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Cerf
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« Avec ce volume, écrit J. Habermas, je poursuis les recherches concernant "Morale et communication". Ce qui relance la discussion ce sont surtout les objections faites aux concepts universalistes de la morale qui remonte à Aristote, Hegel et le contextualisme contemporain. Il s'agit de dépasser l'opposition stérile entre un universalisme abstrait et un relativisme qui se contredit lui-même. Je tente donc de défendre la prééminence du juste, compris dans un sens déontologique, sur le bien. Mais cela ne signifie pas que les questions éthiques, au sens étroit du terme, doivent être exclues du questionnement rationnel. » Comme l'indique le traducteur, M. Hunyadi, « dans cette perspective, la question morale centrale n'est plus, on le voit bien, la question existentielle de savoir comment mener une vie bonne, mais la question déontologique de savoir à quelles conditions une norme peut être dite valide. Le problème se déplace de la question du bien vers la question du juste - de celle du bonheur vers celle de la validité prescriptive des normes. Les questions morales - concernant le juste, et décidables au terme d'une procédure argumentative - sont à distinguer des questions éthiques - concernant les choix axiologiques préférentiels de chacun, par nature subjectifs -, c'est l'une des entreprises originales de ce livre que de le montrer. »
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Paris, capitale du xixe siecle - le livre des passages
Walter Benjamin
- Cerf
- 28 Octobre 2021
- 9782204147118
Ce que Walter Benjamin a tenté de capter dans les passages parisiens, leur architecture et leur esprit, c'est tout le XIXe siècle. La porte d'entrée d'un zeitgeist total, n'émanant pas seulement de Paris, mais de toute une époque. Un grand classique.
1934. Réfugié en France, travaillant sous l'architecture de fer de la Bibliothèque nationale, l'écrivain et penseur allemand Walter Benjamin reprend son ancien projet de consacrer un ouvrage aux passages parisiens. Il l'avait conçu quelques années plus tôt comme une féérie dialectique proche, par l'inspiration, des déambulations surréalistes de Breton et surtout d'Aragon. Mais l'Europe tourne à l'abîme. Désormais, ce sera un livre constituant non seulement une histoire sociale de Paris au xixe siècle, comme l'annonçait l'institut de recherche sociale d'Adorno et Horkheimer, mais encore un essai d'interprétation globale du xxe siècle et de son équivoque modernité.
À partir des passages de la capitale française, Benjamin déchiffre les figures équivoques d'un rêve qui meurt sous ses yeux sur fond de verre et d'acier. Il décrypte des concepts tels que la ville, la construction, la communication, le transport. Des catégories telles que la distraction, la mode, l'oisiveté, l'intérieur, le miroir, l'ennui. Des événements tels que l'inauguration, l'exposition, la manifestation, l'incendie. Des figures telles que le passant, le joueur, le collectionneur.
Revenant au commencement des phénomènes et des techniques de masse, mesurant leur portée philosophique et politique, brossant un extraordinaire hommage critique à une cité capitale, à son architecture, à ses artistes et à ses écrivains, c'est une fragile aspiration utopique et une promesse oubliée de liberté qu'exhume Walter Benjamin. Car ce sont d'ores et déjà celles d'un monde révolu, prêt à plonger dans l'horreur.
Une contribution essentielle au patrimoine universel de la littérature. -
Raison instrumentale , désenchantement du monde , narcissisme contemporain : le philosophe Charles Taylor reprend ces trois thèmes dominants du malaise de la modernité. À l'écart des redondances de la mode et des facilités de la critique, il montre pourquoi l'éthique de la réalisation de soi, noyau consistant de l'individualisme, recèle une aspiration dont les présupposés bien compris seraient en fait incompatibles avec l'instrumentalisme et l'égoïsme possessif.
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Et si le monde extérieur était indépendant ! S'il répondait à ses propres lois ! Telle est la vérité trop longtemps oubliée que Maurizio Ferraris veut nous faire retrouver avec sérieux tout en souriant.
" Il n'y a pas de faits, seulement des interprétations ", tel est le cri de ralliement des postmodernes. Or Maurizio Ferraris y voit un " sophisme transcendantal " potentiellement ruineux pour notre sens des réalités.
Connu en France pour ses travaux sur des objets sociaux tels que le web ou le smartphone, le philosophe italien semble avoir pressenti, bien avant que nous n'entrions dans notre époque de faits alternatifs et de fake news, l'urgence morale qu'il y a, pour la pensée, à redécouvrir le monde qui se tient farouchement au-dehors : un monde, une réalité que la pensée n'a pas construits mais dont elle doit tenir compte dans ses raisonnements et ses analyses.
La perception nous met aux prises avec cette part inconstructible du réel. Pour l'illustrer, l'auteur en appelle aux expériences marquées par la surprise ou les illusions d'optique : deux manières, pour le monde, de nous rappeler qu'il a ses lois propres et sait les faire respecter.
Cet ouvrage passionnant vise donc à mettre au jour ce " sol rocailleux " du monde sur lequel Wittgenstein tordait la bêche du langage, dans un style inimitable où la rigueur conceptuelle et la clarté argumentative le disputent à une irrésistible loufoquerie. -
Documentalité ; pourquoi il est nécessaire de laisser des traces
Maurizio Ferraris
- Cerf
- 14 Janvier 2021
- 9782204140867
Une société privée de mémoire et d'enregistrements est inimaginable, car toute règle et tout accord reposent sur la mémoire, et tout comportement sur l'imitation : voilà pourquoi les archives et les documents sont centraux dans la vie de la société et des individus.
La place centrale de la « documentalité » est plus évidente encore de nos jours où nous assistons à l'explosion des systèmes d'enregistrement et d'écriture, des ordinateurs et des smartphones, ainsi qu'à l'utilisation massive d'Internet. Ces nouvelles technologies ont non seulement transformé notre quotidien, mais ont également mis en lumière l'essence même de la réalité sociale : le fait de se fonder de façon non pas accidentelle mais essentielle sur des inscriptions et des enregistrements.
Un maître ouvrage.
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Philosophie politique du western : les ambiguités du mythe américian
Robert b. Pippin
- Cerf
- Passages
- 4 Novembre 2021
- 9782204139045
Le Western, ce n'est pas que du cinéma. Par-delà les clichés, cet essai fulgurant explore la signification du Nouveau Monde, la violence de la conquête et le repoussement de la frontière pour décrypter le mythe contemporain. Un livre éblouissant par un grand penseur de la modernité.
On assimile souvent les westerns hollywoodiens à de simples divertissements commerciaux véhiculant les clichés les plus éculés de la modernité américaine. N'est-ce pas réducteur ? Certains westerns ne sont-ils pas d'authentiques " formes de pensée " portant un regard distancié, démystificateur et ironique sur la fondation épique du " Nouveau Monde " ?
Dans ce livre captivant, Robert Pippin s'interroge sur l'apport des grands westerns à la philosophie politique. Ceux-ci mettent en scène le grand mythe américain de la conquête de l'Ouest, le passage de la " Frontière " à une vie civilisée régie par l'État de droit. Ils donnent à voir les tensions de la modernité sous l'angle de la psychologie politique et proposent un traitement nuancé et critique des grands thèmes de l'imaginaire américain : la vie démocratique, les rapports entre les races, les sexes et les classes sociales dans une communauté nationale, le passage de la domination violente à un gouvernement rationnel et partagé. Par la prise en compte des coûts psychologiques de la transition vers la modernité capitaliste, ils nous invitent à réfléchir aux ambiguïtés du mythe américain. -
Le 24 février 2022, l'Ukraine fait irruption dans la conscience occidentale. Elle dit non à l'invasion décrétée par Vladimir Poutine. Elle lui oppose une résistance héroïque. À travers le monde, sa lutte et son courage forcent le respect. Or, nous alerte Constantin Sigov, c'est le sort même de l'Europe qui est en jeu dans ce conflit.
Cette guerre innommable, qui nous mobilise tous, découle de l'abyssale tragédie qui, au xxe siècle, a soumis les peuples de l'Est au joug du totalitarisme soviétique. Elle signe le retour du système criminel dont le maître actuel du Kremlin s'est employé à refouler la mémoire comme la critique, et qu'il veut réinstaurer.
Voici, courant sur toute la dernière décennie, depuis la révolution de Maïdan, en passant par l'annexion de la Crimée et la guerre du Donbass, la grande chronique de ce passé délétère, qu'un philosophe lucide offre aux Européens. S'y croisent l'ouverture de l'Ukraine et l'enfermement de la Russie. Un choc qui nous place entre quête de l'humanité et diktat de la cruauté, entre vérité et mensonge.
Aujourd'hui, les Ukrainiens meurent afin de dire non à l'asservissement des consciences. Pour la dignité. Pour la leur et pour la nôtre.
Un vibrant appel à la clairvoyance et au courage afin que triomphe l'esprit européen. -
L'oeuvre essentielle du philosophe chinois dominant traduite pour la première fois. Les grandes controverses du moment traitées frontalement. Une pensée alternative aux impasses contemporaines.
Un livre-événement, refondateur. À lire absolument.
A-t-on raison d'avoir peur de la Chine ? Et si, au contraire, son intuition originelle représentait le meilleur antidote au choc des civilisations ? Si elle permettait de faire enfin rimer globalisation et réconciliation ? Aux théories modernes sur l'État, la nation, la guerre, la paix, le conflit des pouvoirs et la domination des nouveaux réseaux, Zhao Tingyang oppose le Tianxia, ce système antique incluant « tout ce qui existe sous le ciel ». Un système qui inspira l'Empire du Milieu, vortex ayant su attirer, intégrer, harmoniser les peuples et les cultures. Un système à même, demain, de définir le monde comme sujet souverain.
Qu'il critique les courants majeurs de la pensée occidentale, qu'il invoque l'histoire, l'économie ou la théorie des jeux, qu'il révèle des concepts inconnus, c'est toujours en jetant des ponts que Zhao Tingyang nous invite, dans ce maître-livre, à redécouvrir l'universalité.
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Mentir peut-il devenir un droit ? Nos principes ont-ils une valeur pratique ? Que signifie avoir des droits ? Quelle justice peut-on attendre des rapports sociaux ? Les deux textes dont nous proposons une traduction rajeunie et une explication détaillée, révèlent un Kant en débat avec ses contemporains et en phase avec l'aspiration républicaine née de la Révolution française, moins préoccupé de théorie pure qu'attentif à montrer comment, en morale comme en politique, on ne peut affronter le cynisme ou l'opportunisme que si l'on a soigneusement instruit les valeurs qu'on entend maintenir. Sa réflexion rejoint l'individu engagé dans un choix moral compliqué, ou hésitant sur ses motivations pratiques, confronté à l'inégalité sociale ou inquiet du destin de l'humanité. En nous proposant une esquisse philosophique, c'est-à-dire problématique, de ce que serait une vie juste, Kant nous invite à penser l'idéal social dont nous avons besoin.
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Charles Sanders Peirce (1839-1914), philosophe, logicien, mathématicien et scientifique américain, est surtout connu comme le fondateur du pragmatisme (mouvement souvent associé au matérialisme, à l'empirisme et aux noms de William James et de John Dewey). Cette philosophie à part entière instaure une nouvelle médiation entre théorie et pratique, fondée sur une réévaluation du langage symbolique, de la sémiotique (ou théorie des signes), des catégories de la pensée, et de la métaphysique. En dépit de son extraordinaire productivité, l'oeuvre de Peirce se présente souvent de manière fragmentée. Avec " Pragmatisme et pragmaticisme " commence la publication française des principaux écrits de ce philosophe majeur, dont l'oeuvre est indispensable pour comprendre l'évolution de philosophes européens ou " continentaux " comme Habermas et Apel aussi bien que celle des courants qui se rattachent à la philosophie analytique. Les " Oeuvres " veulent combler une lacune et présenter au public français un choix significatif des multiples facettes de la pensée de Peirce par ordre thématique et le plus souvent chronologique. Les résultats de la recherche en cours menée par l'édition américaine (Peirce Edition Project, Université d'Indiana) sont pris en compte, et l'édition s'appuie sur les manuscrits autographes (en donnant toujours les références). Le volume I, " Pragmatisme et pragmaticisme " comporte deux parties : dans la première, un ensemble de textes retrace, par ordre chronologique, l'élaboration progressive du pragmatisme peircien depuis les années 1868 jusqu'à la formulation de la " maxime pragmatiste " dans les articles de 1878-1879. Dans une seconde partie, les sept conférences prononcées en 1903 à Harvard permettent de saisir l'unité mais aussi la grande complexité et la spécificité de la version " pragmaticiste " proposée par Peirce du pragmatisme. -- Charles Sanders Peirce ( 1839-1914) an American philosopher, logician, mathematician and scientist, is especially known as the founder of pragmatism (a movement associated with materialism, empiricism and the names of William James and John Dewey). This philosophy in its own right institutes a new mediation between theory and practice, founded on the re-assessment of symbolic language, semiotics, categories of thought and metaphysics. Despite his extraordinary productivity, the work of Peirce is often presented in a fragmented manner. 'Pragmatisme et pragmaticisme' launches the publication of Peirce's principal writings in France. A major philosopher, his work is indispensable for those who wish to understand the evolution of European philosophers or the 'continentals' like Habermas or Apel, as well as the currents associated with analytical philosophy. This book aims to fill a void by presenting to the French public a significant choice of the many facets of Peirce's thought presented in thematic - and most often chronological - order. The results of on-going research conducted for the American publisher (Peirce Edition Project, University of Indiana) have been taken into account. This edition draws on the author's manuscripts (references are always provided). Volume 1, 'Pragmatisme et pragmaticisme' is in two parts: in the first a group of texts retraces, in chronological order, the progressive elaboration of Peirce's pragmatism from 1868 to the formulation of the 'pragmatist maxim' in the articles of 1878-79. In the second part, the seven conferences given at Harvard allow us to grasp the unity, but also the complexity and specificity of the 'pragamticist' version of pragmatism, proposed by Peirce.
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Qu'est-ce que l'homme ? À cette interrogation répondent les questions de la Somme théologique consacrées à l'âme humaine. Des analyses limpides, des arguments puissants et des intuitions fulgurantes font de ce texte l'une des perles de la pensée.
Thomas d'Aquin présente l'homme comme un tout : un composé existant, dont les plus hautes activités frôlent la splendeur des anges et investissent de leur noblesse les animales opérations humaines. Mais l'homme n'est ni ange, ni bête. Homme seulement. Homme pleinement.
Les nombreuses notes accompagnant cette nouvelle traduction française rendent la présentation plus pédagogique. Elles surprennent Thomas d'Aquin dans son « atelier médiéval » et dévoilent la fécondité de son anthropologie, jusque dans les controverses de notre temps.
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La guerre d'Espagne ; l'histoire face à la confusion mémorielle
Stanley Payne
- Cerf
- 25 Novembre 2010
- 9782204092487
La guerre d'Espagne, qui divisa si profondément l'opinion publique à la veille de la Deuxième Guerre mondiale, n'a jamais cessé de hanter la mémoire collective et de nourrir les interprétations les plus diverses. Au lendemain de la dictature franquiste, pendant les mémorables années de la « Transition démocratique », les historiens purent s'adonner librement aux recherches du domaine de leur connaissance. Un certain consensus émergea lentement sur les principales conclusions à tirer des événements. Mais très vite, l'accord fragile vola en éclats, victime des coups de boutoir de politiciens, de journalistes et de pseudo-historiens inconscients.
Voilà déjà plus de dix ans que les controverses violentes sont de retour. La guerre civile espagnole est à nouveau un lieu privilégié d'affrontements partisans et de manipulations idéologiques ; elle est un véritable enjeu culturel pour les hommes politiques de la Péninsule.
Paradoxalement, il est redevenu pressant de faire le point de façon sereine, rigoureuse et désintéressée, par-delà les thèses irréconciliables, partielles et réductrices. Le professeur Stanley Payne est de ceux qui se consacrent à rétablir les vérités les plus outrageusement bafouées. Historien prestigieux, reconnu internationalement comme l'un des meilleurs, sinon le plus grand, dans sa spécialité, il répond de manière dépassionnée et systématique aux questions les plus polémiques. Son livre est d'autant plus indispensable que le grand public français n'a jamais disposé jusqu'ici d'un semblable ouvrage de synthèse.
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Le " Descartes " de Cassirer est un livre profondément original, tant par ses thèmes, qui touchent à la fois au fondement de la métaphysique cartésienne qu'aux rapports avec Corneille ou Christine de Suède, que par sa méthode, laquelle emprunte autant à Goethe qu'à Cohen et entretient une discussion de fond avec Dilthey. Ce livre appartient ainsi à la fois à une série d'études sur l'idéalisme propre à l'école de Marbourg, série en laquelle il côtoie par exemple le " Descartes' Erkenntnisstheorie " (1882) de Natorp, et à des études biographiques plus proprement cassirerienne telles par exemple son " Kant's Leben und Lehre ", ou encore ses études sur Rousseau. En dépit de la limpidité du propos et de l'écriture, ici magistralement rendus par la remarquable traduction de Philippe Guilbert, c'est un principe herméneutique très novateur qui commande le travail biographique. Il s'agit de concevoir l'unité dynamique de la vie et de l'oeuvre en la reconduisant à la personnalité vivante dont la racine transcendantale est la spontanéité. Si donc Cassirer s'efforce ici de restituer l'unité de la vie et de l'oeuvre de Descartes et renvoie à un principe exégétique goethéen, c'est néanmoins sur fond d'une philosophie proprement transcendantale, et donc en se distinguant de Dilthey. Car cette herméneutique, que Cassirer applique notamment à Rousseau, Kant, Goethe, Schiller et Cohen, n'est rendue possible que par l'unité synthétique et productive du sujet que fonde la philosophie des formes symboliques. La structure même de l'ouvrage qui, partant des " Problèmes fondamentaux du cartésianisme ", inscrit ensuite cette oeuvre dans l'ensemble de son époque, marque bien les niveaux historiographiques ici au travail : on s'élève progressivement de l'histoire vivante d'une oeuvre à la " Geistesgeschichte ", à l'histoire de l'esprit à laquelle elle contribue et en laquelle elle trouve sa pleine signification. Ce livre est donc tout aussi bien une passionnante étude sur Descartes, dont les traductions partielles et fort " libres " ne donnaient jusqu'à aujourd'hui qu'une médiocre idée, qu'un maillon essentiel de la reconstitution de la modernité philosophique.
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Sagesses de l'amitié ; anthologie de textes philosophiques anciens
Jacques Follon, James Mcevoy
- Cerf
- Vestigia
- 4 Février 1998
- 9782204059336
Les textes rassemblés ici vont des présocratiques au néoplatonicien Themistius, en passant par Platon, Aristote, Théophraste, Epicure, les Stoïciens, Cicéron et Plutarque.
Ils montrent combien, aux yeux de ces philosophes, l'amitié était une vertu fondamentale en raison du rôle qu'elle jouait, non seulement dans la vie morale de l'homme vertueux, mais aussi dans la conservation des cités et dans l'enseignement de la philosophie, voire dans la cohésion de l'univers lui-même. C'est textes sont présentés dans des traductions françaises qui ont été choisies en fonction de leur lisibilité.
Ils sont précédés d'une introduction générale et, pour chacun, d'une brève notice de présentation qui les situe dans leur contexte et en résume le contenu.
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La barbarie des fondamentalismes rejette, détruit et extermine. À la fois dégénérescentes sur le plan culturel, perverses sur le plan théologique, terrifiantes sur le plan politique, les nouvelles idéologies religieuses recrutent toujours plus de membres. C'est en historien et enquêteur qu'Antoine Fleyfel cherche à comprendre la logique de ces systèmes doctrinaux, dans quels contextes ils ont vu le jour, leur déploiement dans l'histoire jusqu'en ce début de XXIe siècle. Il nous mène tout droit au coeur de la grande machinerie infernale du Great Awakening de la Bible Belt, aux États-Unis ; du Goush Émounim et ses rejetons, en Israël ; du mouvement salafiste et wahhabite des origines jusqu'aux organisations terroristes Al-Qaïda et État islamique. Un panorama religieux, politique et idéologique qui instruit le procès des dieux criminels.
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La connaissance de l'amour ; essai sur la philosophie et la littérature
Martha Nussbaum
- Cerf
- Passages
- 24 Juin 2010
- 9782204091800
Sur certains sujets, la quête de connaissance ne peut se passer de la littérature. Quand il s'agit de réfléchir sur ce qu'est la vie bonne pour un être humain, sur ce que les émotions -; et l'amour tout particulièrement -; peuvent avoir de déconcertant et d'éclairant, la philosophie ne peut se satisfaire d'un style plat et analytique. Elle doit se mettre à l'école d'une forme littéraire qui cherche à capturer, dans son mouvement même, la surprise, la confusion, l'illumination propre à une vie humaine et à la richesse des sentiments qui y trouvent place. Dans " La Connaissance de l'amour ", Martha Nussbaum entreprend ainsi un double exercice. Il s'agit d'abord de défendre une thèse de philosophie morale. Une thèse qui insiste sur la complexité irréductible des situations, sur l'importance des choses et des êtres particuliers, sur le fait que la vie humaine bonne n'est ni réductible à un critère unique du bien, ni exempte de vulnérabilité et de conflits. La " connaissance de l'amour " consiste à la fois à tenter de comprendre quelle place occupe l'amour dans une vie humaine accomplie, mais également à être attentif à l'enseignement propre de l'amour, parce qu'il est sensible à ce que les choses et les êtres ont d'irréductiblement singulier. Mais il s'agit, ensuite, de mettre en lumière l'importance du style pour la connaissance philosophique : au fil de ces essais, qui interrogent successivement les oeuvres de Platon et d'Aristote, les romans de Henry James, de Proust ou encore de Beckett, se dessine une philosophie attentive à la narration, à la pluralité des voix, à la diversité de leur adresse au lecteur.
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L'espace de la mobilisation est celui d'une exposition totale. Peu importe ce que je suis en train de faire, et où je suis en train d'aller : ce qui compte, c'est que je sois toujours présent, prêt à me laisser atteindre par des requêtes, des informations et des communications. Cette disponibilité est rendue possible par les moyens de la télétechnologie : un ensemble intégré de médias tendant à éliminer l'élément de la médiation dans notre rapport au monde. Tout ce qui est utile doit pouvoir se présenter immédiatement : telle est la loi de la mobilisation que l'espace schizotopique rend effective. Toute portion de l'espace devient un lieu de convergence. Dans l'espace schizotopique, ce qui s'efface, c'est le seuil. Lorsque le seuil s'évanouit, la mobilité, l'accès et l'immédiateté gagnent en efficacité. Sont alors perdus l'hésitation éduquée, la crainte et la précaution avec lesquelles on s'avance, le temps d'arrêt que l'on marque respectueusement. Ainsi, disparaît la légitimité d'une sphère en droit d'être protégée du trafic des informations, des injonctions, des sollicitations auxquelles rien ni personne ne semble aujourd'hui être en mesure d'échapper. Car là où disparaît le seuil, il n'y a plus à demander : " Puis-je entrer ? " -- The space of mobilisation is one of total exposition. It matters little what I am doing, or where I am going: what counts is that I should always be present, reachable by requests, information and communication. That availability is made possible by means of teletechnology: an integrated media ensemble that tends to eliminate the factor of mediation in our relation with the world. All things that are useful must be made immediately present: that is the law of mobilisation which is enforced in 'schizotopic' space. Space, in all its parts, becomes a place of convergence. In 'schizotopic' space, what is deleted is the threshold. When the threshold fades away, mobility, access and immediacy become more efficacious. We then lose informed hesitation, the fear and precaution with which we move forward, the pauses we respectfully observe. So disappears the legitimacy of a sphere that has the right to be protected from the rush and flow of information, injunctions and solicitations that no one and nothing seems able to escape today. For when the threshold disappears, we no longer need to ask, 'Can I come in?'
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Il est impossible de théoriser " le " politique, tant dans ses définitions abstraites que dans les formes concrètes de la politique, sans s'appuyer sur sa théologie et plus précisément sur sa " théologie politique ", dont les formes actuelles et les réaménagements ne peuvent à leur tour être évalués sans faire référence aux médias technologiques, d'hier et d'aujourd'hui. C'est particulièrement flagrant dans les diverses manières dont la violence, la violence phénoménale et politique, la violence gratuite comme celle des guerres dites " justes ", se légitime en se raccrochant à des raisons et des motivations qui restent transcendantes et excèdent toute cause possible. Ce constat informe l'hypothèse centrale du présent ouvrage : pas de violence, injuste ou apparemment juste, sans religion ; pas de religion sans une certaine violence empirique ou symbolique, ni sans cette violence que l'on peut qualifier de " transcendantale ". En empruntant la voie ouverte par Derrida dans ses lectures de Kant notamment, cette étude montre que la marque la plus profonde de la tradition occidentale est moins à chercher dans la dogmatique théologique et l'éthique, l'esthétique et la pratique rituelle, que dans l'exposition sans cesse réitérée à et d'un " horror religiosus ", et entend proposer une interprétation de ce que, à présent, cela peut précisément vouloir dire. -- It is impossible de theorize 'politics', whether in its abstract definitions or in the concrete sense of politics, without referring to theology, and more precisely, to 'political theology', whose contemporary forms and arrangements cannot be evaluated without referring to the technological media of today and yesterday. This is especially flagrant in the various ways in which violence, phenomenal, political and pointless violence as in so-called 'just' wars, becomes legitimate by producing reasons and motivations that remain transcendent and surpass all possible causes. This observation underpins the central hypothesis of this book: no violence, unjust or apparently just, without religion; no religion without a certain empirical or symbolic violence, or without the violence which we might call 'transcendental'. By following the path opened by Derrida, notably in his readings of Kant, this study shows that the deepest mark of Western tradition is less to be sought in theological and ethical dogma, and ritual practice, than in the endlessly repeated exposition to and of "horror religious'. The author proposes an interpretation of exactly what, at present, that can mean.
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La démocratie cosmopolitique ; sur la voie d'une démocratie mondiale
Danièle Archibugi
- Cerf
- Humanites
- 5 Février 2009
- 9782204088008
La victoire des etats libéraux occidentaux à la fin de la guerre froide a laissé espérer que les relations internationales pourraient enfin être guidées par les idéaux de la démocratie et par l'autorité de la loi.
Au début des années 90, un groupe de penseurs a développé le projet politique de la "démocratie cosmopolitique" dans le but de fournir des arguments intellectuels en faveur d'une expansion de la démocratie, aussi bien au niveau national qu'au niveau mondial. daniele archibugi fait partie de ce groupe depuis son origine, et cet ouvrage est le fruit de ce projet. tandis que des succès significatifs ont été réalisés en termes de démocratisation à l'intérieur des etats, le résultat est nettement moins positif en ce qui concerne la démocratisation du système mondial.
Le but de ce texte est donc double: d'une part, il vise à réaffirmer les concepts de base de la démocratie cosmopolitique; de l'autre, il veut répondre aux critiques émanant des perspectives réalistes, marxistes, communautariennes et multiculturalistes.
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Marx-heidegger ; les philosophies gnostiques de l'histoire
Kittsteiner Hd
- Cerf
- Passages
- 25 Mai 2007
- 9782204076623
L'ouvrage de Heinz Dieter Kittsteiner dégage la trame commune, d'inspiration gnostique, sur laquelle reposent les conceptions étrangement comparables. quoique politiquement antagonistes, des deux penseurs de l'histoire les plus influents de notre époque. En effet, le terme " gnose " ou " gnosticisme " désigne l'approche spéculative du mouvement historique dans son ensemble, dont Hans Jonas s'était efforcé de circonscrire, au-delà des métaphores et des mythologies éclectiques, les principaux moments structurants : théologique, cosmologique, anthropologique, eschatologique. Selon cette séquence constitutive, la divinité originaire, assimilée à la puissance infinie du négatif, voit surgir en son sein le pouvoir démiurgique d'un créateur du monde, qui assujettit l'homme à la positivité aliénante des choses, jusqu'à ce qu'un dieu rédempteur le délivre de ce mirage néfaste et rétablisse la plénitude inassignable des origines. Il est alors aisé d'identifier les homologies structurelles des deux visions de l'histoire exploitées, de manière plus ou moins explicite, par nombre de penseurs contemporains. Alors que, chez Heidegger, la dynamique négative de l'Être ("Seyn" = "Nichts", "das nichtet") se fige dans la représentation métaphysique des Étants (le "Gestell"), qui condamne l'homme à " l'oubli de l'Être ", synonyme d'un déclin inexorable, mais qui débouche, " quand le péril est à son comble " (Holderlin), sur l'avènement salvateur ("Ereignis") du " tournant " ("Wende", "Kehre"), chez Marx, la dialectique du travail et du capital, inhérente à la propriété privée, engendre l'aliénation symétrique du capitaliste et de l'ouvrier, jusqu'à ce que la déchéance radicale incarnée par le dénuement matériel et moral du prolétariat déclenche la révolution rédemptrice. Dans l'un et l'autre cas, c'est la catastrophe, au sens littéral de " renversement ", qui marque la fin des illusions démiurgiques et libère l'Être des entraves qu'il s'est lui-même infligées. Offrant une lecture croisée, à la fois subtile et limpide, des textes canoniques de Marx et de Heidegger, ce livre met en évidence la pertinence concrète de l'analyse marxienne du mécanisme de l'aliénation et retient, après l'échec de l'utopie révolutionnaire, la dimension intrinsèquement théologique de l'annonce heideggérienne du salut. D'où le titre allemand, sans doute trop lourd pour être repris en français, " Avec Marx pour Heidegger - Avec Heidegger pour Marx ". [Heinz Wismann]
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Judéophobie ; attitudes à l'égard des juifs dans le monde antique
Peter Schafer
- Cerf
- Patrimoines Judaisme
- 20 Mars 2003
- 9782204069236
" L"`antisémitisme" a une longue et interminable histoire. " L'Égypte préhellénistique développa une haine des Juifs, fondée sur des allégations d'impiété, de xénophobie et de misanthropie. Les textes classiques grecs et romains font montre, quand on les examine attentivement, d'une hostilité invétérée, déjà sensiblement différente, envers les traditions juives. Peter Schäfer passe en revue ces commentaires sur les Juifs et leur religion, mettant en lumière les thèmes récurrents retenus par le monde païen : l'exode ou, telle qu'elle fut radicalement interprétée, l'expulsion des Juifs d'Égypte ; la nature de leur Dieu ; leurs règles alimentaires, en particulier l'abstinence de porc ; leurs lois relatives au sabbat ; leur pratique de la circoncision , enfin, leur prosélytisme.