Les deux textes composant cet ouvrage constituent une présentation de la psychanalyse qui s'adresse d'abord aux non-spécialistes.
Qu'est-ce qui fait de nous des êtres capables de créer ?
Lorsque Diderot écrit que « les grands artistes ont un petit coup de hache dans la tête »,
il consacre une idée qui traverse les époques et les cultures, celle d'un lien entre folie et créativité. Qu'il s'agisse de la mélancolie selon Aristote, de la tempête des passions selon les Romantiques ou du manifeste surréaliste, tous célèbrent ce lien, au point de considérer la folie comme l'ordinaire des grands hommes.
Pourtant l'idée ne résiste guère à l'expérience quotidienne du psychiatre. Raphaël Gaillard montre ici, en racontant les troubles de plusieurs patients, comment affleure la créativité des hommes, mais aussi combien la maladie les entrave et les livre à la souffrance.
Faut-il conclure que ce lien n'est qu'une idée reçue, battue en brèche par les faits ? C'est à partir de récentes études scientifiques qu'il devient possible de résoudre cette apparente contradiction et de renouveler notre compréhension des conditions de la créativité. L'épidémiologie et la génétique montrent ainsi que c'est du côté des parents, enfants, frères et soeurs des patients que pourrait bien se situer la propension à la créativité. Le lien entre folie et créativité devient un lien de parenté : notre ADN nous rend vulnérables aux troubles psychiques en même temps qu'il nous permet de créer.
Ces troubles sont d'autant plus fréquents qu'ils s'avèrent être la contrepartie de ce qui fait de nous des êtres humains, le prix à payer pour notre créativité. Comprendre ce lien nécessite de rencontrer l'oeuvre d'art, d'y repérer le symptôme de notre condition humaine. Pour créer une oeuvre, il faut se représenter le monde en pensée. Or l'acte élémentaire de penser est en soi un acte de création, et un pouvoir qui n'est pas sans risque : en façonnant nos représentations du monde, nous devenons capables de les enrichir à l'infini.
Pour faire oeuvre ou pour se perdre.
Le rabbin et le psychanalyste - deux professions qui pour beaucoup représentent une promesse de révélation du sens. C'est par exemple la démarche très caricaturale du patient qui souhaite à tout prix que son psychanalyste interprète son rêve et lui en révèle sa signification sans ambiguïté, mettant fin à toute équivoque possible. Celui qui écoute, qui lit, serait donc détenteur d'une lecture «?vraie?», d'un sens authentique, signant la fin de la possibilité de toute autre lecture.
Delphine Horvilleur explique ici combien cette théorie de l'interprétation comme théorie du signe serait en réalité gage de la mort de l'interprétation, en l'enfermant dans une fidélité stérile et sourde.
Du théâtre de Shakespeare, on retient des phrases cultes, et on ne connaît souvent que certaines grandes pièces. Or c'est un trésor inépuisable - que des lectures peuvent renouveler. Celle de Daniel Sibony le déploie ici intégralement, l'analyse pièce par pièce et révèle sa richesse percutante. Étonnant Shakespeare, qui évoque si puissamment les questions d'amour et de pouvoir qui nous hantent, et qui récuse nos visions binaires de l'humain, du genre?: vrai ou faux, juste ou injuste, bon ou mauvais, homme ou femme, citoyen ou étranger. Il montre qu'entre les deux, c'est le jouable qui importe. Pour Shakespeare, «?le monde entier est un théâtre?»?: la réalité, qu'il creuse avec des nuances infinies, ne vaut que si elle peut être jouée, de même pour nos vies. Il nous révèle toujours déjà engagés dans le jeu d'exister, face à l'infini des possibles. À travers ses personnages d'un autre temps, nous retrouvons tous les thèmes qui nous occupent aujourd'hui, épurés, symbolisés. Et de revivre à distance, transfigurées dans le comique ou le tragique, les impasses où nous nous débattons, ne serait-ce pas un moyen d'y trouver une issue?? Et si Shakespeare, poétiquement, nous aidait à trouver le chemin d'une libération?? Daniel Sibony est philosophe, psychanalyste, auteur de nombreux ouvrages parmi lesquels, chez Odile Jacob, De l'identité à l'existence, Question d'être, et le dernier?: À la recherche de l'autre temps. Il a aussi écrit sur l'art, les religions, la clinique, le rire et la psychopathologie de l'actuel.
La guerre civile, vers laquelle a rapidement évolué le soulèvement en Syrie né dans le sillage du « Printemps arabe », a contribué au développement et à l'ancrage de Daesh, qui restera dans l'histoire et dans la mémoire collective comme l'exemple d'une sauvagerie brute. La cruauté d'une guerre devenant de plus en plus complexe a provoqué la fuite des humains qui ont côtoyé la déshumanisation et ont vécu les affres de l'exil lorsqu'ils n'ont pas été engloutis par la Méditerranée.
Par quoi passe l'analyste qui travaille avec celles et ceux qui fuient la guerre ou les rescapés qui ont vu et vécu l'insoutenable ? La cruauté des images qui nous parviennent via les réseaux sociaux et les médias se redouble de la violence dans le récit des patientes et des patients. Comment travaille l'analyste lorsqu'elle est déjà pleine de toutes les horreurs vues avant de les avoir entendues ? Comment travailler en temps de guerre ? Peut-on garder une neutralité lorsqu'on reçoit des rescapés qui ont éprouvé faim, soif, désabri et ce qui défait le corps et la pensée ? Comment retrouver « le luxe de la psyché » lorsque l'individu a vu, vécu la déshumanisation, la déliaison et les ravages de la pulsion de mort, la plus pulsionnelle des pulsions, celle qui prend comme expression la destructivité ?
Et comment travaille l'analyste lorsque la guerre en Syrie va de pair avec la radicalisation et les attentats en France ?
Voici l'histoire, presque le roman vrai, de James et Alix Strachey, passeurs de la psychanalyse en langue anglaise au début des années 1920. Ils appartiennent au groupe de Bloomsbury, une bande d'intellectuels et d'artistes dont Virginia Woolf et son mari Leonard, fondateur des éditions Hogarth, deviendront les figures phares.
James Strachey et sa femme Alix partent à Vienne en 1920 se former auprès de Freud à la psychanalyse et à la traduction. L'entente avec le fondateur est immédiate. Il leur confie des textes à traduire et discute avec eux du choix des termes. De retour à Londres, le couple achève la traduction des Cinq Psychanalyses de cas de Freud et la publie au coeur du Bloomsbury littéraire : à la Hogarth Press.
De façon inattendue, vingt ans plus tard, en 1946, l'aventure de traduction reprend. Après la mort de Freud, son fils Ernst souhaite une édition complète de référence et pressent James Strachey et Leonard Woolf, seuls à la hauteur de cette tâche pharaonique. A soixante ans, James, devenu un psychanalyste renommé, accepte de tout abandonner pour s'y consacrer, mais pas sans. Ce sera la Standard Edition en 24 volumes, achevée en 1966. Le rêve de Freud est exaucé : il est devenu un auteur anglais.
Cet ouvrage est à ce jour la seule et unique introduction au chef-d'oeuvre, sans égal même en allemand, que constitue la Standard Edition.
Henriette Michaud, psychanalyste, membre du Cercle freudien, angliciste et germanophone, déchiffre et met en scène le lien intime qui unit Freud aux Anglais et à la langue anglaise, dans Les Revenants de la mémoire, Freud et Shakespeare (PUF, 2011), Freud éditeur, les Almanachs de la psychanalyse, 1925-1938 (Campagne Première, 2015).
L'analyse transactionnelle est l'étude de la communication entre les individus : messages verbaux et non verbaux, interactions, drivers, signes de reconnaissance, états du Moi, scénario...
Et si on (re)découvrait :
- le conflit intergénérationnel avec Les invasions barbares ;
- les tensions dans le monde professionnel avec L'insulte ;
- la relation mère-fille avec Sonate d'automne ;
- le scénario du naufrage comme chemin vers l'autonomie avec Titanic...
1 film + 1 spécialiste = 1 concept-clé expliqué !
L'analyse transactionnelle n'aura plus aucun secret pour vous !
Construire un livre rassemblant les articles les plus représentatifs de la pensée de Françoise Coblence était plus qu'un hommage : une évidence, du fait de la profondeur et de la diversité de ses textes, jamais réunis jusque-là. Les thèmes qu'elle a examinés sous un prisme psychanalytique (rêve, pensée en séance, pulsions, affects...) sont aussi nombreux que les outils conceptuels auxquels elle a eu recours pour discuter et éclairer l'épistémologie psychanalytique, qu'ils relèvent de l'esthétique (littérature et poésie, image, musique, question de la forme en général) ou d'autres domaines de la philosophie (phénoménologie, politique, éthique...), sans oublier la perspective historique toujours présente. Ainsi, plutôt que de les regrouper en fonction d'une proximité thématique, les directeurs ont pris le parti de les faire se succéder par ordre chronologique de publication, de 1993 à 2020.
La réalité est divisée chez Freud entre réalité matérielle et réalité psychique, et chez Lacan entre réalité et réel. Le réel, tout en restant inaccessible, commande les symptômes du sujet, à son insu. Quelles en sont les conséquences sur l'enjeu d'une cure ?
À partir de là, Pierre Bruno pose les contours de ce qui, dans une cure analytique conclue de façon satisfaisante, peut apporter au sujet une réponse aux questions existentielles, dont l'abord aura été auparavant réservé à la magie et aux religions. Il en vient ainsi à revisiter les moments qui conditionnent un tel parcours, démontage du fantasme d'une part, repositionnement du Nom-du-Père d'autre part.
La vérification de cette issue implique que l'analysé soit délesté du surmoi, qu'il ait déjoué les artefacts magiques et religieux, et qu'il se soit départi du « je n'en veux rien savoir » dont la science voudrait faire son credo. En effet, celui-ci n'a rien à voir avec le « je n'en veux rien savoir » qui se décline à la fin d'une analyse, et dans le dénouement du transfert, et dans le consentement à une division, non suturable, entre savoir et vérité.
« Lever une souffrance psychique qui ravage l'existence, résoudre une difficulté que l'on croit insoluble, retrouver un sens à sa vie : on démarre souvent une thérapie quand tous les autres espoirs ont été déçus. Mais si les discours "psys" sont omniprésents dans notre société et si la consultation psychothérapeutique semble plus démocratisée que jamais, le soin psychique conserve toujours la même opacité. Ce mystère persistant peut dissuader de s'y engager ou, plus grave encore, conduire un patient à supporter une thérapie inféconde, voire dangereuse.
Quand faut-il consulter ? Comment choisir son thérapeute ? Toutes les psychothérapies peuvent-elles répondre à toutes les demandes ? Quelles sont les règles à respecter en séance ? Que signifie le silence d'un thérapeute ou son refus de poser un diagnostic ? Que faire en cas d'urgence ? De quelle manière la parole et l'écoute peuvent-elles soigner ? Comment le transfert participe-t-il au soin ? Peut-on faire une thérapie en ligne ? Quand faut-il interrompre sa prise en charge ?
Cet ouvrage répond aux interrogations qui peuvent entraver le soin mental, à toutes ces questions que l'on se pose avant, pendant et après une thérapie. J'ai voulu dévoiler les coulisses des consultations en présentant des séances réelles avec mes patients et offrir à chacun une boussole pour s'orienter dans cette odyssée vitale de la douleur à la rencontre de soi-même. »
S. D.
Les apologues constituent indéniablement une caractéristique du séminaire et l'une des marques ? guère identifiée jusqu'à présent ? du style très particulier de Lacan. Des enjeux essentiels de son enseignement sont ainsi rassemblés sur un mode très abordable et remarquablement riche dans chacun des chapitres constituant ce travail : la boite à sardines, la mante religieuse ou le pot de moutarde... Autant de situations que Lacan reprend régulièrement pour éclairer ses apports conceptuels. Son discours en devient alors immédiatement plus accessible, son ton se fait plus libre, voire impertinent. Chacun de ces apologues vient ainsi rendre compte sur un mode souvent surprenant et avec une inventivité toute particulière, de ses innovations théoriques : la fonction du regard, l'angoisse ou la Chose trouvent alors une description aussi inattendue que facile d'accès. Ces concepts rendus lisibles pour chacun et s'offrant comme outils pour le clinicien, témoignent de la richesse des apports de Lacan au mouvement analytique.
Voyage au pays de Psyché...
La psychanalyse est l'une des aventures les plus fortes du XXème siècle, un nouveau messianisme, né à Vienne entre 1895 et 1900, au coeur de la monarchie austro-hongroise et inventé par des Juifs de la Haskala en quête d'une nouvelle terre promise : l'inconscient, la clinique des névroses et de la folie. Phénomène urbain, la psychanalyse est une révolution de l'intime, fondée sur l'actualisation des grands mythes de la Grèce antique. Elle annonce que l'homme, tout en étant déterminé par un destin, peut se libérer de ses chaînes pulsionnelles grâce à une exploration de lui-même, de ses rêves et de ses fantasmes. Une nouvelle médecine de l'âme ? Certes, mais aussi un défi au monde de la rationalité. Cette discipline étrange a été injuriée autant par les religieux fanatiques que par les régimes totalitaires ou les scientistes forcenés, soucieux de réduire l'homme à une somme de circonvolutions cérébrales. Mais elle a été aussi tristement adulée par ses adeptes qui ont souvent contribué à son abaissement à force de jargon.
Pour ce Dictionnaire amoureux, j'ai adopté le style de la leçon de choses - classer, réfléchir, distinguer, nommer - afin d'éclairer le lecteur sur la manière dont la psychanalyse s'est nourrie de littérature, de cinéma, de théâtre, de voyages et de mythologies pour devenir une culture universelle. J'ai donc traversé des villes et des musées, rencontré des personnages et des thèmes qui me sont familiers et que j'aime particulièrement. De Amour à Zurich, en passant par Animaux, Buenos Aires, La conscience de Zeno, Le deuxième sexe, Sherlock Holmes, Hollywood, Gttingen, Jésuites, La lettre volée, Marilyn Monroe, New York, Paris, Psyché, Léonard de Vinci, etc., on trouvera ici une liste infinie d'expériences et de mots qui permettent de tracer l'histoire et la géographie de cette aventure de l'esprit en permanente métamorphose.
La plus libre des disciples de Freud, cette Lou Andreas-Salomé (1861-1937) qu'il appelle par son prénom et à laquelle il a confié la formation analytique de sa fille Anna, adresse au maître en hommage d'affection pour son soixante-quinzième anniversaire cette lettre ouverte. L'amie de Nietzsche et de Rilke, l'écrivain qui a laissé sur chacun d'eux la plus lucide des études, touche au cœur de l'analyse comme de l'écriture. Thérapeute, elle est du sérail. Freud n'hésite pas : il publie le livre aux Éditions psychanalytiques.
Freud est l'incarnation même d'une révolution. Avec l'avènement de la psychanalyse, c'est toute une vision du sujet humain qui est remise en question. Même si on parle aujourd'hui du déclin de la psychanalyse, la figure de Freud suscite les débats les plus passionnés, même aujourd'hui.
Le but de cet ouvrage est de vulgariser la pensée de Freud à travers les éléments biographiques qui ont jalonné son existence. Il permet au lecteur de (re)-découvrir ou comprendre Freud et la psychanalyse, et surtout pourquoi cette science ne peut être remplacée par les dérives neuroscientifiques (notamment la prescription abusive médicamenteuse).
Les avancées récentes en neurobiologie du cerveau ouvrent un nouvel espace d'exploration de la pensée, de la vie psychique et de l'inconscient.
Cet ouvrage pose une question particulièrement brûlante aujourd'hui : celle du rapport entre la psychanalyse et les découvertes de la neurobiologie rendues possibles par les progrès techniques. Ces dernières exercent une grande séduction, car elles révèlent ce qui était invisible et en grande partie inconnu. L'auteur traite d'entrée de jeu des différentes théories des dépressions et des antidépresseurs, de l'empathie, des affects et des émotions primaires. De fait, dans les pratiques thérapeutiques et dans les théorisations, plusieurs abords s'avèrent souvent indispensables, étant donnée, par exemple, l'importance prise par les addictions et les psychotropes.
Les connaissances des sites et des circuits cérébraux - et, plus récemment, de la neuropharmacologie - ont apporté de nouvelles bases aux recherches sur les rapports entre la neurobiologie du cerveau, les psychologies cognitives et la psychanalyse. En dépit des différences de méthodes et d'épistémologies, elles ouvrent un nouvel espace d'exploration des conditions biologiques de la pensée, de la vie psychique : de leur genèse et de leurs dysfonctions. Au-delà des divergences, peut-on concevoir des zones de convergence entre « l'inconscient neurocognitif », « l'inconscient émotionnel » et « l'inconscient pulsionnel » des psychanalystes ?
La notion de transfert est sans doute l'une des plus déterminantes de la psychiatrie, grâce aux découvertes de la psychopathologie freudienne. Ce concept reste une invention géniale de Freud pour comprendre et soigner la névrose occidentale poids moyen, mais aussi des pathologies archaïques, et notamment des psychoses. La terminologie officielle de la psychiatrie, dominée par la classification internationale du dsm V, a délaissé ces concepts au profit d'un catalogue de comportements observables, de troubles divers, susceptibles de prescriptions médicamenteuses ou de thérapies cognitivo-comportementales, et débarrassées de toute connotation psychanalytique.
Pierre Delion revient sur l'apport de Tosquelles et de la psychothérapie institutionnelle pour repenser la métapsychologie du transfert à l'aune des pathologies archaïques. Il insiste sur la nécessité de l'institution, dont la constellation transférentielle est la plus petite forme, comme chaînon manquant dans leurs prises en charge. Ces phénomènes de transfert sont à élaborer collectivement. Mais pour qu'une équipe de psychiatrie ou toute autre équipe du médico-social ou du social accueillant ces pathologies y parvienne, encore faut-il travailler ensemble sur les conditions de possibilité d'un tel dispositif. En effet, il est important de se remémorer l'histoire de la psychothérapie institutionnelle pour apercevoir les raisons qui ont conduit à son élaboration, les résistances qu'elle a rencontrées et les stratégies qu'elle a dû composer pour l'atteindre.
Le déclin de la référence à la psychanalyse et la médicalisation de la maladie mentale dépossèdent le patient d'un quelconque savoir à l'égard de ses troubles et de la valeur de sa parole. Ainsi la pratique clinique hospitalière s'est grandement appauvrie dans l'art de la rencontre et du dialogue. Or Jean-Claude Maleval rappelle que les psychoses ordinaires et extraordinaires s'ancrent dans une logique subjective qui doit être prise en compte dans leur traitement.
Tirant enseignement de son expérience clinique, il montre que la psychanalyse avec des sujets psychotiques gagne à s'orienter sur une conversation, qui vise l'apaisement de la jouissance dérégulée plus que le déchiffrage de l'inconscient. Ces conversations psychanalytiques s'inspirent de stratégies spontanément utilisées par les sujets psychotiques pour tempérer leur angoisse : productions d'écrits, de phénomènes psychosomatiques, de passages à l'acte, voire recours à l'absence de désir, aussi bien qu'à des fantasmes ou des symptômes originaux. Celles-ci témoignent d'une grande créativité qui n'a rien en commun avec les déficits cognitifs auxquels la psychiatrie actuelle tend à réduire la psychose.
L'ensemble de ces trois articles écrits à la fin de sa vie permet d'apercevoir tout à la fois la continuité du propos de Freud et les modifications profondes qu'il a introduites à l'égard des premières formulations de la psychanalyse. Ainsi au temps de la découverte de l'inconscient et de son élaboration, succède celui de la prise en compte de ses conséquences qu'elles soient d'ordre clinique ou d'ordre théorique. Des questions qui ne pouvaient pas être anticipées apparaissent : si une psychanalyse est possible et démontre ses effets, en quoi peut consister sa fin ? Sur quels critères la fonder ? Peut-on en attendre une unité, voire une harmonie du sujet avec lui-même ? Mais aussi : à quelles conditions une telle fin est-elle pensable ? Toutes ces questions conduisent Freud à examiner la valeur des résultats produits par la psychanalyse.
Les trois écrits de ce livre ont été rédigés à Vienne, puis à Londres, entre 1937 et 1938. Ils constituent l'ultime enseignement de Freud qui y jette ses dernières pensées au sujet de la fin de l'analyse. La traduction s'accompagne du texte original allemand, permettant au lecteur de se reporter aux concepts fondamentaux, tels que Freud lui-même les formule. Elle prend pour guide de lecture l'oeuvre de Lacan, et s'efforce de faire entendre en français le poids du signifiant allemand, au point parfois de surprendre.
Des petits livres pour découvrir et aimer les grands penseurs !
Un petit livre pour découvrir ou redécouvrir Freud, le père de la psychanalyse mais aussi une figure controversée, encore aujourd'hui, grâce à une partie biographie, une partie analyse des concepts et une partie un plus ludique sur un aspect méconnu du penseur.
Au retour d'un voyage à Vienne début 2018 - c'est-à-dire au lendemain du retour de l'extrême droite au pouvoir en Autriche -, Yann Diener écrit un texte intitulé 'Vienne, toujours freudienne?' pour la chronique qu'il tient dans Charlie Hebdo. Ce texte l'incite à réunir les chroniques dans lesquelles il traitait déjà du concept de répétition. Comme ces chroniques, les chapitres qui les prolongent ici obéissent à l'exigence d'articuler des concepts de la psychanalyse à des questions politiques, pour pouvoir repérer les plis d'une Histoire chiffonnée. Chiffonnée, comme disait le "petit Hans" à propos de sa girafe ; chiffonnée, comme l'histoire même de ce livre (Yann Diener a en effet pris la suite de la chronique que tenait Elsa Cayat jusqu'à sa mort dans l'attentat du 7 janvier 2015). Mais la connotation négative du mot - qu'est-ce qui te chiffonne? - cède ici la place à une conceptualisation progressive, d'un pli à l'autre.
Le chiffonné, qui n'a pas encore beaucoup attiré l'attention des analystes, est un objet théorique qui vient du champ de la physique autant que du rêve d'un jeune garçon de cinq ans vivant à Vienne au début du XXe siècle.
"L'image arrive souvent sous cette forme : l'analyse touchera à sa fin quand... Ce qui suit a tout d'un inventaire à la Perec : quand elle aimera danser, quand il saura nager sous l'eau, quand il présentera un concours de soliste, quand elle rencontrera un homme autre que "perdu sans collier", quand il pourra penser à rien, quand elle découvrira que j'existe, quand il arrêtera d'avoir faim, quand elle cessera de confondre "faire une analyse" et "faire une scène", quand il (ou elle) prendra une maîtresse, quand elle aura le temps...
Au fil d'une même analyse, les images changent. Leur valeur prédictive, elle, vaut ce que vaut le bulletin météo. Pour Anaïs l'image était : quand nous pourrons parler tranquillement de la pluie et du beau temps."
"Ce livre se penche particulièrement sur la question de l'excès d'amour, que ce soit l'amour fou de la mère pour son bébé ou l'amour fou de l'adolescent pour l'autre tant désiré.
Comment se joue l'amour fou dans la rencontre entre le bébé et sa mère ? Se rejoue-t-il à l'adolescence ? La dimension hallucinatoire de la première rencontre entre le bébé et sa mère jusqu'au drame triangulaire de la tragédie oedipienne de l'enfance est-elle réactivée dans l'après-coup du coup de foudre amoureux de l'adolescence et de la jalousie des pairs ? à partir de leur expérience clinique, les auteurs se penchent sur la nécessité de mieux différencier l'amour fou de la passion amoureuse. L'amour fou évoque une attraction irrépressible à la fois pulsionnelle et passionnelle : pulsionnelle où la source et l'objet se confondent ; passionnelle où le complémentaire et l'identique s'estompent. L'amour fou pose la question des modalités d'un travail analytique et en particulier des obstacles au transfert, tout autant avec le couple mère(père)-bébé qu'avec l'adolescent."
« C'est vraiment trop injuste ! » Qui n'a jamais exprimé la plainte de Calimero ? Qui n'a jamais, aussi, pesté contre les bougons, grincheux et grognons qui passent leur temps à formuler leurs griefs ?
Saverio Tomasella, psychanalyste, s'adresse ici aux Calimero qui voudraient devenir moins râleurs, ainsi qu'aux proches de ces individus difficiles à vivre.
Nous faisons tous partie, plus ou moins consciemment, de cette cohorte d'éternels mécontents. Alors, comment sortir de la plainte ? L'auteur montre qu'en identifiant les maux véritables qu'elle recouvre, en reconnaissant, chacun dans son parcours de vie, les souffrances qui n'ont pas été entendues, il est possible de retrouver le gout de vivre sans se plaindre - et même dans la joie !
Quel discours se soucie encore de la vérité?? Pourquoi tenir cette exigence de vérité quand la parole est noyée dans des flux permanents d'informations et de duplications?? La littérature et la psychanalyse partagent un rapport singulier à la parole : celui du déploiement. À l'inverse de l'information, elles continuent à croire en la révélation d'une parole étrangère à l'intérieur de soi. En reprenant la scène de la rencontre entre Diane et Actéon des Métamorphoses d'Ovide, Yannick Haenel offre au lecteur une réflexion sur l'amour et le langage comme exposition d'une solitude sans laquelle aucun discours vers l'autre ne serait possible.