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« Parmi les royaumes bien organisés et gouvernés de notre temps, il y a celui de France, où l'on trouve une infinité de bonnes institutions, dont dépendent la liberté et la sécurité du roi ; au premier rang desquelles figure le parlement avec son autorité. Parce que celui qui institua ce royaume, connaissant l'ambition des puissants et leur insolence et jugeant nécessaire qu'ils aient dans la bouche un frein pour les corriger, sachant d'autre part fondée sur la peur la haine du populaire envers les grands et voulant rassurer ces derniers, ne voulut pas que ce fût là une attribution particulière du roi, pour lui épargner les éventuels griefs des grands s'il favorisait le populaire et ceux du populaire s'il favorisait les grands ; c'est pourquoi il institua un tiers juge chargé, sans qu'on en fît grief au roi, de battre les grands et favoriser les petits ; institution, celle-ci, qui ne pouvait être ni meilleure ni plus prudente, ni une plus grande source de sécurité pour le roi et le royaume. D'où l'on peut tirer un autre enseignement digne d'être noté, à savoir que les princes doivent faire en sorte que soient administrées par d'autres les choses qui sont matière à griefs, et par eux-mêmes celles qui sont matière à gratitude. Et je conclus une nouvelle fois qu'un prince doit faire cas des grands, mais ne pas se faire haïr du peuple. »
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Walter Benjamin, substance
Massimo Palma
- Editions de la Variation
- (dis)continuites
- 23 Février 2024
- 9782383890386
Entre 1927 et 1934, Walter Benjamin a expérimenté diverses substances. Il s'est non seulement lancé dans les célèbres expériences avec le haschisch, mais il s'est aussi essayé à l'opium, à l'eucodal et à la mescaline. Loin d'être des expériences secondaires dans la vie du philosophe allemand, elles lui permettent au contraire de décrire l'ivresse comme une expérience dialectique. Dans Walter Benjamin, substance, Massimo Palma questionne l'influence que ces expériences ont pu avoir sur le développement de l'Å«uvre et de la pensée de Benjamin en reparcourant un ensemble considérable de textes du philosophe allemand. Dans cet essai, Massimo Palma pense la dimension politique de l'ivresse.
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L'anarchie ; programme anarchiste
Errico Malatesta
- Lux
- Instinct De Liberte
- 19 Avril 2018
- 9782895962717
L'anarchie et Le programme anarchiste sont les deux textes les plus célèbres et les plus fondamentaux parmi tous les articles, pamphlets, tracts rédigés par le penseur et militant anarchiste italien. Ensemble, ils forment ce qu'on pourrait appeler le manifeste anarchiste de Malatesta. Le premier, rédigé en 1884, est un exposé des principes de base de l'anarchisme et un plaidoyer pour l'abolition de la propriété privée et du gouvernement.
Le second texte dresse de façon plus détaillée la liste des moyens qui sont à notre portée pour arriver à une société sans État ni propriété et qui se divisent en deux catégories: ceux qui relèvent de la lutte économique, comme la grève, et ceux qui mènent à l'abolition de l'État et qui relèvent de la lutte politique.
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C'est pour avoir confondu morale et politique que l'on a fait à Machiavel une réputation d'auteur cynique. À tort. Le Prince est un manuel de gouvernement, comme il existe des manuels d'équitation. Le but d'un bon cavalier est de rester en selle ; le but d'un prince est de garder le pouvoir, de ne pas se faire désarçonner par un rival ou par le peuple. Gouverner, c'est d'abord conserver ce pouvoir, « c'est mettre vos sujets hors d'état de vous nuire et même d'y penser ». Le devoir de prince n'est point de faire le bonheur du peuple ; d'ailleurs le peuple « ne demande rien, sinon de n'être point opprimé ».
Ce que Machiavel met à jour, c'est le mécanisme du pouvoir sous l'Ancien Régime. Ses oeuvres politiques trouvent donc obligatoirement leur prolongement dans les oeuvres historiques : l'Histoire de Florence est le complément indispensable du Prince.
Or, un homme de la Renaissance ne serait pas cet homme complet qu'est le « courtisan » sans le sens du divertissement. Machiavel est aussi un poète et un homme de théâtre. La Mandragore est une pièce régulièrement reprise par les troupes d'aujourd'hui. Et ses Lettres familières le restituent au milieu de ses amis, attentif aux plaisirs des uns, aux chagrins des autres, enjoué et plein d'humour.
Cette édition réunit pour la première fois dans une traduction nouvelle l'ensemble des oeuvres de Machiavel. Un Dictionnaire de Machiavel, inédit, permet au lecteur de replacer l'auteur dans son époque et de se familiariser avec les termes clefs de sa pensée.
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Vaste et érudit commentaire sur la modernité, notamment sur le vingtième siècle, cet ouvrage mélancolique et poétique de Mario Tronti dresse le bilan des échecs des expériences du siècle passé. Alors qu'aujourd'hui on peut dire que la liberté de pensée est garantie, il n'est accordé aucune pensée de la liberté. Le capital a conquis le monde entier, et il est parvenu à conquérir l'homme lui-même.
Oeuvre de lutte et traité de philosophie politique, De l'esprit libre est aussi et avant tout un chef-d'oeuvre de résistance : une oeuvre composée de fragments, car "on ne peut plus penser et écrire qu'en fragments, le monde d'hier ayant éclaté en milles morceaux."
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Articles politiques ; idées, organisation et pratiques anarchistes
Errico Malatesta
- Lux
- Instinct De Liberte
- 2 Mai 2019
- 9782895962922
Figure emblématique et fondatrice de l'anarchisme, Errico Malatesta a contribué à de nombreux journaux anarchistes au cours de sa longue vie, et il en a créé plusieurs.
Cette anthologie, parue initialement en 1976 chez 10/18, est ici rééditée, revue et augmentée par son traducteur préfacier, Frank Mintz. Y sont regroupés des textes théoriques sur les principes de l'anarchisme, des interventions sur diverses questions pratiques (syndicalisme, propagande, abstentionnisme, etc.) et sur divers soulèvements populaires et figures révolutionnaires du 20e siècle.
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Contre l'État : Articles et correspondance (1935-1936)
Carlo Rosseli, Camillo Berneri
- Nuits Rouges
- 21 Juin 2024
- 9782487411012
Camillo Berneri, né en 1897, socialiste, devient anarchiste, puis, naturellement antifasciste. Rosselli, né en 1899, démocrate, devient socialiste libéral en développant son regard critique sur les partis traditionnels. Il devient lui aussi antifasciste. Tous deux contraints à l'exil, ils se rencontrent en un combat commun.
Ces deux esprits ouverts échangent une correspondance où, outre l'antifascisme tant en Italie qu'en Espagne, ils trouvent un terrain d'entente : la critique de l'État (fasciste, démocratique ou stalinien). Ils meurent assassinés, en 1937, l'un en France, par les fascistes, l'autre, en Espagne, par les staliniens. -
Peuplecratie ; la métamorphose de nos démocraties
Ilovo Diamanti, Marc Lazar
- GALLIMARD
- Hors Serie Connaissance
- 21 Mars 2019
- 9782072833922
La dynamique conquérante des populismes, particulièrement en Europe, est le symptôme d'un problème démocratique. Elle reflète ce phénomène considérable de l'antipolitique qui est à la fois le rejet de toute politique et l'aspiration à une autre forme de régime.
Après l'ère de la démocratie des partis et des parlements au sortir de la guerre, puis au tournant du siècle, la démocratie du public, marquée par le déclin des cultures politiques traditionnelles, le recul des grands partis et le personnalisation du pouvoir, sa présidentialisation et sa médiatisation, nous entrons dans une nouvelle ère, qu'Ilvo Diamenti et Marc Lazar appellent la « peuplecratie ».
La peuplecratie résulte d'un double processus. D'une part, l'ascension des mouvements et partis populistes ; de l'autre, par effet de contamination, la modification des fondements de nos démocraties. Les populistes sacralisent le peuple souverain dans le même temps où ils s'attaquent aux représentants politiques et se livrent à une critique radicale des formes institutionnelles organisant cette même souveraineté populaire. Le peuple est systématiquement valorisé en tant qu'entité homogène, porteur de vérité et considéré comme fondamentalement bon, par opposition aux élites supposées sans racines nationales. Cet antagonisme, à l'heure de la prise immédiate de parole numérique, donne une nouvelle vigueur et une toute autre dimension à la vieille idée de l'expression directe, voire référendaire, de l'opinion vraie des « vraies gens ». Ainsi, est altérée la signification de la démocratie en tendant à récuser la représentation et les contre-pouvoirs ; ainsi est favorisée la montée en puissance des figures, pour le moins autoritaires, de l'incarnation.
Cet ouvrage, qui a eu en Italie un formidable écho, réfléchit à partir de la France et de l'Italie à l'émergence sous nos yeux de la peuplecratie.
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Journal à numéro unique paru en février 1917, entièrement rédigé par Antonio Gramsci, La Cité future est une oeuvre inclassable publiée intégralement en français pour la première fois.
Fruit d'une pensée rigoureuse et inventive, ces textes vont du simple tract à l'article de fond, de l'aphorisme au billet d'humeur passionnée, du conseil de lecture à l'essai explorateur de pistes.
« Les socialistes ne doivent pas substituer un ordre à un ordre. Ils doivent instaurer l'ordre en soi. La maxime juridique qu'ils veulent réaliser est : possibilité de réalisation intégrale de sa propre personnalité humaine accordée à tous les citoyens ».
Trois principes, trois ordres
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La Volante Rossa : Histoire et mythe d'un groupe de braves garçons
Cesare Bermani
- Nuits Rouges
- 25 Avril 2025
- 9782487411036
La Volante Rossa est le symbole des ex-partisans refusant de voir les espoirs de transformation sociale sacrifiés sur l'autel de la reconstruction de l'État. Ouvriers, la plupart membres du PCI, basés à Milan, ils frappent la Police, les patrons et les fascistes qui relèvent la tête. Agissant clandestinement, mais organisés ouvertement, ils sont connus du PCI mais ignorés. Le début de la guerre froide change la donne. Désormais, le PCI les sollicite comme service d'ordre extérieur. Mais le milieu qui les a nourris se délite, les grèves faiblissent et le PCI les lâchent. À la suite d'une action ratée, ils n'ont plus que le choix entre exil et prison, d'où certains ne seront libérés qu'en 1981.
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Les cartes de l'action publique : pouvoirs, territoires, résistances
Thomas Aguilera, Francesca Artioli, Lorenzo Barrault-Stella, Emmanuelle Hellier, Romain Pasquier
- Pu Du Septentrion
- 18 Novembre 2021
- 9782757435151
Les cartes sont au coeur de l'action publique et des dynamiques qui la façonnent. Instruments de réforme politique et territoriale, supports de représentation des problèmes publics, vecteurs de conflits et de mobilisations citoyennes, elles constituent un objet central pour les sciences sociales. Cet ouvrage pluridisciplinaire interroge les usages politiques des cartes, à travers une perspective multiniveaux et par la confrontation entre différents secteurs (politiques de la ville, gestion de l'eau, éducation, aménagement, santé et réforme administrative). À partir d'enquêtes approfondies et originales, les chapitres montrent que les cartes de l'action publique contribuent à la constitution, à la représentation et à la légitimation d'autorités politiques et de territoires, participent de la construction négociée ou conflictuelle des problèmes publics, et constituent des vecteurs de changement de l'action publique tout autant qu'elles en sont des miroirs.