Seuil
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Qu'est-ce que la politique ?
Hannah Arendt
- SEUIL
- L'ordre Philosophique
- 6 Novembre 2014
- 9782020932288
Hannah Arendt entreprend dans les années 1950, à la demande de son éditeur allemand, la rédaction d'un ouvrage sur la politique. Les textes qui composent ce grand projet, qui n'a finalement jamais abouti, revêtent un intérêt capital pour la compréhension de l'oeuvre tout entière : ils ont été écrits à une période charnière au cours de laquelle ont été rédigés les ouvrages majeurs de la philosophe.
À ces textes réunis dès 1995 sous le titre Qu'est-ce que la politique ? s'ajoute ici un ensemble de textes inédits en français, écrits par Arendt en anglais en 1953-1954, qui se situent dans la lignée de La Crise de la culture et reprennent les grands jalons de notre tradition philosophique politique, de Platon à Marx.
Cette nouvelle édition critique, sous la direction de Carole Widmaier, confère, sans artifice et sans systématicité excessive, une unité à des aspects de la pensée d'Arendt qui, dans le reste de son oeuvre, sont à peine effleurés ou traités séparément les uns des autres. En mettant ces textes en perspective en les confrontant à des ouvrages fondamentaux d'Arendt ( Les Origines du totalitarisme, La Crise de la culture, Condition de l'homme moderne, La Vie de l'esprit, etc.), elle apporte un nouvel éclairage sur l'oeuvre de la philosophe allemande.
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Depuis deux mille ans, les communautés montagneuses d'une vaste région d'Asie du Sud-Est refusent obstinément leur intégration à l'État. Zomia : c'est le nom de cette zone d'insoumission qui n'apparaît sur aucune carte, où les fugitifs - environ 100 millions de personnes -, se sont réfugiés pour échapper au contrôle des gouvernements des plaines.
Traités comme des " barbares " par les États qui cherchaient à les soumettre, ces peuples nomades ont mis en place des stratégies de résistance parfois surprenantes pour échapper à l'État, synonyme de travail forcé, d'impôt, de conscription. Privilégiant des modèles politiques d'auto-organisation comme alternative au Léviathan étatique, certains sont allés jusqu'à choisir d'abandonner l'écriture pour éviter la consignation, synonyme d'appropriation de leur mémoire et de leur identité.
Poursuivant les intuitions et travaux de Pierre Clastres et Michel Foucault, l'auteur nous propose une étonnante contre-histoire de la modernité. Car Zomia met au défi les délimitations géographiques traditionnelles et les évidences politiques, et pose des questions essentielles : que signifie la " civilisation " ? Que peut-on apprendre des peuples qui ont voulu y échapper ? Quelle est la nature des relations entre États, territoire, populations, frontières ?
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la disparition de la rebelle Zomia paraît inéluctable. Mais son histoire nous rappelle que la " civilisation " peut être synonyme d'oppression, et que le sens de l'histoire n'est aussi pas univoque qu'on le croit.
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La nouvelle science du politique ; une introduction
Eric Voegelin
- SEUIL
- L'ordre Philosophique
- 29 Mars 2000
- 9782020334020
Quoique encore une personne presque inconnue en France, Eric Voegelin est une figure centrale de la pensée politique, au même titre que Leo Strauss et Hannah Arendt.
L'originalité de La Nouvelle Science du politique (1952) - « le premier débat avec les problèmes réels depuis Max Weber », disait Arendt - est d'interpréter la crise de la modernité en termes de gnosticisme : à l'instar des premières sectes chrétiennes, ou de Joachim de Flore au Moyen Âge, les idéologies contemporaines ont abandonné la transcendance pour accomplir le règne du paradis sur terre. La sécularisation n'est finalement qu'une redivinisation. Voegelin relit ainsi Hobbes ou Hegel, et propose une critique globale des projets gnostiques : leur plus grave danger est qu'ils reposent sur un monde rêvé dont les activistes - Comte, Marx, Hitler - hâtent la venue par le recours à la violence.
Mais, pour combattre les idéologies, Voegelin n'en appelle pas, comme Leo Strauss, à une « science de l'ordre » et à un revival du rationalisme pratique des Anciens : il poursuit l'élaboration du concept central de « religion politique ».