C'est en s'inspirant d'un fait divers survenu dans le Maryland en 1949 que William Peter Blatty s'est lancé dans l'écriture de ce qui allait être l'un des plus grands succès de librairie de la seconde moitié du XXe siècle : depuis sa parution en 1971, L'Exorciste s'est vendu à plus de treize millions d'exemplaires dans les seuls États- Unis et a été traduit dans le monde entier. Succès encore amplifié par son adaptation au cinéma par William Friedkin deux ans plus tard et qui deviendra l'un des plus célèbres films d'horreur.
De quoi s'agissait-il ? Du comportement très étrange d'une gamine de douze ans, Regan, fille d'une actrice célèbre. Des bruits mystérieux, des meubles qui se déplacent dans la nuit... Autant de phénomènes de plus en plus effrayants devant lesquels les médecins restent impuissants. Lorsque la situation empire (on retrouve sous la fenêtre de la jeune fille le cadavre du meilleur ami de sa mère), il ne reste plus qu'à tenter l'exorcisme. À partir de cette trame, William Peter Blatty a bâti dans un style unique l'un des récits d'épouvante les plus célèbres de la littérature. On en jugera en le lisant portes et fenêtres hermétiquement closes !
A l'heure où Alabama Song de Gilles Leroy - un roman mêlant éléments réels et imaginaires, dont l'héroïne et narratrice est Zelda Fitzgerald - vient de recevoir le prix Goncourt, " Pavillons Poche " accueille l'unique roman (autobiographique) de la belle excentrique, scandaleuse, et vulnérable Zelda (dont l'héroïne se prénomme. Alabama). L'occasion d'aller à la source.
Zelda Fitzgerald incarne le romantisme, le glamour, une liberté qui n'a d'égal que son égoïsme et ses excès. Le simple et délicat rôle de muse ne la satisfait pas longtemps. Elle veut faire quelque chose par elle-même. Qui mieux qu'elle alors pour nous raconter sa vie, son couple, ses passions et ses tourments ?
Publié en 1932 aux Etats-Unis et en 1973 en France, Accordez-moi cette valse est devenu au fil des décennies un livre culte, une curiosité littéraire indispensable. Ce roman a la force des passions tragiques.
Jeune beauté du Sud, Alabama Beggs rencontre David Knight, aviateur et peintre. Ses toiles lui assurent un succès fulgurant et fructueux. Après une lune de miel orageuse, les jeunes mariés s'installent à New York où, dans le tourbillon des années folles, ils mènent une vie de bohème et de débauche. Ils séjourneront ensuite en France et en Italie. Délaissée par son mari, Alabama Beggs décide de devenir une grande danseuse et accepte un engagement à Naples. Le parallèle avec la vie de Zelda et Scott Fitzgerald est rapidement fait. Cependant, au-delà de la transposition biographique évidente, c'est le destin d'une femme amoureuse et passionnée qui nous est révélé et dont la fragilité et la folie - au travers d'une écriture cynique et grinçante - ne peuvent que nous toucher.
Accordez-moi cette valse est le roman d'un couple mythique dévoré par la gloire, c'est aussi le roman d'une époque, celle de la " génération perdue ".
Zelda Fitzgerald évoque la langueur du Sud, les transatlantiques, les " flappers " (le nom donné aux héroïnes du temps), la Côte d'Azur déserte en été des années 1920, les lumières de Paris. Sans oublier les fameuses " parties " qui ne s'achèvent qu'à l'aube. Elle et son mari vivent au milieu de la bohème des écrivains et des artistes de l'âge du Jazz et du gin. Zelda et Scott Fitzgerald (alias Alabama Beggs et David Knight) sont les icônes de cette " génération perdue " qui crut possible de marier la réussite, l'idéalisme et le culte de l'art.
Pendant près de vingt ans, de 1944 à 1962, Dino Buzzati a tenu un journal. Un étrange journal en réalité, qui loin de se borner à l'évocation d'anecdotes concrètes et quotidiennes, se saisit de la réalité pour en donner une version fantastique, la transformer en réflexion ou en dénonciation, en conte ou en parabole. En prenant bien souvent pour point de départ une situation banale, vue ou vécue, comme la file d'attente d'un guichet, une soirée mondaine ou une halte dans les toilettes d'un hôtel, Buzzati l'inscrit dans son monde intérieur, l'associe à ses thèmes fondamentaux, à ses obsessions et à ses angoisses. On retrouve les vieux démons de l'écrivain : la mort, le mensonge et l'inutile comédie humaine, la peur, le rêve et le questionnement inlassable de l'univers par l'homme, qui reste sans réponse. En 1950, Buzzati fait paraître ces carnets sous le titre En ce moment précis. L'aspect en est singulier, les formes variées (dialogues, chroniques, petits récits, réflexions, choses vues), mais on redécouvre au fil des pages le style incisif et ironique de l'auteur, sa plume marquée par le travail de chroniqueur, la profondeur spirituelle et l'inquiétude inhérentes à son oeuvre. Entre la célébration des choses insignifiantes et le regard désabusé sur les objets, Buzzati exprime sous un mode symbolique sa vision angoissée du monde contemporain, domaine des occasions perdues où règne le sentiment d'un quiproquo irrémédiable, celui qu'entretient l'homme avec la vie.