les spectacles de variétés, les revues de girls où les corps servent d'ornements mobiles, les « bestsellers », le roman policier, le cinéma... Il s'en saisit pour réfléchir sur les ambivalences de la modernité, porteuse d'une promesse d'émancipation, mais aussi lourde de menaces de régression, comme en témoignera l'arrivée des nazis au pouvoir en 1933.
Méfiante envers les cadres théoriques trop rigides, qui barrent l'accès aux phénomènes, la pensée singulière de Kracauer se construit dans une confrontation directe et sensible avec la culture urbaine et ses formes culturelles : c'est en partant des « manifestations discrètes de surface » qu'il devient selon lui possible de déterminer le « lieu qu'une époque occupe dans le processus historique ».
Cet ouvrage constitue une des premières analyses lucides de la culture de masse. -
Trois etudes sur Hegel
Theodor W. Adornon
- Klincksieck
- Critique De La Politique
- 4 Juin 2024
- 9782252047491
Composé en 1957 à partir d'un texte intitulé « Aspects de la philosophie hégélienne » qu'Adorno avait écrit à l'occasion du 125e anniversaire de la mort de Hegel, ce livre s'est augmenté d'un article sur « Le contenu de l'expérience », qui s'opposait à l'interprétation heideggérienne de l'expérience telle que la pensait Hegel. Et enfin, comme « trois essais font un livre », Adorno a ajouté à ces deux textes une étude sur le discours hégélien, « Skoteinos ou comment lire ».
Le philosophe de Francfort produit ici un double geste de confrontation avec Hegel :
1. Au rebours de toute intention d'« actualisation » de Hegel, il interroge le monde contemporain en tant que celui-ci « vérifie aujourd'hui la pensée hégélienne du système dans tous ses excès ». Le miroir déformant d'une systématicité hégélienne outrée sert à faire apparaître notre monde comme un monde totalement unifié par le rapport universel d'échange et par « l'activité productrice effrénée, oublieuse de sa destination humaine ».
2. Rappelant que chez Hegel « système sans faille » et « réconciliation » des antagonismes sont non identiques, Adorno concède s'être fait plus hégélien que Hegel pour pouvoir l'être moins. Aussi le second geste, inverse du premier, inaugure-t-il une fidélité à la non-identité, à la non-totalisation, et vise-t-il à « préparer un concept modifié de la dialectique », c'est-à-dire à élaborer le concept de dialectique négative. -
Le chant des haies : flore et faune des lisières
Jean de Bosschère
- Klincksieck
- De Natura Rerum
- 7 Avril 2023
- 9782252046999
Jean de Boschère, dont l'oeuvre atteste à la fois la connaissance profonde et l'amour de la Nature, est un des maîtres actuels dans l'art de découvrir et de décrire le mystère des choses animales et végétales. Voici la haie vive : monde secret, fourmillant d'êtres dont elle est le refuge, l'abri, le garde-manger. Le naturaliste l'observe, il l'espionne, pourrait-on dire, dès l'aurore, guettant les premiers bruits du réveil, cris, chants qui se mêlent dans un tout harmonieux. Voici le pic, chasseur de vers et de larves, voici les derniers attardés, la chouette et l'effraie... Les saisons passent sur la haie. La Voie Lactée printanière est une longue et lumineuse traînée de fleurs. Les insectes peu à peu fourmillent : hanneton, cantharide, grillon. Voici les parfums :
églantine, muguet, sureau, tilleul ; les parures : liseron, chèvrefeuille, clématite. Les chenilles apparaissent, mais aussi les papillons. Comme il a amoureusement décrit la fleur, l'oiseau, le scarabée et l'escargot, Jean de Boschère s'attarde aux merveilles du vanesse, du paon de jour, du machaon. La haie offre ses bouquets :
Violette, campanule, digitale ; elle est faite d'arbres aussi : charme, érable, cornouillet. La nuit, c'est le règne de la belette et de la chauve-souris... -
Sens unique constitue un tournant dans l'oeuvre de Benjamin. Ses réflexions s'y présentent comme l'exercice d'une écriture d'inspiration surréaliste bousculant les formes traditionnelles de la philosophie. Avec cet ensemble de textes courts, Benjamin livre une critique de la société allemande traversée par l'expérience de l'inflation. Les fragments urbains de Sens unique sont à lire en relation avec l'Origine du drame baroque allemand : ce livre expérimental est l'effectuation d'une opération conceptuelle qui s'est constituée dans l'étude sur le baroque. Il met à l'épreuve du présent la procédure allégorique amorcée dans cet ouvrage.
-
Le vrai mystere des champignons - illustrations, noir et blanc
André D'Hôtel, Patrick Reumaux
- Klincksieck
- De Natura Rerum
- 9 Septembre 2022
- 9782252046814
Comme le dit un judicieux personnage de Mark Twain, M. Tête de Pudding, un chou-fleur c'est simplement un chou qui a été au collège. Sa monstruosité s'explique par un excès d'éducation, mais c'est bien d'avoir une explication si poussée soit-elle, car nous avons ainsi l'heureuse satisfaction d'expliquer comment le chou-fleur en est venu à ce point. Or les champignons n'ont aucune éducation. Leurs formes affirment une méconnaissance totale de tout usage. Ils ne sont même pas monstrueux. Ambigus et radieux, ils tournent en dérision les plus élémentaires principes. S'ils se pourvoient de ce que l'on appelle un pied et un chapeau, chaque espèce, sur ce thème d'une pauvreté remarquable, s'ingénie à des variations dont la gratuité confine à l'insolence.
André Dhôtel -
Cent et un pétales pour une rose
Séverina Lartigue
- Klincksieck
- De Natura Rerum
- 8 Septembre 2023
- 9782252047316
« À cheval entre le passé et l'avenir, je parcours la vie au galop en brandissant bien haut l'étendard : liberté, création, contemplation. Je suis convaincue que l'artisanat et ses valeurs peuvent être un remède à un monde qui s'emballe, se précipite sans savoir pour quoi ni dans quelle direction. Toucher la matière, connaître la chaîne des savoir-faire ouvre l'esprit, permet de reprendre contact avec la réalité. Ce sont des clefs pour être libre de choisir au lieu de subir. Je suis Maître d'art, gardienne d'un métier rare et poétique, celui de fabriquer des fleurs précieuses en soie pour la haute couture. Avec ce livre, j'ouvre grandes les portes de mon atelier confidentiel et de mon coeur. »
-
Les éditions Klincksieck ont publié en 2022 une monographie consacrée aux peintures d'Augustin Frison-Roche sur des sujets profanes, notamment des paysages et des animaux. Cependant, une grande partie de son oeuvre est consacrée à des thématiques religieuses ; que l'on pense par exemple au retable monumental de l'Apocalypse (225 x 630 cm) peint pour la cathédrale de Saint-Malo en 2020. Ces peintures sur des sujets religieux, en général commandes de lieux de cultes, n'ont jamais fait l'objet d'une publication. Le présent ouvrage présente l'ensemble des tableaux réalisés dans le cadre de l'exposition « Épiphanies » qui aura lieu en janvier et février 2025 au Collège des Bernardins ainsi qu'une sélection des peintures religieuses antérieures les plus importantes de l'artiste. Il fait la part belle aux détails, afin de pouvoir se faire une idée d'ensemble des compositions mais aussi d'en apprécier, autant que faire se peut, les effets de textures, la densité de détails, la superposition des couleurs. Pour présenter cette oeuvre unique et interroger ses résonnances artistiques, spirituelles et littéraires, la romancière et essayiste Christiane Rancé ouvre ce volume d'un texte inspirant et réjouissant.
« Une ode au sacré, un monde de symboles composé de rêves et de visions d'où l'inquiétude semble bannie ou bien tenue au loin, où plantes et bêtes, hommes et anges, espérances et mythes dialoguent comme s'ils venaient tout juste de naître, dans l'étonnement, dans l'innocence, comme s'ils étaient convoqués pour assister à leur premier jour. » Christiane Rancé -
La « Critique de la raison pure » de Kant
Theodor W. Adorno
- Klincksieck
- Critique De La Politique
- 1 Mars 2024
- 9782252047422
Le 7 juillet 1959, dans le quatorzième de ses cours sur la Critique de la raison pure, Adorno avoue subitement : « il ne s'agit ici de rien moins que la fondation de la position philosophique que je défends moi-même et que je crois pouvoir rattacher à cette réflexion sur Kant. »
Plus que d'un cours, il est question d'une histoire restée jusque-là muette, celle du détour adornien par Kant dans l'élaboration de la dialectique négative et celle du retour de Kant dans une trajectoire philosophique qui s'était éloignée du criticisme après s'être pourtant initiée dans la Critique de la raison pure. C'est à l'âge de quinze ans qu'Adorno encore lycéen est formé par Siegfried Kracauer de manière inoubliable à la lecture de ce livre difficile. Les rencontres avec Walter Benjamin en 1923 puis avec Alfred Sohn-Rethel en 1936 seront autant d'occasions de relecture de la première Critique dont ce cours de 1959 livre les strates de mémoire en même temps qu'il les réarticule dans une perspective propre, comme on fait soudain rayonner une nouvelle question philosophique depuis son passé oublié.
Kant est le philosophe qui permet à Adorno de retrouver un moment de non-identité dans la connaissance et de ressaisir ce qui a été perdu de la chose dans son traitement conceptuel. Les choses en soi, c'est-à-dire l'inconnaissabilité de l'en soi des choses, que Kant ne voulait pas abandonner - en dépit de toutes les critiques qu'elles lui valurent - parce qu'elles réservaient l'avenir de la métaphysique, sont interprétées par Adorno comme les dépositaires de l'irréductible inadéquation entre la connaissance et la chose. Et cette irréductibilité kantienne fait voler en éclats le mensonge premier de l'idéalisme, qui consiste à réduire tout objet à sa constitution par le sujet.
Détour par Kant, retour de Kant - Kant nomme la différence d'Adorno dans la filiation hégélienne et marxienne de sa pensée, et cette différence apparaît ici comme une des entrées décisives dans le laboratoire de la Dialectique négative (1966), puisque s'y élaborent à la fois la thèse du « primat de l'objet »