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Phèdre est rongée en secret par l'amour coupable qu'elle porte à Hippolyte, le fils du roi Thésée, dont elle est la seconde épouse. Ce dernier, absent depuis de longs mois, passe pour mort. Phèdre déclare alors sa flamme à Hippolyte, qui la rejette avec horreur. C'est alors que, contre toute attente, Thésée rentre à Trézène...
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Gestes critiques
Georges Didi-Huberman
- Klincksieck
- Critique De La Politique
- 4 Octobre 2024
- 9782252047521
La critique constitue sans doute l'activité primordiale de toute pensée émancipatrice. Or elle se doit d'être - philosophiquement - aussi délicate que radicale. Elle fera tout autre chose, par exemple, que seulement récriminer, dire du mal, chercher noise, vouer aux gémonies, exiger le dernier mot.
Ainsi nul ne saurait lui prescrire une forme unique. Comment pourrait-elle devenir conforme à un modèle unique, elle dont la tâche est justement de déconstruire tous les conformismes ? La critique sera donc plurielle, faite de différents gestes possibles. Il y a le geste socratique, que Platon nommait une « technique critique » ou discriminante. Il y a le geste de la lecture philologique, celle qui aura permis à Lorenzo Valla ou à Spinoza de mettre en question, de façon aussi incisive que minutieuse, l'autorité religieuse attachée à certains dogmes. Il y a l'invention de la critique sensuelle par Diderot et, naturellement, ce geste des Lumières effectuépar Kant qui, cependant, distinguait bien la critique de tout système. Il y a, chez les Romantiques allemands, cette façon de critiquer en poètes et, chez Marx, le grand combat critique destiné à transformer le monde. Il y a chez Walter Benjamin un geste critique destiné à nous faire saisir tout à la fois le « courage du poète » et, sur le plan politique, une certaine « organisation du pessimisme ». Il y a le geste d'inservitude selon Michel Foucault : le geste à faire pour n'être pas gouverné.
En reprenant il y a cinquante ans la formule de Marx - « critique de la politique » -, Miguel Abensour n'a-t-il pas créé une collection exemplaire de ces gestes critiques ? Or son pluralisme n'a rien d'éclectique : c'est bien plutôt un éventail ouvert sur l'extraordinaire fécondité de l'activité critique dans la longue durée de l'histoire. Toute une bibliothèque de la liberté, en somme. Une ouverture aux mille façons possibles de mettre en pièces les conformismes de la pensée, politique notamment. Ayant introduit en France les textes majeurs de la Théorie critique, cette collection a également réuni, sous sa fameuse couverture rouge, des lignes de pensées qui vont d'Étienne de La Boétie à Ernst Bloch, de Karl Marx et Pierre Leroux aux surréalistes, de Hegel à Simmel, Benjamin, Arendt ou Kracauer... Elle n'a pas craint non plus de toujours donner la parole à de patients et radicaux chercheurs contemporains.
Il fallait s'interroger, ce que tente ce livre, sur la cohérence et l'exigence propres à Miguel Abensour, tant dans sa politique éditoriale que dans son oeuvre personnelle, car les deux sont indissolublement liées. On découvre alors que ce défenseur des « guetteurs de rêves », qui a repensé la notion d'utopie - donc d'espérance politique -, n'a cheminé en tous sens que pour éprouver la fécondité de ce qu'on devra, en fin de compte, nommer une constellation de l'imagination critique. -
Critique de la politique : Collection-manifeste
Miguel Abensour
- Klincksieck
- Critique De La Politique
- 15 Janvier 2025
- 9782252047972
Ce volume rassemble les 105 quatrièmes de couverture que Miguel Abensour a écrites ou co-écrites pour les livres qu'il a publiés dans sa collection de 1974 à 2017.
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Une Conque à l'oreille : Ode aux trésors minuscules
Claire Malary, Nicolas Deleau
- Klincksieck
- De Natura Rerum
- 6 Septembre 2024
- 9782252047552
« Je commence ici et maintenant une petite chronique de mes bibelots : l'histoire des objets que j'aime. Les aimant non seulement parce qu'ils sont beaux, mais aussi précisément parce qu'ils sont autre chose que des objets, il est bien évident qu'en les évoquant je serai amené à parler de beaucoup d'autres choses, sans autre ordre que celui que la minute me soufflera d'adopter. Le spectacle du monde ne se fige pas, lui. Tu aimes le voyage, lecteur. Puissent ces petites chroniques t'y inviter ; les objets qui en nourrissent les histoires jalonnent les chemins de traverse. Et puisses tu, en refermant ce livre, te laisser vivre toute une journée, en regardant par ta fenêtre le monde qui va, ou cette lèpre
sur tel muret délité, qui ressemble à une tête d'oiseau ; noter qu'à l'heure ou' le soleil se lève flotte dans l'air une odeur de poisson ; observer comment tournent les à-plats d'ombre portés sur les murs de l'immeuble, en face, par les saillies des terrasses et des balcons. Quelque chose, alors, aura été gagné. » -
Les Fleurs animées : la botanique des dames ; l'horticulture des dames
Karr Alphonse, Taxile Delord, Comte Foelix, Jean-Jacques Grandville, Rosalie De Constant
- Klincksieck
- De Natura Rerum
- 4 Octobre 2024
- 9782252047538
« Le temps des fleurs est arrivé ! » affichait-on dans les rues de Paris au milieu du XIXe siècle. Imaginées par une joyeuse troupe de journalistes polymathes entre 1846 et 1847, Les Fleurs animées venaient d'éclore. Elles n'ont pas fané depuis.
Composite comme un bouquet de choix, notre nouvelle édition intégrale en deux volumes rassemble des textes d'un genre varié, tantôt fantasmagoriques, tantôt pratiques, qui invitent à mieux connaître les fleurs, qu'elles soient champêtres ou parquées, sauvages ou domestiquées. Une chose est sûre, elles sont adorées ! Et introduites avec une tendresse teintée d'humour par l'auteur du Voyage autour de mon jardin, Alphonse Karr.
Un premier volume, mis en récit par Taxile Delord, conte les historiettes d'une troupe de fleurs devenues femmes. Le célèbre caricaturiste Jean-Jacques Grandville donne vie à cet enchantement végétal, à travers une cinquantaine de planches admirables de poésie et d'esprit, où vous pourrez admirer Pensée, Violette, Tournesol, Lys et Coquelicot.
Dans un second volume, le comte Foelix, un des pseudonymes de Louis-François Raban, propose un manuel aussi pratique que distrayant pour initier à la botanique et à l'horticulture. Rosalie de Constant, brillante naturaliste des Lumières, donne vivacité et profondeur aux espèces cueillies.
Notre édition illustrée s'appuie sur celle de Garnier Frères datant de 1867, dont elle reprend les gravures de J.-J. Grandville, auxquelles nous avons ajouté une sélection issue des planches de l'herbier de Rosalie de Constant. Elle est revue, annotée et préfacée par Audrey Dominguez.
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Après la sidération du premier confinement, Paule Marie Duquesnoy entame son journal dans un coin de campagne corrézienne, celui qui l'a vue naître et ses aïeux aussi. Un an durant, non loin de son jardin où elle nomme avec soin pensées et rhododendrons, la sauvagerie stagnante du marais du Brezou lui sert d'exutoire. Magie ou maléfice de ses eaux troubles, il dilue les dates, confond l'actualité et les souvenirs. En promenade avec Paule Marie Duquesnoy, on ne se soucie que des saisons. On pouponne du regard de jeunes hérons, on contemple les lames vertes des iris, on s'étourdit du ballet des araignées d'eau, on fléchit dans la brise comme fanent les berces.
À travers une langue d'une poésie diffuse, les journées suspendent un fil humide entre la femme et l'enfant, entre les gracieuses libellules et les anneaux de Saturne, entre la Corrèze et la Corée. À chaque contemplation de la nature son échelle, profondément humaine : minuscule ou astronomique, vibrante ou statique.
Notre édition est illustrée par douze dessins naturalistes à l'aquarelle de Stéphanie Schouvey,qui prêtent leurs couleurs aux espèces du marais (oiseaux, fleurs, plantes et insectes). -
Béhémoth : Structure et pratique du national-socialisme 1933-1944
Franz Neumann
- Klincksieck
- Critique De La Politique
- 18 Octobre 2024
- 9782252047750
Ce livre à la fois classique et méconnu présente une analyse paradoxale du système national-socialiste comme système monstrueux, c'est-à-dire un non-État, un chaos, une situation de non-droit, de désordre et d'anarchie, ambitionnant d'établir son hégémonie sur de gigantesques étendues de terre. Objet de débat au sein du groupe de Francfort, on a d'abord retenu de cette interprétation du nazisme son orientation marxiste, surtout de par son opposition aux thèses de F. Pollock sur le capitalisme d'État, formation sociale originale qui succéderait au capitalisme de monopoles.
Pour Neumann, il s'agit en vérité d'une économie monopolistique totalitaire qui se définit par deux caractères : « C'est une économie monopoliste et en même temps une économie dirigée. C'est une économie capitaliste privée encadrée par l'État totalitaire. » Aussi une lecture plus à distance des controverses de l'époque peut-elle discerner dans Béhémoth : - à travers l'étude du national-socialisme, une analyse concrète de la primauté du politique sur l'économique au xxe siècle, en tentant d'articuler la problématique wébérienne des formes de domination à une interprétation marxiste des antagonismes de classe ; - une étude minutieuse des mécanismes de l'État totalitaire décrit comme un complexe de quatre groupes sociaux dominants qui, sous couvert d'unité, est menacé en permanence d'éclatement et de désintégration. Contre les représentations superficielles d'un fascisme monolithique, Neumann démontre que « l'État national-socialiste était en réalité pluraliste, en un sens funeste du terme. La volonté politique s'y formait à travers la concurrence sauvage des lobbies sociaux les plus puissants » (Adorno).
Béhémoth, le monstre qui règne sur la terre où le désert croît. À l'encontre du mouvement « révisionniste » et des tendances apologétiques qui visent, en Allemagne, à banaliser la socialisation totalitaire propre au national socialisme et à engendrer en douceur l'oubli de l'imprescriptible, Béhémoth, même s'il méconnait la destruction du peuple juif, rappelle que dans la société nouvelle, sous l'emprise d'une domination directe et d'un procès d'atomisation généralisée, c'est bien d'auto-destruction de l'humanité qu'il s'agissait. -
Dans cet ouvrage d'une poésie bucolique enivrante, comme la senteur fantasmée des fleurs décrites dans ses pages, Charlotte de la Tour nous fait parcourir les mois et les saisons à la découvertes des fleurs qui y vivent, nous dévoilant les secrets de leurs significations à travers une narration passionnante, mais également par le biais de légendes et de textes anciens qui les mettent en scène. Chaque fleur est décrite, des couleurs complexes de sa robe à son parfum, en passant par les caractéristiques de son style de vie, créant un ouvrage aussi hypnotisant qu'érudit, entre encyclopédie et poésie bucolique. Le tout est richement illustré. L'ouvrage idéal pour savoir précisément quelles fleurs offrir, ou décrypter le message caché dans le bouquet que l'on vient de recevoir
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La rose secrete ; les histoires de Hanrahan le Roux
William Butler Yeats
- Klincksieck
- De Natura Rerum
- 5 Avril 2024
- 9782252047453
Cité parmi les plus grands poètes du XXe siècle, William Butler Yeats s'est frayé un chemin envoûtant dans le folklore irlandais, pavé de contes intemporels qui mêlent la prose à la poésie.
Dans ces contrées où les roses cultivent leur secret, on croise des pendus qui chantent face à des moines vengeurs, des amoureux maudits et des hommes-oiseaux, des chevaliers oubliés et des magiciens aux mains de bruyères. On croise aussi Hanrahan le Roux, « maître d'école en plein air », poète à la langue vive condamné à vagabonder, intranquille et à demi-fou, après avoir déçu les avances d'Echtge des montagnes, une divinité endormie veillée par les grandes Sidhes.
Les Sidhes, sentinelles surnaturelles et ambivalentes, sont issues des légendes gaéliques médiévales. Elles veillent dans la pénombre des forêts, des montagnes et des lacs. Elles ont choisi Yeats comme messager. Là réside sans doute la magie de ces récits qui, dans leur évocation d'une nature pleine de métamorphoses et de mystères, font briller à nouveau les lueurs animistes de nos origines.
Notre édition est illustrée par une sélection de cartes de tarot divinatoire Rider-Waite, publié en 1909 et devenu mythique depuis. Les cartes ont été dessinées par l'artiste britannique Pamela Colman Smith qui participa, aux côtés de W. B. Yeats, au renouveau artistique du tout début du XXe siècle. -
Kierkegaard : Construction de l'esthétique
Theodor Wiesengrund Adorno
- Klincksieck
- Critique De La Politique
- 5 Février 2025
- 9782252047965
Cet ouvrage est la traduction du tome II des OEuvres complètes d'Adorno ; c'est dire qu'il contient, outre Kierkegaard, Construction de l'esthétique, publié en Allemagne en février 1933, deux essais, La Doctrine kierkegaardienne de l'amour (1940) et Encore une fois Kierkegaard (1963), témoignant ainsi d'une présence constante de Kierkegaard dans le trajet d'Adorno.
Qui connaît la prégnance de Kierkegaard dans la philosophie du XXe siècle - notamment dans la philosophie allemande, à propos de laquelle on a parlé d'une « renaissance de Kierkegaard » dans les années vingt - mesurera l'importance de cet ouvrage : interprétation nouvelle de Kierkegaard, il marque une étape déterminante dans la pensée d'Adorno et constitue, de surcroît, une pièce essentielle de la confrontation continuée entre Adorno et Walter Benjamin. Dans sa recension du Kierkegaard, ce dernier écrivait : « Dans ce livre beaucoup tient en peu de place ; il est aisément prévisible que les livres à venir de l'auteur trouvent en celui-ci leur source. »
Contrairement à ceux qui croyaient découvrir dans le concept kierkegaardien d'existence un antidote à l'idéalisme, Adorno fait de la philosophie de Kierkegaard à la fois le sommet et le déclin de l'idéalisme allemand. L'existence n'est-elle pas une pure abstraction ? Partant de l'aliénation historique du sujet et de l'objet, la critique philosophique prend pour cible ce qui se donne comme la substantialité du sujet, à vrai dire, une intériorité sans objet que dénonce comme telle la métaphore du château fort employée pour la décrire. Ce moi sans objet est conçu comme « une île romantique où l'homme entreprend de sauver » son sens « face au flux historique » perçu comme un maelstrom dévastateur. Sensible au détail de l'écriture de Kierkegaard, Adorno explore les significations de l'image centrale de l'intérieur bourgeois du XIXe siècle qui, selon lui, fonctionne comme une image mythique.
Comme y insiste Éliane Escoubas dans la préface, le Kierkegaard d'Adorno se montre très influencé par le livre de Walter Benjamin sur le Trauerspiel publié en 1928 : en effet, Adorno transpose à la lecture de Kierkegaard les concepts forgés par Walter Benjamin pour l'interprétation du drame baroque et, tout particulièrement, celui d'allégorie et sa détermination comme « expression », nous donnant ainsi à lire un Kierkegaard « penseur baroque ».
L'interprétation philosophique d'Adorno est exemplaire du travail de la théorie critique ; loin de s'appesantir sur les « erreurs » d'un penseur à partir des déterminations sociales qu'il subit, elle s'interroge bien plutôt sur ce qui, au-delà de ces déterminations, constitue la teneur de vérité d'une oeuvre dressée, dans le cas présent, contre le consentement à ce qui est, au « subsistant ». -
Le chant des haies : flore et faune des lisières
Jean de Bosschère
- Klincksieck
- De Natura Rerum
- 7 Avril 2023
- 9782252046999
Jean de Boschère, dont l'oeuvre atteste à la fois la connaissance profonde et l'amour de la Nature, est un des maîtres actuels dans l'art de découvrir et de décrire le mystère des choses animales et végétales. Voici la haie vive : monde secret, fourmillant d'êtres dont elle est le refuge, l'abri, le garde-manger. Le naturaliste l'observe, il l'espionne, pourrait-on dire, dès l'aurore, guettant les premiers bruits du réveil, cris, chants qui se mêlent dans un tout harmonieux. Voici le pic, chasseur de vers et de larves, voici les derniers attardés, la chouette et l'effraie... Les saisons passent sur la haie. La Voie Lactée printanière est une longue et lumineuse traînée de fleurs. Les insectes peu à peu fourmillent : hanneton, cantharide, grillon. Voici les parfums :
églantine, muguet, sureau, tilleul ; les parures : liseron, chèvrefeuille, clématite. Les chenilles apparaissent, mais aussi les papillons. Comme il a amoureusement décrit la fleur, l'oiseau, le scarabée et l'escargot, Jean de Boschère s'attarde aux merveilles du vanesse, du paon de jour, du machaon. La haie offre ses bouquets :
Violette, campanule, digitale ; elle est faite d'arbres aussi : charme, érable, cornouillet. La nuit, c'est le règne de la belette et de la chauve-souris... -
Cent et un pétales pour une rose
Séverina Lartigue
- Klincksieck
- De Natura Rerum
- 8 Septembre 2023
- 9782252047316
« À cheval entre le passé et l'avenir, je parcours la vie au galop en brandissant bien haut l'étendard : liberté, création, contemplation. Je suis convaincue que l'artisanat et ses valeurs peuvent être un remède à un monde qui s'emballe, se précipite sans savoir pour quoi ni dans quelle direction. Toucher la matière, connaître la chaîne des savoir-faire ouvre l'esprit, permet de reprendre contact avec la réalité. Ce sont des clefs pour être libre de choisir au lieu de subir. Je suis Maître d'art, gardienne d'un métier rare et poétique, celui de fabriquer des fleurs précieuses en soie pour la haute couture. Avec ce livre, j'ouvre grandes les portes de mon atelier confidentiel et de mon coeur. »
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Le vrai mystere des champignons - illustrations, noir et blanc
André D'Hôtel, Patrick Reumaux
- Klincksieck
- De Natura Rerum
- 9 Septembre 2022
- 9782252046814
Comme le dit un judicieux personnage de Mark Twain, M. Tête de Pudding, un chou-fleur c'est simplement un chou qui a été au collège. Sa monstruosité s'explique par un excès d'éducation, mais c'est bien d'avoir une explication si poussée soit-elle, car nous avons ainsi l'heureuse satisfaction d'expliquer comment le chou-fleur en est venu à ce point. Or les champignons n'ont aucune éducation. Leurs formes affirment une méconnaissance totale de tout usage. Ils ne sont même pas monstrueux. Ambigus et radieux, ils tournent en dérision les plus élémentaires principes. S'ils se pourvoient de ce que l'on appelle un pied et un chapeau, chaque espèce, sur ce thème d'une pauvreté remarquable, s'ingénie à des variations dont la gratuité confine à l'insolence.
André Dhôtel -
Journal de mon jardin
Vita Sackville-West
- Klincksieck
- De Natura Rerum
- 19 Septembre 2017
- 9782252040928
Interdite de littérature - mais pas de caresses - par Virginia Woolf, Vita Sackville-West prend en un éclair conscience des trésors qu'elle possède : un mari et un jardin. Son mari, le diplomate Harold Nicholson, conçoit l'architecture et dessine les plans de ce qui deviendra le somptueux jardin de Sissinghurst dans le Kent, que Vita, mi-gitane andalouse , mi-grande dame anglaise, transgressant sans vergogne les règles de l'art des jardins, transforme à quatre mains : la gitane zingari fait surgir de terre une mosaïque de couleurs, une jungle asymétrique, une orgie dans l'aurore ou le soleil couchant, l'aristocrate anglaise, qui n'aime que la lune froide, un extraordinaire jardin blanc : Attention, prévient-elle «j'aime la couleur, qui me met en joie, mais j'ai une prédilection pour le blanc. Les ombres d'un vert glacé que la blancheur peut prendre sous certains éclairages, au crépuscule ou au clair de lune, surtout au clair de lune, peut-être, font du jardin un rêve, une vision irréelle, et l'on sait cependant qu'il ne l'est pas le moins du monde puisqu'il a été planté exprès. »
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L'oeil du chat : l'ultime bête noire
Julie Delfour
- Klincksieck
- De Natura Rerum
- 3 Mars 2023
- 9782252046975
Le chat s'est attelé à nous faire accepter le paradoxe sur lequel se fonde notre relation : faire ami-ami avec un fauve. Exerçant son emprise sur notre esprit, il en a percé les couches les plus profondes et a reprogrammé notre cerveau. Et nous voici sous influence, ensorcelés par son sourire qui, tel celui du chat du Cheshire, flotte encore longtemps dans l'air quand tout le reste s'est évaporé. Par un brillant tour de passe-passe, ce prestidigitateur de génie a réussi à prendre le pouvoir et à étendre son empire en nous faisant oublier qu'il était un prédateur et que nous devions en avoir peur. Du jour où nous l'avons laissé entrer, s'infiltrant par les toits, poussant les portes, se coulant par les chatières, il a dérobé les clés de notre âme. Il s'est installé de la cave au grenier, s'étalant, si possible, au centre du canapé. À peine a-t-on eu le temps de déceler sa présence qu'il nous a presque déjà croqués...
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Esthétique de la résistance
Peter Weiss
- Klincksieck
- Esthetique Klincksieck
- 7 Juin 2017
- 9782252040393
Esthétique de la résistance est l'un des récits fondateurs du monde contemporain, au même titre que Mémoires d'outre-tombe, La Recherche du temps perdu, Les Somnambules ou L'Homme sans qualités. Ce projet romanesque prend forme vers la fin des années 1960, au moment où la génération née après la Seconde Guerre mondiale remet en question le monde hérité de la génération précédente. Il s'ancre dans l'expérience de l'émigration et de l'exil qu'a connue Peter Weiss puisque lui et sa famille, fuyant le régime nazi dès 1935, ont quitté l'Allemagne pour l'Angleterre, puis la Tchécoslovaquie et la Suède, où il résidera jusqu'à la fin de sa vie.
Esthétique de la résistance, rédigée entre 1971 et 1981 se déroule de 1937 à 1945 et relate l'histoire collective du mouvement ouvrier allemand et de son échec. Les trois protagonistes principaux (Heilmann, 15 ans, Coppi et le narrateur, 20 ans tous deux) découvrent en parallèle quelques grandes oeuvres du patrimoine artistique de l'humanité et comprennent qu'elles ne sont ni un bien culturel, ni un espace imaginaire où se réfugier lorsque l'action politique a échoué, mais celui d'une expérience esthétique vécue que doit s'approprier le lecteur ou le spectateur afin de nourrir sa résistance à l'ordre établi par la société de classes.
Esthétique de la résistance n'est pas un roman historique à proprement parler, au sens où les personnages principaux seraient plongés dans un récit élaboré par un discours extérieur à eux. Le lecteur accompagne les trois personnages principaux au plus près de ce qu'ils affrontent. Aucune conscience extérieure ne se place dans une position surplombant leurs actes et leurs paroles. Si d'autres personnages, réels ou imaginaires, par leur âge, leur expérience, leurs lectures, leur travail, en savent plus qu'eux, ceux-ci interviennent nommément dans le récit, jamais à la façon d'un discours docte et abstrait.
Chaque élément narratif est vu, lu, éprouvé, entendu, compris, interprété par le "nous" qui endosse la narration : une fenêtre ouverte, un tissu rouge, un paysage, un bombardement ; le bras d'une statue, un visage peint, la forme d'un escalier; un discours syndical, un poème; l'arrestation d'une militante, une agonie, un geste d'adieu. L'emploi fulgurant de ce "nous" narrateur, peu exploité par le genre romanesque donne toute sa puissance à ce récit mettant en scène non ce qui sépare et différencie les individus mais ce qu'ils ont en commun, jusque dans leurs confrontations, jusque dans leur solitude.
Par son thème, la formation d'une conscience politique commune, comme par ses choix narratifs, ce texte renouvelle la forme romanesque de façon décisive.
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Le Discours de la servitude volontaire
Etienne de La Boétie
- Klincksieck
- Critique De La Politique
- 16 Septembre 2022
- 9782252046531
Penseur météorique, auteur d'une hypothèse aussi subversive que scandaleuse, La Boétie est âgé de dix-huit ans lorsqu'il rédige, en 1546, la première version d'un texte que son ami Montaigne intitulera Discours de la servitude volontaire et auquel les calvinistes donneront le titre régicide de Contre Un. L'hypothèse de la « servitude volontaire » n'interroge plus la domination comme une relation duelle verticale, s'exerçant pour ainsi dire de haut en bas, mais comme un « vice monstrueux » procédant du consentement et de la contribution active des dominés à leur servitude.
La bascule du haut en bas, le renversement des perspectives, la révolution « horizontale » de la théorie classique de la domination font de La Boétie un penseur politique pionnier, qui atteint toutes les formes de l'autodomestication, de l'autocontrôle, de l'intimisation de la conscience, de l'hétéronomie de la psyché, avant même que Freud ne les cerne au XXe siècle à partir de la pulsion de mort. Aussi le Discours de la servitude volontaire fait-il résonner un grand nombre des questions politiques qui inquiètent notre contemporanéité. La servitude mise au coeur de la psyché humaine vise, en effet, une complication du désir difficile à penser - nous pourrions vouloir désirer la servitude, nous pourrions vivre la liberté comme une inquiétude majeure et la servitude comme une quiétude apaisante.
Mais au revers de ce vouloir servile, au revers de ce désir saisi par l'angoisse de vivre la pluralité de la vie, c'est-à-dire fasciné par l'identification au nom d'Un, La Boétie ouvre la possibilité jumelle de servir ou de résister : nous pourrions ne pas vouloir désirer la servitude ; le désir s'affranchirait de la servitude sous l'effet de ce nepas- vouloir. Ce ne-pas-vouloir implique toutefois que le désir quitte les liens d'unité (l'Un) pour (re)venir à la vie par l'union, à la relation proprement politique des « tous uns ». Il y a donc à penser une dialectique politique de l'émancipation où la capture du désir par le nom d'Un est défaite peu à peu dans le tissage de relations d'entreconnaissance capables de rendre à la vie politique sa pluralité constitutive.
L'effacement total des références aux circonstances réelles qui ont accompagné la genèse du Discours de la servitude volontaire explique son adaptabilité à des situations historiques très diverses et donne ainsi aujourd'hui un immense retentissement à la question que le Discours pose à chacun de ses lecteurs : « Et toi pourquoi obéis-tu ? »
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Le grand rêve des floraisons
André Dhôtel, Vanessa Damianthe
- Klincksieck
- De Natura Rerum
- 16 Mars 2018
- 9782252041239
« Ce qui m'intéresse avant tout, ce sont les données fournies par les réalités naturelles qu'on néglige parce qu'on les enferme dans des fonctions. Il y a, par exemple, l'Ophrys que je cite dans ce livre.
Cette fleur imite l'abeille sans la connaître et l'imite inutilement puisque l'abeille ne lui est pas nécessaire.
Les botanistes dont je lis fréquemment les livres n'abordent pas les aspects qui m'attirent. Ainsi la dispersion des graines n'entre pas dans la classification des modes de diffusion. Ce qui m'étonne, c'est la réalisation même de ces graines, leur forme. Car enfin, comment un pissenlit, enraciné dans la terre et qui ignore tout du vent, peut-il créer une graine qui peut s'envoler à la moindre brise ? C'est la manifestation d'une intelligence qui ne correspond pas à l'intelligence humaine. Alors qu'est-ce que la nature ? Où est-elle ? Où est l'ordinateur ?
La réalité surnaturelle dont on voit les traces n'appelle en moi aucune théologie. C'est l'expérience d'un rôdeur. Le naturaliste Fabre disait que les insectes semblaient appartenir à une autre planète. » André Dhôtel
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Les guetteurs d'ombres : face à la bête noire
Julie Delfour
- Klincksieck
- De Natura Rerum
- 16 Septembre 2022
- 9782252046821
Tout au long du processus de civilisation, l'homme n'a cessé de vouloir gommer la part d'ombre ; d'effacer ce chemin qui l'a conduit de l'état animal à l'état humain. Pourtant, et bien qu'il en ait souvent peur, il conserve cette nostalgie de l'ombre. Il aspire à se raconter des histoires noires... et à affronter le Sauvage. Se mesurer à la bête offre la possibilité d'une page à écrire, d'une relation à inventer. Grâce à elle, il ne renonce pas tout à fait à ses racines. Il hésite : toujours se civiliser davantage ou ne pas oublier son noyau d'obscurité ?
Du fond des cavernes, le troisième animal observe encore l'homme moderne comme il observait jadis le chasseur primitif. Drapé dans ses incertitudes, il nous invite à ne jamais cesser de rêver. Et vient nous rappeler que nous restons, malgré nous, des guetteurs d'ombres. Il est ce gardien du rêve dont les yeux continuent de briller dans l'obscurité, dont les oreilles restent perpétuellement à l'écoute, attentif au moindre de nos mouvements. Il est ce voleur de feu qui montre le chemin de la liberté -
Histoire de l'art dans l'antiquite - illustrations, noir et blanc
Johann-Joachim Winckelmann
- Klincksieck
- 5 Mai 2023
- 9782252046951
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Le cours Problèmes de la philosophie morale a été dispensé par Adorno pendant le semestre d'été 1963. Il peut se lire comme le palimpseste d'une des grandes dernières séquences de la Dialectique négative, « Liberté pour une métacritique de la raison pratique ». Il ne s'agit nullement pour Adorno, selon ses mots, de « livrer des indications directes pour mener une vie juste » en prenant « la posture d'un gourou », mais plutôt, comme les Trümmerfrauen (les « femmes des ruines ») de l'après-guerre, de considérer ce que l'on peut « sauver » des décombres de la philosophie morale sans abandonner celle-ci à sa dilution dans la culture. La Dialectique négative énoncera trois ans plus tard :
« Dans leur état de non-liberté, Hitler a imposé aux hommes un nouvel impératif catégorique : penser et agir en sorte que Auschwitz ne se répète pas, que rien de semblable n'arrive.
Cet impératif est aussi réfractaire à sa fondation qu'autrefois la donnée de l'impératif kantien. » (DN, Payot, 1978, p. 286) -
Cet ouvrage sur les libellules est particulièrement original. Alain Cugno, philosophe, écrivain, et depuis plusieurs décennies spécialiste des libellules, évoque ce monde merveilleux des « odonates » dans un style profond, vivant et passionné, qui intéressera tant les philosophes que les poètes (parfois les historiens des sciences) et les scientifiques les plus exigeants. Toutes les espèces du territoire métropolitain (environ 90) sont décrites avec rigueur. L'auteur passe en revue l'ensemble des genres et des espèces qu'ils renferment, et donne une grande clé de détermination des espèces, clé dont le fonctionnement inédit a été inventé, affiné et perfectionné durant des années d'observations. Chacune est illustrées à l'aquarelle (30 pl., trois espèces par planches) par Vanessa Damianthe, spécialiste du dessin naturaliste de haute précision.
Évidemment, toutes ces odonates de France métropolitaine se retrouvent dans le classique Guide des libellules de France et d'Europe de Dijkstra et Lewington (Delachaux & Niestlé, 2007, avec nombreuses rééditions). Mais il s'agit-là d'un ouvrage purement scientifique, ne pouvant intéresser que les spécialistes de l'odonatologie. Le livre d'Alain Cugno et Vanessa Damianthe semble, par son mélange harmonieux de la poésie et de la science R credo de la collection « De Natura rerum » R pouvoir toucher tous les amoureux des « choses de la nature ». Un ouvrage créateur de vocations par excellence.
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Les champignons mortels d'Europe
Xavier Carteret
- Klincksieck
- De Natura Rerum
- 20 Août 2015
- 9782252039724
Cet ouvrage présente, décrits et illustrés, la plupart des champignons vénéneux que l'on peut rencontrer en Europe. Il y en a de bien connus : la terrible amanite phalloïde bien sûr (responsable d'environ 90% des accidents mortels dus à la consommation de champignons), ses deux soeurs blanches aussi funestes (l'amanite printanière et l'amanite vireuse), l'entolome livide, le bolet satan, le cortinaire « des montagnes », et le champignon sans doute le plus célèbre au monde, celui de Blanche-Neige, « chapeau rouge, points blancs» : l'amanite tue-mouches.
Le lecteur trouvera, en regard de chaque planche, la description concise mais précise des espèces, insistant beaucoup sur l'habitat et les risques de confusion avec des espèces réputées comestibles. Il trouvera également une rubrique « toxicité », particulièrement renseignée -intégrant les derniers résultats de la recherche en myco-toxicologie -, décrivant en détails la symptomatologie ainsi que les traitements. Il s'agit du premier ouvrage, du moins en Europe, consacré exclusivement aux champignons vénéneux. L'importance de ce travail est évidente. Les pharmaciens qui n'ont besoin de connaître que les espèces vénéneuses, ne disposaient jusqu'à présent d'aucun ouvrage présentant celles-ci avec l'exhaustivité nécessaire à la bonne « prise de décision ».
La consultation de cet ouvrage, ou du moins celle des planches en couleurs, permettra au pharmacien de repérer, dans les paniers, les ressemblances inquiétantes et d'écarter tout danger. Concernant les champignons comestibles, tout pharmacien les connaît : il y en a peu, ils sont très célèbres, et leur connaissance fait partie de la formation pharmacologique. Les champignons mortels d'Europe constituent aussi un outil précieux pour le « cueilleur lambda ». Malgré les efforts toujours croissants en matière d'information et de prévention, les empoisonnements fongiques ne diminuent pas. Le soin apporté, en particulier, à la confection des planches en couleurs, devrait permettre de réduire les risques de méprise. C'est la peur viscérale d'être tué par la consommation de champignons sauvages qu'il faut parvenir à faire naître. Les spécialistes de la myco-toxicologie soulignent que la conscience (même infime) de cette peur, loin de provoquer l'excitation du danger, détourne presque toujours la personne de l'idée de consommation. Si cet ouvrage permet de faire prendre conscience au lecteur du danger qu'il court et de lui éviter l'accident, alors il aura rempli son office.
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Histoire des artistes vivants : Etudes d'après nature
Théophile Silvestre
- Klincksieck
- Les Mondes De L'art
- 19 Avril 2024
- 9782252047446
Déplorant, après beaucoup d'autres, que les grands artistes des siècles passés n'aient pas bénéficié de témoignages contemporains fiables, le critique d'art Théophile Silvestre (1823-1876) voulut prévenir cette lacune en se lançant, en 1852, dans la rédaction de portraits d'artistes de son temps. Adoptant une démarche d'historien, lequel « doit s'attacher à tout voir, à tout entendre par lui-même, et se sentir, avant de prendre la plume, aussi loyal qu'indépendant », Silvestre est allé ainsi à la rencontre des peintres et des sculpteurs, les interrogeant lui-même, essayant de « pénétrer, du même coup d'oeil, l'âme de l'homme et l'oeuvre de l'artiste », inséparables à ses yeux.
Réunis et publiés en 1856 sous le titre d'Histoire des artistes vivants, français et étrangers. Études d'après nature, ses textes sont consacrés à dix grands noms de l'époque : Ingres, Corot, Delacroix, Courbet, Préault, Rude, Diaz, Barye, Decamps et Chenavard, auxquels fut ajouté l'année suivante celui d'Horace Vernet. L'ouvrage eut un succès immédiat et durable, puisqu'il fut réédité à plusieurs reprises au cours du XIXe siècle, et en 1926 par Élie Faure.
Ce qui a frappé les contemporains de Silvestre continue de faire notre admiration : la nouveauté de la démarche - faire entrer la sphère de l'intime dans le champ public -, la qualité remarquable de l'analyse des oeuvres, le ton parfois virulent mais libre, servi par une écriture particulièrement élégante. Loin des froides biographies, cet ouvrage restitue aux artistes toute leur épaisseur humaine, avec ce qu'elle peut recouvrir de petitesses et de grandeur.