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La valeur des choses : qui produit et qui profite dans l'économie mondialisée
Mariana Mazzucato
- Fayard
- Documents Fayard
- 24 Mai 2023
- 9782213712130
La valeur des choses est une dénonciation percutante du système financier mondialisé actuel. Mariana Mazzucato y étudie avec rigueur et brio la manière dont la valeur a été définie par les économistes des différentes écoles de pensée depuis le xviiie siècle jusqu'à nos jours, où le débat autour de la notion, trop souvent rabattue au simple prix, a complètement disparu.
C'est ainsi que la distinction entre création de la valeur et extraction de la valeur est devenue de plus en plus floue. Cette confusion a permis à certains acteurs économiques de se considérer comme producteurs de valeur, alors qu'ils ne faisaient en réalité que déplacer la valeur déjà existante, voire tout simplement en profiter, sous prétexte d'avoir pris tous les risques. De la Silicon Valley au secteur financier et à la grande industrie pharmaceutique - dont l'analyse vibre d'actualité depuis la pandémie de Covid -, ce phénomène touche tous les secteurs du capitalisme et est à l'origine de graves distorsions dans les politiques économiques.
Pour sauver notre économie de la prochaine crise et pour permettre une croissance à long terme et durable, il nous faut redéfinir comment nous devons et souhaitons mesurer la valeur dans nos sociétés. Il s'agit rien de moins que de repenser le capitalisme, le rôle de la politique, et rêver à un avenir meilleur.
Traduit de l'anglais par Christophe Beslon Lauréate du Prix Léontieff 2018 pour l'avancement des limites de la pensée économique, Mariana Mazzucato est professeure d'économie de l'innovation et de la valorisation des biens publics à l'University College London (UCL), où elle a fondé et dirige l'Institut pour l'Innovation & l'Intérêt général (IIPP). Elle est l'auteure d'ouvrages très remarqués : L'État entrepreneur (Fayard, 2021), qui a reçu le prix Colbert 2021 de l'Institut de France, Mission Économie (Fayard, 2022) et, avec Rosie Collington, The Big Con (2023), sur les sociétés de conseil. Elle conseille les décideurs politiques du monde entier sur la croissance durable, inclusive et fondée sur l'innovation. -
Le capitalisme est bloqué. Il n'apporte pas de réponses aux problèmes qui, depuis plusieurs décennies, constituent pourtant les défis vitaux de notre temps : les maladies, les inégalités, la crise environnementale.
Pour les résoudre, nous devons voir grand et restructurer fondamentalement le capitalisme de l'intérieur, l'orienter par un esprit d'innovation axé sur des missions, concrètes, impulsées par la puissance publique. L'État ne peut se contenter d'être un simple correcteur des marchés, mais doit au contraire les créer, gouverner les rapports entre les sphères publique et privée, et défendre le sens de l'intérêt général.
Mission Économie, dont les idées ont fait des émules dans le monde entier, propose une méthode pour sortir de l'impasse actuelle, en déterminant la nature même du capitalisme que nous voulons, inclusif, durable et gouverné par le bien public. -
Comment aider les pays pauvres à s?enrichir,par eux-mêmes, grâce à un commerce pluslibre et plus juste ?
Dans ce livre stimulant et engagé, le prixNobel d?économie Joseph E. Stiglitz et soncoauteur Andrew Charlton s?attaquent à l?undes grands défis auxquels les dirigeants dela planète sont aujourd?hui confrontés. Ilsavancent un modèle radicalement nouveau,et réaliste, pour gérer les relations commercialesentre les pays riches et les pays pauvres.Leur démarche vise à ouvrir les marchésdans l?intérêt de tous et pas seulement des économies les plus puissantes, àgarantir que le commerce fera effectivement progresser le développement,et à réduire au minimum les coûts d?ajustement.
Après un bref historique de l?Organisation mondiale du commerce et deses accords, les auteurs explorent les questions et les événements qui ontconduit à l?échec des négociations de Cancún et les obstacles qui empêchentle Doha Round d?aboutir. Puis ils énoncent les réformes et les principes quiconstituent la base nécessaire d?un accord fructueux.
Écrit dans un style limpide, riche en analyses et en exemples concrets, cetouvrage est incontournable pour tous ceux qui s?intéressent au commercemondial et au développement.
«La meilleure démonstration à ce jour des potentialités du commercepour le développement. [?] À lire ? et à appliquer ? absolument pour fairedu Doha Round un instrument de développement.» José Antonio Ocampo, secrétaire général adjoint des Nations unies pour les affaires économiques et sociales. -
en 1999, lors d'une manifestation, l'auteur entend une étudiante demander à son auditoire s'il sait où et dans quelles conditions ont été fabriqués les tee-shirts qu'il a l'habitude de porter.
professeur de commerce international et de finance, pietra rivoli la prend au mot et décide de suivre le parcours d'un de ces tee-shirts depuis la production du coton jusqu'à la confection et à la commercialisation. au cours de son périple, qui l'emmène au texas, en chine et en afrique, elle découvre que la réalité des marchés mondiaux est assez différente de ce qui est enseigné dans les cours d'économie.
alors qu'en vertu de la loi des avantages comparatifs la production de coton devrait prospérer dans le tiers-monde, c'est le pays le plus riche de la planète, les états-unis, qui en est le leader depuis deux cents ans. ce même pays, qui s'autoproclame champion du libre marché, est aussi extrêmement protectionniste pour son industrie textile. plus largement, la plupart des entreprises mondiales de ce secteur cherchent non pas à concourir sur les marchés, mais à les éviter grâce à des barrières obtenues par lobbying dans des tractations politico-économiques.
et, finalement, les seuls marchés libres sur lesquels atterrissent les tee-shirts sont les marchés africains de vêtements usagés. en suivant ces aventures tumultueuses, pietra rivoli retrace également l'histoire de la révolution industrielle en
grande-bretagne et celle du développement économique du sud des états-unis - grâce, malheureusement, à l'esclavage. ce livre passionnant, très documenté, éclaire les mécanismes réels du commerce international et arrive à point nommé pour nourrir les débats actuels sur l'ordre économique mondial.
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La Globalisation étant ce qu'elle est - un jeu dont les partenaires se multiplient -, il devient essentiel de prendre connaissance de la tradition euro-américaine dans son entier, afin de considérer sans fard ce que nous sommes, en dépassant les frontières de notre hexagone mental. En clair : le révélateur désormais le plus fiable de la culture occidentale, ce sont les montages juridiques analysés historiquement, agents toujours actifs d'une double tradition normative (catholique et protestante) aspirant au gouvernement planétaire.
Français, nous concevons mal que la notion de Révolution, étudiée par Harold J. Berman depuis son socle médiéval, puisse être associée à la passion évangélique de Luther et de Calvin. Le lecteur découvrira, à travers les réinterprétations combattantes de la Bible depuis le XVIe siècle, le poids insoupçonné du protestantisme dans la formation des espaces étatiques avec lesquels la France a rivalisé - l'Allemagne et l'Angleterre, notre Étranger proche. Ainsi se dévoilent des politiques fortement éloignées de notre héritage catholique refoulé.
Le génie de Berman est celui des auteurs qui savent reprendre la main quand le questionnement social s'enlise, et ouvrir à la pensée le champ des interprétations stratégiques. Libre de ses mouvements, il saisit la généalogie des Révolutions (au sens européen du terme) depuis le Moyen Âge pontifical jusqu'à l'ordre installé en Russie par Lénine, tout comme il fait une critique en règle du positivisme de Max Weber, qualifié si justement de « saint patron des théories sociales au XXe siècle ».
Enfin, cette grande leçon : il n'est d'interdiscipline que pratiquée par soi-même. Sa précision comparatiste, Berman la doit à sa conception d'une histoire du droit capable de se nourrir de théologie, de réinvestir la problématique des liturgies, des productions musicales et poétiques... et de se souvenir de la Romanité byzantine (l'orthodoxie) méthodiquement chassée de nos mémoires.
P. L.Harold J. Berman (1918-2007), historien juriste américain, est l'auteur d'une oeuvre abondante, non seulement érudite mais soucieuse de couvrir les grands domaines du droit (méthodes, religion, famille, criminalité, aide sociale, économie...). Les catégories en usage chez les économistes le classent parmi les libéraux. -
Un autre monde ; contre le fanatisme du marché
Joseph eugene Stiglitz
- Fayard
- 6 Septembre 2006
- 9782213627489
« Aujourd'hui, il existe une certaine conscience des limites des marchés. Les scandales des années 1990 ont jeté la finance et le capitalisme de style américain à bas du piédestal où ils se trouvaient depuis trop longtemps. Plus globalement, on a compris que la perspective de Wall Street, souvent à courte vue, était diamétralement opposée au développement, qui exige une réflexion et une planification à long terme.
On se rend compte aussi qu'il n'y a pas une seule forme de capitalisme, une seule bonne façon de gérer l'économie. il existe d'autres formes d'économie de marché (comme celle de la Suède, où la croissance est restée vigoureuse) qui ont créé des sociétés tout à fait différentes de celles des Etats-Unis, avec de meilleurs systèmes de santé et d'éducation et moins d'inégalité. Or, du moment qu'il y a des alternatives et des choix, ce sont les processus politiques démocratiques qui doivent être au centre des prises de décision, et non pas les technocrates.
L'un des principaux choix auxquels toutes les sociétés sont confrontées concerne le rôle de l'Etat. Le succès économique nécessite de trouver le juste équilibre entre l'Etat et le marché. Quels services l'Etat doit-il fournir? Quelles réglementations doit-il instaurer pour protéger les travailleurs, les consommateurs, l'environnement? Il est clair que cet équilibre change avec le temps, et qu'il sera différent d'un pays à l'autre.
Dans ce livre, je vais démontrer que la mondialisation, telle qu'on l'a imposée, a empêché d'obtenir l'équilibre requis. je veux souligner cependant que rien n'oblige à ce qu'elle nuise à l'environnement, aggrave les inégalités, affaiblisse la diversité culturelle et favorise les intérêts des grandes firmes aux dépens du bien-être des simples citoyens. Une mondialisation choisie, bien gérée, comme elle l'a été dans la développement réussi d'une grande partie de l'Asie orientale, peut beaucoup apporter aux pays en développement comme aux pays développés. » -
Poursuivant le procès du libéralisme sans limites amorcé dans La Grande Désillusion, Joseph Stiglitz s?appuie cette fois sur son expérience de quatre ans en tant que conseiller économique principal du président Clinton pour répondre à une question centrale : comment, au tournant du troisième millénaire, est-on passé du prétendu « triomphe » du capitalisme à l?américaine - bien entendu surévalué et fondé sur des bases très incertaines, notamment l?effervescence boursière et tout ce qui s?ensuit (stock-options, tyrannie des actionnaires...) - à une chute retentissante ? Avec une clarté de propos remarquable et une attention constante aux mécanismes économiques les plus concrets, il aborde le phénomène de la bulle spéculative, la vague des déréglementations aux Etats-Unis - en particulier dans le domaine des télécommunications - et leurs conséquences, ou encore les scandales comptables, à commencer par le premier et le plus retentissant : le cas Enron.A l?occasion de cette plongée au coeur des centres de décision de la plus grande économie de marché du monde, l?auteur procède à la démolition des divers mythes qui étaient au fondement des politiques économiques des Etats-Unis, mais aussi de nombreux autres pays occidentaux, dans les années 1990 : la réduction du déficit ne relance pas l?économie ; l?impact des guerres sur cette dernière est négatif ; il n?y a pas de « héros » économiques (c?est la politique qui compte et non les hommes) ; la « main invisible » d?Adam Smith est invisible pour la bonne raison qu?elle n?existe pas ; la finance n?est pas la source de toute sagesse ; l?Etat n?est pas systématiquement mauvais... Enfin, fort de ses observations, Stiglitz esquisse les grandes lignes d?un « idéalisme démocratique », vision d?avenir fondée sur un juste équilibre entre le marché et l?Etat, et sur des valeurs telles que la justice sociale (égalité des chances, priorité à l?emploi) ou encore le droit du citoyen à l?information.Joseph Stiglitz a publié en 2001 aux éditions Fayard La Grande Désillusion.Traduit de l?anglais (américain) par Paul Chemla.
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Notre société a érigé la liberté comme l'une de ses valeurs cardinales, censée gouverner notre système politique comme nos vies privées. Les patrons sont souvent les premiers à vanter ses vertus, en faisant un pilier du capitalisme. Mais ces belles paroles s'arrêtent net à la porte des entreprises : en effet, dans le monde du travail, la hiérarchie, le contrôle, la surveillance continue semblent bien la règle. Pourtant, l'enquête de Brian Carney et d'Isaac Getz montre qu'il existe une autre manière d'agir et nous invite dans des entreprises où la liberté est devenue le principe de management. On y écoute les salariés au lieu de leur dire quoi faire. On les traite en adultes responsables au lieu de limiter les informations dont ils disposent et de faire contrôler chacun de leurs faits et gestes par une hiérarchie pléthorique. On encourage la prise de risque et l'initiative individuelle. Situées en France, aux États-Unis ou encore en Finlande, ces entreprises ont été « libérées » par des dirigeants visionnaires qui ont totalement révolutionné la culture de leurs firmes. En réveillant le potentiel humain qu'elles recelaient, ils leur ont fait battre des records de rentabilité. À travers leurs histoires, Brian Carney et Isaac Getz nous révèlent une autre manière d'être, enfin, libres, heureux et efficaces au travail. « Ce livre est d'une importance capitale. Il trace un chemin pour refonder le pacte entre les organisations et le milieu humain avec lequel elles se développent. » Enjeux - Les Échos
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Consommateurs ou citoyens ? D'ordinaire, les deux termes ne sont pas jugés antagoniques. Benjamin Barber démontre qu'ils le sont. Car le capitalisme a radicalement changé. S'il a pu être historiquement associé à des vertus qui ont aussi contribué à fonder la démocratie, il est aujourd'hui lié à des vices qui la détruisent.
L'"éthique protestante" de Max Weber, qui privilégiait le travail, l'épargne, la vie simple, la probité, la responsabilité et une économie oeuvrant à la satisfaction de vrais besoins, s'est muée en son contraire : un "éthos infantiliste" qui glorifie la consommation, la superficialité et la dépense inutile pour assouvir de faux besoins. Les ex-citoyens sont transformés en grands enfants, tandis que les vrais enfants et les adolescents deviennent l'épicentre et la cible privilégiée du marketing.
Benjamin Barber étudie sous divers angles cette régression culturelle, insistant notamment sur les progrès extravagants d'une privatisation qui dynamite le contrat social et n'épargne même plus les fonctions régaliennes de l'Etat, comme la police et l'armée, ou encore sur la création d'identités factices autour des marques.
Comment en finir avec cette éclipse de la démocratie, avec cette vie publique "schizophrénique" ? Pour l'auteur, ce n'est pas en essayant de miner le capitalisme consumériste de l'intérieur, en tant que consommateurs, ni en tentant de le brider, comme autrefois, dans le cadre devenu étriqué d'un Etat national. Le remède aux maux qui accablent la démocratie au sein des nations, c'est plus de démocratie entre les nations, et une action citoyenne mondiale. -
L'empire de la peur : Terrorisme, guerre, démocratie
Benjamin Barber
- Fayard
- Essais Fayard
- 5 Novembre 2003
- 9782213616674
« "Modèle" d?une société démocratique, l?Amérique réagit souvent avec un mépris ploutocratique aux exigences d?égalité planétaire, dénonçant un «axe du mal» nébuleux sans tenir compte d?un axe de l?inégalité flagrant. [?] Elle croit que, même si elle appuie la dictature dans des pays qu?elle tient pour amis, elle peut imposer la démocratie à la pointe du fusil à des ennemis à terre. Elle croit que des marchés privatisés et un consumérisme agressif, affranchis des contraintes démocratiques, sont les instruments qui forgeront la démocratie ; elle est convaincue que les autres nations peuvent instaurer la démocratie du jour au lendemain en important des institutions américaines qu?il a fallu des siècles pour former et développer aux Etats-Unis. La politique étrangère de guerre et de paix que mène aujourd?hui l?Amérique pour abattre la tyrannie et fonder la démocratie repose sur une compréhension défectueuse des conséquences de l?interdépendance et de la nature même de la démocratie. Et c?est ainsi que l?empire de la peur engendre l?emprise de la peur, hostile tant à la liberté qu?à la sécurité. »Benjamin Barber.Trauit de l'anglais (américain) par Marie-France de Paloméra.