Les textes de ce recueil font état de l'attachement de Vladimir Jankélévitch à Israël, à la conscience juive et à sa complexité. Surprenants, graves, remontant le fil de sa propre histoire, Jankélévitch donne à lire dans ses pages son lien fort à Israël et au judaïsme.
«Il n'y a plus personne, pas même moi, puisque je ne peux me lever, qui aille visiter, le long de la rue du Repos, le petit cimetière juif où mon grand-père, suivant le rite qu'il n'avait jamais compris, allait tous les ans poser un caillou sur la tombe de ses parents.»Tout le monde cite cette phrase de Proust, comme si elle donnait le fin mot de son rapport au judaïsme. Mais personne ne sait d'où elle vient. Madame Proust, née Jeanne Weil, ne s'était pas convertie : «Si je suis catholique comme mon père et mon frère, par contre, ma mère est juive», rappelait Proust à Robert de Montesquiou durant l'affaire Dreyfus.Certains voient dans cet aveu de la distance, voire de la honte de soi comme Juif, de même qu'ils soupçonnent d'antisémitisme les descriptions de Swann, Bloch ou Rachel dans la Recherche. Or il parut d'abord en anglais dans un hebdomadaire sioniste, The Jewish Chronicle, dans un hommage d'André Spire après la mort de Proust.D'où une enquête de deux côtés.D'une part dans la communauté juive. Comment Proust fut-il lu durant les années 1920 et 1930, dans la presse consistoriale, qui n'avait que faire de son roman, et par les jeunes sionistes, qui firent de lui un héros de la «Renaissance juive» ?D'autre part au Père-Lachaise, dans le caveau de Baruch Weil, l'arrière-grand-père de Proust, et auprès de sa descendance, dont Nathé Weil, le grand-père de Proust, et de nombreux oncles et tantes, cousins et cousines inconnus, huissier franc-maçon, colons en Algérie, ingénieur bibliophile, compositeur fou...Les deux fils se nouent et les côtés se rencontrent. Le destinataire de la fameuse phrase était Daniel Halévy, camarade du lycée Condorcet, et le manuscrit de la nécrologie d'André Spire est retrouvé. Le côté juif de Proust n'aurait-il plus de secret ?A. C.
Dès 1940, l'administration et la police française appliquent avec zèle les directives allemandes et marquent les Juifs comme des parias.
Maurice Rajsfus découvre alors qu'il est juif. Ce qui pour lui n'était qu'une tradition d'une famille lointaine restée en Pologne, devient une réalité qui changera le cours de sa vie. Cette décision administrative lui prendra ses parents et son innocence.
Ce livre, introspectif et combatif, est sa tentative pour reconstruire son identité, celle d'un « déserteur du judaïsme » qui ne peut s'empêcher d'être ému par le yiddish et qui se rendra jusqu'au village de sa mère pour se sentir Juif, deux heures dans sa vie.
Contrairement à ce qu'affirment tous les fondamentalismes, la transmission d'un héritage ne doit pas être une réplication à l'identique. Elle dépend d'une infidélité partielle, garante de surgissements inattendus, aujourd'hui comme hier.
Mariant filiation et rupture, la tradition juive ne se renouvelle qu'en étant bousculée et nourrie par sa rencontre avec d'autres. Delphine Horvilleur illustre brillamment cette vision ouverte de la religion et revisite, loin des interprétations convenues, quelques épisodes fameux de la Genèse. Elle montre aussi sa capacité à repenser les grands problèmes contemporains à partir de la tradition rabbinique.
Procédant avec clarté et humour, elle aborde successivement trois thèmes : comment, selon le judaïsme, se fabriquent un parent, une identité et un désir, c'est-à-dire la possibilité d'enfanter l'avenir.
Pétillant d'intelligence. Jean-François Birker, La Croix.
Savez-vous ce qu'est le Tanakh et ce qui le compose ? Connaissez-vous la figure de Flavius Josèphe, de Moïse Maïmonide ou de Rashi ? Si les mots « Talmud » et « Kabbale » vous sont familiers, savez-vous réellement ce qu'ils désignent ? Le judaïsme est autant présent dans notre paysage culturel qu'il demeure méconnu. De la figure centrale d'Abraham à nos jours, nombreuses sont les personnalités qui ont construit et pensé cette religion millénaire, premier monothéisme institué, fait de rites et de croyances qui ont influencé de larges pans de notre civilisation. En 100 mots aussi variés que « Abraham », « hassidisme », « rédemption », « mezouzah » ou « calendrier », José Costa et Simon Mimouni nous invitent à découvrir non seulement les origines, mais aussi les principales figures, rites et caractéristiques d'un pilier de la culture occidentale. Une entrée en matière éclairante par les mots et les choses.
Comment lire la Torah ? Toute lecture fondamentaliste d'un livre saint met en péril la liberté, en le figeant dans une vérité immuable. Toute lecture historique et critique comprend ce livre en fonction de son contexte historique d'écriture, mais en omettant la question du sens de ce livre pour les lecteurs d'aujourd'hui. Le présent ouvrage montre comment une lecture spirituelle selon la tradition juive permet de sortir de cette impasse : la langue des textes étudiés porte des significations à déployer dans le temps, grâce à leurs innombrables lecteurs ; elle ne sépare jamais la quête de la vérité d'un travail exigeant sur soi-même. Dès lors, lire la Torah, c'est aussi voyager dans l'histoire, avec d'autres hommes et femmes. La Torah parle bien de notre présent, et ne donne pas de solutions.
Supportant mal que les lois israéliennes m'imposent l'appartenance à une ethnie fictive, supportant encore plus mal d'apparaître auprès du reste du monde comme membre d'un club d'élus, je souhaite démissionner et cesser de me considérer comme juif.
Couverture : création Studio Flammarion
"Qu'est-ce que le judaïsme ? Religion, identité, culture... cet ouvrage présente les multiples aspects du judaïsme dans une approche claire, accessible et complète.
Trois grands axes sont privilégiés : l'histoire, la religion et les défis de la modernité. Les principaux jalons historiques, les grands thèmes bibliques, les fêtes, les lois alimentaires... sont tour à tour étudiés. Mais ce livre accorde aussi une place importante à d'autres questionnements plus contemporains : l'identité juive, la trans-mission, la famille, la place de la femme, les jeunes, le dialogue laïcs-religieux, le dialogue interreligieux...
De cette analyse se dégage un judaïsme pluriel, traversé de multiples tendances. Un judaïsme constamment travaillé entre fidélité religieuse et adaptation aux nouvelles donnes contemporaines, qui a toujours su rester vivant."
À travers une série de parcours individuels en France, aux États-Unis et en Israël, l'auteur démontre comment de jeunes survivants de la Shoah ont transformé leur détresse en énergie constructive, comment ils ont créé ou innové socialement. Au-delà de la variété des parcours de personnalités comme Simone Veil, Elie Wiesel, Serge Klarsfeld, Boris Cyrulnik, Georges Perec, Samuel Pisar ou Aharon Appelfeld, l'ouvrage analyse le rôle d'un climat démocratique, l'effet intégreur de l'armée ou le poids de l'esprit pionnier.
L'auteur met en relief les divergences fondamentales entre le judaïsme et le christianisme et analyse ce différend qui ne disparaîtra peut-être jamais.
Ce qui fait encore et toujours surface, ce sont les différences et même l'impossibilité de faire quelque synthèse que ce soit, malgré le dialogue interreligieux qui s'est instauré depuis quelques décennies. Des deux côtés, il existe une incapacité de dépasser les grandes questions théologiques, ne fût-ce que par rapport à la Loi juive qui, selon le christianisme, a été remplacée par le sacrifice de Jésus. Benoît XVI le dit tout au long de ses écrits et de ses discours. Pour lui, la Loi est en fin de compte caduque. Du côté juif, on ne bouge pas non plus d'un iota, comme le penseur juif Yeshayahou Leibowitz le dit dans ses livres. À travers cette analyse comparative, l'auteur arrive à la conclusion qu'il faudrait « reconvertir le dialogue théologique » et lui donner d'autres défis, ayant pour but d'améliorer dans l'immédiat la vie des hommes.
Pascal Ory s'interroge en historien sur les origines et la persistance de l'antisémitisme, dans un essai utile et percutant appelé à faire débat face à la montée de l'islamo-gauchisme.
C'est une tragédie en trois actes, avec un prologue.
Le prologue se situe en des temps très lointains, avant l'ère chrétienne. Le peuple juif, contrairement à une version très répandue (on appelle ça la Bible), n'y fait pas l'objet d'une attention particulière.
Acte 1 : Si le monothéisme juif n'était pas un problème pour les polythéistes, le judaïsme, lui, est un problème pour les chrétiens - donc, dans la foulée, pour les musulmans - : le peuple élu refuse obstinément de reconnaître ici son sauveur, là son prophète. Mauvais exemple.
Acte 2 : Lorsque l'Occident va commencer à s'éloigner de l'hégémonie chrétienne, cela fait déjà mille cinq cents ans qu'il y a une supposée « question juive ». Ça laisse des traces, que le monde moderne ne pourra jamais effacer, surtout quand une certaine science invente la « race », quand un certain athéisme invente l'« antisémitisme ».
Acte 3 : À peine, avec la défaite d'Hitler, cette haine-là a-t-elle été anéantie que la naissance de l'État d'Israël en allume une troisième, « antisioniste », géopolitique, qu'on peut instrumentaliser à loisir, et qui n'a aucune (dé)raison de s'éteindre.
Et voilà pourquoi la judéophobie ne remonte pas à la nuit des temps, mais prend date pour être éternelle.
Le Coran est-il antisémite ? L'islam véhicule-t-il une « haine du Juif » qui le rend incompatible avec les valeurs occidentales ? Le regard de l'islamologue est indispensable pour dépassionner le débat et sortir des jugements à l'emporte-pièce. Sans rien masquer des aspects les plus problématiques, le grand savant Meïr M. Bar-Asher fait le point sur ce dossier brûlant. Il passe en revue l'image des « fils d'Israël » et des « Juifs » dans le Coran et le Hadîth, ainsi que les bases coraniques du statut de dhimmi. IL s'attarde également sur l'apport extraordinaire de la tradition juive à l'exégèse musulmane du Coran, ainsi que sur les parallèles entre les lois religieuses juive et musulmane, halakha et sharia. Il montre surtout que la question du rapport de la tradition islamique à la figure du Juif et au judaïsme est complexe, et qu'on ne saurait la ramener à la caricature qu'en donnent tant les prédicateurs islamistes que les islamophobes.
Un ouvrage accessible, essentiel pour comprendre les enjeux de société actuels.
Au sein de l'oeuvre prolifique du penseur juif viennois Martin Buber (1878-1965), la spiritualité hassidique constitue une sorte de fil rouge, depuis les Contes de Rabbi Nahman (1906) jusqu'à ce Message hassidique paru en 1952 et totalement inédit en français. Ce dernier constitue avec les célèbres Récits hassidiques une seule oeuvre, comme l'expose Buber lui-même. Écrit au soir de sa vie, il propose une magistrale synthèse où l'on retrouve l'apport des travaux de Gershom Scholem sur la kabbale et le messianisme, sa propre philosophie du dialogue (Je et Tu), ou encore ses recherches sur les religions comparées. Fidèle à son intuition, il montre comment le message hassidique n'est pas à chercher dans les textes, mais dans la vie concrète de la communauté et du maître (tsaddik). Car ce message ne consiste en rien d'autre qu'à accueillir Dieu dans la vie quotidienne et à sanctifier l'intégralité du réel, même dans ses aspects les plus profanes.Comme l'écrit Emmanuel Levinas, Buber «fut un grand seigneur du verbe. Avoir su parler en Juif du judaïsme comme il a parlé est, sans conteste, la grande merveille de cette vie et... le miracle de l'histoire intellectuelle juive de ces cent dernières années.»
Gershom scholem donne ici toutes les clés nécessaires à la compréhension de la kabbale, ce courant mystique, né dans l'antiquité, et qui a trouvé sa forme définitive au xxe siècle.
Les concepts sont exposés avec une clarté d'expression étonnante au regard de la complexité des oeuvres et des thèmes abordés.
La kabbale constitue donc un état des connaissances en matière de mystique juive.
De cet ouvrage, en forme d'invitation au voyage, ressort la quête d'un judaïsme de la liberté oú le souci de la fidélité à la tradition ne se referme jamais sur lui-même mais ouvre sur un monde oú l'utopie est présente.
« Me tournant alors vers l'expérience de mes parents, je rapporte et essaie de comprendre leur choix de vie, leur décision de ne pas quitter la Pologne après la guerre, eux, rescapés de la Shoah. Mon père et ma mère sont devenus, tous deux, éditeurs et journalistes. L'un et l'autre se sont adaptés à la République populaire de Pologne, d'abord ensemble : puis mon père est resté seul là-bas, tandis que ma mère, en est partie après 1968 et s'est installée aux États-Unis. » Joanna Kubar, en interrogeant la vie de ses parents, tente de répondre à une question universelle : quel est le sens de notre attachement à notre terre d'origine?
Elle-même se pense comme Française d'origine « Juive polonaise ».
Le Zohar, ou Livre de la splendeur, est un classique de la mystique juive, et le livre le plus achevé de la Kabbale.
De ce commentaire de la Loi (qui suit le plan des cinq premiers livres de la Bible), notre volume présente des extraits choisis pour leur vivacité colorée dans la description de la vie spirituelle, pour leur acuité dans l'exégèse de l'Écriture, pour le caractère multiple de la pensée sur l'âme, la vie de la foi, l'amour humain et l'amour divin, la souffrance et la mort, l'exil et la rédemption.
Gershom Scholem, dont la compétence en matière de mystique juive reste mondialement reconnue, fait, dans l'Introduction, le point de ce que l'on sait aujourd'hui de cette oeuvre majeure et de son auteur.
À côté de la Bible - la Loi écrite -, le Talmud constitue la Loi orale, l'enseignement jamais interrompu de la tradition juive, sa mémoire et les racines de sa culture.
Réflexion à partir de ce texte sacré, Le Livre brûlé se déploie en trois livres : le premier présente une introduction à l'univers talmudique ; le deuxième commente deux textes importants de la Michna et de la Guémara, qu'il confronte aux réflexions philosophiques contemporaines ; le troisième, enfin, interroge la figure énigmatique d'un maître hassidique, Rabbi Nahman de Braslav, qui, sentant la mort venir, détruisit par le feu un de ses écrits...
Ces trois livres en suscitent d'autres, à l'infini, et posent la même question : ne faut-il pas « détruire » les livres pour donner naissance à la pensée, pour créer le renouvellement du sens ? Pour que la fidélité aux écritures ne se pétrifie pas en refus aveugle du temps et de l'Histoire ?
Moïse ibn Tibbon, né à Marseille (ou Montpellier) au xiiie siècle, appartient à la troisième génération des Tibbonides, cette illustre famille de savants bilingues.
Traducteur prolifique, c'est lui qui a mis à disposition et propagé, dans le monde des lettrés juifs médiévaux en terre chrétienne, le plus grand nombre d'oeuvres profanes : ouvrages de philosophie et de science grecque, augmentés des commentaires qu'en firent les penseurs et philosophes musulmans. Parmi les dix-sept auteurs, citons notamment : Euclide, Themistius, Al-Farabi, Avicenne, Averroès, Maïmonide, etc.
Le Traité du Microcosme est le seul ouvrage de Moïse ibn Tibbon, parmi ceux qui nous sont conservés, dont la composition soit de nature purement philosophique.
Il est rédigé en hébreu, fait exceptionnel car la grande majorité des textes de « philosophie juive » au Moyen Âge sont rédigés en arabe.
Si le Ma'amar 'Olam Qatan est bien une oeuvre personnelle de son auteur dans son mode propre d'exposition, il rejoint cependant une longue tradition : le thème du microcosme renoue, en effet, aux yeux de ses lecteurs avec une tradition universelle qui traverse les siècles et les cultures. Car la conception de l'homme comme microcosme ou petit monde, comme résumé et condensé du grand monde, ou macrocosme, est universelle.
Cet ouvrage est l'unique témoignage, dans la littérature juive, d'un traité philosophique consacré exclusivement à la thématique du microcosme et du macrocosme.
Le Ma'amar 'Olam Qatan est un texte obscur, étrange et qui peut paraître même naïf pour un lecteur contemporain ; les notes et les commentaires qui accompagnent la traduction tentent de l'éclairer. Un glossaire est également mis à la disposition du lecteur en fin de volume.
Le débat public français charrie une singulière conception de l'universalisme, généralement perçu comme incompatible avec les particularismes : les communautés religieuses ou ethniques, dit-on, doivent renoncer à leurs différences pour entrer dans la communauté nationale. Ce livre important montre que cette conception étroite et rigide est bien plus récente qu'on ne le croit.
Grâce à une lecture attentive de la manière dont les responsables politiques, les romanciers, les philosophes ou les cinéastes français ont abordé la question de l'intégration des juifs entre le XVIIIe et le XXe siècle, Maurice Samuels explique que différentes conceptions de l'universalisme n'ont cessé de s'affronter. Et que certaines d'entre elles, parfaitement républicaines, ne cherchaient aucunement à éradiquer les particularités prêtées aux minorités juives.
Au contraire, c'est dans l'interaction avec ce particularisme, réel ou imaginaire, que s'est construit l'idéal universaliste français. D'où la tentation, dans certains cas, d'accentuer cette prétendue différence pour montrer la force de l'universalisme français : si la France est capable de faire des juifs des citoyens, n'est-ce pas la preuve de son exceptionnel pouvoir inclusif ?
Analysant avec une grande finesse le rapport ambigu que les élites intellectuelles et culturelles françaises ont longtemps entretenu avec les minorités juives, depuis l'abbé Grégoire jusqu'à Jean-Paul Sartre, en passant par Émile Zola ou Jean Renoir, ce livre ouvre des perspectives essentielles, qui éclairent de façon inédite les débats actuels sur le « communautarisme » et le « séparatisme ».
L'histoire que Simon Schama entreprend de nous conter ici raconte l'héroïsme de la vie quotidienne autant que les grandes tragédies. Elle n'est pas l'histoire d'une culture à part, mais celle d'un monde juif immergé dans les peuples au milieu desquels il a vécu et marqué par eux. C'est en cela que l'histoire des Juifs est l'histoire de tous.
L'histoire que Simon Schama entreprend de nous conter ici est à nulle autre pareille.
Tout au long des dernières décennies, des découvertes archéologiques ont renouvelé notre vision de la manière dont a vu le jour la Bible, qui allait devenir le patrimoine d'une bonne partie de la planète. D'une extrémité du monde juif à l'autre ont été exhumées des mosaïques qui bouleversent notre idée de ce qu'étaient une synagogue et le culte juif, mais aussi de tout ce que cette religion, dans ses formes, partageait avec le paganisme et le christianisme primitif.
Cette histoire s'étend sur les millénaires et les continents - de l'Inde à l'Andalousie, des bazars du Caire aux rues d'Oxford. Elle nous emmène d'un royaume juif dans les montagnes de l'Arabie du Sud à une synagogue syrienne aux murs peints étincelants, en passant par la colonie juive installée dans l'île d'Éléphantine, en Haute-Égypte, dès le vie siècle avant notre ère.
Simon Schama nous conte avec maestria cette épopée où l'héroïsme de la vie quotidienne côtoie les grandes tragédies, et pose son regard d'historien de l'art sur les trésors qu'elle nous a légués. L'histoire des Juifs n'est pas, comme on l'imagine souvent, celle d'une culture à part, mais celle d'un monde juif immergé dans les peuples au milieu desquels il a vécu et marqué par eux, des Égyptiens aux Grecs, des Arabes aux chrétiens. C'est en cela qu'elle est l'histoire de tous.
Le judaïsme ne saurait se réduire à un ensemble spécifique de croyances et de rites. Cette religion propose une culture globale qui recouvre à la fois un enseignement doctrinal, un système de lois très développé, un mode de vie particulier et un système social étendu. Fondé sur des formes de savoirs et des modèles intellectuels, éthiques et politiques instruits par des textes écrits et des traditions orales, le judaïsme repose également sur sa société particulière, définie par le peuple juif mais aussi par les convertis qui se joignent à lui, quelle que soit leur origine.
Cette culture globale est plurimillénaire : une bibliothèque juive traditionnelle contient à la fois des ouvrages de la haute antiquité (Bible) et de l'antiquité tardive (Talmud, Midrach), et un très grand nombre de textes et d'études, relayés depuis l'époque médiévale, qui vont du commentaire biblique ou talmudique au traité philosophique ou cabalistique. Au-delà des textes, la tradition hébraïque enveloppe de fait toutes les dimensions de la vie, depuis les idées les plus hautes de la métaphysique jusqu'aux détails les plus pointus de la relation de chacun à son corps, aux objets du monde et à autrui.
L'oeuvre de Maurice Blanchot est entrée dans l'ère du soupçon. Sa trajectoire - de l'engagement nationaliste et des articles antisémites d'avantguerre à la fascination pour le judaïsme et à la solidarité jamais démentie pour Israël - continue de provoquer l'incompréhension. Blanchot aurait, selon certains critiques, effectué un retournement analogue à celui qui l'a mené de l'extrême droite à l'extrême gauche et au « communisme de pensée » des années d'après-guerre. L'antisémitisme des années trente se serait inversé en philosémitisme - terme aux connotations tendancieuses. Des essais récents ont réactivé le soupçon, allant jusqu'à faire de Blanchot un Heidegger français.
L'histoire des Hébreux nous est essentiellement connue par la Bible. Mais entre l'Histoire et la foi, où se situe la réalité du peuple d'Israël ?
Se fondant sur les progrès de l'archéologie, Richard Lebeau confronte le récit biblique aux découvertes archéologiques. Il raconte le destin exceptionnel de ces nomades venus de Mésopotamie, d'Égypte et de Canaan, rassemblés, vers 1 200 avant J.-C., autour du culte d'un Dieu unique - Yavhé - et d'un roi. Malgré les conquêtes, les exodes et les tentatives d'assimilation, les Hébreux ont su préserver leur identité, réécrivant sans cesse leur passé, jusqu'à leur expulsion de la Terre sainte par les Romains en 135 de notre ère.
Ce recueil est un ouvrage inédit de Yakov Rabkin. Certains chapitres reprennent en les adaptant les propos de diverses études et articles qu'il a consacrés au fil des ans au rapport entre le judaïsme et l'islam ainsi qu'à celui du judaïsme et des sciences et de la politique dans le monde contemporain. Cet ouvrage est le fruit de plusieurs années de travail et d'échanges. C'est le premier livre d'une série de deux volumes sur le judaïsme en préparation, le second portera plus particulièrement sur le détournement du judaïsme à des fins politiques et ses conséquences.
Ce premier volume est articulé en trois parties : une première qui forme une introduction au judaïsme et à ses aspects ; elle synthétise les éléments essentiels du travail de Yakov Rabkin sur la question qu'elle agrémente et complète du récit d'un de ses voyages. Rabkin y souligne les principes qui sous-tendent la religion judaïque et y développe aussi quelques-uns des grands thèmes de celle-ci (la honte, le pardon, etc.).
La seconde partie porte sur les relations et les liens existant depuis les origines entre le judaïsme et l'islam ; elle rappelle les rapprochements qui ont existé dans le passé et jusqu'au début du siècle dernier entre ces deux cultures et illustre, là encore à travers un récit d'un de ses voyages, comment ils demeurent vivaces, y compris dans un pays réputé antisémite tel que l'Iran. En prenant le contrepied d'une image souvent répandue dans les médias, il développe un discours de paix et de tolérance qui est plus que jamais bienvenu par les temps présents.
La troisième partie porte sur la relation entre le judaïsme et quelques-unes des facettes de la modernité : sciences et technologies mais aussi politique et montre comment, selon le courant auquel on se référera, on se rapprochera ou s'éloignera de la science. Ou encore comment le religieux a été détourné à des fins politiques par le mouvement sioniste.
Les études qui composent le présent recueil développent une approche historique qui se garde de la polémique tout en demeurant critique. Son analyse met en relief l'instrumentalisation des drames historiques à des finalités politiques dans le prolongement de son essai précédent, Au nom de la Torah.
Dans son ensemble, ce recueil constitue une synthèse du travail de Yakov Rabkin sur le judaïsme ; en tant que tel, il constitue un ouvrage de première importance aussi bien en ce qui concerne la spiritualité judaïque que l'histoire de son instrumentalisation.
Yakov Rabkin nourrit ses études de sa connaissance directe des cultures judaïques et islamiques dans une perspective de rapprochement intellectuel (il a séjourné aussi bien en Israël qu'en Iran après la révolution ou dans le Maghreb). Son analyse fait autorité aussi bien auprès d'intellectuels anglosaxons tels que Noam Chomsky que de penseurs français tels qu'Edgar Morin (pour ne citer qu'eux).
Son travail se double d'une autre préoccupation, pédagogique, visant à produire un texte qui ne soit pas réservé aux seuls spécialistes mais constitue une base de réflexion permettant au lecteur non spécialiste ou au simple croyant de pouvoir comprendre certaines implications politiques de réalités théologiques et juridiques au coeur du judaïsme dont le lecteur a trop souvent une approche approximative et caricaturale à travers les médias et que ces études permettent de considérer différemment.
Comme dans tous les ouvrages essentiels, l'ensemble révèle à chaque page de nouveaux prolongements et chaque chapitre est une invitation à approfondir son approche et affiner son regard dans une ouverture intellectuelle enrichissante et stimulante orientée vers une perspective d'échanges, de dialogue et de tolérance avec l'autre, qu'on partage ou non ses idées ou ses croyances. Ce qui n'est pas la moindre des utilités de ce livre.