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Dès le début du XVIIe siècle, des tentatives d'observations microscopiques ont été faites, mais de manière si timide et parcellaire qu'aucune science nouvelle n'avait germé. L'ouvrage de Robert Hooke, Micrographie, publié en 1665, marque une borne fondamentale dans l'histoire de la science moderne dont il aurait pu servir de manifeste. Pour la première fois, est consigné dans un même livre un ensemble d'observations microscopiques couvrant les trois règnes de la nature.
Hooke révèle la manière d'observer empiriquement des choses inconnues et invisibles à l'oeil nu, joignant à ses expérimentations les premières illustrations de ce « nouveau monde ». Le nombre et la qualité des planches de Hooke placent incontestablement Micrographie comme le livre fondateur de la science microscopique. Ses superbes et incroyablement précises gravures ont beaucoup participé au succès immédiat de l'ouvrage. Son contemporain Samuel Pepys va jusqu'à noter dans son Journal : « [c'est] le livre le plus ingénieux que j'ai jamais lu dans ma vie ».
Or il se trouve que la notoriété de l'oeuvre n'est pas à la hauteur de son importance historique, puisque nous en proposons ici la toute première traduction française intégrale et illustrée. Robert Hooke est en effet bien plus célèbre dans le champ scientifique anglo-saxon où il se place au rang qu'il mérite objectivement. Car, outre Micrographie, le savant employé par la Royal Society est un expérimentateur hors pair, qui côtoie les plus grands biologistes, physiciens, chimistes et philosophes de son époque. Dans la lignée de Descartes, on lui doit, entre autres, l'invention d'un grand nombre de machines, d'engins et de pièces mécaniques. Scientifique polymathe, il fut récemment appelé le « Léonard de Vinci anglais », expression particulièrement heureuse.
Notre édition comporte les soixante observations de Robert Hooke, dans lesquelles sont incrustées les figures qui s'y rapportent. Un cahier hors-texte complète la lecture, reprenant l'intégralité des trente-huit planches de Hooke, au plus proche des formats de la première édition. Introduction et traduction de l'anglais (Royaume-Uni) par Xavier Carteret. -
La Nomenclature des couleurs de Werner : adapté à la zoologie, à la botanique, à la chimie, à la minéralogie, à l'anatomie et aux arts
Patrick Syme
- Klincksieck
- 5 Novembre 2024
- 9782252047767
Depuis plus de deux siècles, La Nomenclature des couleurs de Werner est le compagnon parfait pour les amoureux du monde naturel et de ses couleurs.
« Avant Pantone, il y avait la Nomenclature des couleurs de Werner »
Architectural Digest
À la fin du XVIIIe siècle, le minéralogiste allemand Abraham Gottlob Werner (1749-1817) a mis au point un système de couleurs normalisé pour décrire les différences chromatiques les plus subtiles des minéraux à l'aide d'une terminologie cohérente. Son schéma a ensuite été adapté par un peintre de fleurs d'Édimbourg, Patrick Syme (1774-1845), qui a repris le fascinant travail de Werner et l'a enrichi d'exemples tirés de la flore et de la faune pour créer le système d'échantillons de couleurs et de descriptions qui constitue la richesse de ce livre.
Publié en 1814, ce dictionnaire des couleurs, qui en répertorie plus de cent et détaille où les voir dans les mondes minéral, animal et végétal, connut un vif succès. Il fut la « palette de la nature » de Charles Darwin sur le HMS Beagle pour nommer ses découvertes, permettant à ses lecteurs de partager un monde qu'ils ne verraient jamais. Avec sa terminologie à la fois précise et lyrique, le manuel de Werner est devenu une ressource inestimable pour les naturalistes, les anthropologues et les artistes. Inédit en français, ce classique est enfin à la portée de tous. -
La vie secrète des rapaces nocturnes
John Lewis-Stempel
- Klincksieck
- De Natura Rerum
- 2 Février 2024
- 9782252047415
Célébrés dans toutes les grandes civilisations depuis l'âge de pierre, hiboux et chouettes ont quelque chose de captivant, de contradictoire aussi. Créatures nocturnes dotées d'une aura magique, elles sont souvent associées aux oiseaux de mauvais augure, aux messagers volants de l'au-delà. Mais ces rapaces à la large tête curieuse, aux yeux réfléchissants et à l'air vénérable, possèdent aussi une familiarité rassurante dans notre imaginaire collectif. Que l'on pense à la chouette d'Athéna, si pleine de sagesse, ou à la loyale compagne d'Harry Potter, Hedwige. Si proches de nous à certains égards, ils en deviennent presque humains.
John Lewis-Stempel nous raconte leur histoire, ancienne de plus de 50 millions d'années, au fil de pages magnifiquement illustrées où l'on a plaisir à retrouver ses talents de conteur et d'observateur émerveillé. Une histoire naturelle et culturelle qui déploie, plume à plume, les facettes d'un des animaux les plus populaires du monde vivant. -
Leçons sur l'histoire et sur la liberté (1964-1965)
Theodor Wiesengrund Adorno
- Klincksieck
- Critique De La Politique
- 4 Octobre 2024
- 9782252047545
Dans le semestre d'hiver 1964 - 1965, Adorno consacre vingt-huit cours à la philosophie de l'histoire et à la doctrine de la liberté, qui viennent par avance éclairer deux des dernières séquences de la Dialectique négative (1966), intitulées « Esprit du monde et histoire naturelle. Digression sur Hegel » et « Liberté. Pour une métacritique de la raison pratique ». Loin toutefois de se réduire à un laboratoire de la Dialectique négative, ces cours ont l'ampleur d'un livre autonome où Adorno s'explique de la manière la plus profonde avec les philosophies de l'histoire de Hegel et de Benjamin. Contre Hegel, le philosophe de Francfort tient que la postulation d'un sens de l'histoire est devenue péremptoire et intenable après la catastrophe de la Seconde Guerre Mondiale. Contre Benjamin, il refuse d'abandonner l'histoire à la discontinuité.
« Affirmer qu'un plan universel, dirigé vers le mieux, se manifeste dans l'histoire et lui donne sa cohérence, serait cynique après les catastrophes passées et celles qui sont à venir. Mais il ne faut pas pour autant renier l'unité qui soude ensemble les moments et les phases de l'histoire dans leur discontinuité et leur éparpillement chaotique » énoncera la Dialectique négative. Aussi les Leçons sur l'histoire et sur la liberté se présentent-elles comme une grande leçon de « dialectique négative », objectée à la fois à Hegel (dont la dialectique spéculative resterait trop rivée à l'identité) et à Benjamin (dont la conception discontinuiste de l'histoire resterait, au contraire, trop rivée à la non-identité).
Par cette double « explication » avec Hegel et Benjamin, Adorno fraye la voie d'une « histoire universelle négative » où devient possible non plus la lecture d'un sens de l'histoire, mais celle de « tendances objectives » à l'oeuvre dans l'histoire. Ces « tendances objectives » régies par des causalités multiples et hétérogènes permettent à Adorno de donner congé à l'idée de nécessité et de rouvrir l'histoire à la contingence pour y introduire les pratiques de la liberté. -
Le renard et autres étreintes mortifères
D. H. Lawrence
- Klincksieck
- De Natura Rerum
- 20 Octobre 2023
- 9782252047361
J'avais un goupil de rêve, queue touffue, touffue, oreilles tachées de noir, ils l'ont tué. S'ils avaient pu, ils nous auraient tous tué, mais nous étions partis dans les montagnes, là où ils ne pouvaient pas nous tuer. Nous attendions la neige, comprenez-vous, on ne peut pas tuer dans la neige des monts. Ils avaient beau faire des comptes, entamer des procédures, faire durer le plaisir, clamer leurs bonnes raisons sur tous les toits en brandissant des preuves plus fausses les unes que les autres, ils ne pouvaient pas nous tuer.
Brandir des preuves aux assises ? Le roman est un drôle de rêve, tellement faux qu'il a vraiment l'air vrai. On ne prépare pas plus la venue d'un roman qu'on ne prépare celle d'un rêve. On voit. Ou pas. Un homme de haute stature se lave les mains... Antonia Pozzi le savait :
C'est l'hiver - mon âme - l'hiver. -
L'ornement de la masse : essais sur la modernité weimarienne
Siegfried Kracauer
- Klincksieck
- Critique De La Politique
- 10 Mai 2024
- 9782252047477
Figure importante mais inclassable de l'histoire intellectuelle du XXe siècle en Allemagne, Siegfried Kracauer (1889-1966) fut quelque peu occulté par les penseurs de sa génération avec lesquels il était en relation comme Ernst Bloch, Theodor W. Adorno ou Walter Benjamin. Pourtant, loin d'être un épigone de ce qu'on appellera plus tard l'« École de Francfort », Kracauer anticipe largement les analyses de Adorno et Horkheimer sur la « dialectique de la raison », c'est-à-dire le diagnostic d'un basculement de la rationalité dans la barbarie.
Dans ces brillants essais datant de la République de Weimar et, pour l'essentiel, parus dans le « feuilleton » de la Frankfurter Zeitung, Siegfried Kracauer explore les nouveaux phénomènes culturels : les spectacles de variétés, les revues de girls où les corps servent d'ornements mobiles, les « bestsellers », le roman policier, le cinéma... Il s'en saisit pour réfléchir sur les ambivalences de la modernité, porteuse d'une promesse d'émancipation, mais aussi lourde de menaces de régression, comme en témoignera l'arrivée des nazis au pouvoir en 1933.
Méfiante envers les cadres théoriques trop rigides, qui barrent l'accès aux phénomènes, la pensée singulière de Kracauer se construit dans une confrontation directe et sensible avec la culture urbaine et ses formes culturelles : c'est en partant des « manifestations discrètes de surface » qu'il devient selon lui possible de déterminer le « lieu qu'une époque occupe dans le processus historique ».
Cet ouvrage constitue une des premières analyses lucides de la culture de masse. -
Trois etudes sur Hegel
Theodor W. Adornon
- Klincksieck
- Critique De La Politique
- 4 Juin 2024
- 9782252047491
Composé en 1957 à partir d'un texte intitulé « Aspects de la philosophie hégélienne » qu'Adorno avait écrit à l'occasion du 125e anniversaire de la mort de Hegel, ce livre s'est augmenté d'un article sur « Le contenu de l'expérience », qui s'opposait à l'interprétation heideggérienne de l'expérience telle que la pensait Hegel. Et enfin, comme « trois essais font un livre », Adorno a ajouté à ces deux textes une étude sur le discours hégélien, « Skoteinos ou comment lire ».
Le philosophe de Francfort produit ici un double geste de confrontation avec Hegel :
1. Au rebours de toute intention d'« actualisation » de Hegel, il interroge le monde contemporain en tant que celui-ci « vérifie aujourd'hui la pensée hégélienne du système dans tous ses excès ». Le miroir déformant d'une systématicité hégélienne outrée sert à faire apparaître notre monde comme un monde totalement unifié par le rapport universel d'échange et par « l'activité productrice effrénée, oublieuse de sa destination humaine ».
2. Rappelant que chez Hegel « système sans faille » et « réconciliation » des antagonismes sont non identiques, Adorno concède s'être fait plus hégélien que Hegel pour pouvoir l'être moins. Aussi le second geste, inverse du premier, inaugure-t-il une fidélité à la non-identité, à la non-totalisation, et vise-t-il à « préparer un concept modifié de la dialectique », c'est-à-dire à élaborer le concept de dialectique négative. -
Sens unique constitue un tournant dans l'oeuvre de Benjamin. Ses réflexions s'y présentent comme l'exercice d'une écriture d'inspiration surréaliste bousculant les formes traditionnelles de la philosophie. Avec cet ensemble de textes courts, Benjamin livre une critique de la société allemande traversée par l'expérience de l'inflation. Les fragments urbains de Sens unique sont à lire en relation avec l'Origine du drame baroque allemand : ce livre expérimental est l'effectuation d'une opération conceptuelle qui s'est constituée dans l'étude sur le baroque. Il met à l'épreuve du présent la procédure allégorique amorcée dans cet ouvrage.
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La « Critique de la raison pure » de Kant
Theodor W. Adorno
- Klincksieck
- Critique De La Politique
- 1 Mars 2024
- 9782252047422
Le 7 juillet 1959, dans le quatorzième de ses cours sur la Critique de la raison pure, Adorno avoue subitement : « il ne s'agit ici de rien moins que la fondation de la position philosophique que je défends moi-même et que je crois pouvoir rattacher à cette réflexion sur Kant. »
Plus que d'un cours, il est question d'une histoire restée jusque-là muette, celle du détour adornien par Kant dans l'élaboration de la dialectique négative et celle du retour de Kant dans une trajectoire philosophique qui s'était éloignée du criticisme après s'être pourtant initiée dans la Critique de la raison pure. C'est à l'âge de quinze ans qu'Adorno encore lycéen est formé par Siegfried Kracauer de manière inoubliable à la lecture de ce livre difficile. Les rencontres avec Walter Benjamin en 1923 puis avec Alfred Sohn-Rethel en 1936 seront autant d'occasions de relecture de la première Critique dont ce cours de 1959 livre les strates de mémoire en même temps qu'il les réarticule dans une perspective propre, comme on fait soudain rayonner une nouvelle question philosophique depuis son passé oublié.
Kant est le philosophe qui permet à Adorno de retrouver un moment de non-identité dans la connaissance et de ressaisir ce qui a été perdu de la chose dans son traitement conceptuel. Les choses en soi, c'est-à-dire l'inconnaissabilité de l'en soi des choses, que Kant ne voulait pas abandonner - en dépit de toutes les critiques qu'elles lui valurent - parce qu'elles réservaient l'avenir de la métaphysique, sont interprétées par Adorno comme les dépositaires de l'irréductible inadéquation entre la connaissance et la chose. Et cette irréductibilité kantienne fait voler en éclats le mensonge premier de l'idéalisme, qui consiste à réduire tout objet à sa constitution par le sujet.
Détour par Kant, retour de Kant - Kant nomme la différence d'Adorno dans la filiation hégélienne et marxienne de sa pensée, et cette différence apparaît ici comme une des entrées décisives dans le laboratoire de la Dialectique négative (1966), puisque s'y élaborent à la fois la thèse du « primat de l'objet » -
Mes favorites
Vita Sackville-West, Graham Rust
- Klincksieck
- De Natura Rerum
- 18 Septembre 2020
- 9782252044940
Quand Virginia Woolf, aussi fascinante et au venin aussi meurtrier que cette horreur, la vipère du Gabon (Bitis gabonica) la mord au coeur en lui disant qu'elle écrit « de l'extérieur » - sous-entendu qu'il vaudrait mieux qu'elle fasse autre chose - Vita Sackville-West aurait pu répondre qu'elle, Virginia, ne connaissait rien au jardinage, occupation tout aussi meurtrière, si on la conçoit comme un des beaux-arts.
Elle ne le fit pas, sans doute parce qu'elle était trop blessée, trop généreuse et, même si c'est démodé, trop bien élevée pour faire ce genre de répartie.
Il faut lire ce petit livre, musical comme un jardin Anglais, pour retrouver à la fois l'artiste et la jardinière, c'est-à-dire aussi bien des images de rêve que des conseils pratiques à toutes celles (ceux) qui ont ou désirent avoir la main verte La main d'un maître, écrivait Rimbaud, anime le clavecin des prés.
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CE LIVRE compile des légendes et des contes anciens d'Argentine, recueillis puis réécrits par l'écrivain et naturaliste William Henry Hudson, alias Guillermo Enrique Hudson. La première histoire du recueil est aussi la plus connue, elle s'intitule « El Ombú ». À l'ombre de cet arbre majestueux et solitaire, la voix du vieux Nicandro s'élève sur l'étendue des Pampas. Alors commence l'émerveillement.
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La prairie ; la vie privée d'un champ anglais
John Lewis-Stempel
- Klincksieck
- De Natura Rerum
- 18 Mars 2022
- 9782252046548
« Fascinant... On a écrit des livres sur des pays entiers à la galerie de personnages moins intéressants que ceux de Lewis-Stempel et son champ aux confins du Pays de Galles. Les renards, les milans royaux et les campagnols deviennent aussi intrigants que les héros d'un drame de HBO. » Tom Cox, Observer De loin, un champ a l'air d'un seul tenant ; mais de près ? Que se passe-t-il vraiment dans l'herbe haute ?
En apparence, La Prairie est un simple journal : de janvier à décembre, John Lewis-Stempel raconte le passage des saisons, des renoncules au printemps à la coupe des foins en été et au pâturage en automne. Il dévoile les vies des animaux qui habitent l'herbe et le sol : le clan des blaireaux, la famille des renards, la garenne des lapins, la couvée des alouettes des champs et le couple de courlis, entre autres. L'histoire de leur naissance, leur vie et leur mort est une biographie intime de la vie animale.
Rapprochez-vous encore un peu, suivez les phrases ciselées de Lewis-Stempel et vous vous apercevrez, par exemple, que ce qui paraît plat ne l'est pas vraiment, que ce qui paraît petit est grand et ce qui paraît un est multiple.
En d'autres termes, vous vous apercevrez que la prairie qui enchante le regard - et l'estomac des moutons - est, à elle seule, un monde.
« Je ne vous parlerai que de ce que l'on ressent quand on travaille et qu'on observe un champ auquel on est lié depuis toujours. Tout essai de rationalisation... est inutile », nous aura avertis Lewis-Stempel.
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Chronique berlinoise / enfance berlinoise vers mil neuf cent (2 volumes) : oeuvres et inédits 11
Walter Benjamin
- Klincksieck
- 13 Septembre 2024
- 9782252047439
Enfance berlinoise, rend évidente la filiation qui existe entre les deux, de
sorte que les deux ne constituent qu'un seul et unique texte en
constante évolution autant dans sa destination et que dans sa forme.
Partant d'une chronique, le regard de l'auteur se focalise sur des
éléments extraits de l'espace berlinois de son enfance qui, libérés de
toute charge anecdotique, sont autant de plongées dans l'histoire
collective d'une génération. La perspective choisie, celle de l'enfant qu'il
a été, est celle de la découverte d'un monde nouveau, celle d'un
étonnement toujours renouvelé devant le monde des adultes. Ainsi
celui de la guerre : si les adultes admirent un homme qui a « mené une
guerre » (einen Krieg führen), l'enfant s'étonne que l'on puisse mener
une guerre comme on a « mené (führen) un rhinocéros ou un
dromadaire et être ainsi devenu célèbre ».
La nouvelle édition restitue les textes de Chronique berlinoise tels
qu'ils ont été conservés, tous les brouillons et notes, les listes de textes
préparatoires à une édition, sans choix restrictif, sans imposition d'un
ordre, et tire de leur obscurité une vingtaine de textes en vers, que les
Gesammelte Schriften avaient relégués dans les remarques. Ainsi la
Chronique apparaît-elle sous son vrai jour : un brouillon fragmentaire
portant toutes les biffures, les erreurs grammaticales de l'ébauche,
toutes les hésitations qu'effacent au contraire les Gesammelte Schriften
et la traduction française qui en a été publiée.
Pour Enfance berlinoise, La présente édition rassemble l'ensemble
des textes. Elle publie les deux tapuscrits (1933 et 1938), restitue dans
leur intégralité la liasse de manuscrits remise en 1939 à Gretel et
Theodor Adorno (nommée « Exemplaire Felizitas ») et celle destinée à
son fils Stefan (« Exemplaire Stefan »), toutes deux assorties des notes
marginales. Elle ajoute tous les brouillons et notes, ainsi que le listes de
textes préparatoires à une édition, reflétant la réflexion de l'auteur sur
la composition du recueil. Elle donne aussi les pièces parues dans des
revues du vivant de Benjamin. Elle ajoute enfin les traductions que Jean
Selz a faites avec l'aide de Benjamin.
C'est donc un cheminement à travers tout le complexe de ce work in
progress que propose cette édition : dans la composition des liasses à
différents stades de leur rédaction, même si leur datation reste en
grande partie impossible, dans l'évolution de la forme, dans celle de
l'écriture des pièces et de leur degré d'abstraction. Aucune de ces
versions n'est privilégiée par l'éditeur, aucune n'est présentée comme
version de référence. À chacune est accordée la même place et la
même importance. -
Le parcours de la vie d'Artemisia Gentileschi, de par sa condition de femme évoluant dans des milieux professionnels exclusivement masculins, révèle une lutte constante pour son affirmation personnelle et artistique, marquée par plusieurs épisodes dramatiques, du viol subi dans sa jeunesse jusqu'aux dures rivalités auxquelles elle dut faire face, en particulier envers son propre père qui tolérait difficilement que celle qu'il avait formée depuis l'enfance finisse par le surclasser - sans compter les embarras d'argent quasi permanents, conséquences des aléas et de l'irrégularité des commandes.
Artemisia a laissé quelques lettres, publiées sporadiquement en Italie. Mais comme le cas socio-professionnel d'Artemisia est particulièrement digne d'attention, sont également publiées dans cet ouvrage une quinzaine de missives écrites et envoyées par des membres de son entourage : son père le peintre Orazio, son mari Paolo Antonio Stiattesi, le plus illustre de ses amants Francesco Maria Maringhi, et d'autres agents s'intéressant à la production picturale d'Artemisia.
Cette correspondance est lacunaire : n'ont survécu que des séries de missives, découvertes au fil du temps dans des archives et des éditions « princeps » partielles. Elles couvrent quatre périodes :
1611-1612, pour les documents concernant le viol ; 1615-1620, pour les lettres adressées à son amant Francesco Maria Maringhi ; 1630- 1639, pour la correspondance avec les ducs de Modène et de Toscane, Galilée et d'autres commanditaires ; enfin, une série de douze lettres à Don Antonio Ruffo, écrites entre 1649 et 1651.
S'il est limité, ce corpus est riche de contenus. Comme le Carteggio de Michel-Ange, il évoque bien d'autres problèmes que picturaux ;
Beaucoup de lettres touchent aux difficultés d'argent, aux dettes de l'artiste et de son mari, aux frictions avec certains membres de sa famille et avec l'opinion publique (surtout quand sa liaison avec Maringhi fut connue), ou aux difficultés de livraison des oeuvres. Il constitue donc un témoignage hors du commun de la vie de celle qui fut l'une des premières figures féminines majeures de l'histoire de la peinture occidentale -
À la recherche du temps perdu de Marcel Proust a rendu internationalement célèbre le nom de Ruskin. Mais l'image ainsi donnée de son oeuvre est biaisée, car John Ruskin (1819-1900) n'était pas qu'un spécialiste de Turner ou de l'architecture gothique.
Sa science s'étendait à la géologie, à l'histoire naturelle ou à l'économie politique. Le nombre de ses travaux, dans ces domaines également, est considérable.
Ces Écrits naturels réunissent, pour la première fois en français, quatre conférences d'histoire naturelle, dans lesquelles l'érudition prodigieuse de Ruskin s'allie à une verve humoristique déconcertante. Qu'il retrace le mythe d'Arachné, qu'il discoure sur le rouge-gorge, le crave à bec rouge ou sur les serpents, Ruskin se laisse entraîner par des réflexions beaucoup plus vastes, plus profondes, et toujours insolites. Un regard unique sur la nature, à découvrir de toute urgence. -
Chants d'oiseaux
William Henry Hudson, Alexander Francis Lydon
- Klincksieck
- De Natura Rerum
- 12 Mai 2015
- 9782252039632
« Le pinson des arbres, dans l'Est Londonien, les yeux crevés par des aiguilles rougies au feu, chante aussi en prison quand il s'est habitué à son existence dans le noir et, bien nourri, éprouve un bien être passager qui l'incite à la mélodie. Mais personne, pas même l'amateur d'oiseaux le plus dépravé, ne pourrait soutenir un seul instant que la joie du petit captif aveugle, qu'il chante ou se taise, est le moins du monde comparable à celle du pinson chantant en avril « au sommet du buisson », au milieu du grand monde ensoleillé, bleu au dessus, vert au dessous, avec le désir et le pouvoir, à la fin de la mélodie, de s'envoler rapidement à travers les champs de cristal de l'air vers d'autres arbres et d'autres bois. » À sa mort, en 1922, W. H. Hudson légua la totalité de ses droits d'auteur - ses oeuvres complètes comportent vingt quatre volumes - à la Société Royale pour la Protection des Oiseaux.
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Sont ici réunis en un seul volume les récits africains de Llewelyn Powys, écrits lors du long séjour qu'il fit au Kenya pour aider son jeune frère Willie, à la ferme qu'il avait acquise et soigner la tuberculose qui finit par l'emporter au sanatorium de Clavadel, en Suisse. Y apparaissent en pleine lumière, la vulgarité, la rapacité et la cruauté des sujets de Sa Majesté, exilés volontaires à la Colonie, tandis que rôdent les bêtes de proie, que rugissent les lions et que se déchaînent les éléphants qui jadis étaient des hommes avant d'être chatiés par Dieu, selon la croyance des Massai, la plus fière tribu de ces lieux. A l'opposé de l'Ebène et du soleil torride de l'Afrique, l'Ivoire de la lune, la déesse froide qu'adorait Mary Cowper Powys, la mère de Llewelyn, les contes du Dorset, narrés sous le signe de l'Ivoire, rivalisent en violence et en cruauté (La Torcol, par exemple) avec ceux qui embrasent la vallée du Grand Rift.
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Histoire brève mais véridique de la peinture italienne
Roberto Longhi
- Klincksieck
- Les Mondes De L'art
- 12 Septembre 2018
- 9782252040898
Roberto Longhi (1889-1970), l'un des plus grands historiens de l'art du XXe siècle, est l'auteur d'une oeuvre monumentale explorant en détail la peinture italienne. En 1914, le jeune Longhi n'a pas vingtcinq ans, mais déjà une plume alerte et des ambitions affirmées : le voici qui écrit pour ses élèves du lycée une Brève mais véridique histoire de la peinture italienne, énonçant les principes formels de l'art italien et étudiant son développement depuis les mosaïques byzantines jusqu'à la Renaissance et à l'ère baroque.
La première partie de l'ouvrage, intitulée « Idées », fournit une méthode nouvelle pour l'analyse du style des artistes ; la seconde, « Histoire », déroule une histoire de l'art italien à la lumière de cette méthodologie.
Longhi se révèle un maître subversif : au classicisme de Raphaël ou des Carrache, il préfère largement Piero della Francesca et Caravage, deux peintres encore peu célébrés qu'il contribuera grandement à faire sortir de l'oubli. Quant à Cézanne et aux impressionnistes, ils trouvent ici leur place comme la quintessence de la peinture italienne ! Mieux qu'aucune autre synthèse, ce voyage initiatique permet au lecteur de regarder des tableaux majeurs avec autant de savoir que de passion.
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Des hommes qui aiment les plantes
Stefano Mancuso
- Klincksieck
- De Natura Rerum
- 19 Septembre 2016
- 9782252040249
Ce livre relate les vies exemplaires, les anecdotes et les recherches de quelques hommes - naturalistes, botanistes, généticiens, philosophes et explorateurs - qui ont révolutionné notre idée du monde végétal.
Cinq siècles de stupéfiantes découvertes botaniques. Charles Darwin et l'orchidée de Madagascar qui ne peut être pollinisée que par une seule espèce de papillon ; la théorie fondamentale du savant anglais sur la fécondation croisée et sur l'évolution des plantes ;
Federico Delpino qui a étudié la collaboration entre végétaux et fourmis ; les observations de Léonard de Vinci sur la disposition adoptée par les feuilles pour capter la lumière solaire ; la découverte de l'Amorphophallus titanum par Odoardo Beccari à Sumatra ;
L'histoire tragique de Nikolaj Ivanovi? Vavilov qui, en cherchant à sélectionner en laboratoire un super-blé capable de nourrir des millions de Russes, préservera la diversité des plantes mais mourra de faim dans une prison soviétique. Et encore, le génie de Marcello Malpighi ; l'invention de la génétique végétale par l'abbé Mendel;
La vie extraordinaire de George Washington Carver, premier Noir américain diplômé, et la ténacité de Charles Harrison Blackley cherchant la cause du rhume des foins.
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De Caligari à Hitler ; une histoire psychologique du cinéma allemand
Siegfried Kracauer
- Klincksieck
- Hourvari
- 18 Octobre 2019
- 9782252041789
De Caligari à Hitler : ce titre célèbre caractérise en un significatif raccourci la période la plus riche de l'histoire du septième art allemand. En 1919, Le Cabinet du Dr Caligari ouvrait, en effet, l'ère de l'" écran démoniaque " et en 1993 Hitler brisait net le sonore. Entre ces deux dates l'expressionnisme témoigna des tourments de l'âme germanique tandis que le réalisme analysait une société en crise. Rarement le cinéma fut plus profondément enraciné dans la vie culturelle, politique et sociale d'un peuple.
Siegfried Kracauer devint en 1920 le critique cinématographique de la Frankfurter Zeitung et il y demeura jusqu'en 1933. C'est dire qu'il a suivi pas à pas le développement du cinéma dans son pays. Théoricien de l'esthétique, historien, philosophe, il entreprend d'étudier la propagande et les films nazis lorsqu'il arrive aux Etats-Unis, ce qui le conduit à remonter le courant et à écrire une étude psychologique fouillée qu'il publie en 1947 : From Caligari to Hitler (Princeton University Press). Ce texte, le premier qui utilise en cette matière les conquêtes du marxisme liées à celles de la psychanalyse, montre que le septième art, mieux que tout autre moyen d'expression, révèle dans sa vérité complexe la mentalité d'une nation. Immédiatement, ce livre monumental s'imposa comme un classique.
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Le parfait pêcheur à la ligne
Izaak Walton
- Klincksieck
- De Natura Rerum
- 9 Novembre 2017
- 9782252041000
Cet ouvrage se présente comme un manuel, un traité de pêche à la ligne, aux intentions précises et pratiques. Son intérêt et son utilité concernent à la fois le praticien de ce sport, ou de cet art nous dirait Walton, que le gastronome qui en déguste les produits.
Si alléchantes qu'en soient les recettes, si amoureusement ouvrées que soient les descriptions des « mouches », ce traité se distingue de manière évidente d'un genre fort à la mode au XVIIe siècle, en Angleterre comme en France, et qui vise à déployer, en virtuose, l'intégralité d'une technique ou d'un art. Ainsi, pouvait-on se procurer, en amateur, le Complete Gardener aussi bien que la Chirurgie complette...Le titre original de ce traité ne déroge pas à la règle (The Compleate Angler) mais élève l'exercice au rang de justification quasiphilosophique des vertus de la pêche : « un art digne du savoir et de la pratique d'un sage ».
De digressions en digressions, nous sinuons à l'ombre d'un fleuve où musique, religion et poésie s'écoulent avec éloquence. C'est que la pêche invite non seulement à la contemplation mais aussi au ravissement, en toute quiétude.
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Terminologie philosophique
Theodor W. Adorno
- Klincksieck
- Critique De La Politique
- 18 Février 2022
- 9782252045626
Comme la majorité des cours d'Adorno, la Terminologie philosophique est à lire comme une perspective sur l'oeuvre majeure en préparation depuis la fin des années 1950, à savoir la Dialectique négative. La perspective prise à partir du rapport constitutif de la philosophie à la langue est si inédite et étonnante qu'elle produit véritablement une nouvelle lecture de la Dialectique négative. Ce cours dispensé pendant deux semestres a été conçu par Adorno à la fois comme une introduction à la philosophie et comme une réflexion sur la manière dont les problèmes philosophiques sont indissociables de l'usage et de l'histoire de la langue.
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Cours d'esthétique
Theodor Wiesengrund Adorno
- Klincksieck
- Critique De La Politique
- 14 Janvier 2021
- 9782252044933
Le Cours d'esthétique fait partie du long et vaste chantier qui aboutira au livre (inachevé) d'Adorno : Théorie esthétique (1969).
Le texte consiste en la transcription de l'enregistrement de 21 cours tenus sur un semestre. C'est un cours au sens emphatique conféré à cette pratique par l'université allemande de cette époque : un lieu qui agence étroitement enseignement et recherche.
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Aby Warburg, une biographie intellectuelle ; étude sur l’histoire de la bibliothèque de Warburg, par Fritz Saxl
Ernst hans Gombrich
- Klincksieck
- Hourvari
- 22 Avril 2015
- 9782252039588
Les successeurs d'Aby Warburg, l'éminent fondateur de l'Institut qui porte son nom, envisagèrent pendant des décennies de publier les très nombreux documents laissés par celui-ci à sa mort en 1929 ; sans succès, tant ce projet était ambitieux et en partie irréalisable. L'historien d'art E. H. Gombrich, sollicité pour mettre ces documents en ordre, prit le parti de les trier afin de faire ressortir la trajectoire intellectuelle d'Aby Warburg.
C'est le sujet de cette biographie singulière, fruit de nombreuses années de décryptage et de sélection, où ne sont cités que des fragments pertinents des archives de Warburg à l'appui du récit rigoureux et lumineux de Gombrich. Warburg publia peu de son vivant, mais il eut une influence décisive sur des historiens d'art aussi différents qu'Erwin Panofsky et Kenneth Clark. La particularité des recherches d'Aby Warburg fait écho au parti pris de son biographe, féru de méthodologie : Warburg remettait en effet en cause une certaine théorie de l'histoire de l'art qui s'efforce de définir des « styles » et de les faire entrer dans des catégories, pour mettre l'accent sur des artistes singuliers, engagés dans des conflits subjectifs qui les amenaient à faire des choix personnels. D'après lui, l'artiste crée plus souvent en réaction à l'« esprit de son époque » qu'il ne la représente.
Connu surtout pour ses travaux iconographiques sur la Renaissance - dont une thèse sur Botticelli qui servit de point de départ à sa méthodologie - Warburg tenta de faire entrer en résonance les découvertes en psychologie et en anthropologie avec l'histoire de l'art, tout en considérant avec effroi et curiosité le progrès de la technologie moderne. Ce portrait d'une figure-clef de l'histoire de l'art nous fait aussi découvrir un psychologue de la culture qui s'interroge sur le destin de la civilisation occidentale alors même que celle-ci est sur le point de s'engager dans la phase la plus dramatique de son histoire.