Amsterdam
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Pourquoi la classe compte : Capitalisme, genre et conscience de classe
Erik Olin Wright
- Amsterdam
- 19 Janvier 2024
- 9782354802813
Dans cet ouvrage, Erik Olin Wright propose une évaluation minutieuse de la pertinence et des limites de la catégorie de classe pour expliquer le fonctionnement des sociétés. Cette défense de la portée heuristique de l'analyse de classe centrée sur l'exploitation est fondée sur l'étude empirique de la structure sociale de plusieurs pays occidentaux, en particulier les États-Unis, le Canada, la France, la Norvège et la Suède. Elle passe par l'exploration de trois problèmes interconnectés : les caractéristiques et les variations de la structure de classe elle-même ; la relation entre classe et genre en tant qu'aspects de la structure sociale ; le lien entre structure de classe et conscience de classe, c'est-à-dire la compréhension que les individus ont de leurs intérêts de classe.
Loin des affirmations grandioses du matérialisme historique orthodoxe (par exemple de l'idée selon laquelle la dynamique du capitalisme pointerait dans la direction d'un avenir socialiste), Wright s'attache à mettre au jour la manière dont la classe influe sur de nombreux aspects de la vie sociale, des réseaux de sociabilité à la mobilité sociale en passant par le travail domestique.
Soulignant les dimensions spécifiques des différentes sociétés capitalistes étudiées, il montre que si la classe n'est pas partout et toujours le facteur explicatif le plus important, elle constitue néanmoins, par-delà sa dimension normative, un facteur structurant de la vie sociale. -
L'hégémonie et la révolution : Gramsci penseur politique
Yohann Douet
- Amsterdam
- 17 Novembre 2023
- 9782354802776
Toutes les réflexions d'Antonio Gramsci convergent vers un seul horizon : l'émancipation des subalternes, leur sortie des marges de l'histoire. Ce livre, introduction pédagogique et engagée à son oeuvre, en fait éloquemment la démonstration. Emprisonné par le fascisme, vivant à une époque de crise historique aigüe, il n'abandonne jamais l'objectif d'une société communiste et démocratique. Mais pour que la révolution triomphe, il faut la repenser : c'est le coeur de ses Cahiers de prison, dans lesquels il entreprend de renouveler en profondeur le marxisme et, plus généralement, la théorie politique.
Ainsi, il développe l'idée d'hégémonie, qui lui permet d'analyser le pouvoir dans toute sa complexité et d'appréhender la lutte des classes d'une manière élargie, au-delà de sa dimension économique ;
Il redéfinit la société civile et l'État, désormais compris en un sens « intégral » qui combine maintien de la domination et production du consentement ; il voit le parti révolutionnaire sous les traits d'un « Prince moderne » ; enfin, il s'attache à concevoir la dialectique entre « guerre de mouvement » et « guerre de position ».
De telles innovations conceptuelles et stratégiques sont toujours à même de servir et d'éclairer les luttes des subalternes. Mais on ne saurait les reprendre à la lettre et les appliquer d'une manière dogmatique. Yohann Douet souligne donc aussi les limites de la pensée de Gramsci, les différences entre son époque et la nôtre, dans le but de redonner leur tranchant aux armes intellectuelles qu'il a forgées. -
La nature du capital : politique et ontologie chez le jeune Marx
Frédéric Monferrand
- Amsterdam
- 16 Février 2024
- 9782354802783
Comment le capitalisme compose-t-il un monde à son image ?
La crise socio-écologique du capitalisme produit de profonds effets sur la pensée contemporaine, qui semble prise d'un véritable vertige ontologique. Face aux catastrophes en cours, on voit se multiplier les travaux qui s'inquiètent de la réalité de la nature et de la manière dont s'y inscrivent les sociétés, tout se passant comme si la philosophie et les sciences sociales cherchaient à recomposer en pensée un monde que l'accumulation du capital tend à décomposer.
Cet ouvrage constitue une intervention marxiste dans ces controverses ontologiques. Il propose une interprétation nouvelle des Manuscrits de 1844, le texte dans lequel, pour la première fois, Marx analyse la nature du capital : son essence ou sa définition et le type de rapport qu'on y entretient à la terre et à ses habitants. Frédéric Monferrand montre que le jeune Marx articule trois perspectives complémentaires sur le capitalisme :
Une phénoménologie de l'expérience prolétarienne qui vise à le critiquer du point de vue de ses effets sur les conditions de travail et de vie des classes dominées ; une théorie de la propriété privée comme appareil de capture et de mise au travail des forces qui animent les corps et les milieux; enfin, une ontologie sociale naturaliste pour laquelle les sociétés se distinguent les unes des autres par la manière dont elles donnent forment la nature, humaine et non humaine. L'appropriation matérielle de la nature, parce qu'elle est constitutive de toute vie sociale, représente à la fois le lieu stratégique d'une transformation radicale du monde où nous vivons et l'enjeu historique d'une libération du monde dont nous vivons -
Ce que vaut une vie ; théorie de la violence libérale
Mathias Delori
- Amsterdam
- 5 Mars 2021
- 9782354802141
Le constat est connu : l'« anti-terrorisme » guerrier est bien plus meurtrier que le mal qu'il entend combattre. Plus, il est désormais établi que les moyens qu'il met en oeuvre - notamment les bombardements aériens et la torture, dont la pratique est pourtant dénoncée officiellement par les États-mêmes qui en font usage - contribuent à nourrir la violence « terroriste ». Comment alors comprendre l'apathie qui mine les sociétés occidentales à ce sujet ?
Pour répondre à cette question, il faut appréhender comment les violences commises par les professionnels de la guerre de l'espace euro-atlantique sont naturalisées, autrement dit, comment l'opposition socialement construite entre des violences légitimes et d'autres illégitimes est constitutive de « cadres de guerre » qui justifient l'action des militaires en l'institutionnalisant. Mathias Delori montre que l'établissement de tels cadres passe par la constitution des populations entières en purs objets de discours : les « dégâts collatéraux » n'ont en effet pas droit à la parole. Livrant une enquête magistrale sur les opérations de racialisation et de déshumanisation qui sous-tendent les violences commises par les sociétés libérales au nom de la défense de la « vie bonne », il met au jour la manière dont ces dernières, derrière un cosmopolitisme de façade, hiérarchisent incessamment la valeur des vies humaines.
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De Marx à Mao en passant par Lénine, la guerre a été l'un des grands objets de réflexion à gauche. Or depuis une trentaine d'années, depuis les analyses de Foucault sur la « guerre civile généralisée » et la théorisation de la « machine de guerre » par Deleuze et Guattari, elle a presque entièrement disparu des diverses théories critiques. Aspirant à combler ce manque pour produire une pensée politique à la hauteur des enjeux du présent, Guerres et capital tente d'abord d'étayer l'hypothèse suivante : la guerre, au même titre que la monnaie et l'État, est constitutive du capitalisme.
Inscrivant leur analyse dans la longue durée, couvrant un vaste terrain historique allant de l'expansion européenne des débuts de la modernité jusqu'aux guerres contemporaines, les auteurs identifient ainsi les différentes étapes de la constitution d'une « machine de guerre capitaliste ».
Si cette ambition est déjà remarquable, le propos ne s'arrête pas là. Selon Éric Alliez et Maurizio Lazzarato, parler de la guerre au singulier, ce serait adopter le point de vue de l'État et négliger l'essentiel : le fait que l'histoire du capitalisme est traversée, depuis le début, par une multiplicité de guerres - de classes, de races, de sexes, de subjectivités, de civilisations.
D'où la seconde hypothèse : toutes ces guerres sont le fondement de l'ordre intérieur et de l'ordre extérieur, le principe d'organisation de la société capitaliste. Elles sont si bien intégrées à la nature du capital qu'il faudrait réécrire de bout en bout Das Kapital pour rendre compte de leur dynamique dans son fonctionnement le plus réel. C'est précisément ce que cet ouvrage se propose de faire.
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Défaire le démos ; le néolibéralisme, une révolution furtive
Wendy Brown
- Amsterdam
- L'ordinaire Du Capital
- 12 Septembre 2018
- 9782354801724
Le néolibéralisme ne doit pas être conçu comme une doctrine ou une politique économique, mais comme une logique ou une rationalité qui s'est progressivement emparée des États. Son mode opératoire consiste à introduire partout les valeurs du marché pour transformer toute chose et tout être en entité économique.
Alors que le libéralisme traditionnel définissait un domaine propre de l'économie de marché, le néolibéralisme tend vers l'économisation intégrale de la vie. Wendy Brown l'illustre brillamment en étudiant, par exemple, les récentes transformations du droit et du secteur éducatif. Repartant des cours pionniers de Michel Foucault, elle montre comment la rationalité néolibérale implique une transformation de la politique en gouvernance et des citoyens en capital humain financiarisé. Ainsi cette dernière menace-t-elle les fondements du projet démocratique et l'idéal d'un gouvernement du peuple par lui-même.
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Stratégie et parti
Daniel Bensaïd, Ugo Palheta, Julien Salingue
- Amsterdam
- 11 Mars 2016
- 9782350961231
Des années 1960 à sa mort, en 2010, la question stratégique a été au coeur de la réflexion de Daniel Bensaïd. La brochure Stratégie et parti, publiée en 1986, proposait de faire le bilan d'un siècle d'expériences révolutionnaires, dans une période marquée par un fort recul du mouvement ouvrier, et où la perspective d'une crise révolutionnaire semblait de plus en plus lointaine. Ce bilan n'avait rien de nostalgique mais se voulait la première étape d'une relance : « on ne peut recommencer que si on digère notre histoire. Même si on a tourné la page et changé de chapitre, on est quand même dans le même livre. » Maintenir un horizon stratégique, c'était refuser de s'enfermer dans le défaitisme ou dans la résistance au jour le jour.
Bensaïd convoque donc, avec son brio et son esprit de synthèse habituels, Lénine, Kautsky, Luxemburg, Trostsky, Mao, Andreu Nin ou encore André Gorz, et passe en revue des expériences diverses, de la Russie à l'Allemagne, de l'Argentine à la France, du Chili à l'Espagne, en identifiant les continuités et les ruptures qu'ont connues les différents courants révolutionnaires. Il s'agit de cerner au plus près les différents moments et contextes dans lesquels les révolutionnaires ont mis leurs hypothèses à l'épreuve de la réalité, parfois pour le meilleur et souvent pour le pire. Au cours de cet exposé pédagogique, il présente un marxisme vivant, nourri des luttes sociales et politiques réelles.
À l'heure où l'on voit réapparaître à gauche des débats sur la démocratie (représentative ou directe ?), l'organisation (la forme parti est-elle dépassée ?) et le pouvoir politique (faut-il construire une alternative en marge de l'État ou bien aspirer à conquérir l'appareil d'État ?), il nous semblait nécessaire de rendre à nouveau disponible ce petit ouvrage. Ugo Palheta et Julien Salingue ont rédigé pour cette occasion un long texte introductif, qui revient sur la place de la stratégie dans la pensée de Bensaïd et esquisse des pistes pour la gauche radicale contemporaine.
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Si l'on en croit de nombreuses analyses médiatiques, scientifiques ou profanes des révolutions en cours, du monde arabe à l'espace postsoviétique, de la Grèce à l'Espagne, en passant par l'Amérique latine, la révolution est terminée. Pire : si elle est terminée, c'est en fait qu'elle n'a jamais eu lieu. Ceux qui y ont cru, ceux qui continuent d'y croire, sont des dupes, victimes d'une propagande d'État.
L'objet de ce livre est de penser l'objet « révolution en cours », de construire son concept au ras de l'expérience, en rupture avec les approches sociologiques surplombantes. D'où un double parti pris : penser la révolution à partir des subjectivités qui s'y façonnent, dans un brouillage des identités sociales - c'est précisément ce brouillage qui explique l'incompréhension de la sociologie face à ce qui se joue dans des processus révolutionnaires ; ensuite, penser la révolution à partir non d'un exemple, mais d'un cas - celui du Venezuela contemporain. Un cas, dans la mesure où il est susceptible d'éclairer d'autres « révolutions en cours » et de rendre intelligible les rapports à soi, au politique et au temps qui s'élaborent dans ce type de processus.
L'ouvrage ne se veut ni un ouvrage théorique sur le concept de révolution, ni une étude sur le Venezuela. Il se situe dans un entre-deux pour tenter de repenser la place et le statut du concept de révolution et ainsi, de percer à jour « l'énigme révolutionnaire ».