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Belles Lettres
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« Parmi les royaumes bien organisés et gouvernés de notre temps, il y a celui de France, où l'on trouve une infinité de bonnes institutions, dont dépendent la liberté et la sécurité du roi ; au premier rang desquelles figure le parlement avec son autorité. Parce que celui qui institua ce royaume, connaissant l'ambition des puissants et leur insolence et jugeant nécessaire qu'ils aient dans la bouche un frein pour les corriger, sachant d'autre part fondée sur la peur la haine du populaire envers les grands et voulant rassurer ces derniers, ne voulut pas que ce fût là une attribution particulière du roi, pour lui épargner les éventuels griefs des grands s'il favorisait le populaire et ceux du populaire s'il favorisait les grands ; c'est pourquoi il institua un tiers juge chargé, sans qu'on en fît grief au roi, de battre les grands et favoriser les petits ; institution, celle-ci, qui ne pouvait être ni meilleure ni plus prudente, ni une plus grande source de sécurité pour le roi et le royaume. D'où l'on peut tirer un autre enseignement digne d'être noté, à savoir que les princes doivent faire en sorte que soient administrées par d'autres les choses qui sont matière à griefs, et par eux-mêmes celles qui sont matière à gratitude. Et je conclus une nouvelle fois qu'un prince doit faire cas des grands, mais ne pas se faire haïr du peuple. »
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Manuel du Prince Indien : l'Arthashastra de Kautilya
Marinette Dambuyant
- Belles Lettres
- Serie Indienne
- 15 Avril 2022
- 9782251453026
Ce texte est le traité de politique par excellence de l'Inde ancienne. Son objet n'est pas de s'interroger sur la meilleure forme de gouvernement. La réponse à cette question est claire : le seul régime valable est la monarchie, le roi doit concentrer tous les pouvoirs et, sans un pouvoir fort, on tomberait dans la violence anarchique. Sur cette base, le texte est rédigé comme un manuel d'instruction princière : comment le souverain doit-il asseoir le pouvoir de l'État, comment doit-il réguler l'économie et comment doit-il se comporter en politique étrangère, avec ses alliés et ses ennemis ? Le titre sanskrit de cet ouvrage pourrait être traduit par « Traité du profit »
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La revolution brune ; la société allemande sous le IIIe Reich
David Schoenbaum
- Belles Lettres
- Le Gout De L'histoire
- 14 Janvier 2021
- 9782251451572
Avec La Révolution brune de David Schoenbaum, l'étude du nazisme est passée du stade anecdotique au stade scientifique, de l'horreur des charniers et des champs de bataille à la froide objectivité de données sociologiques et quantitatives.
1933, date de l'accession de Hitler au pouvoir, plus que 1918, date de la déposition de Guillaume II, marque le début réel d'un processus de « modernisation » de l'Allemagne traditionnelle.
Arrivé au pouvoir avec une idéologie prônant le retour à la terre et à la petite entreprise, plus généralement à une image mythique de l'Allemagne médiévale, féodale ou barbare, le régime nazi accéléra dans la pratique le processus de transformation du pays en une société industrielle moderne, n'empêchant finalement ni l'exode rural, ni la liquidation de la petite entreprise, ni le travail féminin, « démocratisant », mieux que ne l'avait fait la République, l'armée et les administrations, en noyant les élites aristocratiques et bureaucratiques traditionnelles sous un flot d'arrivisme petit-bourgeois. En 1945, terme du processus, année zéro d'une nouvelle Allemagne, la vieille Prusse a cessé d'exister. Paradoxalement, le nazisme a créé les conditions d'exercice du régime démocratique stable qu'est la République fédérale.